2. Un secteur riche en croissance et en créations d'emplois
Les
biotechnologies ont moins de 20 ans. Malgré ce jeune âge,
elles deviennent un des moteurs de la croissance économique dans les
pays qui se sont, comme l'Amérique du Nord, résolument
engagés dans cette voie.
A titre d'exemple, depuis les années 1980 ont été
créées aux Etats-Unis, d'après l'organisation des
entreprises de biotechnologie :
- 1.287 entreprises ;
- 118.000 emplois directs, sans compter les emplois induits dans
d'autres secteurs d'activité ;
- le salaire moyen de ces emplois, qualifiés, est de
50.000 dollars (plus de 310.000 francs) ;
- la majorité des entreprises créées sont des PME,
les deux-tiers ayant moins de 135 employés ;
- le montant dépensé en recherche et développement
s'est élevé aux Etats-Unis à 7,9 milliards de dollars
en 1996.
Les perspectives d'accroissement des marchés des biotechnologies
sont importantes
. Pour les seules plantes transgéniques,
certaines estimations
68(
*
)
font
état d'un accroissement rapide du marché mondial : de moins
d'un demi milliard de dollars en 1996, il passerait à 2 ou
3 milliards en 2000, à 6 milliards en 2005 et
20 milliards en 2010.
Le retard européen est déjà réel.
Une étude a récemment été commandée par
l'association des bio-industries européennes, Europabio
69(
*
)
, pour évaluer la
compétitivité européenne en matière de
biotechnologie.
Cette étude rappelle le potentiel de croissance que représentent
les biotechnologies : d'un marché global européen de
l'ingénierie génétique au sens large (agriculture,
santé, alimentation, chimie), évalué à
40 milliards d'écus et à 300.000 emplois en 1995, on
devrait passer à 250 milliards d'écus et 3 millions
d'emplois en 2005. Cette étude détaille également, secteur
par secteur, le retard européen en la matière, dont les auteurs
estiment qu'il risquerait de s'accroître à l'avenir.
Force est de reconnaître que la différence d'échelle, entre
l'Europe et les Etats-Unis est frappante. Une autre étude sur les
biotechnologies (qui ne retient sans doute pas le même
périmètre délimitatif des " biotechnologies "
que l'étude précédente) donne une idée de la
disproportion entre Europe et Etats-Unis :
LE POIDS DES SECTEURS AMÉRICAIN ET EUROPÉEN DES BIOTECHNOLOGIES
|
EUROPE |
ETATS-UNIS |
CHIFFRE
D'AFFAIRES
|
1 158 |
9 663 |
DEPENSES DE
R & D
|
605 |
5 859 |
NOMBRE D'ENTREPRISES |
584 |
1 308 |
NOMBRE D'EMPLOIS |
17 200 |
108 000 |
Chiffres tirés d'une étude d'Ernst & Young (citée par le magazine Usine nouvelle, n° 2586)
Le
paradoxe du secteur européen des biotechnologies est que certaines
entreprises européennes créent des emplois outre-Atlantique,
estimant ne pas disposer sur leur marché domestique de conditions
satisfaisantes pour leur développement !
Certaines délocalisations (on pense notamment à celle des
laboratoires de recherche de la société HOECHST il y a quelques
années) ont d'ailleurs mis avec force l'accent sur cette situation.
Au delà de l'enjeu économique proprement dit, les biotechnologies
apportent des changements au rôle et à la fonction de
l'agriculteur.