B. UN ÉTAT SOUS LA PRESSION CROISSANTE D'ATTEINTES EXOGÈNES
1. Des frontières difficiles à contrôler
La France dispose d'un espace maritime de près de 11 millions de km2, dont 97 % se situent en outre-mer. Elle possède la plus vaste zone économique exclusive (ZEE) de grands fonds marins avec 9,5 millions de km2 de ZEE situés sous 1 000 mètres de profondeur. Elle partage des délimitations avec 30 États sur environ 22 860 km de frontières communes.
Ces frontières côtières et terrestres sont difficilement contrôlables. Les côtes antillaises sont facilement accessibles depuis ses voisins de Sainte Lucie ou de la Dominique notamment par ces canots rapides « go fast » utilisés par les trafiquants. Cette porosité est un véritable défi qui souligne le déficit de moyens humains et technologiques de la police aux frontières et des services douaniers.
L'immigration massive frappe Mayotte (autour de 100 000 étrangers en situation irrégulière) et la Guyane (demandes d'asile multipliées par 3 en 2 ans).
Proportion de la population scolaire de Mayotte en situation irrégulière |
La pêche illicite
- Navires en provenance du Brésil, du Suriname et du Guyana dans les eaux guyanaises et du Sud-est asiatique dans le Pacifique
- Augmentation des dispositifs de concentration de poissons (DCP) dérivants notamment aux Antilles et en Polynésie française
- 600 DCP échoués sur les côtes, récifs et baies polynésiennes entre 2021 et 2023
L'orpaillage illégal
- En Guyane, 7 200 orpailleurs clandestins (estimations Préfecture)
- 400 sites d'extraction
- Opération Harpie : 250 militaires et 150 gendarmes mobiles
- 7 à 10 tonnes d'or illégalement extraites chaque année
- 42 sites démantelés fin 2024
- Enjeux sécuritaires, environnementaux et économiques
Le pillage des ressources naturelles des territoires ultramarins est un autre fléau
2. Des espaces régionaux instables et exposés à la compétition entre puissances
Les ingérences étrangères constituent une autre menace pour la souveraineté française. Des puissances s'appuient sur les faiblesses françaises outre-mer, exploitant notamment l'image d'une « France coloniale » et affichant leur soutien des mouvements indépendantistes.
La conférence de Bakou en juillet 2024 est un exemple d'ingérence à l'initiative de l'Azerbaïdjan et relayée par l'ONG Baku Initiative Group (BIG). Sans contester la liberté d'opinion, l'existence avérée d'une campagne numérique ciblant les DROM-COM et la Corse, confirmée par le rapport Viginum du SGDN (décembre 2024), appelle une réaction.
La Chine en particulier marque son intérêt économique (nickel de Nouvelle-Calédonie) dans la zone Indopacifique et géopolitique (avant-poste dans l'océan Pacifique) dans cette région et démontre sa puissance militaire. Un tir d'essai de missile balistique s'est écrasé à 400 km de l'archipel français des Tuamotu en septembre 2024.
La délégation en déplacement en Polynésie française (brigade de gendarmerie de Raiatea) et à Saint-Martin (chantier de la cité administrative et judiciaire)
De plus, la plupart des outre-mer sont insérés dans des environnements instables (narco-États latino-américains, guerres civiles dans la région des Grands Lacs, etc.).
Cette situation d'ensemble, où l'État se trouve affaibli sur ses missions fondamentales, génère une perte de confiance des citoyens ultramarins et le développement d'un discours « anti-État outre-mer », d'où une véritable urgence indissociable du rétablissement de l'État de droit.