II. LE DISPOSITIF PROPOSÉ PAR LE PRÉSENT PROJET DE LOI
A. LES LIMITES DU DISPOSITIF ACTUEL
Pourtant, ce dispositif semble aujourd'hui atteindre ses
limites du
fait du changement de nature du surendettement.
En effet, les personnes visées par la loi de 1989 étaient
essentiellement ce que l'on appelle communément des "surendettés
actifs", c'est-à-dire des ménages qui s'étaient
endettés au-delà de leur capacité de remboursement.
Depuis 1993, le nombre de "surendettés passifs", c'est-à-dire de
ménages surendettés suite à une chute de leurs revenus
tend à augmenter.
Dans son rapport d'information, rédigé avec notre collègue
Jean-Jacques Hyest
9(
*
)
, votre
rapporteur pour avis faisait état d'analyses préoccupantes sur
l'évolution de la capacité de remboursement des ménages.
Plusieurs études étaient citées.
Selon la Banque de France, "
auprès de la commission du surendettement
du Maine-et-Loire, la part des dossiers dans lesquels la capacité de
remboursement est inexistante est passée de 9 % en 1992 à
24 % en 1996.
En outre, l'aggravation de la crise sociale augmente le nombre de situations
inextricables auxquelles sont confrontées les commissions. Ainsi,
CETELEM, qui représente les professionnels du crédit dans 22
commissions départementales, estime à près de 40 % le
nombre de dossiers concernant des particuliers sans ressources.
"
Or, l'évolution de la nature même du surendettement "grippe" le
dispositif.
En effet, le nombre de dossiers déposés augmente fortement depuis
la fin de 1994.
Nombre
de dossiers déposés pour les trois premiers mois
|
|
Année |
Dossiers déposés |
1991
|
19.570
|
Le
tableau ci-dessus révèle ainsi que le premier trimestre 1998 est
celui qui connaît le nombre de dépôts le plus
élevé depuis l'entrée en vigueur de la procédure.
Or, cette augmentation du nombre des dossiers déposés semble
liée au développement des moratoires. En effet, faute de revenus
suffisants de la part des débiteurs, les commissions de surendettement
doivent recourir de plus en plus souvent à cette
procédure.
Part
des plans de surendettement comportant des moratoires
|
|||||||||||||
|
1997 |
1998 |
|||||||||||
|
mars |
avril |
mai |
juin |
juil. |
août |
sept. |
oct. |
nov. |
déc. |
janv. |
févr. |
mars |
Phase amiable |
25,1 |
33,3 |
33,3 |
31,7 |
31,5 |
33,1 |
34,1 |
34,0 |
34,8 |
37,3 |
33,5 |
37,1 |
39,4 |
Phase de recommandation |
65,1 |
61,4 |
52,0 |
57,7 |
58,7 |
59,4 |
60,7 |
62,2 |
56,6 |
59,6 |
59,9 |
65,1 |
64,1 |
Phase amiable + phase de recommandation |
33,5 |
39,8 |
37,9 |
37,7 |
37,5 |
38,2 |
39,8 |
39,7 |
39,7 |
42,6 |
39,5 |
43,0 |
44,6 |
Ainsi,
il apparaît qu'en 1997, la part des plans de redressement comportant des
moratoires, phase amiable et phase de recommandation confondues, est
passée de 33,5 % en mars à 42,6 % en décembre.
Or, la multiplication des moratoires risque de conduire le système
actuel de traitement du surendettement vers une impasse. Les cas
d'amélioration de la situation du débiteur ne sont pas
très fréquents. En conséquence, lorsque la période
fixée par le moratoire est écoulée, le dossier est
généralement déposé de nouveau auprès des
commissions de surendettement qui n'ont guère d'autre solution que de
proposer un nouveau moratoire. La multiplication des réexamens risque
d'engorger les commissions sans pour autant apporter une solution
définitive à ces cas difficiles.