2. Les mécanismes d'échanges seront imparfaits
La
construction de mécanismes d'échanges efficients sera lente et
difficile. Les marchés des permis seront ainsi inévitablement
imparfaits
: ils risquent d'être instables,
spéculatifs ou technologiquement contrôlés par les pays qui
disposent d'une ingénierie financière performante.
Il en est toutefois de même de l'ensemble des marchés des
matières premières, notamment du marché du pétrole.
" Les imperfections des marchés de produits
énergétiques ne rendent pas les échanges eux-mêmes
immoraux. Nul n'en réclame aujourd'hui l'interdiction et défend
l'idée d'une autarcie complète
.
Tous les pays de la
planète trouvent aujourd'hui avantage à ce qu'il existe un
marché international de produits comme le pétrole, le gaz et le
charbon. Or, il ne s'agit là que de carbone sous une autre forme. Ce
dernier ne change pas de statut moral quand il se trouve dans des
molécules de CO
2
"
85(
*
)
.
Plutôt que d'interdire ou de limiter le commerce des quotas de
CO
2
, il est donc préférable de l'
organiser
de
manière équitable, avec des règles communes
empêchant certains Etats d'en profiter pour distordre la concurrence
internationale.
3. L'Union européenne doit s'investir étroitement dans la définition des règles de fonctionnement des mécanismes d'échange
Les
imperfections des mécanismes d'échange ne doivent donc pas
conduire l'Union européenne à s'en désengager.
Au contraire, les
négociateurs européens
doivent
s'investir étroitement dans la définitions des règles de
fonctionnement des mécanismes de flexibilité, afin que les
systèmes d'échange de permis soient transparents, ouverts, non
discriminatoires et concurrentiels, donc équitables.
Pour ce faire, il serait notamment nécessaire que l'
expertise
économique
des délégations européennes soit
renforcée lors des sommets internationaux relatifs au changement
climatique. Au contraire des Etats-Unis, les pays européens envoient en
effet à ces sommets de nombreux diplomates et des spécialistes en
environnement, mais trop peu
d'économistes
, de
spécialistes des marchés financiers ou d'experts en droit
économique international. En outre, les délégations
européennes sont conduites par les ministres de l'environnement, alors
que les représentants américains sont dirigés par
M. Stuart EIZENSTADT, Sous-Secrétaire d'Etat en charge des
négociations financières internationales.