Projet de loi de finances pour 1999
MARINI (Philippe), Rapporteur général ; MIQUEL (Gérard), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 66 (98-99), Tome III, Annexe 24 - COMMISSION DES FINANCES
Table des matières
- PRINCIPALES OBSERVATIONS
-
PREMIÈRE PARTIE
LES ROUTES
-
CHAPITRE PREMIER
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS -
CHAPITRE II
LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU AUTOROUTIER CONCÉDÉ- A. L'ÉTAT D'AVANCEMENT DU SCHÉMA DIRECTEUR ROUTIER NATIONAL
-
B. LES PERSPECTIVES D'AVANCEMENT DU PROGRAMME AUTOROUTIER
- 1. Les mises en service d'autoroutes concédées nouvelles en 1998
- 2. La poursuite des travaux sur les liaisons déjà engagées
- 3. Les mises en service prévues d'ici 2001
- 4. L'état d'avancement des procédures préalables à la mise en chantier de nouvelles liaisons
- 5. L'avancement des projets d'autoroutes concédées en Ile-de-France
- C. LA SITUATION FINANCIÈRE DES SOCIÉTÉS D'AUTOROUTES
- D. LA RÉFORME DU SYSTÈME AUTOROUTIER
-
CHAPITRE III
LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU ROUTIER- A. LES CONTRATS DE PLAN ETAT-RÉGIONS
- B. L'AVANCEMENT DES GRANDS PROGRAMMES ROUTIERS
-
CHAPITRE IV
L'ENTRETIEN DU RÉSEAU ROUTIER -
DEUXIÈME PARTIE
LA SÉCURITÉ ET LA CIRCULATION ROUTIÈRES -
CHAPITRE PREMIER
PRÉSENTATION DES CRÉDITS
DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE -
CHAPITRE II
LA SITUATION DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE -
CHAPITRE III
LA POLITIQUE MENÉE EN FAVEUR DE L'AMÉLIORATION DE LA SÉCURITÉ ET DE LA CIRCULATION ROUTIÈRES- A. L'ACTION DE L'ÉTAT EN FAVEUR DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE
- B. LE SUIVI DES PRINCIPALES RÉFORMES DE CES DERNIÈRS ANNÉES
- C. LES RÉFORMES ANNONCÉES
- D. L'ACTION DE L'ETAT EN MATIÈRE DE CIRCULATION ROUTIÈRE
-
ANNEXE
MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE - EXAMEN EN COMMISSION
N° 66
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès verbal de la séance du 19 novembre 1998.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 24
ÉQUIPEMENT, TRANSPORTS ET LOGEMENT :
III
.
- TRANSPORTS : ROUTES ET SÉCURITÉ ROUTIÈRE
Rapporteur spécial
: M. Gérard MIQUEL
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Alain Lambert,
président
; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude
Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet,
vice-présidents
; Jacques-Richard Delong, Marc Massion,
Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Philippe
Marini,
rapporteur général
; Philippe Adnot, Denis
Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin,
Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean
Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard,
Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude
Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne,
Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri
Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
(1998-1999).
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
A. LE BUDGET DES ROUTES
Première observation
L'ensemble consolidé des
moyens d'engagement
consacrés au
réseau routier national s'inscrit en repli de 4 % en 1999, à
33,4 milliards de francs
1(
*
)
, soit le
niveau le plus faible en termes réels depuis près de dix ans.
Les moyens d'engagement de la construction du réseau routier national
sont en diminution : les crédits budgétaires diminuent de
10,5 %, et les crédits en provenance des comptes d'affectation
spéciale (FITTVN et FARIF), diminuent de 9 %, cette seconde
évolution s'expliquant toutefois par l'achèvement des autoroutes
A75 et A20.
En dépit du prolongement d'un an des
contrats de plan
Etat-régions 1994-1998, le taux d'exécution des volets routiers
de ces contrats de plan n'atteindrait, que 81,5 % en moyenne au terme du
XIème plan, à la fin de 1999.
Il s'agit là d'un constat
préoccupant
pour la
crédibilité des engagements de l'Etat, au moment où
s'ouvrent les négociations relatives aux prochains contrats de plan.
Sans doute conviendrait-il dorénavant de revenir à une
programmation plus réaliste.
Deuxième observation
En revanche, les
crédits d'entretien
du réseau routier
national sont en progression pour la quatrième exercice
consécutif, et retrouvent en termes réels le niveau atteint en
1990, ce qui témoigne du rééquilibrage hautement
souhaitable entre le développement et l'entretien du réseau.
En particulier, les actions de réhabilitation et de renforcement des
chaussées et de renforcement des ouvrages d'art progressent de
18,2 % à 715 millions de francs, dont 83 millions de
francs en provenance du FITTVN et, pour la première fois,
70 millions de francs en provenance du FARIF.
La croissance de ces crédits est excellente, car elle est le gage d'une
sécurité routière accrue, ainsi que d'économies
ultérieures : l'entretien préventif est moins onéreux
que l'entretien curatif. Il convient toutefois de s'interroger sur cette
débudgétisation : est-il dans la vocation du FITTVN et du
FARIF, qui sont des fonds d'aménagement du territoire, de financer des
dépenses d'entretien routier ? Cette question mériterait de
faire l'objet d'un vrai débat, plutôt que d'être
tranchée au détour de l'inscription des crédits
budgétaires.
Troisième observation
Les
investissements
de sociétés concessionnaires
d'
autoroutes
devraient ralentir en 1999, en raison d'une pause dans le
lancement de nouveaux projets. Plusieurs liaisons inscrites au schéma
routier directeur national de 1992 sont ainsi actuellement remises en cause,
essentiellement en raison de contraintes environnementales ou de la
densité du tissu urbain à traverser. Il s'agit notamment de l'A58
et de l'A51 Grenoble-Sisteron, pour lesquelles des solutions alternatives sont
à l'étude ; du débouché en Seine-Saint-Denis
de l'autoroute A16, dont les études et procédures sont
suspendues ; enfin de l'A24 et de l'A104. Par ailleurs, l'A28
Rouen-Alençon, qui était suspendue pour des raisons
financières, devrait faire simultanément l'objet d'un avis de
publicité pour sa concession et d'études alternatives.
L'objectif d'une réalisation en dix ans à partir de 1994 du
schéma directeur routier national
de 1992 n'a toutefois pas
été explicitement abandonné. La révision de ce
schéma directeur, et l'inscription éventuelle de nouveaux
projets, comme l'A65 entre Langon et Pau, pour laquelle de nouvelles
études viennent d'être lancées, ainsi que l'A32 entre Toul
et la frontière luxembourgeoise, sont subordonnées à la
modification de la loi du 4 février 1995 d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire.
Dans le cadre de la révision de cette loi, le gouvernement a
annoncé son souhait de modifier l'approche des schémas de
planification, qui prendraient désormais la forme de
schémas
de services
, déclinés ensuite en mesures d'exploitation, et
ne comportant qu'au dernier stade de la procédure une carte multimodale
des projets d'infrastructures.
Il importe que cette planification soit opérée au plus tôt
et comporte des échéanciers hiérarchisés, afin que
les collectivités locales bénéficient de perspectives
claires, notamment pour la négociation des contrats de plan. Il est
également hautement souhaitable que le
Parlement
soit
étroitement associé à la définition et à la
révision périodique des schémas directeurs : le
développement d'une concertation étroite avec les élus, en
amont des projets, est en effet la condition d'une meilleure maîtrise des
procédures, et par la même des coûts de construction.
Votre rapporteur estime par ailleurs indispensable d'
achever
la grande
majorité des
liaisons autoroutières
entreprises : il
s'agit là d'une exigence de cohérence, car on ne saurait par
exemple couper l'axe Calais-Bayonne entre Rouen et Alençon, comme d'un
impératif en termes de développement des territoires, et de
sécurité routière : l'autoroute est quatre fois plus
sûre que la route.
Il est, pour ce faire, nécessaire d'assainir le
financement
du
système autoroutier, en établissant le principe (et non
l'exception) de l'autoroute à péage, gage d'équité
entre usagers et d'un meilleur entretien du réseau, d'une part ; en
adoptant les modalités et la durée des financements à la
durée de vie des infrastructures, d'autre part. Dès lors que
l'évolution des tarifs des péages est en ligne avec l'inflation,
il pourrait ainsi être opportun que les sociétés
d'autoroutes se financent pour partie par émission d'obligations
indexées sur la hausse des prix.
Enfin, il est indispensable de réduire les
prélèvements
sur les sociétés d'autoroutes
qui n'ont pas de lien avec l'exploitation. La commission d'enquête du
Sénat sur les grandes infrastructures a montré les
effets
pervers
de ces prélèvements, en particulier de la taxe
d'aménagement du territoire versée au FITTVN : d'un
côté l'augmentation des prélèvements fragilise les
sociétés concessionnaires et réduit leurs investissements,
de l'autre les compensations qui leur sont accordées en terme de hausses
des péages, conduisent un report de trafic vers le réseau non
concédé. Il en résulte au total une augmentation de la
circulation sur le réseau non concédé, donc une hausse des
dépenses d'entretien, que l'Etat n'est pas en mesure de financer. Ce
détournement de trafic est par ailleurs préjudiciable à la
sécurité routière
, au détriment des
automobilistes les plus pauvres.
Il convient par ailleurs de rappeler que des prélèvements sans
lien avec les résultats financiers des sociétés
d'autoroutes, ni avec le coût de construction, de développement et
d'exploitation du réseau, sont contraires à la rationalité
économique comme aux textes communautaires, en particulier la directive
relative aux péages d'infrastructures.
B. LE BUDGET DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE
Première observation
La France demeure au 12ème rang des pays de l'Union européenne en
matière de nombre de tués sur la route par habitant. Les
résultats de l'année 1997 ont été
décevants : 7.989 tués (soit une baisse de 1,1 %
seulement), dont 2.061 jeunes de 15 à 24 ans (+ 1,7 % par
rapport à 1996). Les résultats des huit premiers mois de 1998
sont très
inquiétants
, puisque le nombre de tués
augmente de 5,9 % par rapport à la même période de
1997.
Cette dégradation s'explique pour partie par des
phénomènes conjoncturels (la clémence de l'hiver,
l'euphorie consécutive à la coupe du monde de football) et
surtout par la forte croissance du trafic résultant de la reprise
économique. Mais la
vitesse
moyenne se maintient à un
niveau excessif et elle ne diminue plus depuis plusieurs années :
si le nombre d'accidents décroît légèrement, leur
gravité a tendance à augmenter. L'inertie du comportement des
conducteurs neutralise ainsi les efforts de sécurité des
véhicules et des infrastructures. Cette inertie traduit malheureusement
l'échec des politiques faisant appel à la responsabilité
des conducteurs, et la nécessité de revenir à des
politiques plus sommaires et plus efficaces, fondées sur la contrainte
et la répression.
Ces évolutions récentes augurent mal de l'objectif ambitieux que
s'est assigné le gouvernement lors du comité
interministériel de sécurité routière du
26 novembre 1997 : diviser par deux le nombre de tués en cinq
ans.
Votre rapporteur regrette à cet égard le freinage des projets
autoroutiers, ainsi que le
délai
entre l'annonce de mesures
nouvelles d'une part, leur traduction budgétaire, législative et
réglementaire d'autre part.
Deuxième observation
Les
crédits
de la sécurité routière
augmentent de 4 %
en moyens de paiement dans le projet de loi de
finances pour 1999. Ces crédits ne retracent toutefois qu'une faible
part des efforts de la nation en faveur de la sécurité
routière, qui reposent également sur l'implication des
collectivités locales, de l'éducation nationale, de
l'équipement, de la gendarmerie, de la police, de la justice, des
associations, des assureurs, des sociétés d'autoroutes, etc... Il
convient notamment d'ajouter à ces crédits ceux des
aménagements locaux de sécurité (visant à traiter
les zones où les accidents sont particulièrement
fréquents), qui relèvent de la compétence de la direction
des routes, et qui s'élèveront à 186,9 millions de
francs en 1999 (+ 1,7 %).
Troisième observation
Le budget de la sécurité routière pour 1999 marque une
inflexion des
priorités
en faveur des initiatives locales, des
actions en milieu scolaire et de la communication nationale, tandis que les
crédits d'exploitation de la route et de formation des conducteurs sont
stables. La délégation interministérielle devrait ainsi
retrouver son rythme traditionnel de trois compagnes nationales de
communication par an, alors que la contraction des crédits avait
réduit ce nombre à deux en 1997 et en 1998.
Votre rapporteur se félicite tout particulièrement du
développement des actions de sensibilisation des
jeunes
au code
de la route, qui concourent à l'acquisition de comportements civiques et
au respect concret de la loi.
Votre rapporteur déplore toutefois l'extrême modestie des
crédits destinés à l'
évaluation
des
politiques de sécurité routière, au regard du coût
de ces politiques, comme du coût des accidents de la route pour la
collectivité, que l'on peut estimer à 118 milliards de
francs pour 1997
2(
*
)
.
L'évaluation des mesures législatives ou réglementaires en
matière de sécurité routière est en effet une
condition de leur légitimité, et par là même de leur
effectivité.
En particulier, il ne serait pas rationnel de rajouter des obligations ou des
dépenses supplémentaires aux conducteurs, comme des rendez-vous
périodiques de formation continue, sans avoir au préalable
réalisé des expérimentations et des évaluations de
nature à en prouver l'efficacité.
PREMIÈRE PARTIE
LES ROUTES
CHAPITRE PREMIER
PRÉSENTATION
GÉNÉRALE DES CRÉDITS
A. VUE D'ENSEMBLE
1. L'évolution des crédits des routes dans le budget des transports
Les tableaux ci-dessous retracent l'évolution des moyens de paiement (dépenses ordinaires et crédits de paiement) et des autorisations de programme du budget des transports.
Évolution des crédits de paiement du
ministère de l'équipement,
des transports et du logement
section III - transports
(en millions de francs)
|
Crédits votés pour 1998 |
Crédits demandés pour 1999 |
Évolution 1999/1998 (en %) |
Répartition en 1998
|
Répartition en 1999
|
1. Transports terrestres |
44.919,79 |
45.181,69 |
+ 0,6 |
80,8 |
81,5 |
2. Routes |
7.399,98 |
7.010,52 |
- 5,3 |
13,3 |
12,6 |
3. Sécurité routière |
437,50 |
455,00 |
+ 4,0 |
0,8 |
0,8 |
4. Transport aérien et météorologie |
2.593,30 |
2.769,95 |
+ 7,8 |
4,7 |
5,0 |
Total |
55.585,12 |
55.444,16 |
- 0,8 |
100,0 |
100,0 |
Les moyens de paiement (dépenses ordinaires + crédits de paiement) demandés pour les routes en 1999 atteignent 7,010 milliards de francs , soit une forte baisse par rapport aux crédits votés en 1998 (- 5,3 %) et une part décroissante des crédits des transports (de 13,3 % en 1998 à 12,6 % en 1999).
Évolution des autorisations de programme du
ministère de l'équipement,
des transports et du logement
section III - transports
(en millions de francs)
|
Crédits votés pour 1998 |
Crédits demandés pour 1999 |
Évolution 1999/1998 (en %) |
Répartition en 1998
|
Répartition en 1999
|
1. Transports terrestres |
1.017,50 |
1028,00 |
+ 1,0 |
12,4 |
12,8 |
2. Routes |
4.925,25 |
4.757,25 |
- 3,4 |
59,9 |
59,1 |
3. Sécurité routière |
187,20 |
184,00 |
- 1,7 |
2,3 |
2,3 |
4. Transport aérien et météorologie |
2.090,00 |
2.076,00 |
- 0,7 |
25,4 |
25,8 |
Total |
8.219,95 |
8.045,25 |
- 2,1 |
100,0 |
100,0 |
Les
autorisations de programme
demandées pour les routes
s'élèvent à 4,757 milliards de francs pour 1999, en
repli de 3,4 % par rapport aux autorisations de programme votées
pour 1998. Les autorisations de programme des routes représentent ainsi
une part légèrement décroissante des autorisations de
programme du budget des transports (de 59,1 % dans le PLF 1999, contre
59,9 % dans le PLF 1998), ce qui traduit la priorité
accordée par le Gouvernement aux transports collectifs au
détriment des routes.
Au total, présentée sous forme de
moyens d'engagement
(dépenses ordinaires + autorisations de programme), présentation
plus conforme à la vocation d'investissement de ce budget, l'enveloppe
prévue pour 1999 est de 6,030 milliards de francs, soit une
diminution de 2,7 % par rapport aux moyens d'engagement prévus par
la loi de finances initiale pour 1998.
2. La répartition des crédits demandés pour les routes
Le tableau suivant précise la répartition des crédits affectés aux routes entre les différents programmes d'action, ainsi que leur évolution par rapport à la loi de finances initiale pour 1998 (il convient de rappeler que le développement du réseau autoroutier est pour sa part financé sur des ressources extrabudgétaires).
Répartition des crédits affectés aux routes
(en millions de francs)
|
LFI
|
PLF
|
Évolution en % 1998 |
Développement du
réseau routier
|
4.137,5
|
3.648,55
|
- 11,8 %
|
Entretien du réseau
|
3.230,33
|
3.318,57
|
+ 2,7 %
|
Total
des moyens de paiement
|
7.400,53 |
7.010,52 |
- 5,3 % |
Total
des moyens d'engagement
|
6.200,33 |
6.030,12 |
- 2,7 % |
Les moyens d'engagement destinés au développement du réseau routier sont donc en baisse de 10,5 % dans le projet de loi de finances pour 1999, tandis que les moyens d'engagement destinés à l'entretien et à la réhabilitation du réseau existant sont en progression de 4,2 %. Ces évolutions contraires traduisent la priorité accordée par le Gouvernement à la préservation du patrimoine routier national, au détriment de son extension.
B. PRÉSENTATION DES PRINCIPALES ÉVOLUTIONS
1. Le développement du réseau routier
Les
crédits inscrits à cet effet recouvrent deux masses d'importance
très inégale :
Les moyens de fonctionnement (dépenses ordinaires) du Service
d'études techniques des routes et autoroutes (SETRA) et du Centre
d'Etude des Tunnels (CETU) sont stables à 31,8 millions de francs
demandés pour 1999.
L'enveloppe du programme
d'investissements routiers
atteint, en
1999, 3.573,35 millions de francs en crédits de paiement
(- 12,2 % pour 1998) et 2.550,25 millions de francs en
autorisations de programme (- 10,7 %).
Comme en 1998, ces dotations seront renforcées en 1999 par des
crédits en provenance du fonds d'investissement des transports
terrestres et des voies navigables (FITTVN), et du Fonds d'aménagement
de la région Ile-de-France (FARIF), qui sont des comptes spéciaux
du Trésor :
- 1.507 millions de francs en provenance du FITTVN, contre
1.752 millions de francs en 1998, soit une baisse de 14,0 % ;
- 510 millions de francs provenant du FARIF, contre 466 millions
en 1998, soit une hausse de 9,4 %.
Le tableau ci-dessous récapitule l'ensemble des crédits (budget
général + comptes d'affectation spéciale)
prévus pour les investissements routiers en 1999.
Ensemble des crédits affectés aux investissements routiers (AP)
(en millions de francs)
|
LFI 1998 |
PLF 1999 |
Évolution en % |
budget général |
2.856,9 |
2.550,25 |
- 10,7 % |
FITTVN |
1.752,0 |
1.507,0 |
- 14,0 % |
FARIF |
466,0 |
510,0 |
+ 9,4 % |
Total
des investissements routiers (AP)
|
|
|
|
Le tableau ci-après précise la répartition des autorisations de programme entre les différents programmes d'investissements routiers.
Répartition des investissements routiers (AP)
(en millions de francs)
|
LFI 1998 |
PLFI 1999 |
Évolution
|
Contrats Etat-régions |
3.333,0 |
3.107,0 |
- 6,8 % |
RN 7 + A 75 + A 20 + RN 10 |
1.392,0 |
1.017,0 |
- 26,9 % |
Programme général et opérations diverses |
349,9 |
443,25 |
+ 26,7 % |
Total des investissements routiers |
5.074,9 |
4.567,25 |
- 10,0 % |
-
Le montant des investissements routiers
consacrés en 1999 au respect des engagements pris dans le cadre des
contrats de plan Etat-régions
1994-1998, qui ont
été prolongés d'un an, s'élève à
3.107 millions de francs d'autorisations de programme pour 1999 (soit
- 6,8 %). Ces dotations seront abondées par des fonds de
concours en provenance des collectivités territoriales à hauteur
de 4,1 milliards de francs prévus pour 1999.
Dans ces conditions, le
taux d'exécution
du volet routier de ces
contrats de plan atteindrait en moyenne
81,5 % à la fin de
1999
, contre 70,8 % à la fin de 1998.
- Une dotation de 1.017 millions de francs d'autorisations de
programme (- 26,9 %), exclusivement financée par le FITTVN,
devrait contribuer au financement de la mise aux normes autoroutières de
la RN 10 dans les Landes ; ainsi qu'aux grands programmes de
désenclavement du Massif Central : l'autoroute A 75
Clermont-Ferrand-Béziers, l'autoroute A 20 Vierzon-Brie, et
l'aménagement de la RN 7 Nevers-Balbigny.
- L'autoroute A 86 bénéficiera, hors contrat de plan,
de crédits du FARIF qui peuvent être évalués
à 180 millions de francs.
- Enfin, 260 millions de francs sont prévus pour diverses
actions, dont l'aménagement, hors contrat de plan, de la voirie des
villes nouvelles (à hauteur de 72 millions de francs pour 1999),
ainsi que les dessertes d'Eurodisney et
d'Euroméditerranée.
2. Les crédits d'entretien du réseau routier national
Les
crédits affectés à l'entretien et à la
réhabilitation du réseau routier national augmentent dans le
projet de loi de finances pour 1999, à 3.472 millions de francs en
moyens de paiement (+ 4,8 %) et à 3.531 millions de
francs en moyens d'engagement (+ 6,2 %).
Le tableau suivant précise la répartition de ces crédits :
Crédits d'entretien du réseau routier
(en millions de francs)
|
LFI 1998 |
PLF 1999 |
Evolution
|
Réhabilitations et
renforcements
|
258,3
|
264,5
|
+ 2,4
|
FITTVN
(CP = AP)
|
83,0
|
83,0
|
+ 0,0
|
Renforcement des ouvrages d'art
|
257,0
|
275,0
|
+ 7,0
|
Aménagements de
sécurité
|
183,7
|
186,9
|
+ 1,7
|
Entretien, viabilité
hivernale et moyens des parcs
|
2.531,33
|
2.592,17
|
+ 2,4 |
Total
des moyens de paiement
|
3.313,33 |
3.471,57 |
+ 4,8 |
Total
des moyens d'engagement
|
3.324,63 |
3.531,15 |
+ 6,2 |
(dont FARIF + FITTVN) |
2,5 % |
4,3 % |
|
Les crédits destinés aux actions de
renforcement
des chaussées (mise hors gel) et aux actions de
réhabilitation
(notamment des autoroutes urbaines)
s'élèvent au total à 433 millions de francs en
autorisations de programmes (+ 26,2 %), y compris les crédits
prévus pour la seconde année consécutive sur le FITTVN
(à hauteur de 83 millions de francs) et, pour la première
fois, des crédits du FARIF (à hauteur de 70 millions de
francs).
Les dotations au renforcement des
ouvrages d'art
progressent de
7 % en crédits de paiement à 275 millions de
francs ; et de 7,6 % en autorisations de programme, à
282 millions de francs.
Les aménagements de
sécurité
au niveau local
progressent de 1,7 % en crédits de paiement, à
184 millions de francs.
Les crédits de
l'entretien
le plus
courant
,
constitués pour l'essentiel des moyens de fonctionnement des directions
départementales de l'équipement, augmentent de 2,4 % en
moyens de paiement, à 2.592 millions de francs.
3. Le développement du réseau autoroutier
S'agissant des autoroutes concédées, seule
figure au
budget une dotation dont le montant est stable à 35 millions de
francs d'autorisations de programme, et qui est destinée aux
études de définition des tracés et aux études
relatives à l'extension de la politique du "1 % paysage".
En effet, le développement du réseau autoroutier
concédé est financé par les seules
sociétés concessionnaires
, en partie sur leurs ressources
propres (à hauteur de 1,5 milliard de francs prévus pour
1999), mais surtout par recours à l'emprunt (15,5 milliards de
francs prévus pour 1999).
Depuis la réforme du système autoroutier intervenue en 1994, la
politique tarifaire, les investissements et les emprunts de
sociétés concessionnaires d'autoroutes font l'objet de contrats
de plan quinquennaux, à partir desquels le gouvernement arrête des
programmes annuels d'investissements et d'emprunts.
Le
schéma directeur routier national
approuvé par un
décret du 1er avril 1992, prévoyait de doter la France d'un
réseau de 9.540 kilomètres d'autoroutes de liaison, dont
3.536 kilomètres étaient à réaliser dans un
délai de 15 ans à partir de 1992, délai réduit
à 10 ans à partir de 1994 lors du comité
interministériel d'aménagement du territoire réuni
à Mende en 1993. Sur ces 3.536 kilomètres à
réaliser initialement, 2.139 kilomètres resteraient à
mettre en service au 1er janvier 1999, dont 845 kilomètres en
travaux.
En 1998, 168 kilomètres d'autoroutes gratuites et
293 kilomètres d'autoroutes concédées ont
été ou devraient être mises en service, dont l'A39 entre
Dôle et Bourg-en-Bresse (104 kilomètres), mise en service le
2 juin ; l'A16 entre Abbeville et Boulogne
(76 kilomètres), mise en service le 15 mai, et l'A2O entre
Montauban et Cahors-Sud, mise en service le 10 juillet.
En 1999, il est prévu d'ouvrir à la circulation environ
133 kilomètres d'autoroutes non concédées, dont la
totalité de l'itinéraire Vierzon Brive-Sud par l'A2O, et
143 kilomètres d'autoroutes concédées, parmi
lesquelles l'A77 entre Dordives et Briare (64 kilomètres), l'A20
entre Brive et Souillac (21 kilomètres), ainsi que l'A51 entre
Sisteron et la Saulce (30 kilomètres), d'une part, entre Grenoble
et Coynelle (16 kilomètres), d'autre part.
