3. La contribution des universités au renouvellement de l'offre de formations supérieures
a) Le constat
L'organisation des études supérieures reste
commandée par l'offre des filières existantes et par l'attitude
des enseignants qui tendent naturellement à privilégier leur
propre discipline au détriment de formations nouvelles, et à
s'opposer à la pluridisciplinarité des formations de premier
cycle, comme l'a montré l'échec sur ce point de la
rénovation des DEUG engagée à partir de 1984.
A sa manière, et même si le problème de l'insertion
professionnelle des étudiants ne relève pas exclusivement de
l'université, l'enseignement supérieur contribue aussi dans une
certaine mesure au chômage des jeunes en refusant de se préoccuper
de l'évolution des perspectives générales du marché
de l'emploi, alors qu'il serait sans doute de sa responsabilité
d'inventer des formations qui optimiseraient les chances des étudiants
de trouver un métier.
Il serait ainsi souhaitable de développer une approche nouvelle des
enseignements qui privilégierait la demande plutôt que l'offre de
formation en développant notamment une organisation multidisciplinaire
des formations.
Lors de son audition devant la mission, le professeur Alain Touraine a
estimé que, dans cette perspective, les deuxièmes cycles
pourraient plutôt être axés sur l'apprentissage des
disciplines universitaires, tandis que les premiers cycles pourraient
être redéfinis autour d'une autre organisation du " champ du
savoir " orientée prioritairement vers la satisfaction de nouveaux
besoins collectifs.
b) Les observations et les propositions de la mission
Sans souscrire totalement à ces thèses qui
contribueraient à bouleverser profondément l'organisation des
cycles universitaires, la mission d'information considère cependant que
les universités ont vocation à rechercher un renouvellement de
l'offre de leurs formations.
Elle préconisera ainsi un élargissement de l'offre de formations
en développant des enseignements thématiques, répondant
notamment aux besoins collectifs nouveaux en matière d'environnement, de
santé publique et de politique urbaine, et qui pourraient faire l'objet
de DEUG multidisciplinaires.
Elle souhaiterait enfin que chaque université définisse une
politique de l'emploi permettant de préciser les finalités des
formations, d'assurer le suivi des flux d'étudiants et de l'insertion
professionnelle des diplômés et d'évaluer l'adaptation des
formations offertes à l'environnement économique et social.
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Considérant que la démocratisation de
l'enseignement supérieur doit être considérée comme
une chance pour notre pays, la mission d'information est persuadée que
notre système universitaire dont les racines plongent dans un
passé lointain, et qui a su faire face avec un certain bonheur à
l'explosion de ses effectifs, saura dans les années à venir
répondre au défi de la qualité de l'accueil de ses
étudiants et adapter ses formations à leur nouvelle
diversité.
Dans cette perspective, si le principe du libre accès à
l'université doit être conservé, il doit s'accompagner
d'une nécessaire diversification des enseignements proposés,
d'une redéfinition de la fonction enseignante supérieure, d'un
souci de l'insertion professionnelle des diplômés et de la mise en
place d'un système d'orientation continu, du collège jusqu'aux
premiers cycles universitaires.
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Après avoir examiné les orientations et le
contenu de son rapport au cours de ses réunions du 22 octobre et du
5 novembre 1996, la mission d'information a procédé à
son adoption le 12 novembre 1996.
A l'issue de cette dernière réunion, la commission des affaires
culturelles a adopté les conclusions de la mission et
décidé de les publier sous la forme d'un rapport d'information.