B. LE BUDGET DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE

Première observation

La France demeure au 12ème rang des pays de l'Union européenne en matière de nombre de tués sur la route par habitant. Les résultats de l'année 1997 ont été décevants : 7.989 tués (soit une baisse de 1,1 % seulement), dont 2.061 jeunes de 15 à 24 ans (+ 1,7 % par rapport à 1996). Les résultats des huit premiers mois de 1998 sont très inquiétants , puisque le nombre de tués augmente de 5,9 % par rapport à la même période de 1997.

Cette dégradation s'explique pour partie par des phénomènes conjoncturels (la clémence de l'hiver, l'euphorie consécutive à la coupe du monde de football) et surtout par la forte croissance du trafic résultant de la reprise économique. Mais la vitesse moyenne se maintient à un niveau excessif et elle ne diminue plus depuis plusieurs années : si le nombre d'accidents décroît légèrement, leur gravité a tendance à augmenter. L'inertie du comportement des conducteurs neutralise ainsi les efforts de sécurité des véhicules et des infrastructures. Cette inertie traduit malheureusement l'échec des politiques faisant appel à la responsabilité des conducteurs, et la nécessité de revenir à des politiques plus sommaires et plus efficaces, fondées sur la contrainte et la répression.

Ces évolutions récentes augurent mal de l'objectif ambitieux que s'est assigné le gouvernement lors du comité interministériel de sécurité routière du 26 novembre 1997 : diviser par deux le nombre de tués en cinq ans.

Votre rapporteur regrette à cet égard le freinage des projets autoroutiers, ainsi que le délai entre l'annonce de mesures nouvelles d'une part, leur traduction budgétaire, législative et réglementaire d'autre part.

Deuxième observation

Les crédits de la sécurité routière augmentent de 4 % en moyens de paiement dans le projet de loi de finances pour 1999. Ces crédits ne retracent toutefois qu'une faible part des efforts de la nation en faveur de la sécurité routière, qui reposent également sur l'implication des collectivités locales, de l'éducation nationale, de l'équipement, de la gendarmerie, de la police, de la justice, des associations, des assureurs, des sociétés d'autoroutes, etc... Il convient notamment d'ajouter à ces crédits ceux des aménagements locaux de sécurité (visant à traiter les zones où les accidents sont particulièrement fréquents), qui relèvent de la compétence de la direction des routes, et qui s'élèveront à 186,9 millions de francs en 1999 (+ 1,7 %).

Troisième observation

Le budget de la sécurité routière pour 1999 marque une inflexion des priorités en faveur des initiatives locales, des actions en milieu scolaire et de la communication nationale, tandis que les crédits d'exploitation de la route et de formation des conducteurs sont stables. La délégation interministérielle devrait ainsi retrouver son rythme traditionnel de trois compagnes nationales de communication par an, alors que la contraction des crédits avait réduit ce nombre à deux en 1997 et en 1998.

Votre rapporteur se félicite tout particulièrement du développement des actions de sensibilisation des jeunes au code de la route, qui concourent à l'acquisition de comportements civiques et au respect concret de la loi.

Votre rapporteur déplore toutefois l'extrême modestie des crédits destinés à l' évaluation des politiques de sécurité routière, au regard du coût de ces politiques, comme du coût des accidents de la route pour la collectivité, que l'on peut estimer à 118 milliards de francs pour 1997 2( * ) .

L'évaluation des mesures législatives ou réglementaires en matière de sécurité routière est en effet une condition de leur légitimité, et par là même de leur effectivité.

En particulier, il ne serait pas rationnel de rajouter des obligations ou des dépenses supplémentaires aux conducteurs, comme des rendez-vous périodiques de formation continue, sans avoir au préalable réalisé des expérimentations et des évaluations de nature à en prouver l'efficacité.

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