CHAPITRE I
DÉSORMAIS SCIENTIFIQUEMENT ÉTABLIE,
LA
NÉCESSITÉ DE MAÎTRISER LES ÉMISSIONS
DE GAZ
À EFFET DE SERRE A ÉTÉ UNANIMEMENT RECONNUE LORS DES
SOMMETS
DE RIO (1992) ET DE KYOTO (1997)
I. POURQUOI LUTTER CONTRE L'ACCUMULATION DE GAZ À EFFET DE SERRE DANS L'ATMOSPHÈRE ?
1. L'effet de serre est un phénomène naturel, mais qui est amplifié par le développement des activités humaines
L'effet
de serre est un phénomène naturel. S'il n'existait pas, la terre
serait inhabitable, car la température sur terre serait
inférieure de quelque 33° C à ses niveaux actuels.
Le
mécanisme
de l'effet de serre, schématiquement, est le
suivant
4(
*
)
: le rayonnement
solaire incident est pour partie absorbé par la terre, principalement
à la surface, pour partie renvoyé vers l'espace sous la forme de
rayonnements de longueur d'onde plus élevée. Une partie de ce
rayonnement est à son tour absorbée et réfléchie
par les gaz à effet de serre de l'atmosphère, principalement par
la vapeur d'eau, les nuages, le CO
2
(dioxyde de carbone), le
CH
4
(méthane), le N
2
O (protoxyde d'azote) et les
CFC (chlorofluorocarbones)
5(
*
)
.
Autrement dit, la terre reçoit à la fois un rayonnement provenant
directement du soleil et un rayonnement réfléchi par
l'atmosphère, ce qui entraîne une élévation des
températures moyennes à la surface.
Cet effet est
amplifié
par les formes contemporaines du
développement des activités humaines.
En effet, la plupart des activités humaines (transports, chauffage,
réfrigération, industrie, élevage, déchets...)
rejettent des gaz à effet de serre. En particulier, l'utilisation de
sources fossiles d'énergie (charbon, pétrole, gaz) ou de
l'électricité produite à partir de ces sources fossiles,
émet du CO
2
, qui se diffuse très rapidement dans
l'atmosphère et y demeure en moyenne plus d'un siècle avant
d'être " piégé " dans des " puits à
carbone ", comme la végétation.
Tous les modèles s'accordent à prévoir que les
émissions humaines de gaz à effet de serre augmenteront
spontanément à un rythme soutenu au cours des décades
à venir. Selon l'OCDE, le total de ces émissions pourraient ainsi
tripler
d'ici 2050, pour atteindre 50 à 70 milliards de
tonnes d'équivalent CO
2
, soit 15 à 20 milliards
de tonnes d'équivalent carbone
6(
*
)
par an.
Ces émissions de gaz à effet de serre tendent à
s'accumuler
dans l'atmosphère : il est désormais
établi que la teneur atmosphérique des gaz à effet de
serre a significativement augmenté depuis l'époque
préindustrielle, notamment pour le méthane (CH
4
:
+ 145 % environ), le protoxyde d'azote (N
2
O :
+ 15 % environ) et le CO
2
(+ 30 % environ).
La
concentration
de CO
2
dans l'atmosphère est ainsi
passée de 280 ppm
7(
*
)
à 360 ppm en un siècle, alors qu'elle n'était pas
sortie d'une fourchette de 170 ppm à 280 ppm au cours des
200.000 années précédentes.