2. L'accumulation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère tend à changer le climat
Les
constatations précédentes ont conduit en 1988 à la
création du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution
du climat (GIEC), sous l'égide du Programme des Nations Unies pour
l'Environnement (PNUE) et de l'Organisation météorologique
mondiale (OMM). Le GIEC est une
instance
intergouvernementale
qui
regroupe près de deux mille chercheurs et experts, avec pour missions
d'évaluer les données scientifiques disponibles sur
l'évolution du climat, d'en apprécier les incidences
écologiques et socio-économiques, et de formuler des
stratégies possibles de prévention et d'adaptation.
Le GIEC a publié un premier rapport en 1990. Mis à jour en 1992,
ce rapport a servi de base scientifique aux négociations du sommet de la
Terre de Rio. Le GIEC a ensuite rendu public en 1995 son deuxième
rapport d'évaluation, et conduit désormais un processus
d'expertise continu : un troisième rapport est en cours
d'élaboration.
Les résumés de ces rapports ont été
approuvés mot à mot
à l'unanimité par
l'assemblée du GIEC et
ratifiés
par l'ensemble des parties
à la convention cadre sur le climat (dont la France).
Les rapports du GIEC concluent très nettement que l'accumulation de gaz
à effet de serre dans l'atmosphère tend à
modifier le
climat
.
Le GIEC a ainsi mis en évidence de nombreuses "
anomalies
statistiques " relatives à l'évolution récente du
climat. Par exemple, l'ampleur et la persistance d'El Niño entre 1990 et
1995, phénomène à l'origine de sécheresses et
d'inondations en Amérique Latine ont été inhabituelles par
rapport à la situation au cours des 120 dernières années.
En outre, les travaux scientifiques coordonnés par le GIEC indiquent
que la température moyenne à la surface de la terre a
augmenté de 0,3 à 0,6 °C depuis l'ère
préindustrielle, les effets de ce
réchauffement
ayant
été jusqu'alors en partie masqués et
atténués par l'inertie thermique des océans et par la
présence croissante d'aérosols (poussières, sulfates) dans
l'atmosphère (où ils font écran au rayonnement solaire).
En l'absence de mesures énergiques de maîtrise des
émissions de gaz à effet de serre, le GIEC estime donc que la
température
moyenne à la surface de la terre pourrait
s'accroître encore de 2° C entre 1990 et 2100
(+ 1° C à + 3,5° C selon les
scénarios), ce qui représente (par dilatation thermique) une
élévation d'environ 50 cm du
niveau de la mer
(+ 15 à + 95 cm selon les scénarios).
Enfin, le GIEC a étudié différents
scénarios
qui permettraient de
stabiliser
la concentration de CO
2
dans
l'atmosphère. L'examen de ces scénarios suggère que
l'effort à réaliser est considérable. Par exemple, pour
stabiliser la concentration de CO
2
à 550 ppm (le double de la
concentration préindustrielle ou une fois et demie la concentration
actuelle), ce qui constitue selon l'Union européenne un objectif
nécessaire à long terme, il faudrait que les émissions
mondiales retrouvent en 2100 leur niveau d'aujourd'hui, malgré la
croissance de la population mondiale et l'industrialisation des pays en
développement, puis que ces émissions diminuent ensuite d'un
tiers. La hausse de la température globale se poursuivrait toutefois
longtemps après 2100 (en raison de l'inertie thermique des
océans), et elle serait à terme supérieure à
2°C
8(
*
)
.