INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
« Les technologies de l'information et de la communication sont
porteuses de promesses dans tous les domaines. Leur vertu est de mettre de la
rapidité dans ce qui est lent, de la fluidité dans ce qui est
lourd, de l'ouverture dans ce qui est fermé. »
Ces mots du Premier ministre lors de la présentation du plan RESO 2007
devant les membres de l'Electronic Business Group à l'automne dernier
sont la preuve que le Gouvernement n'a pas tardé à prendre la
mesure de l'enjeu numérique pour la France, ce dont se félicitent
vos rapporteurs.
Les technologies de l'information et de la communication recèlent, pour
toutes les entreprises, de très importants potentiels de gains de
productivité et de réactivité. Il est de la
responsabilité des pouvoirs publics de saisir cette chance pour la
France et de conforter ces gains potentiels pour soutenir la croissance et
l'innovation. Il était donc impératif, et le Gouvernement l'a
fait sans délai, de tracer la perspective d'une république
numérique à l'horizon 2007.
Ce texte constitue le premier volet du plan « pour une
république numérique dans la société de
l'information » : il ouvre la marche de ce plan de bataille
concret destiné à amener sans réserve tous les
Français à bénéficier des apports d'Internet.
Le texte qui est soumis aujourd'hui au Sénat est très riche, car
il répond à de nombreuses attentes. Ces attentes ont
été largement éprouvées, puisque l'ancêtre de
ce texte, le projet de « loi sur la société de
l'information », avait été déposé en 2001
sur le bureau du Parlement par le précédent Gouvernement, mais,
malgré les annonces, ne fut finalement jamais discuté.
Votre Commission des Affaires économiques se félicite donc
vivement du dépôt par le Gouvernement du projet de loi pour la
confiance dans l'économie numérique. Ce texte soutiendra le
développement des secteurs d'activité de l'économie
numérique en leur offrant un cadre juridique stable et clair, propre
à promouvoir la confiance de tous les acteurs, et à leur
permettre d'investir leur énergie et leurs ressources dans ces nouveaux
champs cruciaux d'avancée économique pour notre pays.
Pour viser des objectifs de clarté normative, voire de pédagogie,
le texte soumis à votre Haute Assemblée n'en est pas moins d'une
certaine complexité. Celle-ci tient en partie à la forte
influence du droit communautaire sur le projet de loi, puisque celui-ci
transpose des stipulations extraites de plusieurs directives : la
directive « commerce électronique »
2000/31/CE
1(
*
)
, la directive
« vie privée et communication électronique »
2002/58/CE
2(
*
)
, la directive
« droits d'auteur et droits voisins » 2001/29/CE
3(
*
)
et la directive « signatures
électroniques » 99/93/CE
4(
*
)
. La difficulté tient à la
fois à la diversité des sources, et à leur nature, dans la
mesure où certains éléments de ces directives apparaissent
insuffisamment définis, voire abscons. Cet aspect est bien connu de
votre Haute Assemblée, et il n'est pas spécifique à ce
texte.
S'ajoute également une difficulté tenant à la
technicité du sujet : cet élément est
particulièrement net concernant les dispositions du titre III du projet,
relatives à la cryptologie.
Enfin, et de façon plus fondamentale, ce texte est animé par une
tension permanente entre la nouveauté de la matière
examinée, qui met souvent au défi notre règle de droit, et
la préservation de notre héritage juridique et économique,
lequel fait souvent la preuve de son adaptabilité à cette
nouvelle matière.
Le législateur est appelé à se pencher sur des domaines
relativement nouveaux, qui n'ont été qu'imparfaitement
encadrés par les lois du 13 mars 2000
5(
*
)
et du 1
er
août
2000
6(
*
)
, d'autant plus que le
Conseil constitutionnel avait alors remis en cause une large part du travail
législatif
7(
*
)
. Le texte
adopté par l'Assemblée nationale a de ce point de vue le
mérite de donner un certain nombre de définitions : celles
du commerce électronique, du courrier électronique, du
consentement à recevoir de la publicité, des prestations et
moyens de cryptologie ou celle des systèmes satellitaires.
Dans le même temps, comme l'avaient fort justement indiqué le
rapporteur de la commission des Affaires économiques de
l'Assemblée nationale, saisie au fond, et le rapporteur pour avis de la
Commission des Lois, le développement de l'économie
numérique ne doit pas amener à bouleverser de manière
inconsidérée l'état actuel de notre droit, et ce d'autant
moins que celui-ci trouve souvent très bien à s'appliquer
à ces activités, au prix seulement de quelques
aménagements. Vos rapporteurs estiment donc qu'il convient de concilier
l'attention aux spécificités des nouvelles activités, et
le souci de ne pas remplacer un cadre juridique connu et appliqué par un
ensemble de règles inédites et à la portée
juridique incertaine.
Partageant le souci de pédagogie du Gouvernement, ils ont
tâché d'établir ce rapport à l'aune du pragmatisme,
loin de toute idée préconçue dans un domaine qui est
lui-même en constante et rapide évolution.