ESPAGNE
Le
code pénal
de 1995 considère les infractions liées
à la drogue comme des
infractions contre la santé publique.
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Seule la législation nationale est analysée ci-dessous . En effet, les communautés autonomes, sans pouvoir légiférer dans le domaine pénal, ont développé leur propre politique, dans le cadre des compétences que la Constitution leur octroie en matière d'assistance sociale et de santé publique.
1) La consommation du cannabis
Le
code pénal n'interdit la consommation d'aucune drogue. La consommation
du cannabis ne constitue donc pas une infraction.
En revanche,
la loi organique du 21 février 1992 sur la protection de
la sécurité civile
prévoit que «
la
consommation dans des lieux, voies, établissements ou transports
publics
» constitue une «
infraction administrative
grave
». La jurisprudence a eu l'occasion de préciser la
notion de «
lieu public
». Ainsi, l'intérieur
d'un véhicule lui-même situé sur une voie publique
constitue un lieu public, parce qu'il est susceptible d'être
observé de l'extérieur.
Les contrevenants sont passibles d'au moins une
sanction administrative,
parmi lesquelles
:
- une amende comprise entre 50 000 et
5 000 000 pesetas (c'est-à-dire entre 300 et
30 000 €) ;
- le retrait du permis de port d'armes ;
- la confiscation des produits stupéfiants ;
- la suspension du permis de conduire.
La loi de 1992 prévoit que l'exécution de ces sanctions peut
être suspendue si les contrevenants suivent une cure de
désintoxication.
En pratique, la consommation du cannabis dans des lieux publics est rarement
sanctionnée.
2) La détention du cannabis
Le code
pénal interdit la détention des produits stupéfiants
lorsqu'elle tend à «
promouvoir, à favoriser ou
à faciliter
[leur]
consommation illégale
».
Cette disposition, déjà présente dans l'ancien code
pénal, avait été interprétée par le
ministère public comme ne visant pas la «
petite
quantité en vue de la consommation personnelle
».
La
simple détention liée à la consommation personnelle n'est
donc pas une
infraction
pénale
. En l'absence de
détermination par la loi ou par le règlement d'un plafond
au-dessous duquel la quantité détenue est présumée
correspondre à la consommation personnelle, la notion a
été précisée par la jurisprudence en fonction de la
plus ou moins grande nocivité du produit considéré. Pour
le cannabis, les juges excluent en général toute sanction lorsque
la quantité détenue n'excède pas
50 grammes
(7(
*
)).
En revanche, le code pénal considère la détention en vue
de l'approvisionnement de tiers comme une infraction, qui est punie comme la
vente. En pratique, les juges excluent cependant toute sanction lorsque l'offre
de stupéfiants a lieu entre usagers, indépendamment de tout
trafic et à condition qu'il n'y ait pas de risque de diffusion parmi des
non-consommateurs.
Lorsqu'elle ne constitue pas une infraction pénale, la
détention de produits
stupéfiants peut cependant
constituer une infraction administrative
. En effet,
la loi organique du
21 février 1992 interdit la détention de produits
stupéfiants
- y compris lorsqu'elle ne vise pas à
alimenter le trafic- lorsque l'intéressé ne dispose pas d'une
autorisation spécifique. Elle la punit de la même façon que
la consommation dans des lieux publics. En pratique, la détention n'est
sanctionnée que si le contrevenant est appréhendé dans un
lieu public.
3) La vente du cannabis
D'après l'article 368 du code pénal, elle
constitue une
infraction
.
Dans la mesure où le cannabis n'est pas considéré comme
appartenant aux drogues qui nuisent gravement à la santé, la
sanction de cette infraction consiste en une peine de prison d'une durée
comprise entre un et trois ans, ainsi qu'en une amende dont le montant est le
double de la valeur de l'objet du délit
(8(
*
))
.
Cette sanction peut être alourdie (peine de prison d'une durée
comprise entre trois ans et quatre ans et demi, et amende s'élevant
au quadruple du montant de l'objet du délit) dans certaines
circonstances, considérées comme aggravantes.
Ainsi, constituent des
circonstances aggravantes
:
- le fait d'appartenir à une organisation dont l'activité
consiste en la diffusion de produits stupéfiants ;
- la fourniture de produits stupéfiants à des mineurs,
à des handicapés mentaux, à des détenus ;
- l'introduction des produits dans des établissements
d'enseignement, dans des établissements sanitaires ou sociaux ;
- la fourniture à des personnes en cure de
désintoxication ;
- la fourniture de produits frelatés ;
- la fourniture de
quantités
importantes
. Le
critère de l'importance varie en fonction des produits.
Pour le
cannabis, à partir d'un kilo
, la jurisprudence considère que
la quantité est importante.
Lorsque l'infraction revêt un caractère
d'«
extrême gravité
», les sanctions
peuvent être encore alourdies (peine de prison d'une durée
comprise entre quatre ans et demi et six ans et neuf mois, et amende
s'élevant au sextuple du montant de l'objet du délit).
4) La culture du cannabis
Également visée par l'article 368 du code pénal, elle est punie de la même façon que la vente.