Par ailleurs, 358 kilomètres d'autoroutes ont été mis
en chantier en 1998, dont l'A85 entre Tours et Vierzon
(117 kilomètres), l'A87 entre Angers et Mortagne, l'A66 entre
Toulouse et Pamiers, l'A29 entre Amiens et l'A1, l'A77 entre Briare et
Cosne-sur-Loire, enfin, l'A89 entre Tulle-Est et Ussel-Ouest et entre
Montpon-Est et Mussidan. Pour 1999, parmi les sections déjà
concédées, et sous réserve de l'avancement des
procédures juridiques, l'A29 entre A1 et Saint-Quentin
(29 kilomètres) et l'A20 entre Cahors-Nord et Cahors-Sud
(23 kilomètres), devraient notamment être mises en
chantier.
CHAPITRE II
LE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU
AUTOROUTIER CONCÉDÉ
Le
développement du réseau autoroutier concédé est
financé par les sociétés concessionnaires d'autoroutes,
essentiellement par emprunt.
Le guide de référence de leur programme d'investissement est le
schéma directeur routier national (SDRN)
approuvé par le
décret du 1
er
avril 1992, qui prévoyait de doter
la France d'un réseau de 12.020 kilomètres d'autoroutes
(dont 9.540 kilomètres concédés), dans un
délai de quinze ans. Ce délai a été réduit
à dix ans à partir de 1994 lors du comité
interministériel d'aménagement du territoire de Mende en 1993.
Plusieurs liaisons inscrites au schéma directeur sont actuellement
remises en cause, essentiellement en raison de contraintes environnementales ou
de la densité du tissu urbain à traverser. L'objectif de la
réalisation de ce schéma directeur en dix ans à partir de
1994 n'a toutefois pas été explicitement abandonné.
L'article 17 II de la loi du 4 février 1995 d'orientation pour
l'aménagement du territoire (LOADT) stipulait que le schéma
directeur routier national devait être " révisé et
prolongé jusqu'en 2015 ". Cette révision est
désormais subordonnée à la modification de la LOADT
annoncée par le gouvernement. En tout état de cause, le SDN de
1992 reste le document de référence de la politique de
développement routier de la France jusqu'à la réalisation
d'un nouveau schéma.
A. L'ÉTAT D'AVANCEMENT DU SCHÉMA DIRECTEUR ROUTIER NATIONAL
1. Les objectifs du schéma directeur routier national
Le
schéma directeur de 1992 comporte 37.700 kilomètres de
routes, répartis en quatre catégories :
les autoroutes de liaison (9.540 km), généralement à
péage ;
les liaisons assurant la continuité du réseau autoroutier
(LACRA, 2.580 km). Les LACRA sont soit des voies nouvelles, soit des
routes nationales existantes destinées, après mise à 2x2
deux voies et aménagement aux normes autoroutières, à
recevoir le statut d'autoroute, tout en restant hors péage ;
les autres grandes liaisons d'aménagement du territoire (GLAT,
4.410 km). Les GLAT ne sont pas des nouvelles voies à proprement
parler. Elles font partie du réseau existant, mais, compte tenu de leur
rôle structurant pour l'aménagement du territoire, elles sont
considérées comme prioritaires dans l'allocation des
crédits budgétaires et elles sont susceptibles d'être
aménagées en anticipation des stricts besoins du trafic, si les
disponibilités financières le permettent ;
les autres liaisons nationales (21.120 km).
Au total, le SDRN de 1992 prévoyait donc à terme un réseau
de 12.120 kilomètres d'autoroutes interurbaines
concédées et non concédées. Sur ces
12.120 kilomètres, 3.536 kilomètres d'autoroutes
concédées et les 2.580 kilomètres de LACRA restaient
à réaliser au 1
er
janvier 1992.
Ce réseau devait permettre d'atteindre les
objectifs
suivants :
- renforcer le grand axe Nord - Sud Est, doublé par des
itinéraires alternatifs assurant également le
désenclavement de nouvelles régions ;
- créer de nouvelles transversales Est-Ouest, reliant la façade
Manche-Atlantique et ses ports à l'arrière pays ;
- relier directement entre les grandes villes de province et assurer le
contournement complet du bassin parisien ;
- assurer, dans de bonnes conditions d'efficacité, nos relations avec
l'Europe.
2. L'état d'avancement du schéma directeur national au 1er janvier 1998
L'état d'avancement au 1 er janvier 1998 des liaisons autoroutières du SDR est retracé dans la carte et le tableau ci-après.
Récapitulatif de l'état d'avancement du
schéma directeur routier national
au 1
er
janvier
1998
|
|
Autoroute de liaison
|
LACRA
|
km inscrits au SDRN |
12.120 |
9.540 |
2.580 |
Réseau existant en 1992 |
6.004 |
6.004 |
- |
Sections à réaliser dans le cadre du SDRN |
6.116 |
3.536 |
2.580 |
Mise en service entre 1992 et le 1/01/1998 |
1.818 |
1.086 |
782 |
travaux au 1/01/1998 |
1.441 |
1.046 |
395 |
DUP + concession |
833 |
833 |
- |
DUP mais pas de concessionnaire |
142 |
142 |
- |
Pas de DUP |
429 |
429 |
- |
Source : rapport de la commission d'enquête du
Sénat sur les grandes infrastructures
S'agissant des LACRA, outre les 780 kilomètres aux normes
autoroutières, 1.280 kilomètres étaient
aménagés à 2x2 voies au 1
er
janvier 1998.
Par ailleurs, 1.225 km de grandes liaisons d'aménagement du
territoire (GLAT), sur un total de 4.410 kilomètres, et
3.715 kilomètres d'autres routes nationales, sur un total de
21.220 kilomètres, étaient aménagés à
2x2 voies.
3. Le processus de décision en matière de travaux autoroutiers
La
commission d'enquête du Sénat sur les grandes infrastructures de
transport a souligné
l'opacité du processus de
décision
en matière de choix autoroutiers :
" Le schéma directeur routier national, instruit par les services
du ministère de l'équipement, est en effet décidé
par décret. Il est révisé relativement fréquemment,
mais irrégulièrement, les derniers schémas datant de 1986,
1988 et 1992. Il s'agit d'un document d'orientation dit de planification
à long terme et non d'un document de programmation. Il n'a aucun
caractère prescriptif et ne comporte a fortiori ni
échéancier (que ce soit pour la procédure d'utilité
publique ou pour les travaux), ni moyens de financement.
Il est toujours donné au schéma directeur une publicité
spectaculaire... mais, à supposer que la déclaration
d'utilité publique ait été prise, la véritable
instance de décision est le conseil de direction du comité des
investissements à caractère économique et social (CIES),
créé par le décret n° 96-1022 du
27 novembre 1996, en remplacement du Fonds de développement
économique et social (FDES).
Cette instance, présidée par le ministre de l'économie,
dont le secrétariat est assuré par la direction du Trésor,
et qui rassemble les administrations concernées, se réunit deux
fois par an (au printemps et à l'automne). Le Conseil de direction du
CIES prend les décision de lancement des nouveaux tronçons,
détermine le calendrier des travaux et autorise les
sociétés concessionnaires à contracter des emprunts pour
les financer.
Peu connue du public comme des élus, cette autorité travaille en
toute discrétion. Il n'est donné aucune publicité à
ce qui s'y prépare, ni même à ce qui a été
décidé. La direction du Trésor y dispose d'un pouvoir
déterminant.
Or, l'ultime maillon de la chaîne de décision, c'est bien cette
autorité qui donne -ou ne donne pas- un contenu concret au schéma
directeur
3(
*
)
. "
Le Parlement est donc écarté aussi bien de
l'élaboration du schéma directeur que de sa mise en oeuvre
concrète.
Ce processus de décision contraste avec celui mis en oeuvre chez nos
grands partenaires européens :
L'élaboration des schémas directeurs en
matière
d'infrastructures routières nationales
dans les
grands pays européens
Allemagne
A partir d'un plan à long terme sur quinze ans, qui a un
caractère d'orientation générale et ne concerne pas tous
les transports, le ministère des transports réalise un plan
quinquennal des infrastructures fédérales, après
concertation avec les Länder. Ce plan doit être approuvé par
le Parlement. Il est ensuite décliné en un plan des besoins
à moyen terme en matière de routes fédérales, qui
est le résultat d'une véritable concertation. Les projets y sont
classés par ordre d'urgence. Ce plan fait l'objet d'une loi.
Espagne
Le plan directeur des infrastructures 1993-2010 a été
élaboré par le ministère des transports et des travaux
publics. Ce plan a été présenté à la
commission des affaires économiques du Cortes et au Conseil des
ministres. Le gouvernement a ensuite présenté le plan à la
commission des finances. Il y a alors eu concertation avec les provinces et les
régions. Enfin, le plan a été approuvé par le
Congrès.
Italie
Un plan de développement du réseau routier est établi sous
la responsabilité de l'Etat. Les prévisions font l'objet d'un
schéma directeur élaboré tous les dix ans et remis
à jour tous les trois ans. Ce plan est présenté au
ministre des travaux publics et aux administrations régionales et
nationales intéressées, par l'ENAS, l'entreprise publique qui a
reçu une délégation de l'administration des routes
nationales. Il est approuvé par le comité interministériel
de planification économique et par le Parlement.
Royaume-Uni
A l'échelle du Royaume-Uni, un grand livre blanc, " Roads for
prosperity " est établi sur une base de long terme à partir
du rassemblement des livres blancs d'Angleterre, du Pays de Galle,
d'Écosse et d'Irlande du Nord. Ce livre blanc est établi tous les
deux ans et sert de base aux programmes. Il est approuvé par le
Parlement.
Source : Services publics de réseau en Europe, Michel Le Duc,
Les études de la Documentation française, 1995
Comme on peut le voir dans le tableau suivant, l'ancienneté
d'inscription au schéma directeur n'est ainsi pas une garantie
d'antériorité dans les mises en chantier. Nombre de liaisons
inscrites au schéma directeur de 1988 attendent toujours leur mise en
chantier. D'autres liaisons, inscrites plus tardivement au SDRN, ont
bénéficié d'une " accélération de
l'histoire ".
TABLEAU DES MISES EN CHANTIER DE 1992 A 1998
|
|
|
Longueur en km |
Dates d'inscription aux SDRN |
1992 |
|
|
|
|
|
A5 |
raccordements à la Francilienne |
20 |
|
|
A14 |
Orgeval - La Défense |
16 |
|
|
A16 |
L'Isle Adam - Amiens |
105 |
14/02/86 |
|
A19 |
bretelle de Sens |
10 |
18/03/88 |
|
A29 |
Le Havre - Yvetot |
56 |
18/03/88 |
|
A83 |
Montaigu - Sainte Hermine |
53 |
18/03/88 |
|
A64 |
Toulouse-Muret |
15 |
|
|
A64 |
bretelle de Peyrehorade |
7 |
|
|
|
TOTAL |
282 |
|
1993 |
|
|
|
|
|
A40 |
Doublement du tunnel de Chamoise et du viaduc de Nantua |
|
|
|
A54 |
Saint-Martin de Crau-Salon |
25 |
18/03/88 |
|
A64 |
Pinas-Martres |
55 |
18/08/88 |
|
|
bretelles de Tancarville |
14 |
18/03/88 |
|
A85 |
Angers-Langeais |
76 |
01/04/92 |
|
|
TOTAL |
170 |
|
1994 |
|
|
|
|
|
A16 |
Amiens-Boulogne |
116 |
18/03/88 |
|
A39 |
Poligny-Bourg |
69 |
14/02/86 |
|
A43 |
Aiton-Ste-Marie de Cuines |
31 |
01/04/92 |
|
A83 |
Sainte-Hermine-Oulmes |
39 |
18/03/88 |
|
A51 |
Grenoble-Vif |
15 |
18/03/88 |
|
A719 |
antenne de Gannat |
9 |
18/03/88 |
|
A837 |
Saintes-Rochefort |
37 |
18/03/88 |
|
|
TOTAL |
316 |
|
1995 |
|
|
|
|
|
A13 |
bretelle de Louviers |
7 |
|
|
A19 |
Sens-Courtenay |
25 |
18/03/88 |
|
A20 |
Montauban-Cahors Sud |
40 |
18/03/88 |
|
A20 |
Brive-Souillac |
21 |
18/03/88 |
|
A39 |
Choisey-Poligny |
35 |
14/02/86 |
|
A43 |
Sainte-Marie de Cuines-St Michel |
20 |
01/04/92 |
|
A68 |
bretelle de Verfeil |
9 |
|
|
A77 |
Dordives-Montargis |
27 |
18/03/88 |
|
A77 |
Montargis-Cosne sur Loire |
66 |
01/04/92 |
|
A404 |
antenne d'Oyonnax |
13 |
|
|
|
TOTAL |
263 |
|
|
|
|
Longueur en km |
Dates d'inscription aux SDRN |
1996 |
|
|
|
|
|
A28 |
Alençon-Le Mans-Tours |
134 |
18/03/88 |
|
A29 |
Yvetot-Neufchâtel |
30 |
18/03/88 |
|
A43 |
Saint-Michel-Le Freney |
14 |
18/03/88 |
|
A51 |
Sisteron-La Saulce |
30 |
18/03/88 |
|
A66 |
Toulouse-Pamiers |
40 |
01/04/92 |
|
A131 |
Pont de Normandie - A13 |
16 |
01/04/92 |
|
A710 |
antenne de Lussat |
7 |
|
|
|
TOTAL |
271 |
|
1997 |
|
|
|
|
|
A20 |
Cahors Sud- Cahors Nord |
23 |
18/03/88 |
|
A20 |
Souillac - Cahors Nord |
46 |
18/03/88 |
|
A29 |
bretelle de Dieppe |
12 |
01/04/92 |
|
A41 |
Saint-Julien-Annecy |
17 |
18/03/88 |
|
A86 |
section ouest |
14 |
|
|
A89 |
Arveyres-Coutras |
25 |
01/04/92 |
|
A89 |
Coutras-Montpon Est |
34 |
01/04/92 |
|
A89 |
Ussel Ouest-Laqueillle |
40 |
18/03/88 |
|
|
TOTAL |
211 |
|
1998 |
|
|
|
|
|
A66 |
Toulouse - Pamiers |
40 |
01/04/92 |
|
A77 |
Briare - Cosne sur Loire |
30 |
01/04/92 |
|
A89 |
Tulle Est - Ussel Ouest |
43 |
18/03/88 |
|
A89 |
Montpon Est - Mussidan |
25 |
01/04/92 |
|
A29 |
Amiens - A 1 |
33 |
18/03/88 |
|
A85 |
Tours - Vierzon |
117 |
18/03/88 |
|
A87 |
Angers - Mortagne |
65 |
01/04/92 |
|
|
TOTAL |
353 |
|
Les
bretelles autoroutières de faible longueur ne sont pas inscrites au
schéma directeur
Pour les années à venir, il est également difficile de
prévoir les mises en chantiers : celles-ci dépendent en
effet de l'avancement des procédures de DUP et d'attribution des
concessions d'une part, des décisions prises par le CIES, au vu
notamment de la situation financière des sociétés
d'autoroutes concessionnaires, d'autre part.
S'agissant des seules sections déjà concédées, le
ministère des transports a toutefois transmis au Sénat le
programme indicatif
suivant :
|
|
|
|
Dates d'inscription aux SDRN |
1999 |
A 29 |
A 1 - Saint Quentin |
29 |
18/03/1988 |
|
A 20 |
Cahors Nord -Cahors Sud |
23 |
18/03/1988 |
|
A 77 |
Cosne Nord - Cosne Centre |
3 |
1 er /04/1992 |
|
|
TOTAL |
55 |
|
2000 |
A 11 |
Contournement Nord d'Angers |
14 |
14/02/1986 |
|
A 87 |
Mortagne - La Roche sur Yon |
48 |
1 er /041992 |
|
A 645 |
Bretelle du Val d'Aran |
5 |
|
|
A 432 |
Contournement Est de Satolas |
11 |
1 er /041992 |
|
A 89 |
Tulle Est - Brive Ouest |
40 |
18/03/1988 |
|
|
TOTAL |
118 |
|
2001 |
A 406 |
Contournement Sud de Mâcon |
9 |
|
|
A 89 |
Périgueux Ouest - Périgueux Est |
20 |
1 er /04/1992 |
|
A 89 |
Mussidan - Périgueux Ouest |
13 |
1 er /04/1992 |
|
A 29 |
A 28 - Amiens |
57 |
18/03/1988 |
|
|
TOTAL |
99 |
|
4. La révision du schéma directeur routier national
L'article 17 II de la loi du 4 février 1995
d'orientation pour l'aménagement du territoire (LOADT) disposait que le
schéma directeur routier national devait être
" révisé et prolongé jusqu'en 2015 ", en
même temps que d'autres schémas directeurs d'infrastructures. Des
études préliminaires, consistant notamment à
élaborer des prévisions de trafic à l'horizon 2015, ont
été conduites à cet effet. La LOADT fixait toutefois, en
préalable à toutes révision des schémas sectoriels,
l'élaboration d'un schéma national d'aménagement du
territoire, qui n'a pu être réalisé.
Depuis lors, le nouveau gouvernement a annoncé sa décision de
réviser la LOADT
et de modifier l'approche des schémas de
planification.
Le CIADT du 15 décembre 1997 a arrêté les grands
principes présidant à la révision de la LOADT :
- la loi révisée comporterait des principes prescriptifs qui
remplaceront le schéma national d'aménagement du territoire, qui
sera donc abandonné ;
- dans le cadre de l'organisation générale des réseaux de
transport, les modalités de financement des infrastructures et des
services seront revues, afin de décloisonner les systèmes de
financement ;
- le Conseil national d'aménagement et de développement du
territoire (CNADT) sera réformé afin de devenir une réelle
instance partenariale. Sa présidence serait confiée à un
parlementaire ;
- enfin, l'approche des schémas de planification sera modifiée
pour que les questions soient d'abord posées en termes de service rendu
à l'usager et à la collectivité, seulement ensuite
traduites en mesures d'exploitation, et enfin en création
d'infrastructures. Les schémas sectoriels seront donc remplacés
par des schémas de service, établis par l'Etat à un
horizon de vingt ans. Dans le domaine des transports, le CIADT a annoncé
l'élaboration simultanée de schémas de services
multimodaux de transports de voyageurs et de marchandises, ne comportant qu'au
dernier stade de la procédure une carte multimodale des infrastructures.
L'élaboration de ces schémas de service est conduite par un
comité stratégique présidé par le ministre
chargé des transports. Elle comporte trois phases, outre le
dépôt d'un projet de loi portant révision de la LOADT :
- une phase de préparation et de définition des objectifs, visant
à mettre au pont les cahiers des charges des schémas et à
traduire au niveau local les orientations stratégiques retenues par le
CIADT, à savoir :
fluidifier l'axe Nord-Sud, Méditeranée-Lyon-Paris, et ses
antennes vers la Vallée de la Moselle et celle du Rhin ;
contribuer à la structuration de l'arc latin, reliant la Catalogne au
Piémont, et à la Lombardie ;
aménager des axes Ouest-Est reliant la façade Manche-Atlantique
aux grands pôles européens ;
renforcer la compétitivité des ports français, notamment
du Havre ;
favoriser le développement des liaisons aériennes, notamment
internationales, à partir de quelques plates-formes
interrégionales ;
développer l'offre ferroviaire, en particulier pour le fret.
- une phase de concertation et d'élaboration des propositions,
confiée au plan local aux préfets de région, à
partir des dossiers de cadrage qui leur ont été adressés
par le ministère. Selon les document transmis à votre rapporteur,
cette phase de concertation interrégionale devait être
achevée vers la fin de l'année 1998,
- une phase d'évaluation et de décision
interministérielle, qui recueillera notamment les propositions et l'avis
du CNADT. Cette phase de décision devrait être achevée au
cours de l'année 1999 pour que les grandes orientations des
schémas de service puissent être traduites sous forme de projet
dans le prochain contrat de plan Etat-régions,
Votre rapporteur regrette à cet égard que le Parlement ne soit
pas étroitement associé à cette procédure, et
notamment que des schémas de services ne soient pas discutés et
adoptés par le Parlement, alors même qu'ils concourront fortement
à modeler la France de demain.
Par ailleurs, votre rapporteur regrette que ces schémas de services ne
comportent ni échéanciers de travaux, ni enveloppes
financières, contrairement aux préconisations de la commission
d'enquête du Sénat sur les grandes infrastructures.
Interrogé à ce sujet par votre rapporteur, le gouvernement estime
en effet qu'il convient de distinguer, et non d'imbriquer, les démarches
de planification à long terme de déprogrammation à moyen
terme (contrats de plan Etat-région, contrats
Etats-sociétés d'autoroutes), chaque procédure ayant son
utilité propre.
B. LES PERSPECTIVES D'AVANCEMENT DU PROGRAMME AUTOROUTIER
1. Les mises en service d'autoroutes concédées nouvelles en 1998
Sept
tronçons auront été
mis en service
en 1998. Quatre
au premier semestre :
A 39 - Dôle - Bourg (104 km) : mise en service le 2 juin 1998.
Cette section de l'autoroute A 39 constitue un élément d'un grand
itinéraire Nord-Sud dont la fonction primordiale est de doubler les
autoroutes A6 et A7, fréquemment en situation proche de la saturation.
Elle participe aussi au désenclavement du Jura.
A 16 - Abbeville - Boulogne (76 km) : mise en service le 15 mai 1998.
Cette section constitue l'achèvement de l'itinéraire A16 Paris -
Amiens - Boulogne pour sa partie hors Ile-de-France, et permet des liaisons
rapides, dans de bonnes conditions, entre les régions Nord -
Pas-de-Calais, Picardie et Ile-de-France. Cette liaison permettra de
délester A1 de son trafic entre Calais, Boulogne, la côte d'Opale,
Amiens et la région parisienne.
A 43 - Sainte Marie - Saint Michel (20 km) : mise en service le
20 janvier 1998.
Après la mise en servie du tronçon Aiton - Sainte Marie de Cuines
en janvier 1997, il s'agit de la mise en servie du deuxième
tronçon de l'autoroute de la Maurienne qui assurera la desserte de la
vallée et la continuité de l'autoroute A43 vers l'Italie, via le
tunnel routier du Fréjus.
A 710 - Antenne de Lussat (7 km) : mise en service le 3 mars 1998.
Cette bretelle assure la liaison entre les autoroutes A71 et A72 à l'Est
de Clermont-Ferrand et un complément de maillage des radiales
autoroutières convergeant vers l'agglomération.
Au deuxième semestre, trois autres tronçons viennent
d'être, ou seront prochainement mis en service.
A 20 - Montauban - Cahors Sud (40 km) : mise en service le
10 juillet 1998.
Cette section s'intègre dans le nouvel itinéraire Paris - Limoges
- Brive - Montauban assurant un itinéraire plus direct entre Paris et
Toulouse et participant ainsi au désenclavement des régions
traversées. Cette mise en service améliore les relations entre le
département du Lot et Toulouse.
A 29 - Yvetot - Neufchâtel (30 km) : mise en service prévue
en novembre 1998.
Après la mise en servie du tronçon Le Havre - Yvetot en mai 1996,
cette section est le deuxième maillon mis en service de cette autoroute,
qui constitue un élément important de la rocade des estuaires et,
par le prolongement de l'autoroute A 29 en direction d'Amiens, permet au port
du Havre d'être relié au nord de la France.
A 29 - Pont de Normandie - A 13 (20 km) : mise en service prévue
en octobre 1998.
Cette section reliera le pont de Normandie, mis en service en janvier 1995,
à l'autoroute A13 et constituera un maillon important de " la
route des estuaires ".
2. La poursuite des travaux sur les liaisons déjà engagées
Au 1 er janvier 1999, 694 kilomètres d'autoroutes devraient être en travaux, sur 15 sections :
A 20 |
Brive - Cahors Sud |
90 km |
A 28 |
Le Mans - Tours |
84 km |
A 28 |
Maresches - Le Mans |
23 km |
A 29 |
Amiens - A 1 |
33 km |
A 43 |
Saint- Michel - Le Freney |
14 km |
A 51 |
Grenoble - Col du Fau |
26 km |
A 51 |
Sisteron - La Saulce |
30 km |
A 66 |
Toulouse - Pamiers |
37 km |
A 77 |
Dordives - Cosne |
93 km |
A 83 |
Oulnes - Niort |
34 km |
A 85 |
Bourgueil - Langeais |
18 km |
A 87 |
Angers - Mortagne |
58 km |
A 89 |
Bordeaux - Clermont-Ferrand 1 ère phase (sections Arveyres - Mussidan, Ussel Ouest - Laqueville, et Tulle Est - Ussel Ouest) pour un total de 142 km |
|
3. Les mises en service prévues d'ici 2001
Sous réserve du bon avancement des travaux, les mises en service prévues sur la période 1999-2001 sont les suivantes :
Mises en service prévues en 1999
Sociétés |
Sections d'autoroutes |
Km |
Dates |
AREA |
A 51 Grenoble - Coynelle |
16 |
mi-1999 |
ASF |
A 20 Brive - Souillac |
20 |
début 1999 |
ESCOTA |
A 51 Sisteron - La Saulce |
30 |
mars 1999 |
SAPN |
A 151 Bretelle de Dieppe |
12 |
mi-1999 |
SAPRR |
A 77 Dordives - Briare |
64 |
octobre 1999 |
TOTAL |
143 |
|
Mises en service prévues en 2000
Sociétés |
Sections d'autoroutes |
Km |
Dates |
COFIROUTE |
A 28 Maresche - Le Mans-Ecomoy |
44 |
1 er trimestre |
COFIROUTE |
A 85 Villefranche - Vierzon |
23 |
Décembre |
ASF |
A 89 Coutras - Montpon Est |
28 |
Printemps |
ASF |
A 89 Ussel ouest - Laqueuille |
40 |
Printemps |
SANEF |
A 29 Amiens - A 1 |
31 |
Juillet |
SANEF |
A 29 A 1 - Saint-Quentin |
30 |
Juillet |
SAPRR |
A 77 Briare - Cosne sur Loire |
33 |
Juillet |
SFTRF |
A 43 Saint-Michel - Le Freney |
14 |
Juillet |
TOTAL |
243 |
|
Mises en service prévues en 2001
Sociétés |
Sections d'autoroutes |
Km |
Dates |
ASF |
A 20 Souillac - Cahors Nord |
46 |
Eté |
ASF |
A 66 Toulouse - Pamiers |
40 |
Hiver |
ASF |
A 83 Oulmes - Niort |
34 |
Eté |
ASF |
A 87 Angers - Mortagne |
65 |
Eté |
ASF |
A 89 Tulle Est - Ussel Ouest |
43 |
Hiver |
ASF |
A 89 Libourne Ouest - Coutras |
25 |
2 ème semestre |
ASF |
A 89 Montpon Est - Mussidan |
25 |
2 ème semestre |
TOTAL |
278 |
|
4. L'état d'avancement des procédures préalables à la mise en chantier de nouvelles liaisons
Rappelons qu'au 1
er
janvier 1998, il restait
à engager 1.404 kilomètres d'autoroutes de liaisons
prévues au schéma directeur routier national, dont 833
kilomètres concédés, 142 kilomètres ayant fait
l'objet d'une déclaration d'utilité publique (DUP), mais sans
concessionnaire et 429 kilomètres n'ayant pas fait l'objet d'une
DUP
4(
*
)
.
