2. Une véritable évaluation des établissements d'enseignement supérieur
a) Les insuffisances de l'actuel système d'évaluation
Si les établissements d'enseignement supérieur
sont soumis à de multiples formes d'évaluation (évaluation
scientifique des laboratoires et des équipes de recherche,
évaluation des projets de diplômes en vue de leur habilitation,
évaluation institutionnelle sur l'activité des
établissements par le comité national d'évaluation), le
CNE
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*
)
a pu constater que
l'évaluation interne des établissements par eux-mêmes
était insuffisamment développée et que
l'appréciation des étudiants sur la pédagogie et les
contenus de leurs enseignements restaient exceptionnels, à la
différence des pays anglo-saxons.
Dans le souci d'aider les établissements à développer leur
évaluation interne, le CNE leur fournit désormais un cadre
méthodologique et des instruments de mesure avant de procéder
lui-même à une nouvelle évaluation, les invite à
disposer d'une information précise et estime nécessaire de
multiplier les évaluations par discipline.
Il reste que les universités n'ont pas toujours une perception claire de
leur fonctionnement, ne disposent souvent pas d'un appareil statistique
satisfaisant et même que certaines ne connaissent pas le nombre
réel de leurs étudiants.
Comme le CNE n'a pas pour mission d'établir une base de données
sur les cursus universitaires et le suivi professionnel de l'ensemble des
étudiants, celui-ci a recommandé aux établissements
d'assurer le suivi professionnel de leurs diplômés, à
l'instar des grandes écoles qui disposent d'associations actives
d'anciens élèves.
b) Les observations et les propositions de la mission
La mission ne peut que constater que toute rénovation
de l'actuel système d'information et d'orientation des lycéens et
des étudiants restera vaine si les universités ne sont pas en
mesure de leur fournir des indications précises.
En effet, elle a pu observer que les établissements d'enseignement
supérieur tendaient à privilégier l'offre de leurs
formations au détriment de la demande des étudiants et ne sont
pas en état actuellement de préciser le contenu, la
finalité, les perspectives d'emploi de chacune de leurs filières
ainsi que le devenir professionnel de leurs diplômés du fait
notamment d'une organisation des études qui reste largement
définie par des enseignants-chercheurs trop enfermés dans leur
seule discipline : pour sa part, le CNE se borne à évaluer
la qualité professorale des études et ses conclusions, à
la différence du système anglais d'évaluation, n'emportent
aucune conséquence, notamment financière pour les
établissements évalués.
Afin de remédier à ces lacunes, la mission préconisera
d'abord, comme il a déjà été dit, de
développer un système d'évaluation par les
étudiants eux-mêmes qui leur permettrait d'apprécier la
pédagogie et le contenu des enseignements qui leur sont
dispensés. Elle souhaite également que chaque université
soit en mesure d'établir et de rendre public dans un proche avenir
l'état des flux de ses étudiants et de leur devenir en fonction
de l'évaluation du marché de l'emploi et de leurs projets
universitaires et professionnels.
Elle proposera enfin de mettre en place des observatoires universitaires
permettant de suivre le devenir des étudiants inscrits et les
possibilités d'insertion professionnelle.