D. DÉVELOPPER LES USAGES NON ALIMENTAIRES DES PRODUITS AGRICOLES
Si la
première finalité de l'agriculture est l'alimentation, celle-ci
n'est pas exclusive : ainsi les biocarburants, lubrifiants ou plastiques
biodégradables, molécules pour la pharmacie, les
cosmétiques ou les détergents sont autant de valorisations
industrielles possibles pour les matières premières agricoles.
Trois types d'utilisation sont envisageables :
- en consommation directe par les ménages (horticulture, animaux de
compagnie),
- en fourniture directe pour la transformation vers les industries non
alimentaires (laine, tabac, lin, gomme, plantes pharmaceutiques),
- en fourniture directe, via les industries non alimentaires (amidon,
sucre, caséine, collagène, cuir).
Ces différents usages ont une caractéristique commune. Tous se
fondent sur la valorisation des molécules carbonées qui sont la
base de toute matière vivante.
Les secteurs concernés sont soit traditionnels (filière bois,
filière cuir, textiles, tabac), soit plus récents, permettant
l'utilisation des molécules carbonées pour la chimie ou la
pharmacie. Il est à noter qu'avant même l'introduction de la PAC,
les industries chimiques et pharmaceutiques s'approvisionnaient en sucre et en
amidon, en huile et en graines végétales pour la fabrication de
leur produits.
Certes, seuls les biocarburants donnent l'impression d'avoir franchi
l'étape industrielle à grande échelle. Quant aux autres
" éco-produits ", ils avancent à petits pas, toujours
cantonnées aux marchés de niche où la concurrence du
pétrole et de sa chimie se fait moins acharnée.
L'étude de l'industrie de l'amidon et des bio-carburants tend
à démontrer la possibilité pour l'Europe de
répondre à la demande de matières premières
agricoles pour des utilisations non alimentaires.
1. Des exemples d'utilisation de produits agricoles à des fins non alimentaires
a) Les débouchés non alimentaires du secteur amidonnier
La
mission d'information s'est intéressée tout
particulièrement à cette industrie.
Le secteur amidonnier de l'Union européenne représente plus de
18 000 emplois directs pour un chiffre d'affaires de l'ordre de
30 milliards de francs dont une partie non négligeable, 15 %,
liée à l'export vers les pays tiers. La France représente
entre 25 % et 30 % de l'activité amidonnière
Européenne. La croissance du secteur est comprise entre 3 et 5 %
par an.
Cette industrie transforme des céréales, principalement du
maïs, du blé et des pommes de terre issus de près d'un
million cinq cent cinquante mille hectares dans l'Union Européenne.
Près de 7 millions de tonnes d'amidon et de fécule sont
produites chaque année en Europe.
La matière première reste le premier coût de production.
Cette industrie, aussi dynamique et innovante soit elle, peut difficilement
rivaliser avec l'industrie amidonnière des pays tiers et en particulier
des Etats-Unis.
En l'absence d'un débouché " isoglucose "
conséquent
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*
)
,
l'industrie Européenne a développé ses
débouchés dans le non alimentaire (hors éthanol), à
savoir le papier, le carton et la fermentation. Dans ce dernier secteur, la
France abrite les principales unités Européennes avec Eurolysine,
Orsan, Rhône-Poulenc notamment.
Mais, ces industries utilisatrices sont ouvertes à la concurrence et ne
bénéficient pas ou peu de protections aux frontières.
C'est pourquoi, un régime de restitutions à la production a
été mis en place dès 1968 puis réformé en
1978 et en 1986. Depuis 1986, ces restitutions sont sensées compenser
l'écart de prix de matières premières
céréales de l'Union Européenne et le prix mondial du
maïs.
Toutefois, depuis 1994, la Commission ne compense plus intégralement
cette différence, avec pour conséquence un arrêt des
investissements dans l'industrie de la fermentation en Europe alors que les
Etats-Unis investissent fortement aujourd'hui dans ce secteur à valeur
ajoutée.