PORTUGAL
L'importance du phénomène a conduit au vote,
dès
1991
, de la
loi n° 61 sur
la protection
à apporter aux femmes victimes de la violence
. Toutefois, cette loi
n'a pas encore fait l'objet du règlement qui doit permettre son
application.
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1) Les dispositions pénales
Les violences conjugales tombent sous le coup de l'article 152 du code pénal, qui punit les auteurs de mauvais traitements ou de surcharges de travail lorsque la victime est un mineur, un incapable ou le conjoint. En outre, le viol à l'intérieur du couple est punissable.
a) La qualification pénale des violences conjugales
L'article 152 du code pénal
s'applique
notamment
aux cas de mauvais traitements, physiques ou psychiques, exercés sur le
conjoint ou sur le concubin. Il prévoit
une peine de prison :
-
de trois à dix ans
, en cas de
décès ;
-
de deux à huit ans
, en cas d'
atteinte physique
grave
;
-
de un à cinq ans
dans les
autres cas
.
La loi de 1991 prévoit que l'inculpé puisse être
obligé de quitter sa résidence habituelle si elle est
également celle de la victime.
b) Le viol à l'intérieur du couple
Alors que le code pénal précédent précisait que le viol ne pouvait pas être le fait d'un homme sur son épouse, le code pénal actuel ne comporte aucune restriction de ce type.
2) Le déclenchement de la procédure pénale
L'article 152 du code pénal précise que le déclenchement de la procédure est subordonné à la plainte de la victime. Cependant, une modification introduite en 1998 permet au ministère public d'entamer la procédure en l'absence de plainte de la victime si tel semble être l'intérêt de celle-ci et si elle ne s'y oppose pas.
3) Les dispositions du droit civil
En dehors de la procédure de divorce, le juge civil ne peut prendre aucune mesure destinée à protéger la victime.
4) L'aide aux victimes
a) L'aide financière
Le
décret-loi n° 423 du 30 octobre 1991 établit un
système d'aide publique pour les victimes d'infractions violentes. Il
s'applique notamment aux victimes de violences conjugales.
Si les coups et blessures ont provoqué une incapacité de travail
d'au moins trente jours, si la victime a subi une baisse importante de son
niveau de vie et si elle n'a pas obtenu en justice réparation du
dommage, elle a droit à une aide financière de l'État.
L'aide financière est limitée à la couverture du dommage
matériel. Elle est fixée par référence à
celle qui est accordée aux victimes d'accidents de la route et doit
tenir compte des autres revenus de la victime.
Les demandes sont traitées par le ministère de la Justice, qui
dispose d'une commission
ad hoc
pour l'instruction des dossiers.
La loi n° 129 du 20 août 1999 prévoit un
système d'aide anticipée au profit des victimes des infractions
définies à l'article 152 du code pénal,
c'est-à-dire en particulier des victimes de violences conjugales, dans
la mesure où l'infraction qu'elles ont subie les place dans une
situation économique difficile. Le paiement anticipé peut
être réclamé par la victime elle-même, par les
associations de protection des femmes ou par le ministère public.
L'État peut exiger le remboursement de l'aide accordée, qu'elle
l'ait été par anticipation ou non, si la victime obtient
remboursement du préjudice. De plus, l'État est subrogé
dans les droits de la victime contre le responsable.
b) L'assistance
La loi
n° 107 du 3 août 1999 a créé un
réseau public de foyers pour les femmes victimes de violence
.
Chaque district
(6(
*
))
doit en
comporter au moins un, les agglomérations de Lisbonne et de Porto au
moins deux. Le règlement d'application de cette loi n'a pas encore
été publié.
Le programme INOVAR
, piloté par le
ministère de
l'Intérieur
, a mis en place une petite structure de cinq personnes,
qui doit chercher à améliorer les relations des victimes avec la
police. Elle doit notamment sensibiliser la police aux problèmes de la
violence, favoriser la création d'une base de données
consacrée à ces questions, promouvoir la modernisation des postes
de police, diffuser auprès du grand public des informations sur la
violence...
La loi de 1991
prévoit que les
associations pour la
défense des femmes victimes de violences peuvent représenter les
victimes pendant la procédure pénale
dans la mesure où
elles peuvent se prévaloir d'une autorisation écrite. Elles
peuvent également réclamer, au nom des victimes, une
indemnisation ou une aide financière de l'État.