AUTRICHE
La loi du 30 décembre 1996 relative à la protection contre la violence familiale , entrée en vigueur le 1 er mai 1997 et amendée au cours de l'année 1999, a modifié le code civil, le code de procédure civile, ainsi que la loi sur la police. Elle permet avant tout aux victimes de demeurer dans leur logement . |
1) Les dispositions pénales
a) La qualification pénale des violences conjugales
Les violences conjugales ne font pas l'objet de dispositions pénales spécifiques . Elles sont généralement qualifiées de coups et blessures.
b) Le viol à l'intérieur du couple
Depuis 1989, le viol à l'intérieur du couple est punissable, l'article 203 du code pénal précisant que toute personne qui viole son conjoint ou son concubin est susceptible d'être poursuivie.
2) Le déclenchement de la procédure pénale
En
règle générale, tout citoyen qui dispose d'indices
suffisants pour supposer l'existence d'une infraction peut dénoncer aux
forces de l'ordre l'auteur présumé de l'infraction.
Dans l'hypothèse d'un viol à l'intérieur d'un couple, le
déclenchement des poursuites est subordonné à une plainte
de la victime, à moins que le viol n'ait provoqué des blessures
graves.
Lorsque la victime fait usage de la protection que lui offre la loi sur la
police et que les forces de l'ordre constatent l'existence d'une infraction,
elles ont l'obligation de la dénoncer au parquet.
La procédure de la " diversion ", entrée en vigueur le
1
er
janvier 2000, permet au ministère public de renoncer
à la poursuite lorsque, à l'issue d'une période de mise
à l'épreuve
(3(
*
))
dont la
durée est comprise entre un et deux ans, un procès pénal
ne paraît pas adapté. Pendant la durée de la mise à
l'épreuve, l'auteur des violences est rééduqué.
3) Les dispositions du droit civil
La loi
de 1996 a modifié le
code de procédure civile
pour
permettre aux tribunaux d'édicter, à la demande des victimes de
violences physiques, des
ordonnances de protection
.
Lorsqu'une personne est victime, de la part d'un proche (la liste des proches
inclut notamment l'époux et le concubin), d'une agression physique telle
que la poursuite de la vie commune ne peut raisonnablement pas être
exigée, la victime peut demander au tribunal :
- d'ordonner à l'agresseur de quitter le domicile familial,
même s'il en est propriétaire ;
- de lui interdire de se rendre dans certains lieux (l'école
fréquentée par les enfants par exemple) ;
- d'éviter toute rencontre et toute tentative d'entrer en contact
avec la victime.
Cette disposition est également applicable en cas de simples menaces de
violences physiques.
La durée de validité de telles ordonnances ne peut pas
dépasser trois mois.
Lorsque la victime a déjà été agressée et
qu'une nouvelle menace pèse sur elle de façon imminente, ces
ordonnances peuvent être prises sans que l'auteur des violences soit
entendu par le tribunal.
L'exécution de ces ordonnances incombe à l'huissier, mais le
tribunal peut faire appel aux forces de l'ordre dans les cas les plus graves.
L'auteur des violences doit remettre les clés du domicile qu'il quitte.
Pour tenir compte du fait qu'une ordonnance judiciaire ne peut pas être
prise immédiatement après qu'un acte de violence a
été commis, les forces de l'ordre peuvent intervenir
indépendamment de toute décision de justice.
La loi de 1996 a en effet modifié la loi sur la police. Elle y a
inséré l'article 38a, qui permet aux
forces de l'ordre
d'interdire que l'auteur de violences physiques puisse accéder au
domicile de la victime
de ces violences en cas de risque pour la vie, la
santé ou la liberté de cette dernière.
L'interdiction concerne non seulement le domicile de la victime, mais aussi ses
abords immédiats. De plus, en cas de besoin, le champ
géographique de l'interdiction peut être étendu, notamment
aux lieux que la victime fréquente de manière habituelle
(domicile des proches, école...). Les interdictions prononcées
par les forces de l'ordre doivent être validées par la
hiérarchie dans les quarante-huit heures.
La police ne peut pas utiliser la force pour faire respecter ces
différentes interdictions, mais elle peut confisquer toutes les
clés du domicile possédées par l'auteur des violences. Les
forces de police vérifient dans le délai de trois jours que
l'intéressé respecte les interdictions qui lui sont faites. Si ce
n'est pas le cas, il est passible d'une amende de 5 000 schillings
(soit environ 2 500 FRF). En cas de récidive, il peut
être écroué. Les interdictions édictées par
la police sont valables au plus pendant dix jours. Elles sont
automatiquement prolongées de dix jours lorsque la victime demande au
tribunal une ordonnance de protection pendant le premier délai de dix
jours. Lorsqu'il est fait application de l'article 38a de la loi sur la
police de sécurité, les forces de l'ordre ont le devoir
d'informer la victime des possibilités que le code de procédure
civile lui offre.
4) L'aide aux victimes
a) L'aide financière
Au cours du mois de décembre 2000, le parti socialiste a présenté une proposition de loi sur la protection des victimes. Le texte prévoit de fournir aux victimes d'actes violents, en particulier aux victimes de violences familiales, une aide financière de l'État.
b) L'assistance
Lorsqu'une interdiction de séjour est prononcée
en
application de la loi de 1996, les forces de l'ordre ont l'obligation, d'une
part, de fournir aux victimes de violences (ainsi qu'aux auteurs) une notice
d'information qui précise les droits et les devoirs de chacun et,
d'autre part, de prévenir le "
bureau d'intervention
"
local, lequel fournit une assistance juridique gratuite. Il existe actuellement
neuf bureaux, soit un par Land. Ces organismes, cofinancés par le
ministère chargé des questions familiales et par celui de
l'Intérieur doivent également veiller à ce que les mesures
prises contre l'agresseur soient respectées.
En décembre 1998, le ministère chargé des questions
familiales a mis en place une
assistance téléphonique
qui
fonctionne en permanence.
La proposition de loi socialiste comporte des dispositions sur l'assistance
juridique que les victimes devraient recevoir immédiatement après
leur agression. Le texte prévoit aussi de charger tous les acteurs de la
procédure pénale d'informer les victimes de leurs droits.