C. UN IMPACT À REPLACER DANS UN ÉCOSYSTÈME PLUS LARGE

Si ces résultats invitent à relativiser l'influence délétère que peuvent jouer les réseaux sociaux en termes de mésinformation et de désinformation, celle-ci ne doit pas être niée. Bien qu'elle n'induise pas nécessairement une croyance ou un changement de comportement, l'exposition à une fausse information - notamment lorsqu'elle est répétée397(*) - est susceptible d'instiller des doutes et d'induire sur le long terme une défiance envers les médias traditionnels, la science, la médecine et les autorités398(*).

Les fausses informations sont également susceptibles de détourner l'attention des informations fiables399(*) et d'encourager une certaine radicalisation pouvant conduire à des attitudes et comportements violents400(*).

On peut souligner l'existence d'une corrélation entre l'adoption de comportements de santé à risque (refus vaccinal et renoncement médical) et la fréquence d'information sur l'actualité médicale par le biais des réseaux sociaux, de YouTube et de groupes de messageries instantanées401(*). On peut citer l'observation de plusieurs pratiques dangereuses, comme la consommation d'eau de Javel diluée ou de méthanol pour lutter contre le SARS-CoV-2, à la suite d'informations fausses ayant circulé sur les réseaux sociaux au cours de la pandémie402(*). Si ces constatations ne permettent pas de conclure quant à une responsabilité causale des réseaux sociaux, ils mettent en évidence la probable contribution qu'ils peuvent apporter.

Cependant le rôle des réseaux sociaux doit être replacé dans un écosystème plus large403(*) où doivent être prises en compte l'implication d'autres acteurs, notamment médiatiques et politiques, ainsi que l'importance des facteurs sous-jacents qui encouragent l'adhésion aux fausses informations.


* 397 a) A. Dechêne et al., Pers. Soc. Psychol. Rev. 2010, 14, 238 ( https://doi.org/10.1177/1088868309352251) ; b) G. Pennycook et al., J. Exp. Psychol. Gen. 2018, 147, 1865 ( https://doi.org/10.1037/xge0000465).

* 398 L. Pummerer et al., Soc. Psychol. Pers. Sci. 2021, 13, 49 ( https://doi.org/10.1177/19485506211000217).

* 399 H. Kim et al., Sci. Commun. 2020, 42, 586 ( https://doi.org/10.1177/1075547020959670).

* 400 Au cours de la crise sanitaire, on a notamment pu noter un nombre inquiétant de menaces envers des scientifiques s'exprimant sur la covid-19. Voir : « COVID scientists in the public eye need protection from threats », Nature 2021, 598, 236 ( https://doi.org/10.1038/d41586-021-02757-3).

* 401 L. Cordonier, Information et santé. Analyse des croyances et comportements d'information des Français liés à leur niveau de connaissances en santé, au refus vaccinal et au renoncement médical, Étude de la Fondation Descartes, 2023 ( https://www.fondationdescartes.org/2023/10/information-et-sante/).

* 402 a) M. S. Islam et al., Am. J. Trop. Med. Hyg. 2020, 103, 1621 ( https://doi.org/10.4269/ajtmh.20-0812) ; b) S. A. Mahdavi et al., Alcohol Clin. Exp. Res. 2021, 45, 1853 ( https://doi.org/10.1111%2Facer.14680).

* 403 J. Allen et al., Sci. Adv. 2020, 6, eaay3539 ( https://doi.org/10.1126/sciadv.aay3539).

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