Du 1
er
juillet 1997 au 1
er
juillet 1998, les
opérations suivants ont été déclarées
d'utilité publique :
A 11 Contournement Nord d'Angers (14 km),
A 89 St-Julien-Puy-Lavèze - Combronde (51 km),
A 150 Croix-Mare - Barentin (18 km).
Fin juillet 1998, les opérations suivantes étaient, par ailleurs,
en cours de procédure préalable à la déclaration
d'utilité publique :
A 19 Artenay - Courtenay (99 km),
A 89 Balbigny - Lyon (A 46) (60 km),
A 870 Cholet - Mauléon (16 km),
A 645 Bretelle du Val d'Aran (5,5 km),
A 432 Pusignan Saint Laurent de Muse (10 km).
Selon la date de lancement préalable, les dates d'intervention au plus
tard de la déclaration d'utilité publique de ces
différentes opérations s'échelonnent jusqu'à
septembre 1999. Le bon achèvement de la DUP n'est toutefois pas une
garantie de lancement ultérieur.
Par ailleurs, pour l'achèvement de l'autoroute A 75
Clermont-Ferrand-Béziers, le ministre de l'Equipement a
décidé, après concertation et un rapport d'expertise du
Conseil général des ponts et Chaussées, la mise en
concession du franchissement du Tarn à Millau. Selon le
ministère, la décision de concéder le viaduc de Millau
devrait permettre de lancer les travaux dans le premier semestre de
l'année 2000, pour une mise en service à la fin de l'année
2003, la construction des sections au sud du viaduc étant par ailleurs
accélérée afin que la totalité de
l'itinéraire puisse être mis en service en 2003.
Pour l'autoroute A 28 entre Rouen et Alençon, dont la réalisation
était bloquée par les difficultés financières du
concessionnaire initialement pressenti, le ministre de l'Équipement, des
transports et du logement, M. Jean-Claude Gayssot, a indiqué lors
de son audition par la commission des finances du Sénat, que cette
liaison ferait simultanément l'objet d'un avis de publicité pour
sa concession et d'études alternatives (notamment l'aménagement
non concédé de la RN 138), de sorte que l'Etat et les
collectivités territoriales concernées disposent au printemps
1999 de tous les éléments pour choisir l'investissement le plus
pertinent.
S'agissant des principales liaisons interurbaines dont le tracé sous la
forme d'un fuseau d'un kilomètre de large n'est pas encore
déterminé, le ministère a apporté les
précisions suivantes :
Pour l'autoroute A58 Mandelieu - La Turbie (58 km), l'étude
approfondie des différentes propositions alternatives
présentées par les élus et les associations est en cours
et les résultats devraient être disponibles à la fin de
l'année 1998 ;
Pour l'autoroute A24 (ex A1 bis), Amiens - Lille - Belgique (122 km), le
ministre de l'Equipement considère que cette nouvelle infrastructure est
complémentaire de celles prévues au titre des autres modes de
transports, mais il souhaite suivre avec attention son insertion à
l'approche de la métropole lilloise. Le dossier de concertation est donc
en cours d'actualisation ;
Pour l'autoroute A51 Grenoble - Sisteron, une mission d'études de
solutions alternatives avait été confiée en septembre 1997
à l'Ingénieur Général Brossier. Remises en mai
1998, les conclusions de cette mission ont relancé l'étude de
projets combinant aménagement sur place du réseau existant et
tracé autoroutier neuf, et prévoyant éventuellement la
réservation des autoroutes en tracé neuf aux seuls
véhicules légers. L'objectif retenu par le gouvernement est de
tenir une concertation mi-1999 avec tous les acteurs concernés, afin de
pouvoir arrêter une décision relative à
l'aménagement du tracé avant fin 1999.
Enfin, l'aménagement de la liaison Annemasse - frontière suisse
fait l'objet de nouvelles études après la décision du
Conseil d'Etat d'annuler la déclaration d'utilité publique.
Au-delà de ces éléments, il semble bien que certains
projets inscrits au SDRN soient quasiment " suspendus ", ainsi
l'autoroute A26 Troyes - Auxerre, pour laquelle le trafic prévisible
serait trop faible.
En revanche, deux opérations, quoique non inscrite au SDRN de 1992, ont
donné lieu à une concertation locale en vue du choix du fuseau au
kilomètre. Il s'agit de l'A45 Lyon - St.-Étienne (50 km) et
de l'A831 Fontenay-le-Comte - Rochefort (55 km). En outre, deux autres
opérations également non inscrites au SDRN de 1992 ont fait
l'objet d'études préliminaires : l'autoroute A65 entre
Langon et Pau, pour laquelle des études complémentaires examinent
les options d'une autoroute entièrement concédée, d'une
autoroute concédée et d'une solution mixte combinant autoroute
neuve et aménagement sur place ; et l'autoroute A32 entre Toul et
la frontière Luxembourgeoise, pour laquelle un débat public
devrait être lancé au début de l'année 1999.
L'inscription de ces liaisons autoroutières dans le schéma
directeur routier national, ainsi que leur réalisation
ultérieure, sont toutefois subordonnées à la
révision de ce schéma directeur.
5. L'avancement des projets d'autoroutes concédées en Ile-de-France
Le
coût élevé des projets urbains ne permettant pas
d'envisager leur réalisation sur fonds budgétaire dans des
délais raisonnables, le Comité Interministériel
d'aménagement du territoire du 13 avril 1987 avait prévu la
réalisation de cinq autoroutes concédées en
Ile-de-France
: A5 Troyes - Melun, A14 Orgeval - La Défense,
A165 L'Isle Adam - La Courneuve, A 104 Massy Palaiseau - St-Quentin-en-Yvelines
et A104 (ex A184) Orgeval - Méry-sur-oise, auxquelles s'est
ajoutée l'A6 Ouest deux années plus tard, dans le cadre du
programme d'actions immédiates pour l'Ile-de-France.
Parmi ces six projets, seuls deux ont été achevés, un a
été partiellement réalisé, et trois autres ne sont
pas encore engagés.
Tableau récapitulatif des autoroutes
concédées
mises en service en Ile-de-France depuis
1994
Liaisons |
km |
Mis en service |
Coût en MF |
A5b |
16 |
novembre 1994 |
1.131 |
A156 L'Isle Adam/Amiens |
96 |
octobre 1994 |
4.339 |
A5a |
11 |
juin 1995 |
709 |
A14 Orgeval-La Défense |
14 |
novembre 1996 |
4.070 |
La mise
en service de l'ensemble A5 (Melun-Sens), A5 Sud et A105 est
réalisée depuis juin 1995.
L'A14 entre Orgeval et La Défense a été mise en service
en novembre 1996. C'est la première autoroute à péage de
l'agglomération parisienne. Son coût s'est élevé
à plus de 300 millions de francs courants au kilomètre et
près du triple du coût initialement prévu.
La société concessionnaires SAPN a mise en oeuvre une politique
commerciale adaptée à ses caractéristiques
" d'autoroute urbaine " : modulation du trafic selon l'heure de
passage, formules d'abonnement, réduction accordée aux transports
en commun (en liaison avec le syndicat des transports parisiens, une ligne
régulière a d'ailleurs été mise en place, dont
l'exploitation s'avère rentable). En outre, une mesure innovante
destinée à favoriser le " covoiturage " a
été instaurée à la demande du ministère de
l'Équipement, accordant la gratuité à tout véhicule
transportant trois personnes ou plus et effectuant, au plus, un aller-retour
par jour ouvré. En 1997, cette mesure a intéressé
600 personnes, et près de 130 passages (soit 0,6 % du trafic)
ont été effectués quotidiennement.
L'autoroute A16 a été mise en service en 1994 entre Amiens et
L'Isle Adam. Un projet de liaison entre l'Isle Adam et La Courneuve,
estimé à 7,2 milliards de francs, avait fait l'objet
d'études d'avant-projet sommaire, mais, compte tenu des
difficultés d'insertion dans des zones densément
urbanisées, et du contexte local particulier de ce projet, le ministre
de l'Équipement, des Transports et du Logement a décidé,
le 23 septembre 1997, d'arrêter les études et les
procédures concernant le tronçon situé dans le
département de la Seine-Saint-Denis, entre le Boulevard Intercommunal du
Parisis (BIP) et l'A86. Les études et les procédures sont
toutefois poursuivies en vue de définir les modalités du
raccordement de l'A16 sur la francilienne, puis sur le BIP.
S'agissant de l'A86 Ouest, suite aux arrêts du Conseil d'Etat du
20 février 1998 annulant les 7
e
et 8
e
avenants à la convention de concession de Cofiroute, en tant qu'ils
concernent l'A86 ouest, le gouvernement a décidé de
procéder à la réattribution de la concession de ce
tronçon dont le coût est évalué à
10,8 milliards de francs (valeur 1993). L'avis de publicité a
été publié le 10 avril 1998. Deux candidatures ont
été présentées : l'une par la
société COFIROUTE, l'autre par un groupement conduit par la
société BOUYGUES. Les deux candidats ont été admis
à présenter une offre par lettre du ministre de l'Equipement du
29 juillet 1998. Ils disposent d'un délai de trois mois pour
remettre leur dossier. La désignation du nouveau titulaire pourrait
ainsi intervenir avant la fin de l'année 1998.
Compte tenu de la forte sensibilité des populations au tracé
actuel, le ministre a décidé, en février 1998, de
suspendre le procédures engagées pour l'A104 (ex. A184) entre
Orgeval et Mery-sur-Oise (22 km), dont la réalisation avait pour
objectif de relier les Yvelines et le Val d'Oise en remédiant à
la saturation des voies existantes, pour un coût estimé à
5,35 milliards de francs. Le ministre a par ailleurs demandé une
expertise sur un projet alternatif proposé par des élus et des
associations. Le financement de ce projet devrait être examiné
avec la Région, pour étudier la possibilité d'une
réalisation excluant le recours au péage.
Enfin, l'A104 Palaiseau - Saint-Quentin (18 km), qui constituerait un
maillon de la francilienne (pour 2,2 à 3,0 milliards de francs
selon les objets), fait encore l'objet d'études
préliminaires.
C. LA SITUATION FINANCIÈRE DES SOCIÉTÉS D'AUTOROUTES
Votre
rapporteur rappelle que l'organisation du système autoroutier
concédé a été réformée en 1994, de
manière à accroître l'autonomie de gestion des
sociétés d'autoroutes.
Trois principes avaient présidé à cette réforme :
•
une recapitalisation des sociétés
d'autoroutes par Autoroutes de France, qui est aujourd'hui l'actionnaire
principal des sociétés d'économie mixte concessionnaires
d'autoroutes ;
•
une réorganisation en trois pôles
géographiques, avec trois groupes mères-filiales (SAPRR-AREA,
ASF-ESCOTA, SANEF-SAPN) ;
•
la mise en place de contrats de plan quinquennaux avec
l'Etat, qui permettent une programmation à moyen terme des
investissements et laissent davantage de liberté tarifaire aux
sociétés pour équilibrer leurs comptes.
1. La politique tarifaire des sociétés concessionnaires d'autoroutes
La
réforme du secteur autoroutier mise en oeuvre en 1994 a
profondément modifié les règles de fixation des tarifs de
péage. Le contrôle de l'Etat ne s'exerce plus à travers des
autorisations annuelles mais, a posteriori, par la vérification du
respect des règles tarifaires et des engagements inscrits dans les
cahiers des charges des sociétés et dont les modalités
d'application sont reprises dans des contrats de plan liant l'Etat aux
sociétés concessionnaires.
Sur la période des contrats de plan 1995-1999, les hausses tarifaires
initialement prévues étaient égales, pour les
véhicules légers, à l'inflation hors tabac et
modulées par société selon trois critères :
pour tenir compte des charges financières, ainsi que des coûts
d'exploitation et d'entretien spécifiques,
par classe de véhicules pour rechercher une meilleure
proportionnalité du péage aux coûts
générés par les différentes catégories
d'usagers,
par axe autoroutier, pour permettre à terme la régulation des
flux de trafic par le péage, en rendant économiquement
attractives les autoroutes offrant des itinéraires alternatifs aux axes
déjà très circulés. Cet objectif se traduit
notamment par une hausse significative des péages sur les axes anciens,
souvent saturés et actuellement les plus faiblement tarifés.
Par ailleurs, pour compenser le doublement de 2 à 4 centimes
du kilomètre parcouru du montant de la taxe d'aménagement du
territoire intervenu en 1996, il a été accordé aux
sociétés d'autoroutes une majoration tarifaire susceptible
d'entraîner au terme de la concession un surcroît de recettes
actualisées équivalent à 88 % du coût de cette
taxe, ainsi qu'un allongement de la durée de concession. Ces majorations
supplémentaires de tarifs devaient être étalées sur
4 ans à partir de 1996 pour éviter des augmentations
annuelles importantes.
Il convient de souligner que cette mesure n'est neutre pour les
sociétés qu'en l'absence de reports significatifs de trafic vers
le réseau non concédé, auquel cas elle se
révèlerait coûteuse, aussi bien pour les
sociétés d'autoroutes (perte de péages), que pour l'Etat
(hausse des dépenses d'entretien) et pour la collectivité
nationale (hausse de la mortalité routière).
En outre, cette compensation n'est au mieux neutre qu'à long terme. A
court terme, compte tenu de l'étalement des hausses de péage et
de la compensation partielle de la taxe d'aménagement du territoire sous
la forme d'un allégement de la durée des concessions, il en
résulte pour les sociétés concessionnaires une perte de
trésorerie, donc une diminution de la capacité d'autofinancement.
Au total, l'augmentation moyenne des
tarifs de péage
pour
l'ensemble des sociétés d'autoroutes a été ainsi,
en 1997, d'environ 3 % pour les véhicules légers et
4,1 % pour les poids lourds.
Pour 1998, l'augmentation moyenne prévue des tarifs de péage pour
l'ensemble des sociétés d'autoroutes est de 2,3 % pour les
véhicules légers et 3,3 % pour les poids-lourds. La hausse
moyenne des péages tous véhicules confondus serait donc de
2,6 %.
Sur longue période, les péages retrouveront ainsi en termes
réels leur niveau de 1982, c'est-à-dire que l'augmentation des
péages entre 1982 à 1998 (+ 67 %) est égale
à l'inflation cumulée sur la même période.
Cette apparente stabilité recouvre en fait deux évolutions
contraires, à l'encontre de la rationalité
économique :
- les tarifs ont baissé de près de 8 % en termes
réels entre 1986 et 1990, alors même que la France connaissait
à cette époque une forte croissance et que les
sociétés d'autoroutes auraient pu accumuler des réserves
pour l'avenir ;
- à l'inverse, les tarifs de péage ont
accéléré à partir de 1991, au moment où la
croissance de l'économie française ralentissait.
Le tableau ci-après propose des éléments de
comparaison
internationale
du niveau des tarifs en vigueur en
1997.
Comparaison des tarifs kilométriques au 1er avril 1997
|
Taux kilométriques en centièmes d'ECU - Parité au 30.04.97 |
|
|
Pays |
Voitures légères de cylindrée moyenne |
Poids-lourds à 5 essieux ou plus |
Observations |
Autriche |
15,4 |
138 |
- dont 20 % TVA
remboursable aux étrangers ;
pas de taxe à l'essieu ;
|
Espagne |
8,6 |
17,3 |
- 16 % TVA récupérable |
France |
6,2 |
13,8 |
- possibilité de remise
avec abonnement
|
Portugal |
5,4 |
13,3 |
- TVA incluse : 17 % |
Italie |
5,2 |
11,4 |
- TVA 19 % non récupérable ; |
Norvège |
4,7 |
10,5 |
|
Grèce |
1,9 |
4,3 |
- TVA non récupérable |
Source : ministère de l'Equipement.
Enfin, les expériences de
modulation des tarifs
en fonction
du trafic, généralement efficaces sur ce dernier, ne sont pas
toutes probantes quant au résultat financier des sociétés.
S'agissant des modulations de tarifs en fonction de l'horaire, seule demeure
ainsi en vigueur l'opération conduite sur l'A1 Lille-Paris par la
SANEF : aux retours sur Paris le dimanche, elle se traduit par des heures
vertes (14h30-16h30 et 20h30-23h30) avec réduction de 25 % du tarif
normal, encadrant une plage horaire rouge (16h30-20h30), où le tarif
normal est augmenté de 25 %. Les taux de report de la
période rouge vers une autre période sont satisfaisants et
s'élèvent à environ 10 % (soit en moyenne
2.000 véhicules pendant les 4 heures de tarifs rouges chaque
week-end).
S'agissant des modulations de tarifs en fonction de l'itinéraire, la
dernière opération conduite en 1997, qui consistait à
reporter une partie du trafic de l'A6 vers l'A5 lors de grands départs
vers les stations de sport d'hiver, n'a pu être reconduite en 1998 :
la mise en service en novembre 1997 de l'A19 (Sens-Courtenay), qui assure une
liaison entre l'A6 et l'A5, ne permet en effet plus avec les moyens actuels de
distinguer les itinéraires empruntés entre Paris et
Beaune.
2. L'évolution du trafic sur le réseau autoroutier concédé
Évolution du trafic sur le réseau routier national (en parcours)
|
Moyenne annuelle 1980-1985 |
Moyenne annuelle 1985-1990 |
Moyenne annuelle 1990-1995 |
Année 1996 |
Année 1997 |
6 mois 98/97 |
Autoroutes concédées |
5,7 % |
10,5 % |
5,0 % |
0,3 % |
4,9 % |
4,1 % |
Autoroutes non concédées |
4,3 % |
5,5 % |
4,9 % |
6,0 % |
2,7 % |
6,6 % |
Sous-total autoroutes |
5,1 % |
8,5 % |
4,9 % |
2,4 % |
4,1 % |
5,1 % |
Routes nationales |
0,4 % |
3,5 % |
1,4 % |
1,9 % |
2,4 % |
3,0 % |
Sous-total non concédé |
1,2 % |
4,0 % |
2,3 % |
3,0 % |
2,5 % |
4,1 % |
Total réseau national |
2,2 % |
5,6 % |
3,1 % |
2,2 % |
3,2 % |
4,1 % |
PIB (en volume) |
1,5 % |
3,2 % |
1,1 % |
1,5 % |
2,4 % |
3,2 % |
Source : Ministère de l'Équipement
En apparence, la progression du trafic sur le réseau autoroutier
concédé semble avoir retrouvé en 1997 et en 1998 une
tendance roche de 4 % l'an.
En fait, cette progression résulte pour partie des mises en service de
nouvelles liaisons intervenues au cours des trois dernières
années :
A réseau stable
5(
*
)
, le trafic n'a
progressé que de 2,8 % en 1997 (après une baisse de
0,1 % en 1996), et de 3,3 % sur les six premiers mois de 1998, en
dépit de la reprise de l'activité économique.
Croissance du trafic sur réseau stable
|
Moyenne annuelle 1990-1995 |
1996 |
1997 |
6 mois |
Autoroutes concédées |
3,8 % |
- 0,1 % |
2,8 % |
3,3 % |
Routes nationales |
1,4 % |
1,9 % |
2,4 % |
3,0 % |
Ecart |
+ 2,4 % |
- 2,0 % |
+ 0,4 % |
+ 0,3 % |
Source : ADF, AFSA, Ministère de
l'équipement
Le ralentissement de la progression du trafic autoroutier moyen pourrait
s'expliquer pour partie par la mise en service de tronçons où le
trafic est moindre. Toutefois, les statistiques ci-dessus étayent
l'intuition selon laquelle les
hausses de péages intervenue depuis
1995 se sont traduites par un report de trafic du réseau
concédé vers les autoroutes non concédées et le
réseau routier national.
En effet, la progression du trafic est
depuis 1996 semblable sur le réseau autoroutier concédé et
sur les routes nationales, alors qu'elle était traditionnellement
beaucoup plus rapide sur le réseau autoroutier. Si cette
évolution se confirmait, il s'agirait là d'un constat
préoccupant pour l'équilibre financier des sociétés
concessionnaires, pour la sécurité routière et pour
l'entretien du réseau non concédé (notamment si les
reports de trafic concernent surtout les poids-lourds).
3. Les investissements des sociétés concessionnaires d'autoroutes et leur financement
a) Les investissements des sociétés concessionnaires d'autoroutes
Selon les décisions du CIES, les investissements des sociétés d'économie mixte concessionnaire d'autoroutes devraient diminuer de près de 11 % en 1999 (après une baisse de 7,8 % en 1998).
Investissements des sociétés d'économie concessionnaires d'autoroutes
(en millions de francs courants)
|
1996 |
1997 |
1998* |
1999* |
Opérations préliminaires |
358 |
108 |
131 |
167 |
Travaux de constructions (opérations nouvelles) |
|
|
|
|
Travaux complémentaires |
2.006 |
2.086 |
2.452 |
2.689 |
Immobilisation d'exploitation |
681 |
715 |
856 |
941 |
Siège |
207 |
183 |
174 |
178 |
TOTAL |
17.543 |
16.251 |
14.985 |
13.350 |
*Prévisions CIES du printemps 1998*
Le tableau ci-après donne la répartition du financement de ces
dépenses d'investissement :
(En millions de francs courants)
Années |
Emprunts* |
Autofinancement |
Participations |
1996 |
17.763 |
1.450 |
167 |
1997 |
16.920 |
1.188 |
145 |
1998 |
14.415 |
1.089 |
320 |
1999 |
12.597 |
1.659 |
219 |
*
Hors emprunts de refinancement et de gestion de la dette
Ces chiffres ne comportent pas les dépenses qui pourraient intervenir
dans le cadre de la nouvelle concession de l'A86 Ouest.
Ce ralentissement des investissements est en partie expliqué par la
dégradation de la situation financière des sociétés
autoroutières. Or, la fragilité financière des
sociétés autoroutières résulte avant tout de la
hausse des prélèvements publics de toute nature : sur
100 francs de péage, 8 francs servaient à payer ces
prélèvements en 1985 ; 23 francs en 1997.
Ces prélèvements ne conduisent pas à augmenter les moyens
disponibles pour le réseau routier non concédé : les
moyens d'engagement consacrés au réseau national non
concédé diminuent également depuis 1996, comme l'illustre
le tableau ci-dessous.
(En milliards de francs courants)
|
1996 |
1997 |
1998 (1) |
1999 (1) |
Réseau national non concédé |
14,2 |
13,8 |
13,1 |
12,3 |
- dont investissements (budget des routes + FITTVN + FARIF + Fonds de concours des collectivités locales) |
11,0 |
10,6 |
9,8 |
8,7 |
- dont entretien (budget de l'Etat + FITTVN + FARIF) |
3,2 |
3,2 |
3,3 |
3,5 |
Réseau autoroutier concédé (2) |
23,3 |
22,3 |
22,3 |
21,1 |
- dont investissements |
19,4 |
18,2 |
18 |
17,2 |
- dont entretien |
3,8 |
3,9 |
3,7 |
3,9 |
Total |
37,4 |
35,9 |
35,8 |
33,4 |
dont investissements |
30,4 |
28,8 |
27,6 |
26,0 |
dont entretien |
7,0 |
7,1 |
7,0 |
7,4 |
(1)
Prévisions
(2) Y compris Cofiroute
Source : CIES, ministère de l'équipement, et Cofiroute
Au
total, l'ensemble des moyens d'engagement consacrés au
développement de l'ensemble du réseau routier national devrait
ainsi diminuer en 1999 de plus de 6 %, à 26 milliards de francs.
Par ailleurs, cette baisse des moyens financiers consacrés au
développement du réseau autoroutier s'accompagne d'une hausse du
coût moyen des nouvelles autoroutes, de sorte que le linéaire
financé est encore plus réduit.
Des études menées par le Service d'études techniques sur
les routes et les autoroutes (SETRA) du ministère de
l'équipement, et qui portaient essentiellement sur des statistiques
élaborées à partir des travaux réalisés sur
le réseau concédé, ont montré que les coûts
des grandes infrastructures routières ont sensiblement augmenté
depuis 1991. Entre les mois de janvier 1991 et janvier 1998, on a pu
constater des évolutions globales allant de + 30 % à
35 % en francs courants, suivant les contraintes propres aux sites
traversés.
Ainsi, en francs constants, l'évolution est
d'environ + 15 % à + 20 %
, en dépit de la
baisse du prix des terres agricoles sur la période
considérée, des gains de productivité dans le domaine des
terrassements, et des progrès technologiques en matière d'ouvrage
de génie civil importants.
Selon le SETRA, les coûts kilométriques moyens pour une autoroute
concédée s'établissent ainsi en 1998 comme suit :
Coûts TTC d'une autoroute concédée
(en millions de francs)
|
Site de plaine |
Site peu vallonné |
Site vallonné ou montagneux |
2 x 2 voies |
35 |
43 |
120 |
2 x 3 voies |
45 |
56 |
160 |
Cette
dérive des coûts
ne réside pas seulement dans la
proportion croissante d'autoroutes réalisées en site difficile.
Elle peut en effet être mise en évidence même pour les
autoroutes en site facile.
Cette évolution est plutôt due, pour une part importante, aux
adaptations rendues obligatoires par les nouvelles contraintes
réglementaires (loi sur l'eau, loi sur le bruit, etc...) et par un
recours systématique à des dispositions visant à une
intégration encore meilleure des nouvelles infrastructures dans leur
environnement, notamment :
- l'utilisation de techniques de plus en plus sophistiquées et
performantes de recueil et de traitement des eaux de ruissellement avant rejet
dans le milieu naturel ;
- la construction d'ouvrages exceptionnels (viaducs, tunnels, ...) de plus en
plus nombreux et plus longs ;
- des volumes de terrassement en augmentation afin de limiter les
différents impacts de la nouvelle infrastructure dans le paysage.
