ALLEMAGNE
En
décembre 1999
, la ministre pour la Famille, les Personnes
âgées, les Femmes et la Jeunesse a rendu public le
plan
gouvernemental de lutte contre la violence exercée sur les femmes
.
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1) Les dispositions pénales
a) La qualification pénale des violences conjugales
Les
violences conjugales ne font pas l'objet de dispositions pénales
spécifiques
. Selon les circonstances, elles sont qualifiées
d'infractions contre la vie, contre l'intégrité corporelle, voire
contre la vie privée et l'intimité.
Lorsque l'auteur des violences est passible d'une faible peine, le juge peut la
commuer en sursis avec mise à l'épreuve. Il peut par exemple
imposer à l'agresseur de suivre une thérapie.
b) Le viol à l'intérieur du couple
Depuis juillet 1997 , l'article du code pénal relatif au viol permet de sanctionner le viol à l'intérieur du couple. Auparavant, il était exclu que le viol puisse être le fait d'un homme sur son épouse.
2) Le déclenchement de la procédure pénale
Le droit
allemand réserve la poursuite à l'État, qui agit par
l'intermédiaire du ministère public. Ce dernier intervient
dès qu'il a connaissance d'une infraction, indépendamment de la
volonté de la victime.
Cependant, le principe selon lequel l'État met en mouvement les
poursuites sans tenir compte de la volonté de la victime n'est pas
absolu, notamment parce qu'il existe des infractions dont la poursuite est
subordonnée à une plainte de la victime. Dans ce cas, si le
ministère public ne peut pas agir tant que la victime n'a pas
déposé plainte, il peut toutefois procéder de
lui-même à des mesures d'instruction, voire ordonner la
détention préventive, afin d'empêcher la disparition de
l'auteur de l'infraction ou des preuves.
En matière de violences conjugales, la violation de domicile ainsi que
les coups et blessures requièrent une plainte de la victime.
Néanmoins, dans l'hypothèse de coups et blessures, le
ministère public peut intervenir d'office s'il estime que
l'intérêt public le requiert.
3) Les dispositions du droit civil
Il
arrive que les tribunaux, transposant une règle que le code civil
prévoit dans d'autres cas (trouble de jouissance de
propriété par exemple), prononcent des
ordonnances de
protection
au bénéfice des victimes de violences conjugales.
La jurisprudence est cependant incertaine à ce sujet. C'est pourquoi
le projet de loi pour l'amélioration de la protection des victimes de
violence par les tribunaux civils,
s'inspirant des mesures entrées
en vigueur en Autriche en mai 1997
, prévoit explicitement cette
possibilité.
Le projet de loi prévoit également que les tribunaux civils
puissent accorder la
jouissance exclusive du domicile commun aux
victimes de violences
, faculté aujourd'hui susceptible de
n'être mise en oeuvre que lorsque les membres du couple sont
mariés.
a) Les ordonnances de protection judiciaire
Les
tribunaux civils pourraient prendre, à la demande des personnes victimes
de violences physiques, toute mesure susceptible d'empêcher leur
répétition. Ils pourraient en particulier interdire à
l'auteur des violences :
- de s'introduire au domicile de la victime ;
- de séjourner dans un certain rayon autour du domicile de la
victime ;
- de se rendre dans certains lieux régulièrement
fréquentés par la victime ;
- d'entrer en contact avec la victime, y compris par des moyens
utilisables à distance ;
- de provoquer des rencontres avec la victime.
Ces dispositions seraient également applicables en cas de simples
menaces physiques.
b) La jouissance du domicile familial
Actuellement, aux termes de l'article 1361b du code
civil, les
tribunaux ne peuvent accorder la jouissance exclusive du domicile familial
à l'un des membres d'un couple que s'ils sont mariés, s'ils ne
vivent pas ensemble (ou souhaitent vivre séparément) et si cette
décision permet d'empêcher des conséquences d'une
"
dureté considérable
". Or, les tribunaux
interprètent cette clause de façon assez restrictive.
Le projet de loi prévoit de modifier l'article 1361b du code
civil
pour remplacer l'expression "
dureté
considérable
" par "
dureté
inéquitable
", ce qui devrait faciliter la mise en oeuvre de
cette disposition.
De plus, le projet de loi prévoit que la jouissance exclusive du
domicile familial puisse être accordée à la victime de
violences même lorsqu'elle n'est pas mariée avec l'agresseur.
Actuellement, la jurisprudence est très incertaine dans ce cas.
La durée de la jouissance serait limitée lorsque le titre
d'occupation du domicile (contrat de location par exemple) est détenu
à la fois par la victime et par l'auteur des violences. Le projet de loi
ne détermine cependant pas cette durée, qu'il laisse à
l'appréciation du juge, en fonction des circonstances. En revanche,
lorsque la victime ne détient aucun droit sur le logement familial, le
projet de loi prévoit de limiter la durée de jouissance à
six mois, avec possibilité de la prolonger d'une durée identique.
En cas de simples menaces physiques, la victime aurait également la
possibilité de demander la jouissance exclusive du logement.
4) L'aide aux victimes
a) L'aide financière
Les
victimes de violences conjugales ont droit, comme toutes les victimes d'actes
violents, à une indemnisation au titre de la loi du 7 janvier 1985
sur l'indemnisation des victimes.
Le montant de la prestation est déterminé en application de la
loi fédérale sur l'assistance, loi qui a constitué la base
de l'indemnisation des victimes de guerre.
Aux termes de cette loi, l'aide couvre les traitements médicaux
nécessaires. Une pension d'invalidité est également
versée lorsque l'incapacité de la victime atteint au moins
25 %.
La prestation est versée par le Land où a eu lieu le dommage et,
par défaut, par celui où la victime est domiciliée. La
Fédération prend en charge 40 % des dépenses
incombant aux Länder. Le Land est subrogé dans les droits de la
victime contre le responsable civil des dommages.
b) L'assistance
Il
existe en Allemagne un important réseau de foyers (environ 400), ainsi
que d'autres structures d'assistance, en particulier des bureaux de
consultation et des lignes téléphoniques
spécialisées.
Cependant, mettant à profit
l'expérience menée dans le
Land de Berlin entre 1995 et 1999,
les autorités
fédérales souhaitent améliorer la coopération entre
tous les acteurs de la lutte contre les violences conjugales, institutionnels
ou non. Elles souhaitent aussi susciter l'intérêt des forces de
police pour ces questions, en leur donnant une formation spécifique, et
rationaliser leurs méthodes de travail dans ce domaine.
En outre, le gouvernement fédéral estime que l'assistance aux
victimes doit être complétée par des mesures de
rééducation des agresseurs.
Dans le cadre du plan gouvernemental de lutte contre la violence exercée
sur les femmes, plusieurs projets, d'ampleur régionale, voire purement
locale, sont actuellement cofinancés par l'État.