Les conseillers de la République de 1946
Le Conseil de la République, issu des élections de 1946, est une assemblée fortement marquée par la guerre. Certains parlementaires ont été mobilisés en 1940. D'autres se sont engagés dans la Résistance. Tous ont, de près ou de loin, joué un rôle dans la lutte contre l'occupant ou l'Etat français. Retracer le parcours de quelques personnalités particulièrement représentatives permet d'évoquer le souvenir de ces femmes et de ces hommes courageux qui ont défendu les valeurs démocratiques de la France.
Parmi les plus célèbres, Gaston Monnerville, qui assumera la présidence de la Haute Assemblée de 1947 à 1968, s'est illustré sous l'Occupation en protestant ouvertement contre le sort réservé par le gouvernement du maréchal Pétain aux individus originaires d'outre-mer, et en défendant, comme avocat, des résistants poursuivis devant la justice. Il a, par ailleurs, milité dans le mouvement de Résistance « Combat » - auquel prit part aussi Auguste Champetier de Ribes qui fut le premier président du Conseil de la République -, et rejoint le maquis d'Auvergne.
D'autres membres du Conseil de la République, peut-être moins connus, ont, également fait leurs armes dans la Résistance. C'est le cas d'Antoine Vourc'h, qui, à Douarnenez et Camaret, a facilité le départ de jeunes gens vers l'Angleterre, par barques de pêche, avant de fonder le réseau « Johnny », premier en date des réseaux de renseignement établis en zone occupée. C'est aussi celui du pasteur Emmanuel La Gravière, mobilisé en 1939, qui a soutenu la Résistance à la fois par ses discours patriotiques et par ses actes, distribuant des tracts, aidant les évadés et stockant des vivres pour diverses organisations.
Une nouvelle physionomie
La physionomie de la Haute Assemblée de 1946 traduit l'accession des femmes à la vie politique. Sur les bancs de l'hémicycle, on remarque la présence de Gilberte Brossolette et de Jane Vialle, respectivement engagées dans la Résistance parisienne et marseillaise. Marie-Hélène Cardot, quant à elle, est connue pour avoir, avec son mari, mis en place une filière d'évasion pour les prisonniers de guerre. Germaine Pican, enfin, a rempli la mission d'agent de liaison avant d'être arrêtée par les Allemands.
Certains membres du Conseil de la République ont rejoint la France Libre en Angleterre. Henri Longchambon, par exemple. Professeur de minéralogie à la faculté des sciences de Lyon, il a détruit dans ses laboratoires, dès le 18 juin 1940, tout ce qui pouvait tomber aux mains des Allemands. Il est passé en Angleterre, emportant dans ses bagages la documentation scientifique intéressant la défense nationale.
Quant à Marc Rucart, après avoir pris une part active à la Résistance, en zone libre comme en zone occupée, il a rejoint Londres, puis Alger où il a siégé à l'Assemblée consultative provisoire.
Dix-huit conseillers de la République élus en 1946 ont connu les souffrances de la déportation. Parmi eux, Emile Bollaert et Marcel Renet, plus connu sous le pseudonyme de Jacques Destrée, ont été respectivement déportés à Bergen-Belsen et à Buchenwald, puis libérés en 1945. Quant à Adolphe Legeay, déporté au camp de Neuengamme, il a miraculeusement évité la mort alors qu'un tribunal allemand l'avait condamné à la peine capitale.
Des parlementaires ont échappé à cet enfer bien qu'ils aient pris des risques en oeuvrant pour la Résistance. C'est le cas de Jean Boivin-Champeaux ou d'Aimé Molinié, qui demeure une grande figure du pays ariégeois. Recherché par la police vichyssoise, condamné à plusieurs reprises, il a poursuivi courageusement son action dans la clandestinité, échappant aux forces de l'ordre et aux tribunaux.
Jean Ziromski et Henri Monnet ont eux aussi un parcours de résistant. Le premier, après avoir soutenu les républicains espagnols de 1936 à 1939, a activement participé au mouvement de Résistance du Lot-et-Garonne, avant d'être arrêté et emprisonné.
Le second, affilié au mouvement « Combat » a pris en 1944 le commandement du 158e