Par ailleurs, le niveau de service offert à l'usager
(sécurité, information, services annexes) a également
progressé de façon sensible.
Enfin, cette évolution trouve également son origine dans une
maîtrise insuffisante des différentes phases des procédures
de concertation, tant avec le public qu'avec les élus.
Votre
rapporteur rappelle à cet égard qu'une meilleure maîtrise
des procédures passe par une transparence accrue en matière de
choix publics et par une association plus étroite de la
représentation nationale aux décisions en matière de
grandes infrastructures.
b) Les emprunts des sociétés concessionnaires d'autoroutes
Les
emprunts destinés à procurer aux sociétés
d'économie mixte concessionnaires les ressources nécessaires au
financement de la construction ou de l'aménagement des autoroutes
à péage sont émis par la
Caisse nationale
des
autoroutes (CNA)
, établissement public à caractère
administratif doté de l'autonomie financière, créé
par un décret du 20 juin 1963 et géré par la Caisse
des dépôts et consignations. Cofiroute émet elle-même
ses emprunts.
Pour 1998, le montant autorisé s'élève à
15.936 millions de francs (dont 1.521 millions de francs de
refinancement). Il devrait atteindre 13.399 millions de francs en 1999
(dont 802 millions de francs de refinancement).
La CNA a profité au début de 1998 d'un niveau de taux
d'intérêt favorable, en obtenant un taux moyen
pondéré de 5,71 % (contre 5,75 % en 1997).
(En millions de francs)
|
Émissions autorisées |
Émissions sur les marchés domestiques |
Émissions sur les marchés étrangers** |
Encours au 31 décembre |
1990 |
9.040 |
5.300 |
3.740 |
55.614 |
1991 |
10.047 |
4.800 |
5.247 |
63.557 |
1992 |
11.335 |
6.600 |
4.735 |
71.224 |
1993 |
10.743 |
2.500 |
8.243 |
78.754 |
1994 |
17.419 |
12.800 |
4.619 |
90.147 |
1995 |
17.345 |
13.800 |
3.545 |
101.962 |
1996 |
18.094 |
14.500 |
3.594 |
114.833 |
1997 |
17.694 |
14.300 |
3.394 |
127.410 |
1998* |
15.936 |
|
|
|
1999* |
13.999 |
|
|
|
*
Prévisions du Comité des investissements à
caractère économique et social (CIES) du printemps.
** Il s'agit notamment d'emprunts auprès de la Banque européenne
d'investissements (BEI).
A la fin de 1997,
l'encours de dette de la CNA
s'élevait ainsi
à
127,4 milliards de francs.
4. Les résultats financiers des sociétés d'autoroutes
a) Les recettes d'exploitation
Les recettes de péages perçues par les sociétés concessionnaires en 1996 et en 1997 ont été les suivantes :
(En millions de francs)
Sociétés |
1996 |
1997 |
Évolution (en %) |
ASF |
7.527 |
8.190 |
+ 8,8 |
ESCOTA |
2.299 |
2.423 |
+ 5,4 |
SAPRR |
5.140 |
5.413 |
+ 5,3 |
AREA |
1.645 |
1.723 |
+ 4,7 |
SANEF |
3.690 |
3.901 |
+ 5,7 |
SAPN |
804 |
1.037 |
+ 29,0 |
STMB |
675 |
683 |
+ 1,2 |
SFTRF |
251 |
309 |
+ 23,1 |
COFIROUTE |
3.294 |
4.247 |
+ 8,2 |
Total |
25.955 |
27.926 |
+ 7,6 |
Les
recettes de péage ont progressé de 7,6 % entre 1996 et 1997
en raison de trois facteurs :
- la hausse des tarifs de péage intervenue le 1er février
1997 (+ 3,3 % en moyenne) ;
- le développement du réseau ;
- dans une moindre mesure, la croissance de l'intensité du trafic
(+ 2,8 % sur réseau stable selon Autoroutes de France).
Sur l'ensemble des sociétés, les recettes de péage ont
permis de dégager un solde d'exploitation consolidé (hors
Cofiroute) de 6.134 millions de francs (- 1,9 %), avant
remboursement d'emprunts (5.577 millions de francs).
Le chiffre d'affaires global des sociétés d'autoroutes comprend
une part minoritaire de produits divers (679 millions de francs en 1997).
Il s'établit au total à 28.605 millions de francs en 1997
(Cofiroute compris), soit une hausse de 8,8 %.
Le solde disponible après remboursement d'emprunts s'établissait
ainsi, hors Cofiroute, à 557 millions de francs, soit une baisse de
46,1 % par rapport à 1996.
Sociétés |
Résultat
après remboursement d'emprunt
|
||
|
1995 |
1996 |
1997 |
ASF |
1.693 |
986 |
1.597 |
ESCOTA |
- 128 |
- 23 |
56 |
SAPRR |
- 192 |
- 728 |
- 799 |
AREA |
- 139 |
- 46 |
- 39 |
SANEF |
1 |
327 |
145 |
SAPN |
313 |
180 |
- 232 |
STMB |
- 132 |
215 |
- 242 |
SFTRF |
122 |
123 |
71 |
Total |
1.909 |
1.034 |
557 |
Source : Ministère de l'équipement, AOF
Selon
les données prévisionnelles du CIES du printemps 1998, cette
évolution défavorable devrait se poursuivre en 1998 : le
solde disponible après remboursements d'emprunts attendu pour 1998
serait négatif de 0,13 milliard de francs, ce qui signifie que les
sociétés d'autoroutes devraient globalement réemprunter
pour faire face à leurs échéances de dette.
Au total, le solde disponible après remboursement ainsi diminuerait
de + 1,9 milliard de francs en 1995 à -0,1 milliard de
francs en 1998, soit une dégradation de 2,0 milliards de francs, en
dépit de la forte croissance des recettes de péages.
Ce paradoxe ne résulte pas tant de l'augmentation des remboursements
d'emprunts, que de la forte hausse des prélèvements
opérés sur les sociétés d'autoroutes
indépendamment de leur situation financière
: la
dégradation des résultats des sociétés
concessionnaires entre 1995 et 1998 doit être rapprochée du
produit attendu de la taxe de 4 centimes par kilomètre parcouru
instituée par la loi d'orientation d'aménagement du territoire de
1995 au profit du FITTVN, soit 2,25 milliards de francs pour 1998
(8 % du chiffres d'affaires des sociétés concessionnaires).
Il convient d'ailleurs de préciser que le produit de cette taxe
progresse peu (+ 3 % entre 1996 et 1998) en raison de la faible
croissance du trafic.
b) L'endettement des sociétés concessionnaires
Il résulte du paradoxe précédent une augmentation préoccupante de l'endettement total des sociétés concessionnaires d'autoroutes, à 151,3 milliards de francs (+ 16,7 %).
Endettement total des sociétés concessionnaires d'autoroute
Sociétés |
Endettement total 1995 |
Endettement total 1996 |
Endettement total 1997 |
Évolution 96/97
|
ASF |
27.553 |
30.544 |
35.053 |
+ 14,7 |
ESCOTA |
12.680 |
13.204 |
13.843 |
+ 4,8 |
SAPRR |
32.790 |
32.789 |
39.050 |
+ 19,1 |
AREA |
10.201 |
10.369 |
10.837 |
+ 4,5 |
SANEF |
17.795 |
17.795 |
21.145 |
+ 18,8 |
SAPN |
8.043 |
10.589 |
12.383 |
+ 16,9 |
STMB |
990 |
1.132 |
1.400 |
+ 23,7 |
SFTRF |
3.006 |
5.323 |
8.072 |
+ 51,6 |
COFIROUTE |
6.840 |
7.870 |
9.517 |
+ 20,9 |
TOTAL |
119.898 |
129.615 |
151.300 |
+ 16,7 |
Le ratio dette/chiffre d'affaires augmente ainsi de 4,99 en 1996 à 5,29 en 1997. Comme lors de l'exercice précédent, votre rapporteur ne peut que mettre en garde contre une augmentation trop forte de ce ratio, qui pourrait à terme mettre l'ensemble du système autoroutier en difficulté.
c) Les objectifs financiers des contrats de plan
Les
contrats de plan
assignent à chaque société
d'économie mixte des objectifs financiers et le suivi de ratios de
gestion tels que l'évolution des charges différées,
l'endettement, la part des frais financiers dans le chiffre d'affaires et celle
de l'excédent brut d'exploitation dans le chiffre d'affaires.
Les tableaux suivants donnent pour les trois groupes du secteur public, les
objectifs et ratios prévus dans les contrats de plan et la situation au
31.12.1997.
Il convient toutefois de souligner que les contrats de plan ne prenaient pas en
compte l'impact de la taxe d'aménagement du territoire, instituée
postérieurement, sur la situation financière des
sociétés. La comparaison des réalisations avec les
objectifs initiaux est donc biaisée et son interprétation doit
tenir compte de ces éléments intervenus après la signature
des contrats.
D. LA RÉFORME DU SYSTÈME AUTOROUTIER
A partir
du double constat des difficultés de certaines sociétés
concessionnaires d'autoroutes, d'une part, des obligations résultant de
l'évolution du droit communautaire, d'autre part, la
commission
d'enquête du
Sénat sur le grandes infrastructures
de
transport
avait émis, en juin 1998, les propositions suivantes :
-
Réformer en profondeur le système de financement des
autoroutes
en établissant le principe (et non plus l'exception) de
l'autoroute à péage ; en transformant les
sociétés d'autoroutes en deux véritables entreprises
publiques concessionnaires ; en adaptant la durée des financements
à la durée de vie des infrastructures ; en faisant du fonds
d'investissement des transports terrestres et des voies navigables l'instrument
privilégié de l'action de l'Etat sur le réseau non
concédé (construction et entretien), par une réforme de
ses recettes (remplacement de la taxe d'aménagement du territoire par un
autre prélèvement) et de ses dépenses (remplacement des
dépenses autoroutières par des dépenses routières
et d'entretien).
-
Appliquer les directives européennes comme elles doivent
l'être
en matière de péage, de TVA et de mise en
concurrence régulière des concessions (déjà
octroyées ou à venir), en défendant toutefois le principe
indispensable de la péréquation, au sein du réseau
concédé, entre liaisons réalisées et liaisons
à construire.
Votre rapporteur a interrogé le ministère de l'Équipement
sur les suites qu'il entendait donner à ces proposions.
1. La rénovation du financement des autoroutes
a) La généralisation du péage
La
commission d'enquête du Sénat proposait d'établir
le
principe
et non plus l'exception du
péage
, afin de favoriser
le financement du développement et surtout de l'entretien du
réseau autoroutier et de faire participer les voyageurs et transporteurs
étrangers -et non le seul contribuable national- au financement du
réseau.
Le ministère estime que la généralisation du péage
sur autoroutes soulève des inconvénients au regard de
l'aménagement du territoire d'une part, de l'acceptabilité de la
mesure, d'autre part.
S'agissant de l'acceptabilité de la mesure, il semble toutefois possible
à votre rapporteur de se fier au bon sens des usages, qui sont dans la
très grande majorité conscients du coût des infrastructures
autoroutières et de la nécessité de les financer de
manière équitable.
b) La poursuite du regroupement des sociétés d'économie mixte
Pour
pallier les difficultés de financement de certaines
sociétés d'autoroutes et l'insuffisance de leurs fonds propres,
la commission d'enquête du Sénat proposait de poursuivre leur
regroupement
, voire de recourir à une ouverture de leur capital.
Le gouvernement estime à cet égard, d'une part, que le
regroupement des sociétés d'économie mixte
concessionnaires d'autoroutes (SEMCA) en deux entités (au lieu de trois)
ne leur apporterait pas de marges de manoeuvre financière
significatives, d'autre part que l'ouverture du capital des SEMCA poserait des
difficultés en termes d'acceptabilité du péage :
selon le ministère de l'Équipement, "
il existerait un
lien étroit entre le statut, public ou privé, des
concessionnaires et l'acceptabilité du péage
".
S'agissant du second argument, il est toutefois possible d'objecter que la
plupart des voyageurs ignorent en fait le statut -public ou privé- des
sociétés concessionnaires.
c) La recherche d'outils de financement adaptés aux infrastructures autoroutières
La
commission d'enquête du Sénat proposait
l'allongement de la
durée des concessions
et un allongement corrélatif des
amortissements, de nature à permettre la
suppression du
système dit " des charges différées ",
donc
l'alignement des sociétés concessionnaires d'autoroutes sur le
droit commun. La commission d'enquête proposait également
d'allonger la durée des financements, par exemple au travers
d'émissions d'obligations à 30 ans par la CNA.
Le ministre de l'Équipement, des transports et du logement a
précisé à cet égard, lors de son audition par la
commission des finances du Sénat, que le gouvernement négociait
avec les autorités communautaires un allongement de la durée des
concessions et réfléchissait à une
réforme du
financement
des sociétés d'autoroutes prenant en
considération les préoccupations et les travaux du Sénat.
Votre rapporteur suggère par ailleurs que la CNA se finance pour partie
par émission
d'obligations indexées sur l'inflation
, comme
elle en a désormais la possibilité. En effet, la progression des
tarifs des péages, donc les ressources des sociétés
concessionnaires, étant en ligne avec l'inflation, ce mode de
financement se traduirait a priori par un gagnant-gagnant pour les
souscripteurs et pour les sociétés d'autoroutes : d'un
coté, les souscripteurs se verraient prémunis contre les
variations de l'inflation ; de l'autre, les sociétés
d'autoroutes se verraient prémunies contre un facteur important
d'évolution de leurs ressources et pourraient par surcroît
bénéficier de primes de risque plus faibles, donc d'un niveau de
taux d'intérêt plus favorable.
La réforme du système des charges différées
1. Le
système des charges différées
L'activité des sociétés concessionnaires d'autoroutes se
caractérise notamment par un décalage dans le temps très
important entre la construction d'infrastructures lourdes d'une part et la
perception des recettes liées au trafic d'autre part. Ce n'est donc que
plusieurs années après l'investissement que les recettes de
péage permettent d'assurer la couverture de l'ensemble des charges.
L'application à ces sociétés des règles comptables
habituelles en matière d'amortissement et d'imputation des
résultats se traduirait, dans les premières années suivant
la réalisation d'investissements importants, par un déficit tel
qu'elles tomberaient sous le coup des dispositions de l'article 241 de la
loi du 24 juillet 1996, leur existence s'en trouvant dès lors
compromise
6(
*
)
.
Afin de ne pas compromettre l'existence des sociétés
concessionnaires d'autoroutes, et conformément à l'avis du
Conseil National de la Comptabilité (CNC) du 11 octobre 1988, ces
dernières ont donc recours à un mécanisme particulier,
consistant à différer la prise en compte des charges
correspondant d'une part aux amortissements des infrastructures dits de
caducité, d'autre part, aux charges financières liées
à la construction. Ainsi, la part de ces charges non couverte par les
produits d'une année donnée est comptabilisée à
l'actif du bilan dans un compte de charges différées.
2. Les inconvénients du système des charges
différées
La pratique comptable des charges différés en vigueur dans les
sociétés d'économie mixte concessionnaires d'autoroutes
(SEMCA), bien que visant à prendre en compte le cycle économique
particulier de telles infrastructures, a été largement
aménagée pour soustraire le plus longtemps possible les
sociétés concessionnaires à la contrainte des fonds
propres. Elle conduit les sociétés à ramener
systématiquement leurs résultats au strict équilibre et
donc à ne pas verser de dividendes à leurs actionnaires et
à ne pas payer l'impôt sur les sociétés à
l'Etat.
La Cour des comptes et le Conseil national de la comptabilité (CNC) ont
à plusieurs reprises, émis des critiques sur cette pratique et
considèrent que l'application faite par les sociétés
concessionnaires d'autoroutes du mécanisme des charges
différées retirait aux comptes leur signification normale,
masquait leur situation réelle et était contraire au principe de
l'image fidèle. Le comité d'urgence du CNC, dans son avis de juin
1998, indique que, pour les sociétés concessionnaires
d'autoroutes, la suppression des charges différées serait une
méthode améliorant l'information financière de ces
sociétés. Dans le cadre de la réflexion en cours sur le
système autoroutier, le gouvernement étudie donc les
possibilités de ne plus autoriser les SEMCA à recourir à
la pratique des charges différées pour les concessions actuelles,
en contrepartie notamment de l'allongement de la durée des
concessions.
2. L'application des directives communautaires
a) La directive relative aux péages
L'article 74 de la
directive
de 1993 sur les
péages d'infrastructure
précise que : " les taux
des péages sont liés aux coûts de construction,
d'exploitation et de développement du réseau d'infrastructures
concerné ".
A la demande du Parlement européen, cette directive a été
annulée par la Cour de Justice des communautés européennes
en juillet 1995, pour non respect de la procédure de consultation du
Parlement européen. Il a donc été demandé au
conseil des ministres d'adopter un nouveau texte dans un " délai
raisonnable ". Le texte est en cours de négociation, les effets de
l'ancienne directive étant pour l'heure maintenus.
Selon la commission d'enquête du Sénat, cette règle remet
en cause les prélèvements de nature diverse qui pèsent
aujourd'hui sur les péages et ne répondent pas à ces
critères. En revanche, le ministère estime cette directive
compatible avec la pratique française.
b) La sixième directive TVA
Les
sociétés concessionnaires d'autoroutes ne sont pas soumises au
régime de TVA
de droit commun, mais à un régime
spécifique validé par l'article 109 de la loi de finances
pour 1994.
Ce régime est fondé sur le principe que les
sociétés concessionnaires agissent en qualité de simples
mandataires de l'Etat pour construire l'autoroute et collecter les
péages. Elles construisent l'autoroute pour l'Etat et ne
récupèrent donc pas la TVA sur la construction. Par ailleurs, les
péages sont perçus pour le compte de l'Etat et ne sont donc pas
assujettis à la TVA. Seule la part des recettes servant à couvrir
d'autres charges que les charges de construction est assujettie à la TVA.
La TVA n'est donc pas assise sur le chiffre d'affaires des
sociétés (la totalité des recettes de péages), mais
sur la rémunération de " mandataire " des
concessionnaires, c'est-à-dire sur la part des recettes couvrant les
seules charges d'exploitation.
Les conséquences de l'application de ce régime particulier de TVA
sont, d'une part, que les sociétés concessionnaires n'ont pas la
possibilité d'opérer la déduction de la TVA qui a
grevé la construction de l'autoroute, d'autre part, qu'elles n'ont pas
davantage la faculté de facturer aux usagers des ouvrages la taxe
acquittée par elles. Ainsi, les usagers professionnels (principalement
les poids-lourds) ne peuvent pas récupérer la TVA sur les
péages.
Ce régime de TVA est incompatible avec la
6
ème
directive relative à la TVA du 17 mai
1977.
Aux deux mises en demeure de la commission, la France avait répondu par
un argumentaire faisant valoir que les péages ont un caractère de
taxe et ne peuvent être passibles de TVA.
La commission, réfutant l'analyse présentée par la France,
a adressé en 1989 un avis motivé à la France. Elle
considérait que les péages perçus par les
sociétés concessionnaires d'autoroutes sont la contrepartie d'une
prestation de services à titre onéreux rendue aux usagers de
l'infrastructure, et par conséquent passibles de la TVA.
Après une longue période de statu quo, la commission a saisi, le
30 juillet 1997, la Cour de Justice européenne qui sera
amenée à se prononcer sur cette divergence
d'interprétation.
La condamnation de la France paraît inéluctable
. Le passage
au droit commun de TVA poserait toutefois a priori un problème fiscal et
comptable pour les sociétés concessionnaires, ainsi qu'un
problème budgétaire (la récupération par les
usagers à titre professionnel de la TVA portant sur les péages se
traduisant pour l'Etat par une perte de recettes de l'ordre d'un milliard de
francs).
C'est pourquoi la commission d'enquête du Sénat avait
proposé de substituer à l'ensemble des prélèvements
actuels sur les sociétés d'autoroute un impôt sur le
résultat d'exploitation associé au versement de dividendes, ce
système étant d'un rendement supérieur dès lors
qu'il serait couplé avec un allongement des concessions. Ces
propositions sont à l'étude par le gouvernement.
c) L'application de la directive " travaux " du 18 juillet 1989
L'arrêt récent du Conseil d'Etat relatif à
la
concession de l'autoroute A86 a montré qu'il aurait fallu recourir
à des appels d'offres européens pour l'attribution des
concessions dès juillet 1990, alors que la France n'a pas
appliqué cette règle jusqu'en décembre 1997.
La directive 93/97/CEE, dite directive " travaux ", qui
intègre les dispositions de la directive 89/440/CEE du 18 juillet
1989 et en effet applicable depuis le 20 juillet 1990. Refondue en 1993,
elle s'inscrit dans le contexte de l'ouverture européenne des
marchés publics.
La commission d'enquête du Sénat avait montré que cette
directive ne fait en droit aucun obstacle au libre choix du concessionnaire par
l'autorité publique, ni à la technique dite de
" l'adossement " (c'est-à-dire du financement des
constructions nouvelles par la prorogation de la concession des tronçons
déjà amortis), cette technique étant d'ailleurs
explicitement admise par la directive postérieure sur les péages.
Le gouvernement estime toutefois que
l'égalité de
traitement
des candidats en vertu du Traité de Rome rend
problématique la poursuite du financement des liaisons à
péage en recourant à l'adossement, dans la mesure où il
est difficile, compte tenu des nombreux paramètres à prendre en
compte (intensité du trafic, évolution des tarifs...), dont une
variation même faible peut entraîner des écarts importants
dans les résultats, de comparer une offre prévoyant une
subvention à une autre proposant l'allongement d'une concession
existante.
C'est pourquoi le gouvernement envisage, afin d'assurer la transparence des
choix, d'attribuer les nouvelles concessions autoroutières dans le cadre
d'un contrat particulier et de verser, si nécessaire, une subvention
assurant l'équilibre de la concession isolée.
CHAPITRE III
LE DÉVELOPPEMENT DU
RÉSEAU ROUTIER
Le tableau suivant décrit l'évolution des autorisations de programme pour les différents programmes d'investissements routiers.
Répartition des investissements routiers (AP)
(en millions de francs)
|
LFI 1998 |
PLFI 1999 |
Évolution
|
Contrats Etat-régions |
3.333,0 |
3.107,0 |
- 6,8 % |
RN 7 + A 75 + A 20 + RN 10 |
1.392,0 |
1.017,0 |
- 26,9 % |
Programme général et opérations diverses |
349,9 |
443,25 |
+ 26,7 % |
Total des crédits d'Etat aux investissements routiers |
|
|
|
Fonds de concours des régions au chapitre 53-43 (contrats de plan) |
|
|
|
Il est à noter que le gel de la participation de l'Etat aux contrats de plan en 1997 a entraîné un effort sans précédent des régions en 1997, dont le ralentissement des fonds de concours en 1999 n'est que le contrecoup différé.
A. LES CONTRATS DE PLAN ETAT-RÉGIONS
Le
taux d'exécution de la part Etat des contrats de plan
Etat-régions 1993-1998 devrait s'élever à
70,2 %
à la fin 1998
, c'est-à-dire au terme initial de ces contrats
(contre 96,5 % au terme du Xème plan 1989-1993), qui sont
désormais prolongés d'un an.
Compte tenu des dotations inscrites dans le projet de loi de finances pour
1999,
le taux d'exécution moyen devrait atteindre 81,5 %
à la fin de 1999
. Un certain nombre d'opérations inscrites
aux contrats actuels devront donc être reconduites dans les volets
routiers des prochains contrats de plan.
Il s'agit là d'un constat préoccupant pour la
crédibilité des engagements de l'Etat au moment où
s'ouvrent les négociations pour le XIIème plan.
Les tableaux ci-dessous rappellent, par région, le montant et le
financement des volets routiers des contrats de plan 1994-1998 et des
programmes complémentaires décidés par l'Etat.
Montant des engagements pris dans le cadre des contrats de plan Etat-Régions
(En millions de francs)
|
Etat |
|
|
Objet des programmes |
|
Régions |
Contrats de base |
Program-mes inter-régionaux et d'accé-lération |
Régions |
Autres |
interrégionaux et d'ac-célération |
Alsace |
772 |
295 |
494 |
999 |
Contrat Strasbourg |
Aquitaine |
877 |
120 |
561 |
588 |
Somport |
Auvergne |
750 |
605 |
300 |
328 |
RCEA, RN 88, 89, 120 et 122 |
Bourgogne |
600 |
120 |
351 |
454 |
RCEA |
Bretagne |
2.425 |
133 |
946 |
690 |
Rocade des Estuaires |
Centre |
840 |
|
752 |
625 |
|
Champagne-Ardenne |
805 |
80 |
577 |
779 |
RN 51 |
Franche-Comté |
685 |
|
397 |
610 |
RN 88 |
Languedoc-Roussillon |
1.014 |
170 |
652 |
796 |
RCEA |
Limousin |
639 |
190 |
213 |
0 |
|
Lorraine |
1.481 |
|
1.071 |
866 |
RN 88 |
Midi-Pyrénées |
1.715 |
300 |
1.020 |
1.070 |
|
Nord-Pas-de-Calais |
1.489 |
103 |
1.491 |
1.968 |
Plan Routier Transmanche |
Basse-Normandie |
1.061 |
667 |
1.454 |
820 |
Rocade des Estuaires |
Haute-Normandie |
521 |
130 |
599 |
499 |
Plan routier Transmanche |
Pays de la Loire |
979 |
65 |
902 |
464 |
Rocade des Estuaires |
Picardie |
670 |
149 |
819 |
313 |
Plan routier Transmanche |
Poitou-Charentes |
1.100 |
110 |
662 |
617 |
RCEA |
Provence-Alpes-Côte d'Azur |
983 |
150 |
1.021 |
1.100 |
Percées alpines |
Rhône-Alpes |
1.273 |
300 |
1.189 |
1.583 |
Réhabilitation + RN 7 + Oisans |
Total hors Ile-de-France |
20.768 |
3.687 |
15.475 |
15.168 |
|
Ile-de-France |
2.480 |
|
7.327 |
|
|
Total Métropole |
23.158 |
3.687 |
22.802 |
15.168 |
|
Corse |
250 |
|
|
|
|
DOM |
204 |
|
|
|
|
TOM et collectivités |
173 |
|
|
|
|
TOTAL GENERAL |
23.785 |
3.687 |
|
|
|
|
27.472 |
|
|
|
Aux
volets routiers des contrats de plan s'ajoute la signature d'un contrat propre
au Bassin Parisien, engageant pour 409 millions de francs l'Etat, la
région Ile-de-France et les sept régions
périphériques (Basse-Normandie, Haute-Normandie, Picardie,
Champagne-Ardenne, Bourgogne, Centre, Pays de la Loire) et visant à
favoriser dans le domaine routier l'aménagement des grandes voies
d'évitement de l'Ile-de-France. Ce contrat interrégional est
géré directement par la mission Bassin Parisien.
