d) Les expériences de réorientation précoce engagées à l'université nouvelle de Marne-la-Vallée
En procédant à l'audition de M. Daniel
Laurent, président de l'université de Marne-la-Vallée, qui
fut président du groupe de réflexion sur l'avenir de
l'enseignement supérieur et auteur d'un rapport ayant suscité
nombre de commentaires, la mission a pu observer que l'expérimentation
engagée dans cette université nouvelle avait permis
d'améliorer notablement le taux de réussite des étudiants
de premier cycle, même si ses résultats n'avaient pas
été évalués par le comité national
d'évaluation ; après trois ans d'expérience, les deux
tiers des étudiants obtiendraient leur DEUG en deux ans.
Ceci suppose des moyens supplémentaires du fait des surcoûts
engendrés par des besoins nouveaux en locaux et en heures
d'enseignement, mais aussi une organisation particulièrement
poussée de la scolarité et une mobilisation des enseignants.
M. Daniel Laurent a ainsi précisé au cours de son audition que
les principales innovations expérimentées dans son
université s'étaient d'abord traduites par une organisation de la
première année de DEUG en semestres, avec un examen en
février, cette désynchronisation des rythmes universitaires
permettant d'optimiser l'occupation des locaux, d'autoriser des redoublements
immédiats pour les étudiants qui perdent rapidement pied et
d'organiser une rentrée " latérale "
supplémentaire au mois de février.
En outre, ont été mis en place, en début d'année
universitaire, des tests d'évaluation des étudiants qui ont
notamment révélé des lacunes très graves en
français de certains bacheliers. Ces tests d'évaluation, qui
avaient été établis à partir des épreuves
organisées à l'attention des étudiants étrangers
souhaitant poursuivre leurs études en France, afin d'évaluer
leurs connaissances en français, ont été abandonnés
en raison de la médiocrité des résultats constatés.
Il n'en reste pas moins qu'une insuffisante maîtrise de la langue
française explique nombre d'échecs en premier cycle, y compris
dans les DEUG scientifiques.
L'université de Marne-la-Vallée a par ailleurs innové en
organisant la première année du DEUG de sciences
économiques selon un système de quadrimestres, afin
d'accroître encore les chances de réussite des
étudiants ; cette innovation suppose une équipe
pédagogique motivée, un accord des étudiants
concernés, une organisation rigoureuse de la scolarité ainsi que
des horaires de cours aussi chargés que ceux des classes
préparatoires aux grandes écoles : ce système permet
de réduire le nombre des redoublements, de repérer encore plus
rapidement les étudiants en situation d'échec et de
réorienter ceux-ci en IUT, voire éventuellement vers des formules
de type AFPA.
Ces expériences, qui ont un coût non négligeable, peuvent
être plus aisément mises en oeuvre dans des établissements
à taille humaine, entraînent une nécessaire refonte des
cours mais permettent aussi d'accueillir en février des étudiants
qui n'auraient pas été retenus lors de la rentrée
d'octobre.
D'après M. Daniel Laurent, cette expérience ne nécessite
pas un aménagement de la loi de 1984, la seule prolongation du statut
dérogatoire des universités nouvelles apparaissant
nécessaire.
Cette organisation suppose un consensus et le concours d'enseignants dynamiques
renonçant en particulier aux avantages de carrière
procurés par une activité de recherche ; ces premiers cycles
expérimentaux peuvent, selon lui, fonctionner avec une majorité
d'agrégés du second degré, notamment en sciences et en
lettres, avec l'appui d'enseignants-chercheurs.