2. La solution de rechange dans le secteur de la viande bovine

La mission d'information considère comme impérative la modification des propositions de la Commission dans ce secteur. Néanmoins, deux approches très différentes peuvent être envisagées.

a) Une maîtrise stricte de l'offre

Cette politique consiste en un mécanisme de " garanties de prix sur des quantités limitées ", en un mot des quotas. Ceux-ci sont souvent mal perçus car il s'agit de restrictions quantitatives de production. Il faut dès maintenant préciser que ces quotas de production ne doivent pas être assimilés aux quotas d'importation; qui constituent une entrave aux échanges.

Les quotas de production ne sont pas forcément incompatibles avec l'insertion sur le marché international. On le voit avec l'exemple du vin, où les limitations de production ont provoqué une concurrence par la qualité qui a permis aux producteurs français de conserver leur part de marché.

On constate la même chose pour le sucre. Pour ce dernier produit, les producteurs ne s'interdisent nullement les " bonnes affaires " à l'exportation lorsque la conjoncture s'y prête, ce qui arrive de temps à autre. En même temps, les quotas ont délivré le consommateur de la hantise du prix du sucre, au point que les Européens ont perdu toute notion du danger des " sautes d'humeur " dévastatrices, sur le marché international, de ce produit en apparence banal.

Les quotas " cheptel individuel " -puisqu'il existe déjà des quotas de primes- pourraient représenter une solution " élégante " au problème de la sécurité alimentaire. Par ailleurs, il est sûr que la quantité prévue par le quota sera produite sans pour autant distordre les marchés. Quant au coût de la différence entre le prix " libre " et le prix " garanti ", pour les quantités sous quotas, il représente simplement une prime d'assurance avantageuse, dont le montant devrait être inférieur à celui de l'espérance du dommage, contrairement à ce qui se passe habituellement en matière d'assurance et sur les marchés à terme.

La mission d'information regrette fortement que :

- le Gouvernement français n'ait pas considéré opportun de privilégier, dès la présentation des propositions de la Commission, cette solution ;

- qu'il n'ait pas recherché à rallier des partenaires à cette hypothèse de travail, alors que certains Etats -comme l'Allemagne- y sont très favorables.


Est-ce aujourd'hui trop tard ? La mission d'information est consciente, d'une part, que le retard pris dans les propositions gouvernementales françaises sur ce secteur sera difficile à rattraper et, d'autre part, qu'il n'est plus guère possible aujourd'hui de pallier cette solution.

Une solution sans doute plus immédiatement praticable consisterait en une gestion plus efficace du secteur en développant des incitations à l'extensification et à la valorisation des productions de qualité.

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