Ces contrats sont par ailleurs complétés, pour le volet routier,
par des programmes dits d'accélération décidés
postérieurement au comité interministériel
d'aménagement du territoire de Mende (1993), portant sur la même
période et dont certains sont cofinancés.
Ces programmes complémentaires portent essentiellement sur les quatre
itinéraires interrégionaux que sont :
- l'autoroute A84 entre Caen et Rennes (route des Estuaires),
- la Route Centre Europe Atlantique entre La Rochelle et l'autoroute A6 en
Saône et Loire, via Angoulême, Limoges et Montluçon,
- la RN88 entre Toulouse et Lyon,
- les accès aux percées alpines par les RN202 et 204.
Ces programmes ont pris un retard certain à la suite du gel des contrats
de plan en 1997.
Les tableaux ci-dessous proposent un bilan prévisionnel de
l'exécution des contrats de plan Etat-régions, à la fin
1999 pour les enveloppes globales, à la fin 1998 pour les enveloppes
région par région :
Bilan
prévisionnel de l'exécution fin 1999 des volets routiers
des
contrats de plan Etat-régions du XIème plan (y compris FARIF 1
contractualisé)
|
Enveloppe
|
|
Total
dotations 1994-1999
|
% d'exécution fin 1999 |
CER métropole hors Corse et DOM |
22.746,990 (1) |
2.469,6 |
18.497,30 |
81,3 |
Programmes d'accélération |
3.687,651 (2) |
389,1 |
2.998,10 |
81,3 |
S/TOTAL 1 |
26.434,641 |
2.858,7 |
21.495,40 |
81,3 |
DOM |
257,00 |
20,5 |
209,00 |
81,3 |
Corse |
250,00 |
- |
249,60 |
99,8 |
TOM |
120,40 (3) |
21,3 |
97,90 |
81,3 |
Pôles de développement |
135,00 |
8,3 |
86,20 |
63,9 |
S/TOTAL 2 |
27.197,041 |
2.908,8 |
22.138,10 |
81,4 |
Villes nouvelles |
275,00 |
30,0 |
248,00 |
90,2 |
TOTAL |
27.472,041 |
2.938,8 |
22.386,10 |
81,5 |
(1) y
compris 70 millions de francs de sécurité
(2) y compris 14 millions de francs de crédits-ville
(3) y compris 14,4 millions de francs pour Wallis et Futuna et
8,7 millions pour la Nouvelle-Calédonie sur la période
1995-1998.
Bilan
prévisionnel d'exécution de la part Etat des programmes
d'accélération à fin 1998
Le taux d'exécution des programmes d'accélération s'établirait ainsi à 73,6 % fin 1998.
B. L'AVANCEMENT DES GRANDS PROGRAMMES ROUTIERS
1. Les mises en service d'autoroutes non concédées
En 1997,
plus de 86 km d'autoroutes non concédées ont
été ouverts à la circulation et près de 168 km
d'autoroutes gratuites devraient l'être en 1998. Ces opérations
représentent un coût total de 10,6 milliards de francs. Pour
1999, il est prévu d'ouvrir à la circulation environ 133 km
d'autoroutes non concédées.
Les principaux tronçons qui ont été ou qui devraient
être mis en service en 1998 sont les suivants :
|
|
Coût en millions de francs |
|
Date de mise en service prévue ou réalisée |
A 86 |
Section Ourcq-Repiquet |
2.028 |
2,9 |
janvier |
A 86 |
RN 2 - Repiquet |
1.723 |
1,8 |
janvier |
A 86 |
Traversée de Nanterre |
1.720 |
4,7 |
juin |
A 64 |
Mise en autoroute Muret- (ex RN117) |
700 |
39,0 |
avril |
A 1 |
Couverture de l'autoroute et
réaménagement
|
|
|
|
A 29 |
Rocade sud d'Amiens |
450 |
8,2 |
avril |
A 20 |
Déviation du Puy de Grâve à Donzenac |
447 |
14,6 |
octobre |
A 84 |
St
Martin des Besaces - Guiberville
|
|
|
|
A 20 |
Echangeurs Sud du contournement de Châteauroux jusqu'au Sud de la déviation d'Argenton sur Creuse |
|
|
|
Les mises en service d'autoroutes non concédées prévues pour 1999 se détaillent comme suit :
Département |
N° d'Axe |
Opération |
Coût (MF) |
A.R. non concédées (km) |
Bas-Rhin |
A 35 |
VRPV - (Section Zelwiller-Sélestat) |
244.300 |
10,00 |
Indre |
A 20 |
Déviation de Celon |
167.000 |
8,00 |
Indre |
A 20 |
Déviation de Clidier l'Aumône |
151.000 |
8,00 |
Manche |
A 84 |
Entre Avranches et l'Ille-et-Vilaine |
486.000 |
16,60 |
Hauts-de-Seine |
A 86 |
Déviation de Rueil-Malmaison |
1.289.500 |
2,65 |
Seine-et-Marne |
A 104 |
Mise à 2 x 3 voies entre A 4 et RN 34 - section RD 404 - A 4 |
184.000 |
4,50 |
Ille-et-Vilaine |
A 84 |
Section Romagné - Manche |
471.000 |
19,50 |
Ille-et-Vilaine |
A 84 |
Section Saint Aubin - Romagné |
329.000 |
10,50 |
Marne |
A 34 |
Déviation de Witry-les-Reims |
172.100 |
5,96 |
Nord |
RN 351 |
Déviation B.P. Est de Lille (partiel) |
1.186.314 |
3,30 |
Val d'Oise |
A 115 |
Prolongement entre la 7ème et 9ème avenue (section RD 106 - RD 409) |
320.000 |
2,00 |
Manche |
A 84 |
Déviation de Villedieu |
390.000 |
13,20 |
Ille-et-Vilaine |
A84/A81 |
Rocade Est de Rennes |
444.000 |
7,00 |
Haute-Vienne |
A 20 |
Mise aux normes autoroutières Boisseuil - Pierre Buffière (achèvement de l'opération) |
|
|
Corrèze |
A 20 |
Mise aux normes de la déviation de Donzenac |
190.000 |
11,60 |
Meurthe-et-Moselle |
A 330 |
Nancy (liaison A 330 - RD 2bis - RN 74) - 3ème section |
138.000 |
1,50 |
Ardennes |
A 34 |
RN 51 - Déviation de Poix - Terron |
234.000 |
4,00 |
|
|
Totaux |
6.481.214 |
133.810 |
2. L'avancement des grands programmes des contrats de plan Etat-régions
a) La rocade des estuaires (A 84), Caen - Rennes
Classée liaison assurant la continuité du
réseau autoroutier (LACRA), au schéma directeur routier national,
cette liaison doit, à terme, être aménagée aux
caractéristiques autoroutières.
La section Caen - Coulvain (28 km) est en service à 2 x 2 voies dans le
Calvados. Des mises aux normes autoroutières sont toutefois
nécessaires. Elles seront entreprises prochainement.
La section entre Coulvain et le Poteau (RN 174 dans la Manche) a
été mise en service au printemps 1998. La section antre Avranches
et Saint-Aubin du Cormier (Ille-et-Vilaine) sera en service au printemps 1999.
Les autres sections entre Rennes et Le Poteau (y compris la rocade Est de
Rennes) seront mises en service successivement d'ici à 2002.
Ce projet aura donc été ralenti par l'insuffisance des dotations
de l'Etat à l'exécution des contrats de plan
Etat-régions.
b) la RN 88 Lyon - Toulouse
Le parti
d'aménagement à terme de la RN 88 retenu par le comité
interministériel d'aménagement du territoire de Mende (juillet
1993) est une liaison à 2 x 2 voies avec carrefours
dénivelés et statut de route express. Le CIADT du
15 décembre 1997 a confirmé " la modernisation
progressive de la RN 88 et de la RCEA, la priorité devant être
donnée aux sections les plus critiques au regard des conditions de
circulation dans les villes traversées et des volumes de trafic ".
La déclaration d'utilité publique et le classement en route
express ont été prononcés par décret en Conseil
d'Etat pour l'ensemble des sections entre décembre 1996 et avril 1998,
à l'exception du contournement de Baraqueville, qui fera l'objet d'une
nouvelle enquête, du doublement de la rocade d'Albi, dont les
études se poursuivent, et surtout de la section Le Puy-en-Velay
Sud/A 75 (102 km) pour laquelle l'enquête publique ouverte en mai
1998 a donné lieu à un avis défavorable.
Au-delà de l'actuel contrat Etat-région, l'achèvement de
l'itinéraire selon le parti d'aménagement actuellement retenu
représente un investissement de 13 milliards de francs, dont le
financement n'est pas établi.
c) La route centre Europe - Atlantique (RCEA A 6 - Saintes)
La RCEA,
qui est classée grande liaison d'aménagement du territoire entre
l'autoroute A 6 et Saintes, relie la façade Atlantique au
réseau autoroutier de l'Est de la France.
Son aménagement constitue la première priorité du
XIème Plan dans les régions concernées : Bourgogne,
Auvergne, Limousin et Poitou-Charentes.
L'état d'avancement du projet est le suivant :
- dans le département de l'Allier, la déviation de
Dompierre-sur-Besbre doit être mise en service à 2 voies en 1999.
Les travaux d'aménagement à 2 voies de la section Dompierre -
Digoin ont démarré cette année. Ceux du viaduc de
franchissement de la Loire (réalisé directement à
2 x 2 voies) sur la déviation de Digoin doivent commencer fin
1998. L'objectif est d'assurer, à l'horizon 2002, la continuité
de la liaison à 2 voies de Dompierre à Digoin.
- Dans le département de Saône et Loire, les travaux
d'aménagement à 2 x 2 voies se poursuivent de Digoin
à Paray le Monial. La déviation à
2 x 2 voies de la Valouze ainsi que le contournement Sud
à 2 voies de Mâcon ont été mis en service sur
la branche Sud. Il est prévu de réaliser des créneaux
entre Châlon et Montchanin sur la branche Nord.
- Entre A 71 et A 20 (Montluçon - La Croisière),
l'objectif est d'achever à 2 x 2 voies la liaison
Guéret - A 20 (La Croisière) et d'engager de façon
significative l'aménagement à l'Est de Guéret. Le premier
objectif a été atteint avec la mise en service de 42 km
à 2 x 2 voies en continu de la Croisière à
Guéret Ouest.
Plus à l'Est, la déviation d'Ajain a été ouverte
à la circulation en 1997. Les travaux préalables au doublement de
la déviation de Guéret et ceux de la section Guéret -
Pont-à-la Dauge ont commencé cette année. Les travaux
préalables au doublement de la déviation de Gouzon
débuteront en 1999.
- Entre A 10 et A 20 (Saintes - Limoges), dans le
département de la Haute-Vienne, l'objectif est de réaliser dans
un premier temps les déviations d'agglomération : les
déviations de La Barre et du Breuil ont été ouvertes en
1996 et la première phase à 2 voies du contournement
Nord-Ouest de Limoges, réalisée sous maîtrise d'ouvrage
départementale, l'a été fin 1997.
La déviation de Saint-Junien est en cours de travaux, sa mise en service
est prévue à l'horizon 2000-2001.
- Dans le département de la Charente, outre les opérations
déjà réalisées (déviation de Gensac,
créneau de Veillard, déviation de Ruelle), les travaux des
déviations de Taponnat et de Rassats-les-Favraud ont
débuté en 1998 pour une mise en service prévue en 1999.
Le bilan des procédures menées sur cet axe est le suivant :
L'ensemble de la liaison A 6 - A 20 est déclaré
d'utilité publique, le dernier décret étant intervenu en
mai 1997 pour la liaison Paray-le-Monial - Mâcon.
Entre A 10 (Saintes) et A 20 (Limoges), la section comprise entre
Cognac et Chasseneuil-sur-Bonnieure (Charente) a été
déclarée d'utilité publique le 12 septembre 1996.
L'enquête publique relative au tronçon Chasseneuil-Limoges a
été lancée début juin 1998.
L'objectif à long terme est de réaliser l'aménagement
à 2 x 2 voies avec statut de route express et carrefours
dénivelés de l'ensemble de la RCEA entre A 6 et A 10.
En retenant l'hypothèse d'une reconduction au-delà de 1999 des
moyens mis en place au XIème plan, la réalisation effective de
cet aménagement ne peut toutefois, selon le ministère, être
envisagée avant 2015, étant entendu que la priorité sera
accordée à la réalisation de la section de
l'itinéraire comprise entre A 6 et A 20.
Etant donné l'éloignement de cette échéance et les
difficultés rencontrées sur le plan de la sécurité,
une étude de faisabilité de concession (partielle ou totale) a
été réalisée sur la section comprise entre
Guéret, Mâcon et Châlon-sur-Saône, dont les
conclusions n'ont pas été favorables à une mise en
concession de cet itinéraire compte tenu notamment du surcoût
présenté par une solution à péage et de l'atteinte
qu'elle porterait au principe d'égalité de traitement des
usagers.
Sur ces bases, le ministre de l'équipement, des transports
et du logement a annoncé que la mise en concession de cet
itinéraire devait être écartée et que son
aménagement devait être financé par des fonds publics, soit
sur deux plans (2010), soit sur trois plans (2015).
2,3 milliards de francs devaient déjà être
consacrés à cet itinéraire dans le cadre des contrats
Etat-région 1994-1998, dont 1,3 milliard de francs de part Etat.
Au-delà du XIème plan, c'est une somme de plus de
8 milliards de francs qu'il conviendrait de mobiliser afin de parachever
l'aménagement de la liaison en route express à
2 x 2 voies.
3. L'aménagement de la RN 10 (A 63) dans les Landes
Entre
les communes de Belin-Béliet en Gironde et Saint-Geours de Maremne dans
les Landes, la RN 10 est l'un des maillons de l'itinéraire
autoroutier ouest entre Paris et l'Espagne.
Ce maillon de 92 km, aménagé à
2 x 2 voies, ne possède pas les caractéristiques
autoroutières et n'est donc plus adapté aux conditions de
circulation actuelles. Beaucoup trop d'accidents y sont à
déplorer.
Son aménagement n'ayant pu trouver dans les années
écoulées un plan de financement sur fonds publics, il avait
été décidé de recourir au régime de la
concession et de mettre en place, dans l'attente de la réalisation des
travaux, un programme de mise en sécurité immédiate qui a
permis de réduire le nombre d'accidents.
Le gouvernement ayant finalement décidé, à la fin de
l'année 1997, de maintenir la gratuité de cette liaison, un
nouveau décret déclarant d'utilité publique les travaux de
mise aux normes autoroutières de la RN 10 sans recours à la
concession a été pris le 12 janvier 1998.
La mise aux normes de cet axe, estimée à 1.350 MF, fait
l'objet d'un plan de financement sur 4 années. En 1998, 250 MF
d'autorisations de programme ont été affectées pour les
travaux les plus urgents.
Le financement de la mise aux normes autoroutières devrait être
achevée en 2002, pour une mise en service en 2003.
4. L'avancement des trois grands programmes de désenclavement du massif central
Trois
grands programmes autoroutiers hors contrat de plan, essentiellement au travers
du FITTVN, depuis 1996, doivent servir à créer de grandes
transversales Nord-Sud traversant le Massif central : l'A 75,
Clermont-Ferrand-Béziers, l'A 20, Vierzon-Brive (axe
Paris-Toulouse) et l'A 77 Cosne-Balbigny.
Ces programmes bénéficient de l'essentiel des dotations aux
routes du FITTVN, comme le montre le tableau ci-dessous :
Répartition des crédits du FITTVN affectés aux investissements sur les routes nationales
(En millions de francs)
|
1997 |
1998* |
A 20 Vierzon - Brive |
470 |
435,2 |
A 75 Clermont-Ferrand-Béziers |
656 |
676 |
RN 7 (prolongement de l'A 77) |
140 |
245 |
RCEA |
97 |
140 |
RN 88 |
45 |
160 |
autres |
39 |
96 |
TOTAL |
1.447 |
1.752 |
* prévisions
Source : ministère de l'équipement
a) L'A 75 Clermont Ferrand - Béziers
La
réalisation de l'autoroute A 75 entre Clermont-Ferrand et
Béziers, à usage gratuit, a été
décidée par le Gouvernement en 1987 et inscrite au schéma
directeur routier national de 1988 afin de désenclaver le Massif Central
et favoriser son développement économique. L'A 75,
prolongeant l'A 71 de Paris à Clermont-Ferrand, participera
également au délestage de l'autoroute A7 dans la vallée du
Rhône.
L'ensemble de l'itinéraire a été déclaré
d'utilité publique avec classement autoroutier à l'exception de
la section comprise entre Pézenas Nord et l'autoroute A 9 dans le
département de l'Hérault. Les caractéristiques techniques
de cette dernière section ont été approuvées par
décisions du 30 mai 1997 et du 28 janvier 1998.
L'enquête publique correspondante a été lancée le
25 mai 1998. Le décret en Conseil d'Etat devrait intervenir fin
1999.
La concession du viaduc de Millau a été annoncée par le
ministre le 20 mai dernier après expertise du Conseil
général des Ponts et Chaussées. La nouvelle enquête
publique correspondante devrait être lancée prochainement.
Sur les 340 km de l'itinéraire, 257 sont aujourd'hui en service
dont 202 km en continu de Clermont-Ferrand à Engayresque dans le
département de l'Aveyron, au Nord du futur contournement de Millau.
Le coût des opérations s'est élevé à
5,6 milliards de francs (100 % Etat) entre 1990 et 1997, soit plus
d'un dixième des investissements routiers de l'Etat sur la
période.
688 millions de francs sont programmés pour 1998, dont
676 millions de francs au titre du FITTVN, soit 13 % des
investissements routiers de l'Etat pour cette année.
L'objectif affiché est une mise en service de la totalité de
l'itinéraire en 2003. Entre Clermont-l'Hérault et Pézenas,
les premiers travaux ont débuté en 1997 pour une livraison
à la circulation en 2000.
Les deux dernières sections (11,4 km entre Pégairolles et
Lodève Sud et 20 km entre Pézenas et Béziers -
autoroute A9) devraient être respectivement mises en service en 2001 et
2003. Les travaux de mise aux normes de la déviation de Pézenas
et ceux de la section Pézenas - A9 ne pourront être lancés
qu'en 2000-2001, après la déclaration d'utilité publique
des travaux par décret en Conseil d'Etat (fin 1999).
b) L'A 20 Vierzon - Brive la Gaillarde
Sur
près de 290 km que compte l'itinéraire, 253 km sont
aujourd'hui en service à 2 x 2 voies, dont 231 km aux
normes autoroutières. La totalité de l'itinéraire devrait
être mise en service à 2 x 2 voies début 1999,
10 km de mise aux normes autoroutières (section Chatandeau-Pierre
Duffière) étant poursuivis en 1999. Le coût total de
l'opération s'est élevé à 5,7 milliards de
francs (100 % Etat) entre 1990 et 1997. 435 millions de francs sont
programmés au titre du FITTVN pour 1998.
Au stade actuel de la programmation, les dotations 1999 ne sont pas connues.
Contrairement à l'A 75, entièrement financée par
l'Etat (à l'exception du viaduc de Millau qui sera vraisemblablement
concédé), l'autoroute A 20 sera partiellement payante.
En effet, compte tenu du faible linéaire déjà
aménagé à 2 x 2 voies d'une part, des difficultés
d'aménagement sur place de la route existante, d'autre part, la section
comprise entre Brive et Montauban a été concédée
à la société des Autoroutes du Sud de la France (ASF).
Votre rapporteur continue de s'interroger sur cette méthode,
contraire au principe de péréquation entre itinéraires,
qui devrait présider désormais au financement du réseau
routier.
Ainsi, la section Brive-Montauban est concédée en raison de son
coût élevé. Or ASF est par ailleurs un contributeur au
FITTVN via la taxe kilométrique d'aménagement du territoire. ASF
contribue donc au financement des sections gratuites de l'A20, et devra
partiellement répercuter ce coût sur le péage de la section
payante. Ceci est incohérent et incompréhensible pour les
usagers. Il aurait été préférable d'instituer
partout un péage modique.
c) La liaison RN 7 - RN 82 : Cosne-sur-Loire/Balbigny (A 77)
En
continuité avec l'autoroute A77 concédée, la RN 7 et
la RN 82 relient Cosne-sur-Loire et Balbigny (A89) sur une longueur de
245 km. Cet itinéraire est classé en liaison assurant la
continuité du réseau autoroutier jusqu'à Nevers puis
grande liaison d'aménagement du territoire au-delà.
L'avancement des opérations par département est le suivant :
Nièvre : l'itinéraire comprend 101 km dont 32,3 km en
service à 2 x 2 voies et 48,2 km à
aménager à 2 x 2 voies au titre du programme
spécifique. La déviation de Nevers (18 km) a été
livrée en mai 1998. Au Nord, les études de Cosne-Pouilly et de la
déviation de Pougues ainsi que celle de la section Nevers-Magny-Cours
sont en cours (livraison à l'horizon 2003), les autres sections
étant en service.
Allier : l'itinéraire comprend 86 km dont 10 km à
aménager à 2 x 2 voies et 20 km à
2 voies au titre du programme spécifique. La déviation de
Moulins a été mise en service en juin 1996, celle de
Toulon/Allier est prévue en 2000. Au Nord de Moulins et au Sud du
département, les études sont en cours. Les mises en service sont
envisagées progressivement jusqu'en 2003.
Loire : l'itinéraire comprend 58 km dont 13 km en
service à 2 x 2 voies, 14 km à
aménager à 2 x 2 voies et 12 km à
2 voies dans le cadre du programme spécifique et du contrat
Etat-Région Rhône-Alpes. La déviation de Roanne (section
Nord) a été mise en service en novembre 1997. Celle de Neulise
est prévue pour l'été 1998.
CHAPITRE IV
L'ENTRETIEN DU RÉSEAU
ROUTIER
Depuis l'exercice 1994, l'évolution des crédits affectés à l'entretien du réseau routier national se caractérise par une meilleure prise en considération des besoins. Cette tendance est confirmée et amplifiée en 1999. Toutefois, l'accroissement du trafic et de la taille du réseau, ainsi que son vieillissement, accroissent également les besoins.
Crédits d'entretien du réseau routier
(en millions de francs)
|
LFI 1998 |
PLF 1999 |
Evolution
|
Réhabilitations et
renforcements
|
258,3
|
264,5
|
+ 2,4
|
FITTVN
(CP = AP)
|
83,0
|
83,0
|
+ 0,0
|
Renforcement des ouvrages d'art
|
257,0
|
275,0
|
+ 7,0
|
Aménagements de
sécurité
|
183,7
|
186,9
|
+ 1,7
|
Entretien, viabilité
hivernale et moyens des parcs
|
2.531,33
|
2.592,17
|
+ 2,4 |
Total
des moyens de paiement
|
3.313,33 |
3.471,57 |
+ 4,8 |
Total
des moyens d'engagement
|
3.324,63 |
3.531,15 |
+ 6,2 |
(dont FARIF + FITTVN) |
2,5 % |
4,3 % |
|
A. L'ÉTAT DU RÉSEAU
L'état du réseau est très différent selon qu'il s'agit des autoroutes concédées ou des autoroutes non concédées.
1. Le réseau concédé
Le
réseau autoroutier concédé se situe dans un
très
bon état
d'entretien
, en raison des moyens consacrés
annuellement aux grosses réparations (1,5 milliards de francs par an),
dont l'objet est la conservation et le maintien du patrimoine en bon
état.
Près de 3 milliards de francs sont par ailleurs consacrés
annuellement à l'aménagement du réseau existant en terme
d'accroissement de capacité ou d'amélioration du niveau de
service. Ces aménagements résultent pour la plupart
d'études synoptiques dont le but est de cerner à un horizon de
cinq ans les besoins à satisfaire, sur une section d'autoroute de
longueur significative, dans un domaine particulier : élargissements,
création de nouveaux échangeurs, extension des aires annexes, des
barrières de péage, rattrapages environnementaux. Ces
aménagements concourent à l'amélioration continue de la
sécurité
.
Ensemble des sociétés (en MF courants) |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Grosses réparations |
1.259 |
1.376 |
1.563 |
1.723 |
1.735 |
ratio au km |
0,259 |
0,275 |
0,291 |
0,313 |
0,303 |
Investissements complémentaires |
2.779 |
2.670 |
2.443 |
2.609 |
2.867 |
ratio au km |
0,571 |
0,534 |
0,455 |
0,474 |
0,501 |
Les
fonds investis dans les grosses réparations sont consacrés
à 52 % aux chaussées et à 16 % aux ouvrages d'art. Le
coût d'entretien des barres de péages n'entre que pour 3 % dans ce
total.
Les investissements complémentaires concernent les élargissements
à 29 %, les systèmes d'exploitation à 14 % et les barres
de péage à 11 %.
2. Le réseau national non concédé
a) Le réseau national non concédé n'est pas en aussi bon état
Le
réseau non concédé fait l'objet d'un suivi
systématique, depuis 1992 pour les chaussées (opérations
image qualité du réseau national - IQRN), et depuis 1994 pour les
ouvrages d'art (opérations image qualité des ouvrages d'art -
IQOA). Cette évaluation vise à optimiser les moyens
consacrés à la préservation du patrimoine routier national.
En ce qui concerne les chaussées, les campagnes de mesures
menées depuis 1992 ont permis de montrer que si la majeure partie du
réseau est dans un état satisfaisant,
11 % des voies
nécessitent des interventions lourdes
, soit qu'elles n'aient pu
bénéficier d'un niveau d'entretien préventif suffisant,
soit qu'elles n'aient pas encore été renforcées, soit
qu'elles supportent désormais un trafic lourd dépassant largement
les prévisions.
Les grands travaux à entreprendre concernent prioritairement, d'une part
la réhabilitation du réseau autoroutier non
concédé, principalement en zone urbaine, où certaines
chaussées en béton atteignent la limite de leur durée de
vie, d'autre part le réseau qui n'a pas encore été
renforcé et dont la structure est insuffisante au regard du trafic
supporté. Pour ce dernier, le rythme actuel de renforcement ne permet
pas d'envisager son achèvement à court terme.
