e) Les expériences menées dans l'ensemble du système universitaire pour lutter contre l'échec en premier cycle : des efforts très inégaux
La récente enquête menée par
Le Monde
de l'éducation
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auprès des quatre-vingt universités de métropole
révèle que leurs efforts pour réduire l'échec en
premier cycle reposent davantage sur la mise en place du tutorat que sur la
diversification des parcours universitaires. D'après les réponses
fournies, une trentaine d'universités offrent un service minimum
(tutorat d'accueil et assistance méthodologique limitée à
quelques filières), vingt-sept universités auraient
généralisé ces aides à l'ensemble de leurs DEUG et
dix-sept universités proposeraient des cursus adaptés pour aider
l'étudiant à réussir ou à se réorienter.
Si le tutorat demeure le dispositif le plus répandu, les cursus
aménagés en trois ans, en semestres ou en quadrimestres sont plus
rarement proposés tandis que de nombreuses universités ont mis en
place des systèmes d'information et d'orientation plus ou moins
développés.
-
le développement du tutorat
Le tutorat d'accompagnement est assuré par des étudiants de
deuxième ou troisième cycle qui sont formés par les
enseignants et consiste en un encadrement des groupes de première
année : cette formule qui se généralise semble se
révéler efficace puisqu'à Mulhouse par exemple, sa mise en
oeuvre s'est traduite par une amélioration de l'accès en seconde
année (38 à 46,4 % des étudiants
bénéficiant d'un tutorat selon les disciplines contre 22 à
30 % pour les étudiants non tutorés). Sa réussite
apparaît cependant subordonnée à une mise en oeuvre
précoce, intervenant avant les résultats des premiers examens
partiels, et à un choix privilégiant les étudiants qui en
ont le plus besoin. On constate en effet que ce sont parfois les meilleurs
étudiants qui bénéficient du tutorat et que
l'absentéisme est parfois important.
D'après le bilan réalisé par l'université de Paris
VII, les groupes qui fonctionnent le mieux sont ceux où les tuteurs sont
les plus directifs, disposent d'une bonne formation pédagogique et
offrent des séances structurées répondant aux attentes des
étudiants : préparation des travaux dirigés et exercices
en rapport avec le cours.
- un moindre recours aux cursus aménagés
En ce domaine, huit universités ont mis en place des cursus de
rattrapage pour les étudiants en difficulté, notamment un DEUG en
trois ans, tandis que sept établissements ont proposé aux
étudiants en situation d'échec un itinéraire de mise
à niveau et de réorientation.
A l'issue de ce cursus, sanctionné par un diplôme universitaire de
niveau bac + 1, ceux qui ont obtenu des résultats satisfaisants pourront
s'inscrire en DEUG tandis que les autres pourront se diriger vers des
filières courtes (IUT, STS, écoles professionnelles,
apprentissage). Enfin, trois universités, dont celle de
Marne-la-Vallée pour le DEUG d'économie-gestion, ont
réorganisé les DEUG en trimestres ou en quadrimestres permettant
d'améliorer le taux de réussite du DEUG en deux ans.
-
les tentatives pour améliorer l'orientation
L'enquête menée auprès des universités a permis de
mettre en évidence certains facteurs qui influent sur l'échec
universitaire, et d'abord l'âge des étudiants : selon une
étude menée à Paris X, un bachelier de dix-huit ans aurait
59 % de chances d'avoir la licence, contre 20,6 % pour celui de
vingt-et-un ans.
Une mauvaise information et une orientation peu réfléchie
constitue le second de ces facteurs : à Paris XI, les étudiants
en biologie qui se sont réorientés se sont dirigés vers
des études d'optique, d'aménagement paysager, de
kinésithérapie, d'ingénierie de la santé,
d'histoire, de sociologie, de musicologie, de langues orientales, de
tourisme... c'est-à-dire des filières dépourvues de tout
lien avec leur orientation initiale. Par ailleurs toute action de
réorientation se heurte à la méfiance voire à
l'indifférence des étudiants, notamment ceux qui sont en
situation d'échec : à Lyon I, un cinquième des
étudiants en difficulté qui avaient été
conviés à une réunion d'information dans le cadre du
dispositif de réorientation ont répondu à l'appel, la
moitié de ceux-ci se sont inscrits à un entretien et le quart
seulement ont participé à un groupe de travail ou de
réorientation.
Les résultats de cette enquête montrent ainsi que si certaines
universités ont fait de la lutte contre l'échec une
priorité, d'autres la considèrent comme n'entrant pas dans leurs
missions.