Dans le domaine des ouvrages d'art, les premiers résultats de
l'opération IQOA montrent que la structure de 76 % d'entre eux est en
bon état apparent, étant toutefois précisé que :
- 10 % devront faire l'objet d'un simple entretien courant,
- 66 % nécessiteront un entretien spécialisé des
équipements dont 37 % d'une manière urgente soit au titre de
la sécurité de l'usager, soit pour prévenir un
développement rapide de désordres de la structure.
Mais surtout, ces résultats montrent que la structure de 18 %
d'entre eux est atteinte dont 5 % de manière grave et
nécessite des travaux de réparation urgents liés à
l'insuffisance de capacité portante de l'ouvrage.
L'estimation globale des moyens financiers à consacrer à la
remise en état des chaussées et des ouvrages d'art est de 15
milliards de francs, pour un patrimoine dont la valeur à neuf est
estimée à plus de 800 milliards de francs.
La conséquence d'un défaut de moyens financiers serait
immanquablement l'accélération du processus de dégradation
des chaussées et des ouvrages. L'exemple des Etats-Unis est à cet
égard édifiant.
Votre rapporteur se félicite donc de l'augmentation en 1999 des moyens
d'engagement consacrés à la réhabilitation des
chaussées (+ 26,2 %, après + 37,2 % en 1998)
et au renforcement des ouvrages d'art (+ 7,6 %, après
+ 6,1 % en 1998), mais les moyens consacrés à
l'entretien des ouvrages d'art demeurent en deça des niveaux
recommandés par l'OCDE.
b) Les besoins d'entretien du réseau national augmentent
Le
trafic sur le réseau national progresse proportionnellement plus que les
surfaces, c'est-à-dire que la densité du trafic s'accentue,
notamment pour les poids lourds, alors même que le réseau routier
national vieillit.
Par ailleurs, les conséquences des réalisations du SDRN
sont, outre l'accroissement des linéaires à entretenir et surtout
des surfaces, (+ 15 % depuis 1988) une progression sensible de la
densité et de la complexité des équipements, ce qui
accroît les coûts d'entretien : développement des
tunnels, des aires de repos, de l'éclairage, assainissement des
chaussées pour protéger les nappes phréatiques, des
équipements antibruit, de la signalisation...
L'incidence de la réalisation complète des programmes A75, A20 et
RN7 peut être ainsi globalement destinée à 20 ou 30 %
du coût d'entretien consacré aux grands axes du réseau
routier national non concédé, soit de l'ordre de 4 % du
coût total de l'entretien du réseau (environ 140 millions de
francs par an).
En l'absence de péage sur ces sections gérées par l'Etat,
le trafic sera plus lourd que sur le réseau concédé : les
coûts d'entretien seront donc plus élevés tout en
étant dépourvus de source de financement, l'Etat ayant de
beaucoup plus grandes difficultés que les sociétés
concessionnaires à assumer sa mission d'entretien.
La
débudgétisation partielle des travaux d'entretien provient de
cette difficulté
: de même que l'Etat finance la construction
des autoroutes gratuites par une taxe sur les concessionnaires des autoroutes
payantes, il devra financer par la même taxe l'entretien de ces
mêmes autoroutes.
Au total, la coexistence d'autoroutes payantes et d'autoroutes gratuites se
traduit par la paupérisation des sociétés d'autoroutes
(donc le ralentissement du développement du réseau
concédé), par la paupérisation de l'Etat (incapable de
financer un entretien coûteux), et à long terme, par la
paupérisation de la Nation en raison de la dégradation de son
patrimoine routier.
c) La lutte contre les nuisances sonores
La
diminution de l'exposition au bruit de la route est un objectif indispensable
pour améliorer la qualité de vie de nos concitoyens.
A cet égard, la ministre de l'aménagement du territoire et de
l'environnement a annoncé, lors du conseil des ministres du 4 mars
1998, son intention de présenter au Parlement, avant la fin de
l'année 1998, le rapport préconisé dans l'article 15
de la loi "Bruit" n° 92-1444 du 31 décembre 1992.
L'élaboration de ce rapport a été confiée à
M. Lamure, ingénieur général des ponts et
chaussées, qui doit présenter une évaluation des travaux
nécessaires à la résorption des 2.600 points noirs
bruit et une analyse des différents modes de financement envisageables
pour permettre la réalisation de ces travaux.
Sur la base de ce rapport, l'Etat devrait proposer à ses partenaires un
programme de financement ayant pour objectif de mener à bien ce
rattrapage sur la durée des deux prochains contrats
Etat-Régions.
B. L'EFFORT D'ENTRETIEN DU RÉSEAU
1. L'effort réalisé en 1998
L'effort réalisé en 1998 en faveur de
l'entretien et de la réhabilitation du réseau routier national
aura été le
plus élevé depuis 1991.
En ce qui concerne les opérations lourdes de réhabilitation du
réseau, les moyens disponibles se sont ainsi élevés
à 343 millions de francs en 1998 (soit une augmentation de
37,2 % par rapport à 1997) permettant :
- la poursuite des opérations de renforcement de certains axes sur
environ 100 kilomètres contre 80 kilomètres en 1992
(sur les 2.300 restants) ;
- la réfection de chaussées dans une quarantaine de
traversées d'agglomération (contre une trentaine en 1997), avec
réalisations conjointes, en association avec les collectivités
locales, de travaux visant à améliorer la sécurité
et l'environnement urbain ;
- la remise à niveau de chaussées, essentiellement sur les
voies rapides urbaines, les autoroutes et les grandes liaisons
d'aménagement du territoire, pour une cinquantaine de kilomètres
en 1998, dont 8 kilomètres de pose de connecteurs sur les dalles de
béton de l'autoroute A1, en vue notamment d'en réduire la
rugosité et le niveau sonore.
Dans le domaine des ouvrages d'art, les 262 millions de francs de
crédits ouverts en 1998 ont permis la réparation lourde d'une
centaine d'ouvrages répartis sur l'ensemble du territoire et le
démarrage ou la continuation de très importantes
opérations de rénovation sur certains grands ouvrages : pont
d'Orgen dans les Bouches du Rhône, pont Eiffel sur la Dordogne en
Gironde, tunnel de Saint-Cloud dans les Yvelines, pont du Royaume sur le
Rhône en Avignon.
2. Les perspectives pour 1999
L'effort d'amélioration de l'entretien du
réseau
national se poursuivra en 1999 : les moyens d'engagement de l'entretien le
plus courant (y compris la viabilité hivernale et les moyens des parcs),
progressent ainsi de 2,4 % ; les crédits consacrés aux
travaux de réhabilitation augmentent de 26,2 %, à
433 millions de francs ; enfin, les dotations au renforcement des
ouvrages d'art s'accroissent de 7,6 % en autorisations de programme,
à 282 millions de francs.
Ce rattrapage consécutif à la forte baisse des
crédits d'entretien entre 1988 et 1993 devra toutefois se poursuivre
comme l'illustre le graphique ci-après.
En
ce qui concerne l'entretien préventif, les besoins permettant la
conservation durable du patrimoine et un entretien satisfaisant des
dépendances ne sont en effet satisfaits à 100 % que pour les
voies urbaines rapides. Selon le ministère, ces besoins ne sont
satisfaits qu'à 80 % pour les autoroutes non
concédées et les grandes liaisons d'aménagement, à
70 % pour les routes de liaison et à 45 % pour les routes
nationales ordinaires.
De fait, pour cette dernière catégorie qui représente
10.400 kilomètres sur les 31.100 kilomètres du
réseau, ceci conduit au remplacement de l'entretien préventif par
de l'entretien curatif, c'est-à-dire que les dégradations sont
traitées au fur et à mesure de leur apparition.
Par ailleurs, les effectifs affectés à l'entretien du
réseau routier, pour l'Etat, les communes ou les départements
(pour ces derniers dans le cadre des conventions signées en application
de la loi du 2 décembre 1992), continuent de se réduire.
Effectifs affectés à l'entretien de l'ensemble du réseau routier
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Réalisation de l'entretien et de l'exploitation de la route |
|
|
|
|
|
Ingénierie de l'entretien de la route |
3.300 |
3.620 |
4.150 |
4.380 |
4.580 |
Ingénierie de l'exploitation de la route |
2.570 |
2.620 |
2.890 |
2.970 |
3.080 |
Ouvriers des parcs et ateliers (compte de commerce) |
6.620 |
6.600 |
6.700 |
6.550 |
6.390 |
TOTAL |
40.110 |
39.540 |
39.010 |
38.480 |
37.950 |
DEUXIÈME PARTIE
LA SÉCURITÉ ET
LA CIRCULATION ROUTIÈRES
CHAPITRE PREMIER
PRÉSENTATION DES
CRÉDITS
DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE
A. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Les
crédits demandés pour la sécurité routière
dans le projet de loi de finances pour 1999 s'élèvent à
455 millions de francs
en moyens de paiement (+ 4,0 %) et
à 455,3 millions de francs de moyens d'engagements
(+ 3,9 %).
Le tableau suivant retrace l'évolution des principales catégories
de dépenses :
(en millions de francs)
|
Crédits votés pour 1997 |
Crédits demandés pour 1998 |
Évolution
|
Dépenses ordinaires
(DO)
|
250,20
|
260,32
|
+ 4,0
|
Dépenses en capital
(CP)
|
183,20
|
180,00
|
- 1,7 %
|
Total des moyens de paiement (DO + CP) |
437,50 |
455,00 |
+ 4,0 % |
Autorisations de programme (titres V et VI) |
187,20 |
184,00 |
- 1,7 % |
Total des moyens d'engagement (DO + AP) |
438,40 |
455,32 |
+ 3,9 % |
Les crédits de la sécurité routière peuvent par ailleurs être répartis de la manière suivante :
Répartition des moyens de paiement de la sécurité routière (DO + CP)
|
LFI 1998 |
PLF 1999 |
Evolution
|
- Circulation et sécurité routières |
351,44 |
350,03 |
- 0,4 |
dont entretien et fonctionnement (DO) |
165,14 |
166,03 |
+ 0,5 |
dont investissement, équipements et études (CP) |
186,30 |
184,00 |
- 1,7 |
- Dépenses relatives aux activités du délégué interministériel et actions d'incitation (DO) |
45,75 |
66,02 |
+ 44,3 |
- Formation à la conduite automobile (DO) |
40,31 |
39,27 |
- 2,6 |
Il convient de préciser que la prévention et la sécurité routières relèvent par ailleurs d'autres ministères, dont ceux de l'intérieur, de la défense nationale (pour la gendarmerie) et de l'éducation nationale. En outre, les crédits d'aménagement locaux de sécurité (résorption des points noirs), qui s'établissent pour 1999 à 190 millions de francs d'autorisations de programme, sont retracés dans le budget des routes.
B. LES PRINCIPALES ÉVOLUTIONS
1. Les crédits de la circulation et de la sécurité routières (chapitres 35-43, 44-43, 53-48 et 63-48)
Les
crédits de la circulation et de la sécurité
routières s'inscrivent en léger repli en 1999, à
350 millions de francs.
Ces crédits regroupent pour l'essentiel (306 millions de
francs) les dotations (entretien et investissement) du schéma directeur
d'exploitation de la route. Il s'agit des dotations à l'entretien et au
renouvellement du parc de postes d'appel d'urgence, ainsi que des
crédits destinés au développement des outils de gestion du
trafic et d'informations des usagers (contrôleurs de carrefour, stations
de comptage, panneaux d'affichage variable, caméras, centres de
surveillance et de gestion de la circulation).
Ce développement s'effectue notamment dans le cadre des contrats de plan
Etat-Régions, au travers des programmes "Sirius" (Ile-de-France),
"Erato" (Toulouse), "Aliénor" (Aquitaine), "Marius" (Marseille),
"Alegro" (Lille),"Sillon Mosellan" (Lorraine), "Coraly" (Lyon) et "Migraly"
(Côte d'Azur). De nouvelles opérations pourraient par ailleurs
être engagées dans la vallée du Rhône. Ces
installations ont une fonction de sécurité en invitant les
automobilistes à ralentir en cas de bouchon et en contribuant à
une conduite plus apaisée grâce à l'indication des temps de
parcours. Ces programmes concourent également à la
fluidité du trafic.
A ces dotations s'ajoutent notamment :
- une participation à la construction et à la
rénovation des installations d'essais d'organisations contribuant
à la prévention des accidents, pour 4 millions de francs en
1999, comme en 1998 ;
- les crédits du centre national et des centres régionaux
d'information routière (programme "Bison futé"), à hauteur
de 23,5 millions de francs en 1999 (+ 2 %) ;
- des crédits d'études, stables à 15 millions de
francs. Lors des précédents exercices, la plupart de ces
études ont été commandées à l'INRETS, au
Laboratoire national des ponts et chaussées (LNPC) et au service
d'études techniques sur les routes et les autoroutes (SETRA).
2. Les dépenses relatives à la délégation interministérielle à la sécurité routière et les actions d'incitation en matière de sécurité routière
Après avoir connu une très forte baisse sur
longue
période et des annulations importantes en 1997 (6,7 millions de
francs sur un total de 45,75 millions de crédits), les
dépenses relatives à l'action du délégué
interministériel et aux actions d'incitation en matière de
sécurité routière, sont en forte progression en 1999,
à 66 millions de francs, contre 45,75 millions de francs dans
la loi de finances initiale pour 1998.
- Les dotations aux actions départementales de sécurité
routière (plans départementaux de sécurité
routière, programme REAGIR) progressent de 5 millions de francs,
à 26 millions de francs ;
- Les actions d'incitation bénéficient de 11 millions de
francs en 1999, contre 1 million en 1998. Cette augmentation
résulte du lancement d'un programme de soutien des projets
d'établissements scolaires relatifs à la sécurité
routière, conformément aux décisions du Comité
interministériel de Sécurité routière du
26 novembre 1997.
- Enfin, les autres dépenses liées à la
délégation interministérielle à la
sécurité routière, qui recouvrent pour l'essentiel le
lancement des campagnes nationales de communication, augmentent de
5,27 millions de francs, à 29,02 millions de francs pour
1999.
3. La formation à la conduite automobile
Le chapitre 37-45 relatif à la formation à la conduite automobile et au contrôle de son aptitude, qui regroupe notamment les crédits de formation des moniteurs d'auto-école et les moyens de fonctionnement des centres d'examen, connaît une légère baisse de ses dotations, à 39,27 millions de francs (- 2,6 %). Cette dotation devrait toutefois permettre d'amorcer le remplacement des séries de diapositives par des CD-Rom pour l'épreuve du permis de conduire.
CHAPITRE II
LA SITUATION DE LA
SÉCURITÉ ROUTIÈRE
Le
bilan de l'année 1997 en matière de sécurité
routière est relativement décevant : le nombre de
tués n'a diminué que de 1,1 % (contre - 3,9 % en
1996), le nombre de blessés n'a diminué que de 0,3 % (contre
- 6 % en 1996), et le nombre d'accidents corporels a quasiment
stagné (- 0,2 % contre - 5,7 % en 1996).
Le bilan s'est ainsi établi pour 1997 à 125.202 accidents
corporels, 7.989 tués (dont 2.061 jeunes de 15 à
24 ans) et 169.578 blessés, dont 35.716 graves.
Cette inflexion s'est poursuivie
en 1998
: sur les huit premiers
mois de l'année, le nombre total d'accidents corporels et de
blessés se réduit légèrement par rapport à
la même période de 1997, mais
le nombre de tués augmente
de nouveau.
Cette évolution inquiétante résulte pour partie de
l'accélération du trafic consécutif à la reprise
économique, ainsi que de la combinaison d'un hiver très
clément (ce qui a peu freiné le trafic) et de l'euphorie
provoquée par la coupe du monde de football (le nombre de tués a
augmenté de plus de 15 % en juillet 1998 par rapport à
juillet 1997).
La gravité croissante des accidents s'explique toutefois aussi par une
vitesse excessive
: la vitesse moyenne se maintient à un
niveau trop élevé, l'inertie du comportement des constructeurs
neutralisant ainsi les efforts accomplis en matière de
sécurité des véhicules et des infrastructures.
Votre rapporteur rappelle à cet égard la nécessité
de combiner étroitement
l'information des conducteurs
(souvent
trop confiants dans les nouveaux équipements de sécurité
de leurs véhicules ou, à l'inverse, persuadés à
tort de ce qu'un accident à 130 km/h et/ou à 180 km/h,
"c'est pareil"), la
sensibilisation des
jeunes
, premières
victimes des accidents de la route, enfin, une
répression
renforcée
des infractions routières les plus dangereuses.
Le renforcement des contrôles et des sanctions ne sera toutefois
pleinement légitime que s'il porte principalement sur les conduites et
les tronçons les plus dangereux, ce qui suppose une mobilisation
spécifique et des moyens appropriés (radars embarqués
notamment) pour les forces de l'ordre.
A. LE BILAN DES ACCIDENTS DE LA ROUTE
Nombre
d'accidents corporels, de tués et de blessés
(Indice base 100
en 1992)
Accidents corporels |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Rase campagne |
43.627
|
41.866
|
41.661
|
40.082
|
40.953
|
Milieu urbain |
98.873
|
90.860
|
91.288
|
85.324
|
84.249
|
Ensemble des réseaux |
137.500
|
132.726
|
132.949
|
125.406
|
125.202
|
Tués |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Rase campagne |
6.030
|
5.786
|
5.655
|
5.528
|
5.463
|
Milieu urbain |
3.022
|
2.747
|
2.757
|
2.552
|
2.526
|
Ensemble des réseaux |
9.052
|
8.533
|
8.412
|
8.080
|
7.989
|
Blessés |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Rase campagne |
67.648
|
64.745
|
64.477
|
61.003
|
62.484
|
Milieu urbain |
121.372
|
116.087
|
116.926
|
109.114
|
107.094
|
Ensemble des réseaux |
189.020
|
180.832
|
181.403
|
170.117
|
169.578
|
Entre
1992 et 1997, le nombre d'accidents corporels a diminué de 13 %,
celui des tués de 12 % et celui des blessés de 14 %,
alors que dans le même temps la circulation augmentait de plus de
12 %. On a toutefois observé en 1997 une très nette
décélération de l'amélioration de la
sécurité routière, avec même une
réaugmentation des accidents en rase campagne.
Cette inflexion s'est prolongée en 1998 : sur les huit premiers
mois de l'année, le nombre d'accidents baisse, mais le nombre de
tués augmente par rapport à la même période de 1997
(en raison notamment des très mauvais résultats de janvier,
février et juillet), de sorte que les accidents sont en moyenne de plus
en plus graves.
Bilan
des huit premiers mois de 1998 par rapport
à la même
période de 1997
|
Accidents corporels |
Tués |
Blessés |
Blessés |
Total blessés |
|||
|
Nombre |
Évolution |
Nombre |
Évolution |
Graves |
Légers |
Nombre |
Évolution |
Janvier |
9.979 |
+ 15,6 % |
658 |
+ 36,5 % |
2.580 |
10.617 |
13.197 |
+ 14,2 % |
Février |
8.438 |
+ 1,7 % |
553 |
+ 14,5 % |
2.255 |
9.157 |
11.412 |
+ 3,5 % |
Mars |
9.572 |
- 3,5 % |
610 |
- 3,8 % |
2.429 |
10.175 |
12.604 |
- 5,4 % |
Avril |
9.984 |
- 0,7 % |
632 |
+ 3,6 % |
2.633 |
11.227 |
13.880 |
+ 3,1 % |
1 er quadrimestre |
37.973 |
+ 2,9 % |
2.453 |
+ 11,0 % |
9.897 |
41.176 |
51.073 |
+ 3,5 % |
Mai |
10.818 |
+ 1,3 % |
685 |
+ 0,7 % |
3.095 |
11.513 |
14.608 |
+ 1,0 % |
Juin |
10.984 |
- 2,4 % |
680 |
- 3,3 % |
3.062 |
11.765 |
14.827 |
- 4,3 % |
Juillet |
10.310 |
- 6,5 % |
836 |
+ 15,3 % |
3.101 |
11.103 |
14.204 |
- 6,8 % |
Août |
9.440 |
- 8,0 % |
746 |
- 5,0 % |
3.162 |
10.293 |
13.455 |
- 10,0 % |
2 ème quadrimestre |
41.552 |
- 3,9 % |
2.947 |
+ 1,9 % |
12.420 |
44.674 |
57.094 |
- 5,1 % |
Nombre
de tués par catégories d'usagers
(Indice base 100 en 1992)
En six
ans, toutes les catégories d'usagers ont vu leur nombre de tués
diminuer plus ou moins fortement : - 20 % pour les
piétons, - 12 % pour les motocyclistes, - 11 % pour
les automobilistes, - 9 % pour les usagers de véhicules
utilitaires et de poids-lourds, - 7 % pour les cyclomotoristes et
- 5 % pour les cyclistes.
Votre rapporteur rappelle par ailleurs que l'autoroute est quatre fois plus
sûre que la route.
Taux
moyen de tués par kilomètre parcouru (autoroutes : indice
100)
Routes à 2 voies (largeur 7 m) |
430 |
Routes à 3 voies (largeur 10,5 m) |
370 |
Routes à 2 x 2 voies (en doublement) |
260 |
Routes à 2 x 2 voies (constructions neuves) |
140 |
Autoroutes de rase campagne |
100 |
B. LES FACTEURS INTERVENANT DANS LES ACCIDENTS DE LA ROUTE
Les
enquêtes effectuées sur les accidents mortels depuis 1982 dans le
cadre du programme REAGIR, permettent de connaître avec précision
les différents facteurs qui interviennent dans les accidents de la route.
Une analyse réalisée sur 20.000 rapports d'accidents
survenus de 1983 à 1996 donne, par thème, les principaux facteurs
retenus par les commissions d'enquêtes. Enfin, un accident étant
généralement provoqué par la juxtaposition de plusieurs
facteurs, les pourcentages indiqués ci-après ne se cumulent
pas.
1. Répartition globale des accidents
Sur les
20.000 enquêtes effectuées, il y a :
95 % des accidents comportant des facteurs se rapportant à
l'usager,
47 % des accidents comportant des facteurs se rapportant à
l'infrastructure,
28 % des accidents comportant des facteurs se rapportant au
véhicule,
7 % des accidents comportant des facteurs de rapportant à
l'alerte, aux soins et aux secours,
22 % des accidents comportant des facteurs se rapportant à
des éléments divers (météo...).
2. Facteurs se rapportant à l'usager
Sur
l'ensemble des 20.000 enquêtes analysées, il y en a :
48 % dans lesquelles on relève une vitesse inadaptée,
27 % dans lesquelles on relève la présence de l'alcool,
30 % dans lesquelles on relève un défaut de
sécurité individuelle (ceinture, casque),
18 % dans lesquelles on relève la présence de la
fatigue,
16 % dans lesquelles on relève un mauvais comportement face
à une situation d'urgence,
17 % dans lesquelles on relève l'inattention des conducteurs,
15 % dans lesquelles on relève l'inaptitude de la conduite,
14 % dans lesquelles on relève un problème physique du
conducteur (malaise, maladie, prise de médicaments, handicap...).
Le facteur "
vitesse
" se retrouve dans 59 % des accidents de motos,
44 % des accidents de voitures de tourisme et dans 22 % des accidents
de poids-lourds.
Votre rapporteur déplore ainsi, de façon rituelle chaque
année, que la vitesse moyenne reste trop élevée et qu'elle
tend même à augmenter : dans les traversées
d'agglomération, une majorité de conducteurs excèdent
ainsi la limite autorisée.
Ce comportement des conducteurs se traduit par un
paradoxe
:
à toute amélioration du réseau correspond une diminution
du nombre d'accidents, mais cette amélioration peut aussi
entraîner une augmentation des vitesses pratiquées et donc de la
gravité des accidents.
Par exemple, la résorption des "points noirs" favorise l'augmentation de
la vitesse sur un itinéraire, donc l'apparition d'autres "points noirs",
éventuellement encore plus dangereux car les accidents s'y produiront
à plus grande vitesse, d'où la nécessité
d'appréhender la sécurité routière en termes
d'itinéraires
.
Vitesses pratiquées de jour par les voitures de tourisme
|
|
|
|
|
|
|
1997 |
1998 |
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1er quad. |
1er quad |
Autoroutes de liaison (130 km/h) |
|
|
|
|
|
|
|
|
Vitesse moyenne |
117 |
121 |
122 |
120 |
119 |
121 |
118 |
126 |
% dépassement vitesse limite |
24 |
36 |
37 |
35 |
30 |
35 |
29 |
40 |
Autoroutes de dégagement (110 km/h) |
|
|
|
|
|
|
|
|
Vitesse moyenne |
105 |
105 |
107 |
106 |
106 |
106 |
105 |
108 |
% dépassement vitesse limite |
39 |
42 |
49 |
43 |
44 |
42 |
39 |
50 |
Routes nationales à 2x2 voies avec chaussées séparées (110 km/h) |
|
|
|
|
|
|
|
|
Vitesse moyenne |
104 |
106 |
109 |
110 |
111 |
111 |
113 |
110 |
% dépassement vitesse limite |
36 |
44 |
48 |
52 |
57 |
54 |
59 |
50 |
Routes nationales (90 km/h) |
|
|
|
|
|
|
|
|
Vitesse moyenne |
87 |
89 |
89 |
90 |
90 |
90 |
91 |
89 |
% dépassement vitesse limite |
45 |
52 |
49 |
52 |
56 |
50 |
53 |
50 |
Routes départementales à grande circulation (90 km/h) |
|
|
|
|
|
|
|
|
Vitesse moyenne |
89 |
92 |
91 |
93 |
93 |
92 |
92 |
91 |
% dépassement vitesse limite |
47 |
58 |
58 |
58 |
62 |
55 |
56 |
56 |
Traversées d'agglomérations (<20.000 habitants) par RN (50 km/h) |
|
|
|
|
|
|
|
|
Vitesse moyenne |
61 |
62 |
61 |
62 |
64 |
62 |
63 |
62 |
% dépassement vitesse limite |
|
|
|
|
|
|
|
|
Traversées d'agglomérations (20.000 à 100.000 habitants) par artères en agglomération (50 km/h) |
|
|
|
|
|
|
|
|
Vitesse moyenne |
51 |
52 |
53 |
52 |
52 |
51 |
51 |
50 |
% dépassement vitesse limite |
51 |
56 |
58 |
55 |
55 |
51 |
52 |
51 |
Traversées d'agglomérations (20.000 à 100.000 habitants) par voies d'entrées en agglomération (50 km/h) |
|
|
|
|
|
|
|
|
Vitesse moyenne |
60 |
60 |
62 |
60 |
63 |
62 |
63 |
61 |
% dépassement vitesse limite |
78 |
77 |
81 |
79 |
85 |
84 |
85 |
83 |
Source : Sondage DSCR
Pour ce qui concerne le facteur "
alcool
", la moyenne des taux
d'alcoolémie relevés est de 1,8 g/l de sang ; 41 %
des taux étant supérieurs à 2 g/l de sang.
On retrouve ce facteur :
chez les conducteurs de voitures de tourisme dans 25 % des accidents
les impliquant ;
chez les motocyclistes ou cyclomotoristes dans 22 % des accidents
les impliquant ;
chez les piétons dans 15 % des accidents les impliquant ;
chez les chauffeurs de poids-lourds dans 6 % des accidents les
impliquant.
Si l'on examine le facteur "sécurité individuelle", on trouve le
"non port du casque" chez les usagers de deux roues dans 23 % des
accidents de motos et 42 % des accidents de cyclomoteurs (le facteur
"casque mal attaché, mal conçu ou non adapté" est
assimilé au non port). Le facteur "fatigue" se trouve chez les
conducteurs de voitures légères dans 18 % des accidents de
véhicules légers, chez les motocyclistes dans 9 % des
accidents de motos et chez les chauffeurs routiers dans 8,5 % des
accidents de poids-lourds. Enfin, "la manoeuvre dangereuse" est plus
présente chez les deux roues (19,5 %) que chez les véhicules
légers (13 %). Il s'agit principalement de dépassements
dangereux (1/3 des accidents) et d'une mauvaise appréciation des
distances (37 %).
3. Facteurs se rapportant à l'infrastructure
Le
facteur "
conception de l'infrastructure
" se retrouve dans 34 % des
accidents. Parmi ceux-ci, 20 % ont un rapport avec la configuration de la
route et 15 % avec les abords. Ce facteur varie peu, quel que soit le type
de véhicule.
Le facteur "
entretien et exploitation de l'infrastructure
" se retrouve
dans 24 % des accidents.
4. Facteurs se rapportant au véhicule
Sur les
20.000 accidents mortels, le facteur "
conception du
véhicule
" se retrouve dans 14 % des cas. Il s'agit
essentiellement des dispositifs de sécurité (3 %), de
résistance aux chocs (4 %) ou de problèmes de
visibilité (5 %).
Le facteur "
entretien du véhicule
" se retrouve, quant à
lui, dans 16,5 % des enquêtes, essentiellement des problèmes
de pneumatiques (8,5 %) ou de mauvais entretien général
(8 %).
CHAPITRE III
LA POLITIQUE MENÉE EN FAVEUR DE
L'AMÉLIORATION DE LA SÉCURITÉ ET DE LA CIRCULATION
ROUTIÈRES
A. L'ACTION DE L'ÉTAT EN FAVEUR DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE
1. Les actions de sensibilisation de l'opinion publique
La
réduction des moyens de paiement de la sécurité
routière en 1996 (- 6,5 %), puis en 1997 (- 14 %),
les annulations de crédit intervenues en 1997 (pour 34 millions de
francs) et la stabilisation à un faible niveau en 1998 des dotations
à la délégation interministérielle à la
sécurité routière, avaient conduit à supprimer
l'une des trois
campagnes annuelles de communication.
Cette mesure a
laissé sans communication institutionnelle une période importante
de trafic, les résultats statistiques faisant état d'un
accroissement concomitant de la gravité des accidents, notamment pour
les jeunes.
Les campagnes de sensibilisation, d'information et de responsabilisation
à tous les âges de la vie sont ainsi indispensables pour que
l'amélioration souvent très coûteuse de la
sécurité des véhicules et des infrastructures, ne soit pas
neutralisée par l'inertie ou la dégradation des comportements des
conducteurs.
L'expérience montre que ces campagnes de communication peuvent avoir un
impact significatif sur les comportements. A titre d'exemple, la campagne
consacrée en 1994 au port de la ceinture pour le conducteur
s'était traduite par une diminution de près d'un tiers du nombre
de conducteurs non protégés.
Votre rapporteur regrette donc la diminution tendancielle des moyens
affectés aux campagnes nationales : les dotations
budgétaires ont été divisées par trois en termes
réels depuis vingt-cinq ans, à moins de 30 millions de
francs pour 1999 (soit l'équivalent pour la collectivité de huit
vies sauvées sur la route), alors même que le coût
réel des campagnes était par ailleurs multiplié par trois.
La tonalité des campagnes de communication de la
sécurité routière a été récemment
infléchie vers des messages plus durs et plus réalistes. Cette
inflexion traduit la volonté de la sécurité
routière de sensibiliser les conducteurs aux dangers des situations de
tous les jours. Mais, cette inflexion reflète aussi la
réceptivité croissante de la population française,
notamment des jeunes, à une communication plus crue.
- Lors de la campagne d'automne 1997, du 28 novembre au
9 décembre 1997, une dizaine de messages de 30 secondes ont
ainsi repris des situations de la vie quotidienne, appelant les automobilistes
à plus de prudence : "
Cette nuit sur la route, il y aura
10 morts et 150 blessés... respecter la vitesse
autorisée, c'est se donner le temps de voir. C'est donner à
chacun toutes les chances de finir son trajet...
" "
... même
à faible vitesse, attacher sa ceinture de sécurité
à l'arrière comme à l'avant, c'est s'attacher à sa
vie et à celle des autres...
"
ou
"
D'ici la fin de cet après-midi, en centre ville,
10 piétons seront renversés
.
Par des automobilistes
qui ne respectent pas la vitesse autorisée en ville. Des automobilistes
qui se disent qu'il n'y a pas de risque à rouler un peu plus vite. En
cas de choc, à 60 km/h, dans plus de 8 cas sur 10, les
piétons sont tués. Respecter les 50 km/h en ville, c'est
respecter la vie de tous. C'est donner une chance à tout le monde de
finir son trajet
."
ou
"
Cette nuit, 7 personnes seront écrasées dans leur
voiture. Une voiture où prennent place des passagers à
l'arrière. Des personnes qui se sentent tellement
protégées par les sièges avant, qu'elles ne mettent pas
leur ceinture de sécurité. Lors d'un choc à 50 km/h,
une force d'une tonne les propulsera sur les sièges avant. Même
à faible vitesse, attacher sa ceinture de sécurité
à l'arrière comme à l'avant, c'est s'attacher à sa
vie et à celle des autres
."
- De même, lors de la campagne de printemps 1998 (du 7 au
16 mars), la sécurité routière a diffusé
14 messages radio qui présentaient des situations de la vie
quotidienne et qui rappelaient combien de vies pourraient être
sauvées à chaque période de la journée par le
respect de la réglementation sur le port du casque, les distances de
sécurité, la limitation d'alcool lors des fêtes ou des
sorties nocturnes, la conduite des deux-roues et des motos, les dangers du
"slalom" dans la circulation, par exemple :
"
Ce soir, avant 20 heures, il y aura sur la route 4 morts et
100 blessés. Ce sont des conducteurs qui connaissent, par coeur, le
trajet qu'ils prennent tous les jours. Des conducteurs qui s'autorisent
à rouler un peu plus vite, à faire un peu moins attention. En
augmentant leur vitesse, ils réduisent leur champ de vision et la
possibilité de réagir à temps. Respecter les limitations
de vitesse, c'est respecter la vie des autres. C'est surtout donner une chance
à tout le monde de rentrer chez soi. Ce soir. C'était un message
de la sécurité routière
."
Cette campagne a été principalement diffusée sur les
radios préférées des jeunes, 85 % de la population
étant exposée à ces messages en moyenne 11 fois.
- Enfin, la sécurité routière a lancé le
10 novembre 1998 une campagne de communication radiodiffusée
ciblée sur les jeunes et portant sur le thème de la vitesse, par
exemple :
"
Ce soir, vous sortez avec des copains. Avant l'aube, il y aura 3 morts
et 15 blessés graves de moins de 25 ans sur la route. Ils ont
bu un verre, puis un autre, puis encore un autre. Ils ont voulu rentrer, vite,
trop vite, sûrs de leurs réflexes. Pourtant, au-delà de
2 verres, il est difficile de maîtriser son véhicule et le
moindre obstacle peut avoir des conséquences graves. Avant de sortir,
choisir une personne qui restera sobre pour reconduire les autres, c'est donner
à tous la chance de rentrer. C'était un message de la
sécurité routière
."
Il a par ailleurs été demandé aux partenaires locaux de
relayer cette campagne : une plaquette et des dépliants
présentant "
quelques vérités sur la vitesse
" ont
ainsi été diffusés auprès des préfectures,
de la gendarmerie et de la police. Les contrôles seront également
renforcés aux endroits les plus accidentogènes.
Pour 1999, les campagnes de communication devraient être également
centrées sur les jeunes et sur la vitesse, en lien avec le projet de loi
introduisant un délit de grande vitesse, qui a été
adopté en première lecture par le Sénat.
2. Les actions en faveur de la formation des conducteurs
Les dotations proposées pour 1999 concernant la
formation à la conduite automobile et les contrôles d'aptitude
s'élèvent (hors personnel) à 39 millions de francs de
crédits de fonctionnement (- 1 million de francs) et à
6 millions de francs d'investissement (+ 3 millions de francs).
La modernisation des équipements de correction des examens
théoriques du permis de conduire, entamée en 1996, est
achevée. Le service public des
examens du permis de conduire
dispose désormais d'équipements modernes de correction de
l'examen (boîtiers de correction électronique associé
à un micro-ordinateur portable).
Ce mouvement de modernisation est poursuivi en 1998 et 1999 par une nouvelle
opération qui consiste essentiellement à :
- rénover le contenu de l'examen pour le rendre conforme aux
objectifs définis par le programme national de formation à la
conduite automobile ;
- remplacer le dispositif actuel fondé sur des séries fixes
(images et questions fixes) et des matériels de projection de
diapositives par un système associant des technologies nouvelles plus
interactives (lecteur CD-ROM et canon à images) rendant possible le
déroulement de l'examen selon un mode aléatoire moins propice au
bachotage.
Par ailleurs, la
formation professionnelle
des inspecteurs du permis de
conduire et de la sécurité routière sera renforcée
afin de mieux répondre aux attentes du public en matière
d'accueil et d'écoute.
Les
suivis d'enseignement
effectués par les inspecteurs du permis
de conduire auprès des écoles de conduite montrent que cette
formation est efficace, puisque la proportion de résultats
d'évaluation insuffisants s'est repliée de 13 % en 1991
à 4,3 % en 1997.
Enfin, en 1999, sera mis en chantier un
registre national
des
auto-écoles
permettant de connaître mieux ce milieu
professionnel en termes de données économiques. Il sera
également le support permettant le contrôle régulier des
auto-écoles qui incombe à l'Etat.
Pour la première fois depuis 6 ans, le nombre de candidats
aux examens du permis de conduire a augmenté en 1997
(+ 0,8 %), notamment pour les véhicules légers
(+ 2,8 %). Il s'agit sans doute là d'un effet de la reprise
économique.
Le nombre des places d'examens attribuées a diminué
(- 1,2 % pour les épreuves théoriques et
- 0,8 % pour les épreuves pratiques), et le taux d'attribution
de places d'examens, indice représentatif du fonctionnement global du
service, est resté constant.
Le taux de réussite aux examens a progressé en 1997 pour les
épreuves théoriques (67,7 % en 1997 contre 66,7 % en
1996). Pour les épreuves pratiques, toutes catégories confondues,
il a diminué (56,6 % en 1997 contre 58,1 % en 1996). Cette
évolution démontre qu'il convient de ne pas relâcher les
efforts pour améliorer la qualité de la formation
dispensée aux candidats au permis de conduire par les
établissements d'enseignement de la conduite.
S'agissant enfin de l'apprentissage anticipé de la conduite, le nombre
des inscriptions a encore légèrement augmenté en 1997
(+ 4,7 %), soit environ 18 % des premières inscriptions
au permis B. Le taux de réussite en première
présentation à l'examen reste très largement
supérieur à celui observé dans le cadre de la formation
traditionnelle (74,5 % contre 50,2 %).
3. La politique contractuelle avec les collectivités locales
a) Les plans départementaux d'actions de sécurité routière (PDASR)
Lancés par les circulaires du Premier ministre en date
du
11 août 1987 et du délégué
interministériel à la sécurité routière du
13 novembre 1987, les
plans départementaux d'actions de
sécurité
routière constituent un cadre de
cohérence de la politique départementale menée en
matière de sécurité routière.
Ces plans sont les supports essentiels des politiques locales, ils coordonnent
l'ensemble des actions et initiatives publiques et privées et servent de
relais à la politique nationale.
L'Etat a décidé en 1994 la déconcentration des
responsabilités au niveau du préfet de département, ce qui
s'est traduit notamment par la déconcentration de l'approbation du PDASR
au niveau du préfet et l'affectation de dotations financières en
début d'année (27 millions de francs pour l'ensemble des
départements en 1994, 22 millions de francs en 1995,
20 millions de francs en 1996, 18 millions de francs en 1997,
19 millions de francs en 1998).
L'examen des PDASR 1998 montre une implication inégale des
collectivités (trois départements sur quatre). Si ce nombre est
comparable à celui de 1997, par contre leur participation
financière s'inscrit en repli pour 1998, à 9 millions de
francs (contre 10 millions de francs en 1997).
La politique du gouvernement est de renforcer, à travers la concertation
au plan local, la politique de prévention menée en partenariat
avec les collectivités.
Suite aux décisions du comité interministériel de la
sécurité routière du 26 novembre 1997, il a
été engagé une réflexion relative à la mise
en place d'organisations locales permettant aux collectivités locales de
mieux trouver leur place dans la définition et la mise en oeuvre de la
politique de sécurité routière au sein de chaque
département. La délégation interministérielle
à la sécurité routière est chargée de
remobiliser les préfets et l'ensemble des services de l'Etat afin de
refonder les bases contractuelles de ces programmes.
b) Les aménagements de sécurité
En 1998,
le montant total des crédits affectés aux
aménagements
de
sécurité
sur le chapitre 53-42 article 50 a
été de 183,7 millions de francs en autorisations de
programme. Ce montant se répartit de la façon suivante :
- aménagements de sécurité d'initiative locale
(dotation déconcentrée) : 80 millions de francs
répartis entre les départements en fonction du linéaire de
réseau national à leur charge et de la densité d'accidents
sur ce réseau ;
- opérations spécifiques de sécurité : 67
opérations pour 103,7 millions de francs (dont 66,2 millions
de francs sur les contrats Etat-régions et 37,5 millions de francs
sur le programme général et la réserve parlementaire). Ces
opérations consistent à traiter des zones d'accumulation
d'accidents qu'elles soient ponctuelles ou linéaires.
Pour 1999, les crédits s'élèvent à
190 millions de francs en autorisations de programme et à
186,9 millions de francs en crédits de paiement.
Selon les évaluations effectuées en 1995 par le ministère
de l'équipement pour la période 1983-1993, ces opérations
sont particulièrement rentables, compte tenu du coût des accidents
de la route pour les collectivités. Les opérations les plus
rentables sont par ailleurs les moins onéreuses :
Évaluation des opérations de suppression des
zones
d'accumulation d'accidents
|
Taux de rentabilité |
Nombre de victimes graves divisé par |
Rectification de virages |
44 % |
7,5 |
Aménagements de carrefours (hors giratoires) |
31 % |
5 |
Aménagement de carrefours en ronds-points |
20 % |
22 |
Aménagements d'entrée et/ou traversées d'agglomérations |
19 % |
2 |
Ces
évaluations ne prennent pas en compte le bénéfice social
résultant éventuellement de la baisse des nuisances sonores (en
particulier si la vitesse moyenne est ralentie en agglomération).
En revanche, ces évaluations sont peut-être optimistes dans la
mesure où le traitement d'un " point noir " peut s'accompagner
de l'apparition d'un " point noir " quelques centaines de
mètres plus loin. Par exemple, la rectification d'un virage
" incite " les conducteurs à rouler plus vite, ce qui
accroît le risque de manquer le virage suivant.
c) Le traitement des itinéraires générateurs d'accidents
Le
traitement de sections d'itinéraire où le taux ou la
gravité des accidents est anormalement élevé était
un axe fort de la politique engagée par la direction des routes pour le
Xieme Plan.
En 1998, dans le cadre des contrats Etat-Régions, les dotations ont
concerné 7 sections d'itinéraires pour un montant total de
7,9 millions de francs (contre 11 millions en 1997). Sur le programme
général de sécurité, les dotations ont
concerné 8 sections pour un montant de 7,2 millions de francs
(contre 15 millions en 1997).
B. LE SUIVI DES PRINCIPALES RÉFORMES DE CES DERNIÈRS ANNÉES
1. Le contrôle technique des véhicules
Le
contrôle technique obligatoire des voitures et camionnettes a
été mis en place le 1
er
janvier 1992, en
application d'une directive communautaire de 1991. Depuis cette date,
près de 60 millions de véhicules légers ont fait
l'objet d'une visite initiale dans l'un des 3.300 centres
spécialisés et 600 centres auxiliaires agréés.
A partir du 1er janvier 1996, les obligations de réparation -qui
avaient déjà été progressivement étendues
depuis l'origine- ont été généralisées
à l'ensemble des points essentiels pour la sécurité ou la
lutte contre la pollution. Depuis lors, 22 % des voitures doivent
être réparées suite à un contrôle avant de
passer la contre-visite. Mais surtout, de nombreux usagers font maintenant
vérifier et réparer leur voiture avant de la passer au
contrôle : il semble que le contrôle technique ait
modifié le comportement des propriétaires en matière
d'entretien de leur véhicule.
Ainsi, en 1992, 40 % des voitures âgées de cinq à neuf
ans avaient moins de trois défauts, et 20 % en avaient plus de
sept. Désormais 95 % en ont moins de trois, et seulement 1 %
en ont plus de sept.
S'il faut voir à travers ces chiffres la contribution effective du
contrôle technique à l'amélioration de l'état du
parc des véhicules en France, il n'en faut pas pur autant
négliger sa participation à la protection de l'environnement. A
compter du 1
er
octobre 1998, le contrôle des
émissions se verra ainsi renforcé pour les véhicules
diesel.
Le gouvernement vient également de soumettre au Conseil d'Etat un
décret visant à réduire à un an, à compter
du 1
er
janvier 1999, la périodicité du
contrôle des émissions polluantes, pour l'ensemble des
véhicules utilitaires légers ou assimilés, mesure
jusqu'alors introduite pour les seuls véhicules immatriculés en
Île-de-France par l'arrêté du 22 janvier 1997
créant dans cette région une zone de protection spéciale
contre les pollutions atmosphériques.
2. Le permis de conduire à points
Six ans
après son entrée en vigueur, le " permis de conduire
à points " n'est plus réellement contesté. Sur le
plan juridique, des décisions du Conseil d'Etat et de la Cour de
Cassation ont confirmé la validité du dispositif. Au niveau
européen, la commission européenne des droits de l'homme avait
déclaré recevable une requête sur le permis à
points. Dans son rapport la commission a conclu en mai 1997 qu'il n'y avait pas
de violation de la convention, les libertés individuelles sont
respectées. Cependant la commission a décidé de saisir de
l'affaire la Cour.
Le fonctionnement du dispositif n'a toutefois pas encore atteint tous les
résultats correspondants aux prévisions faites au moment de son
instauration.
Au 1er juillet 1998, le nombre de conducteurs sanctionnés depuis le
1er juillet 1992 est de 4.583.242 (pour plus de 30 millions de
conducteurs) à qui 1.303.575 points ont été
retirés. En outre, 27.920 conducteurs ont perdu la totalité
de leurs points entre 1993 et fin 1997.
Pour la seule année 1997, 1.046.764 (+ 3,5 %) conducteurs
se sont vus retirer 2.876.246 points (+ 1,4 %), 10.387
(+ 22 %) conducteurs ont perdu la totalité de leur
capital de points.
En 1996, la répartition des infractions inscrites au Système
national des permis de conduire ayant entraîné des retraits de
points était la suivante :
- excès de vitesse : 44 %
- défaut de port de casque ou de la ceinture de
sécurité : 23 %
- non respect des feux, stops et priorités : 14 %
- alcool (0,8g/1000) : 7 %
- règles de circulation : 7 %
- homicides et blessures involontaires : 2 %
- alcool (entre 0,5 et 0,8g/1000) : 1 %
- autres infractions : 2 %.
38 % des infractions aux règles de la vitesse concernaient des
excès de vitesse compris entre 20 et 30 km/h (34 % entre 30 et
40 km/h et 18 % de plus de 40 km/h).
Une des caractéristiques du permis de conduire est la possibilité
de reconstituer le capital de points.
Ainsi, les conducteurs n'ayant pas commis d'infractions pendant trois ans
recouvrent leur capital initial de 12 points. C'est ainsi qu'entre le
1er juillet 1995 et le 1er juin 1998, 1.423.997 conducteurs ont
bénéficié de cette règle et ont recouvré
leur capital initial.
Il y a aussi possibilité de récupérer des points
grâce aux centres de recyclages et aux stages. Les stages sont
animés par deux formateurs : un spécialiste de
l'enseignement de la conduite, titulaire du brevet d'Aptitude à la
formation des Moniteurs (BAFM) ou du brevet d'Animateur pour la formation des
Conducteurs Responsables d'Infractions (BAFCRI) et un psychologue. En 1998, le
nombre total d'animateurs est de 473, une nouvelle session de formation ayant
eu lieu au le premier trimestre 1998.
Au 1er juin 1998, 460 centres de "recyclage" sont
agréés par les préfets.
En 1996, 15.636 conducteurs (+ 19 %), soit un conducteur sur deux
mille environ, ont suivi un stage leur permettant de
récupérer 4 points sur leur capital de 12 points. Ils
ont été 7.197 au cours des cinq premiers mois de 1997.
Le tableau ci-après résume l'ensemble de ces
données :
Thèmes |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998
|
Dossiers traités |
394.794 |
782.383 |
803.857 |
1.011.674 |
1.046.764 |
535.640 |
Points retirés |
1.176.001 |
2.387.492 |
2.266.143 |
2.837.280 |
2.876.246 |
1.467.919 |
Permis invalidés |
582 |
3.295 |
5.213 |
8.443 |
10.387 |
n.c. |
Conducteurs ayant recouvré leur capital initial |
|
|
52.796 |
474.573 |
635.532 |
267.616 |
Stages (alternatifs et permis à points) |
2.144, cumulés avec les stages alternatifs |
|
|
|
|
|
Stages mixte |
|
1.376 |
1.688 |
1.837 |
1.859 |
870 |
Stages récupération de points |
2 |
57 |
151 |
365 |
476 |
237 |
Stagiaires " alternatifs " |
30.199 |
38.663 |
28.397 |
27.523 |
25.371 |
11.495 |
Stagiaires permis à points |
322 |
3.382 |
7.578 |
12.678 |
15.636 |
7.197 |
Nombre de contrôles effectués |
|
|
21 |
10 |
11 |
|
On notera une forte progression du nombre de stages et de stagiaires dans le cadre de la récupération de points (bien qu'un ralentissement se soit fait sentir sur l'année 1997).
C. LES RÉFORMES ANNONCÉES
Lors du
comité interministériel de sécurité routière
(CISR) du 26 novembre 1997, le gouvernement a annoncé que la
sécurité routière devenait une priorité de son
action, ce dont votre rapporteur ne peut que se féliciter.
Le gouvernement a par ailleurs indiqué que son objectif était
de réduire de moitié en cinq ans le nombre de tués sur la
route.
Cet objectif a été défini à la suite d'une
étude publiée en juillet par l'observatoire
interministériel de sécurité routière (ONISER), qui
tend à démontrer que le nombre des tués ne tomberait
autour de 4.000 qu'à partir de 2010, si la tendance actuelle se poursuit
et si les efforts présents sont maintenus.
A cet effet, le gouvernement a annoncé
25 mesures
, portant
principalement sur le renforcement de la répression des infractions
routières d'une part, sur l'amélioration de la formation à
la conduite et à la sécurité routière, d'autre part.
Plus d'un an après, seules trois de ces mesures sont
concrètement en vigueur. Votre rapporteur regrette donc le
décalage entre l'annonce de nouvelles mesures d'une part, et leur
traduction législative, réglementaire et budgétaire,
d'autre part
. Ce décalage brouille la communication de la
sécurité routière, en donnant aux conducteurs un sentiment
temporaire d'impunité ; il réduit la
légitimité des mesures "
si elles étaient vraiment
indispensables, on les aurait mis en oeuvre plus tôt
" ; enfin,
il ne peut que démobiliser les agents de l'Etat qui seront
chargés de la mise en oeuvre des mesures, ainsi que les partenaires
institutionnels de la sécurité routière, notamment les
collectivités locales.
1. Les mesures effectives
Promouvoir la sécurité dans les
écoles et
les établissements scolaires : un CD-ROM destiné aux
enseignants et aux élèves est diffusé depuis le
26 novembre 1998. Les moyens financiers de cette opération
paraissent toutefois insuffisants.
Le décret créant une contravention de 5ème classe
pour les vitesses excédant de plus de 50 km/h la limite
réglementaire a été publié le 26 mars 1998.
Enfin, le décret du 16 septembre 1998 a introduit dans le
code de la
route
sept mesures destinées à faciliter
la
circulation des cyclistes
et à améliorer leurs
conditions de sécurité :
- l'obligation d'équiper les cycles d'un dispositif
réfléchissant de couleur blanche visible à l'avant ;
- l'obligation pour les automobilistes de laisser un espace de
1,50 mètre au lieu de 1 mètre pour doubler un cycliste
en rase campagne ;
- la réservation des pistes et bandes cyclables aux seuls cycles
à deux ou trois roues, à l'exclusion des cyclomoteurs, des
quadricycles et des motos ;
- l'autorisation de circulation dans les aires piétonnes (sauf
décision contraire de l'autorité de police locale) ;
- l'autorisation de la circulation sur les trottoirs des cycles conduits
par des enfants de moins de huit ans ;
- la possibilité pour les autorités investies du pouvoir de
police de décider de rendre obligatoires pour les cyclistes les bandes
et pistes cyclables et d'aménager les intersections pour assurer la
sécurité des cyclistes, notamment par création d'un sas
permettant aux vélos de se placer devant les voitures.
Le club des villes cyclables s'est engagé à suivre les
réalisations et à en dresser le bilan.
Une deuxième série de mesures proposées par le
comité de suivi va être mise à l'étude (parmi
lesquelles la possibilité pour les cycles de progresser par la droite en
cas de file ininterrompue, la possibilité d'installer des clignotants
sur les cycles et l'utilisation des passages piétons par les
cyclistes).
2. Les mesures en préparation
a) Le projet de loi relatif à la sécurité routière
Le
projet de loi portant "diverses mesures relatives à la
sécurité routière" a été adopté par
le Sénat le 7 avril 1998. Son examen par l'Assemblée
nationale est prévu en première lecture pour la fin de
l'année. Ce projet de loi prévoit notamment :
L'obligation de suivre un
stage de sensibilisation
à la
sécurité routière pour les
conducteurs novices auteurs
d'infractions graves
. Le Sénat a adopté, en première
lecture, un amendement étendant cette obligation aux conducteurs novices
que le cumul d'infractions conduit à perdre au moins quatre points de
permis.
La mise en jeu de la
responsabilité pécuniaire des
propriétaires de
véhicules
en cas d'infraction sans
interception, cette responsabilité n'étant actuellement
prévue que pour les infractions à la réglementation sur le
stationnement.
La création d'un
délit de récidive
(dans un
délai d'un an) pour excès de vitesse supérieurs de plus de
50 km/h à la limite réglementaire.
Le
dépistage systématique de la drogue
pour les
conducteurs impliqués dans les
accidents mortels
, afin de mieux
cerner l'ampleur et les conséquences de la conduite sous produits
stupéfiants et médicamenteux.
Diverses mesures législatives et réglementaires visant
à
assainir le fonctionnement des établissements d'enseignement
de la conduite
et à améliorer la qualité de leurs
prestations.
b) Les autres mesures en préparation
L'immatriculation de l'ensemble des cyclomoteurs.
La mise en place d'un
pictogramme
spécifique sur les
emballages de médicaments susceptibles d'avoir des effets
négatifs sur la conduite (mesure préconisée dans le livre
blanc rédigé en 1995 sous l'autorité du Professeur Lagier
sur les liens entre les médicaments, la drogue et la
sécurité routière).
La redéfinition du réseau des voies à grande
circulation.
La mise en place de glissières mieux adaptées à la
protection des motocyclistes.
L'encouragement des nouveaux conducteurs à suivre un
rendez-vous d'évaluation
dans l'année qui suit l'obtention
du permis de conduire, en lien avec certaines sociétés
d'assurance.
L'introduction, à partir de l'an 2000, d'un
contrôle de
sécurité
obligatoire des
projets routiers de l'Etat
.
L'expérimentation d'un
rendez-vous de perfectionnement
pour
les conducteurs titulaires du permis de conduire depuis 10 ans.
c) Les mesures envisagées
La
refonte du code de la route afin de lui redonner sa valeur pédagogique
et informative.
La promotion de l'enseignement de la sécurité
routière dans les établissements scolaires et les instituts
universitaires de formation des maîtres (IUFM).
La promotion de la formation continue à la sécurité
routière dans les centres de vacances et de loisirs.
Votre rapporteur se félicite tout particulièrement des actions
entreprises pour sensibiliser les jeunes à la sécurité
routière. Ces actions contribuent en effet à limiter leur
surmortalité routière, mais aussi à promouvoir
l'acquisition de comportements civiques. Ces actions ont, par surcroît,
une répercussion favorable sur le comportement de certains parents. Les
moyens disponibles pour la diffusion de supports pédagogiques
appropriés ne semblent toutefois pas à la hauteur des besoins en
la matière.
Votre rapporteur déplore par ailleurs l'insuffisance des moyens
consacrés à l'évaluation des politiques publiques de
sécurité routière. Le développement de
l'évaluation est, en effet, une condition de la légitimité
du renforcement des règles existantes, ainsi qu'un préalable
à l'utilisation optimale des moyens humains et financiers
affectés à la sécurité routière.
Ce
renforcement de l'évaluation pourrait d'ailleurs s'accompagner du
développement de l'échange de bonnes pratiques à
l'échelle européenne.
Votre rapporteur s'interroge par ailleurs sur le degré de mobilisation
des ministères concernés par la sécurité
routière, alors qu'il n'est d'action efficace que coordonnée.
Il serait, à cet égard, souhaitable que le Parlement dispose
d'une présentation synthétique de l'ensemble des moyens
affectés par l'Etat à la prévention et à la
sécurité routières (notamment pour favoriser la bonne
application des règles existantes).
Votre rapporteur rappelle à cet égard que l'augmentation des
moyens de paiement de la sécurité routière dans le projet
de loi de finances pour 1999 (+ 4 %), fait suite à une baisse
de près de 20 % des dotations entre 1993 et 1998.
Evolution des crédits de paiement de la sécurité routière
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Crédits de paiement en LFI
|
|
|
|
|
|
|
|
Evolution en % |
- 1,3 % |
- 0,3 %** |
0 % |
- 6,5 % |
- 14,2 % |
+ 2,0 % |
+ 3,9 % |
*
Modification de structures comptables
** A structure constante
Une étude de l'ONISER sur l'efficacité des coussins gonflables
De
nombreuses recherches ont eu pour objet d'évaluer l'efficacité du
coussin gonflable de sécurité pour la protection des occupants
avant d'un véhicule léger. Nous savons aujourd'hui que ce
dispositif de sécurité secondaire et passive est efficace dans la
prévention de la mortalité et de la morbidité
routière. Le dispositif le plus efficace est formé par la
combinaison ceinture manuelle/coussin gonflable de sécurité qui
permet de réduire le nombre de morts de 47 % et le nombre de
blessés graves de 75 % aux places avant des véhicules de
tourisme.
A l'heure actuelle, aucune réglementation sur le coussin gonflable de
sécurité n'est en vigueur en France, mais certaines prescriptions
sont en projet à Bruxelles, notamment pour recommander ou obliger de ne
pas installer de siège-bébé dos à la route à
l'avant, en présence de coussin gonflable de sécurité
passager. La tendance actuelle de l'ingénierie du coussin gonflable de
sécurité est au développement d'un coussin gonflable de
sécurité plus performant et plus intelligent. Le système
Smart permet aux capteurs de détecter et d'analyser la situation de
choc, l'accélération, la présence et la position de
l'occupant, l'utilisation de la ceinture, et d'adapter le déploiement en
fonction de ces situations en jouant sur le niveau et le temps de gonflage. Le
coussin gonflable de sécurité doit également être
moins agressif pour éviter les blessures mineures qu'il peut occasionner
lorsqu'il se déploie lors de chocs peu violents, aux alentours du seuil
de déploiement.
Plusieurs travaux ont étudié l'efficacité du coussin
gonflable de sécurité frontal du conducteur par l'examen des
accidents depuis le milieu des années 1970. Ce n'est qu'au début
des années 1990 cependant que les études d'efficacité ont
permis de valider le coussin gonflable de sécurité comme un
dispositif de retenue efficace pour le conducteur et pour le passager avant.
Aujourd'hui, aux Etats-Unis, le coussin gonflable de sécurité
équipe en série les voitures particulières à
l'avant, quelle que soit leur taille, et équipera très
bientôt les camionnettes, les camions légers et même les
véhicules tout terrain. Le coussin est désormais reconnu comme un
dispositif complémentaire, et non comme un substitut à la
ceinture. Son efficacité vient d'être démontrée aux
Etats-Unis, pour les occupants des places avant, sur une plus grande partie du
parc roulant motorisé à deux ou quatre roues, notamment les
camionnettes et les pick-up. Les études coût/efficacité des
australiens, canadiens et finlandais montrent que ce dispositif est efficace,
mais encore assez cher.
Le coussin gonflable de sécurité réduit la
probabilité de blessures graves ou fatales d'un conducteur
ceinturé. Il augmente un peu la probabilité de blessure
légère aux membres supérieurs, au visage, pour des
déploiements autour du seuil. Cependant, rares sont les cas de
déploiement ayant provoqué des lésions graves dues au
coussin. 96 % des blessures sont mineures et sont
généralement des contusions, des abrasions ou des brûlures.
Celles-ci surviennent le plus souvent lorsque l'occupant est mal
positionné (thorax trop près du volant, bras en travers du
volant, corps déplacé par un freinage d'urgence ou un
assoupissement...). Une étude américaine récente mentionne
une trentaine de cas de décès d'enfants provoqués par le
déploiement du coussin à la place du passager avant. Il est alors
apparu impératif de recommander de ne pas transporter des enfants
à l'avant des véhicules équipés de coussin passager.
D'après les estimations tirées des études
d'efficacité étrangères, l'installation de coussins aux
deux places avant de toutes les voitures particulières en France aurait
pu sauver 530 vies et épargner 2.800 blessés graves en
1995 (4.730 tués et 18.009 blessés graves aux places
avant des voitures de tourisme en 1995 en France).
D. L'ACTION DE L'ETAT EN MATIÈRE DE CIRCULATION ROUTIÈRE
Le
domaine de la circulation routière est organisé autour du
Schéma Directeur d'Exploitation de la Route mis en oeuvre par le
ministère de l'équipement sur l'ensemble du réseau routier
national (autoroutes et RN), soit environ 35.000 km, depuis
décembre 1991. Ce réseau représente 4 % du
linéaire routier français mais supporte 40 % du trafic.
Le Schéma Directeur a réparti le réseau suivant quatre
niveaux d'importance stratégique :
- niveau 1 : 2.000 km de voies rapides autour des grandes
agglomérations ;
- niveau 2 : 2.000 km de corridors autoroutiers
interurbains à fort trafic ;
- niveau 3 : 14.000 km d'axes structurants supportant
essentiellement des perturbations saisonnières ;
- niveau 4 : 17.000 km de routes nationales peu
perturbées.
Pour assurer la sécurité des usagers et minimiser les
encombrements sur ces axes, il convient de bien connaître l'état
du réseau et de prendre les mesures appropriées avant et pendant
les événements.
Cette politique implique de disposer de moyens humains et techniques permettant
de réaliser la surveillance du trafic et sa gestion (stations de recueil
de données, caméras vidéo, feux tricolores, réseau
d'appel d'urgence, panneaux à messages variables, postes centraux).
124 millions de francs (+ 14 %) ont été
consacrés à ce domaine en 1997 par l'Etat dont 77 millions
de francs aux opérations du niveau 1 (voies rapides périurbaines)
menées en partenariat avec les collectivités locales (contrats de
plan Etat-Régions) : Ile-de-France, Marseille, Lille, Toulouse, axe
Metz-Nancy. Le taux d'exécution du volet "exploitation de la route" des
contrats de plan, s'élèverait ainsi à 73 % à
la fin de 1998.
Les dépenses de fonctionnement et maintenance correspondant à ces
équipements se sont élevées à 127 millions de
francs en 1998.
Pour 1999, les principaux projets sont les suivants :
- en priorité, poursuivre les opérations d'exploitation
contractualisées : Ile-de-France, Lille, Toulouse, Bordeaux,
Nantes, Marseille et l'axe Metz-Nancy ;
- engager la réflexion en vue de préparer les prochains
contrats de plan dans les autres agglomérations ;
- achever les études et amorcer la réalisation
d'opérations d'exploitation à Strasbourg, Toulon, Nice, Angers,
Rennes et sur des axes structurants comme A75, A20, A84 ;
- développer l'étude de plans de gestion de trafic pour
faire face aux incidents graves.
Compte tenu des dotations budgétaires demandées pour 1999, le
taux d'exécution des contrats de plan atteindrait 91 % fin
1999.
ANNEXE
MODIFICATIONS APPORTÉES PAR
L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Equipement, transports et logement
II - Transport
2 - Routes
Majoration de crédits adoptés en seconde
délibération à titre non reconductible.
L'Assemblée nationale a globalement majoré les crédits des
routes de 30 millions de francs sur deux lignes de crédits :
•
chapitre 53-43, article 20 (investissements sur le
réseau routier national 15 millions de francs
•
chapitre 63-42, article 20 (participation aux
opérations déconcentrées de financement du réseau
routier) 15 millions de francs
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le
mardi 17 novembre
1998,
sous la
présidence de M. Jacques Oudin, vice-président
, la
commission a procédé, sur le
rapport
de
M. Gérard Miquel, rapporteur spécial
, à
l'examen
des
crédits
de
l'équipement
, des
transports
et du
logement
: III.-
transports
: 2.
routes
et 3
. sécurité routière
, pour
1999
.
Dans un exposé liminaire,
M. Gérard Miquel, rapporteur
spécial
, a tout d'abord indiqué que les moyens de paiement
demandés pour les routes et la sécurité routière en
1999 atteignaient globalement 7,5 milliards de francs, en forte baisse de
4,8 % par rapport à 1998. Il a précisé que cette
baisse recouvrait en fait deux évolutions contraires : d'un
côté la diminution de 5,3 %, à 7 milliards de
francs, des moyens de paiement demandés pour les routes ; de
l'autre, la progression de 4 %, à 455 millions de francs, des
moyens de paiement de la sécurité routière.
M. Gérard Miquel, rapporteur spécial
, a alors
observé qu'en ajoutant le budget des routes, les dotations provenant des
comptes spéciaux du Trésor, les fonds de concours des
collectivités locales et surtout les efforts d'entretien et
d'investissement des sociétés concessionnaires d'autoroutes, on
constatait que l'ensemble consolidé des moyens d'engagement
consacrés au réseau routier national diminuait de 4 % en
1999, à 33,4 milliards de francs. Il a ajouté qu'il
s'agissait là du niveau le plus faible, en termes réels, depuis
près de dix ans.
Il a précisé que les moyens d'engagement pour la construction du
réseau routier national étaient ainsi en forte baisse, les
crédits budgétaires diminuant de 10,5 % et les
crédits en provenance des comptes d'affectation spéciale (FITTVN
et FARIF), diminuant de 9 %, cette seconde évolution s'expliquant
toutefois par l'achèvement des autoroutes A75 et A20.
Il a souligné qu'en dépit du report d'une année des
contrats de plan Etat-régions 1994-1998, le taux d'exécution des
volets routiers de ces contrats de plan n'atteindrait, en moyenne, que
81,5 % au terme du XIe plan, à la fin de 1999.
Il a estimé qu'il s'agissait là d'un constat préoccupant
pour la crédibilité des engagements de l'Etat, au moment
même où s'ouvraient les négociations relatives aux
prochains contrats de plan. Il a jugé qu'il conviendrait
dorénavant de revenir à une programmation plus réaliste.
M. Gérard Miquel, rapporteur spécial
, a ensuite
observé que les crédits d'entretien du réseau routier
national étaient en revanche en progression pour le quatrième
exercice consécutif, et retrouvaient en termes réels le niveau
atteint en 1990. Il a estimé que cela témoignait du
rééquilibrage hautement souhaitable entre le développement
et l'entretien du réseau. Il a précisé que les actions de
réhabilitation et de renforcement des chaussées et de
renforcement des ouvrages d'art progressaient ainsi de 18 %, à
715 millions de francs, dont 83 millions de francs en provenance du
FITTVN et, pour la première fois, 70 millions de francs en
provenance du FARIF. Il a estimé que la croissance de ces crédits
était excellente, car elle était le gage d'une
sécurité routière accrue, ainsi que d'économies
ultérieures, l'entretien préventif étant en effet moins
onéreux que l'entretien curatif. Il s'est toutefois interrogé sur
cette débudgétisation, en se demandant s'il était dans la
vocation du FITTVN et du FARIF, qui sont des fonds d'aménagement du
territoire, de financer des dépenses d'entretien routier. Il a
estimé que cette question mériterait de faire l'objet d'un vrai
débat, plutôt que d'être tranchée au détour de
l'inscription des crédits budgétaires.
M. Gérard Miquel, rapporteur spécial
, a ensuite
remarqué que les investissements de sociétés
concessionnaires d'autoroutes devraient se ralentir en 1999, en raison d'une
pause dans le lancement de nouveaux projets. Il a précisé que
plusieurs liaisons inscrites au schéma routier directeur national de
1992 étaient actuellement remises en cause, parmi lesquelles l'A58,
l'A51 Grenoble-Sisteron, l'A24, l'A104 et le débouché en
Seine-Saint-Denis de l'autoroute A16. Il a ajouté que l'autoroute A28
Rouen-Alençon, qui était suspendue pour des raisons
financières, devrait faire simultanément l'objet d'un appel
d'offres pour sa concession et d'études alternatives.
Il a indiqué que l'objectif d'une réalisation en dix ans,
à partir de 1994, du schéma directeur routier national de 1992
n'avait toutefois pas été explicitement abandonné. Il a
ajouté que la révision de ce schéma directeur, ainsi que
l'inscription éventuelle de nouveaux projets, étaient
subordonnées à la modification de la loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire, et que le
Gouvernement avait annoncé son souhait de modifier l'approche des
schémas de planification. Dans le cadre de la révision de cette
loi, il a précisé que ces schémas prendraient
désormais la forme de schémas de services qui ne comporteraient
qu'au dernier stade de la procédure une carte multimodale des projets
d'infrastructures.
M. Gérard Miquel
a alors estimé nécessaire
que cette planification soit opérée au plus tôt et comporte
des échéanciers hiérarchisés, afin que les
collectivités locales bénéficient de perspectives claires,
notamment pour la négociation des contrats de plan. Il a par ailleurs
jugé hautement souhaitable que le Parlement soit étroitement
associé à la définition et à la révision
périodique des schémas directeurs, le développement d'une
concertation étroite avec les élus, en amont des projets
étant la condition d'une meilleure maîtrise des procédures,
et par là même des coûts de construction.
M. Gérard Miquel, rapporteur spécial
, a
ajouté qu'il était indispensable d'achever la grande
majorité des liaisons autoroutières entreprises. Il a
précisé qu'il s'agissait là d'une exigence de
cohérence, car on ne saurait, par exemple couper l'axe Calais-Bayonne
entre Rouen et Alençon, ainsi que d'un impératif en termes de
développement des territoires, et d'une nécessité pour la
sécurité routière, l'autoroute étant quatre fois
plus sûre que la route. Il a indiqué qu'il était, pour ce
faire, nécessaire d'assainir le financement du système
autoroutier, en établissant le principe de l'autoroute à
péage, gage d'équité entre usagers et d'un meilleur
entretien du réseau, et en adoptant les modalités et la
durée des financements à la durée de vie des
infrastructures. A titre d'exemple, il a remarqué qu'il pourrait
être opportun que les sociétés d'autoroutes se financent
pour partie par émission d'obligations indexées sur la hausse des
prix, dès lors que l'évolution des tarifs des péages
était en ligne avec l'inflation.
M. Gérard Miquel, rapporteur spécial
, a
estimé indispensable de réduire les prélèvements
sur les sociétés d'autoroutes qui n'avaient pas de lien avec
l'exploitation. Il a souligné que la commission d'enquête du
Sénat sur les grandes infrastructures avait montré les effets
pervers de ces prélèvements, en particulier de la taxe
d'aménagement du territoire versée au FITTVN, l'augmentation des
prélèvements fragilisant les sociétés
conces-sionnaires et réduisant leurs investissements d'une part, les
compensations qui leur étaient accordées en termes de hausses des
péages conduisant à un report de trafic vers le réseau non
concédé, d'autre part. Il a observé qu'il en
résultait, au total, une augmentation de la circulation sur le
réseau non concédé, donc une hausse des dépenses
d'entretien, que l'Etat n'était pas en mesure de financer. Ce
détournement de trafic est par ailleurs préjudiciable à la
sécurité routière, au détriment des automobilistes
les plus pauvres. Il a indiqué que des prélèvements sans
lien avec les résultats financiers des sociétés
d'autoroutes, ni avec le coût de construction, de développement et
d'exploitation du réseau, étaient par ailleurs contraires
à la rationalité économique comme aux textes
communautaires, en particulier la directive relative aux péages
d'infrastructures.
M. Gérard Miquel, rapporteur spécial,
a ensuite
présenté ses observations relatives à la
sécurité routière.
Il a tout d'abord rappelé que la France demeurait au 12e rang des
pays de l'Union européenne en matière de nombre de tués
sur la route par habitant. Il a indiqué que les résultats de
l'année 1997 avaient été décevants :
7.989 tués (soit une baisse de 1,1 % seulement), dont
2.061 jeunes de 15 à 24 ans, et que les résultats des
huit premiers mois de 1998 étaient très inquiétants, le
nombre de tués augmentant en effet de 5,9 % par rapport à
la même période de 1997. Il a précisé que cette
dégradation s'expliquait pour partie par la croissance du trafic
résultant de la reprise économique, mais que la vitesse moyenne
se maintenait à un niveau excessif, et qu'elle ne diminuait plus depuis
plusieurs années, de sorte que, si le nombre d'accidents
décroissait légèrement, leur gravité avait donc
tendance à augmenter. Il a estimé que l'inertie du comportement
des conducteurs neutralisait ainsi les progrès de la
sécurité des véhicules et des infrastructures, cette
inertie traduisant malheureusement l'échec des politiques faisant appel
à la responsabilité des conducteurs, et la
nécessité de revenir à des politiques plus sommaires et
plus efficaces, fondées sur la contrainte et la répression. Il a
ajouté que ces évolutions récentes auguraient mal de
l'objectif ambitieux que le Gouvernement s'était assigné lors du
comité interministériel de sécurité routière
du 26 novembre 1997 : réduire de moitié le nombre de
tués en cinq ans. Il a regretté, à cet égard, le
freinage des projets autoroutiers, ainsi que le délai entre l'annonce de
mesures nouvelles d'une part, et leur traduction budgétaire,
législative et réglementaire, d'autre part.
M. Gérard Miquel, rapporteur spécial,
a ensuite
indiqué que les crédits de la sécurité
routière augmentaient de 4 % en moyens de paiement dans le projet de loi
de finances pour 1999, mais que ces crédits ne retraçaient qu'une
faible part des efforts de la nation en faveur de la sécurité
routière, ceux-ci reposant également sur l'implication des
collectivités locales, de l'éducation nationale, de
l'équipement, de la gendarmerie, de la police, de la justice, des
associations, des assureurs, des sociétés d'autoroutes, etc... Il
a remarqué qu'il convenait notamment d'ajouter à ces
crédits ceux des aménagements locaux de sécurité,
qui visaient à traiter les zones où les accidents sont
particulièrement fréquents, et qui relevaient de la
compétence de la direction des routes. Il a précisé que
ces crédits s'élevaient à 186,9 millions de francs
pour 1999 (soit + 1,7 %).
M. Gérard Miquel, rapporteur spécial
, a enfin
observé que le budget de la sécurité routière pour
1999 marquait une inflexion des priorités en faveur des initiatives
locales, des actions en milieu scolaire et de la communication nationale,
tandis que les crédits d'exploitation de la route et de formation des
conducteurs étaient stables. Il a précisé que la
délégation interministérielle à la
sécurité routière devrait ainsi retrouver son rythme
traditionnel de trois campagnes nationales de communication par an,
après que la contraction des crédits eut réduit ce nombre
à deux en 1997 et en 1998.
Il s'est félicité du développement des actions de
sensibilisation des jeunes au code de la route, ces actions concourant à
l'acquisition de comportements civiques et au respect de la loi.
M. Gérard Miquel, rapporteur spécial,
a toutefois
déploré l'extrême modicité des crédits
destinés à l'évaluation des politiques de
sécurité routière, ainsi qu'au coût des accidents de
la route pour la collectivité, qu'il a estimé à
118 milliards de francs pour 1997.
Il a souligné que l'évaluation des mesures législatives
ou réglementaires en matière de sécurité
routière était en effet une condition de leur
légitimité, et par là même de leur
efficacité. Il a notamment observé qu'il ne serait pas rationnel
d'ajouter des obligations ou des dépenses supplémentaires aux
conducteurs, comme des rendez-vous périodiques de formation continue,
sans avoir au préalable réalisé des
expérimentations et des évaluations de nature à en prouver
l'efficacité.
Le débat s'est alors ouvert.
M. Roger Besse
a fait part de sa préoccupation quant au
financement et à l'attribution des crédits du FITTVN, et
M. Philippe Adnot
s'est inquiété du report de trafic
de poids lourds sur le réseau secondaire résultant de
l'augmentation du prix des péages.
En réponse,
M. Gérard Miquel, rapporteur
spécial,
a souligné que le financement par l'Etat de liaisons
à caractéristiques autoroutières, mais gratuites, se
traduisait, outre leur coût budgétaire élevé, par un
surcroît de dépenses d'entretien d'une part, par des ruptures
d'itinéraires, si des sections gratuites alternent avec les sections
à péage, d'autre part. Il a alors estimé nécessaire
que le développement du réseau routier, comme la prise en compte
des impératifs de sécurité routière, s'effectuent
désormais dans une logique d'itinéraire.
La commission a alors
adopté les crédits des routes et de la
sécurité routière pour 1999.
1
Soit, pour le réseau
national
non concédé, 8,8 milliards d'investissements, en baisse de
14 % (2,6 milliards en provenance du budget des
routes + 1,5 milliard du FITTVN + 0,5 milliard du
FARIF + 4,1 milliards de fonds de concours des collectivités
locales) + 3,5 milliards d'entretien (+ 6 %), auxquels
s'ajoutent pour le réseau autoroutier concédé,
17,2 milliards d'investissements prévus par les
sociétés concessionnaires d'autoroutes (- 7,3 %) +
3,9 milliards d'entretien (+ 4,3 %).
2
60 milliards de francs pour les dommages matériels +
58 milliards de francs pour les dommages corporels (dont 8.000 tués
x 3,8 millions de francs = 31 milliards de francs pour les vies
perdues).
3
Cf. " Fleuve, rail, route : pour des choix nationaux
ouverts sur l'Europe ", rapport de la commission d'enquête du
Sénat chargée d'examiner le devenir des grands projets
d'infrastructures terrestres, rapport du Sénat n° 479,
1997-1998.
4
L'aménagement sous forme d'une autoroute de la liaison
Fréjus - Golfe de St-Tropez (33 km) a toutefois été
abandonné.
5
C'est-à-dire en calculant le ratio nombre de
kilomètres parcourus/longueur du réseau pour les liaisons en
service depuis au moins 3 ans.
6
En vertu de l'article 241, toute entreprise dont les capitaux
propres deviennent inférieurs à la moitié de son capital
social dispose de deux ans pour les reconstituer, faute de quoi sa dissolution
doit être envisagée.