II. METTRE EN oeUVRE, SUR LE TERRAIN, LE PRINCIPE DU RAPPROCHEMENT ENTRE LE SYSTÈME ÉDUCATIF ET LE MONDE PROFESSIONNEL
Le rapprochement entre l'école et l'entreprise a commencé dès les années 1980 avec les jumelages école - entreprise, les stages en entreprise et le plan informatique pour tous. Depuis, parallèlement à l'introduction progressive des stages ou des périodes de formation en entreprise dans les cursus de formation, les relations entre les établissements d'enseignement et les entreprises se sont multipliées ainsi que les opérations d'information destinées à faire connaître aux élèves la réalité des métiers.
En matière d'orientation et de sensibilisation au choix d'un futur métier, l'éducation nationale, les entreprises, les professions et les groupements professionnels coopèrent tant à l'échelon national, interministériel et interprofessionnel, qu'à l'échelon régional, départemental et local, afin d'assurer l'information des jeunes sur les différentes voies d'accès à la qualification dans différents métiers et professions.
La nécessité d'accentuer le rapprochement entre l'école et le monde du travail est une des convictions les plus consensuelles de la mission d'information sénatoriale. Les principes en sont d'ores et déjà inscrits dans la réglementation. Toute la difficulté est de faire vivre cette relation dans les faits, ce qui suppose d'insuffler dans le système éducatif et dans le monde professionnel une véritable « culture du stage » ainsi que de combattre les cloisonnements qui paralysent le système français et l'insertion des jeunes.
La mission souligne par ailleurs que les efforts de rapprochement doivent être réciproques et se félicite particulièrement des initiatives lancées par les entreprises pour élargir aux diplômés de l'université leurs offres d'emplois , trop souvent focalisées sur le recrutement d'un jeune issu de la « voie royale » des grandes écoles. Lors de l'audition des organisations d'employeurs, il a été signalé par ses représentants que le Mouvement des entreprises de France (Medef) avait lancé une réflexion et publié un rapport sur le thème des « viviers méconnus » que constituent les quelque 100 000 jeunes diplômés au moins à bac + 3 ayant des difficultés d'insertion et étant trop souvent conduits à accepter un « déclassement », compte tenu de leur niveau d'études. Ce rapport attire l'attention des chefs d'entreprise et des responsables de recrutement sur l'intérêt de l'embauche de jeunes « un peu atypiques » « pour oxygéner les entreprises, qui ont aussi besoin de profils originaux pour remettre en cause leurs habitudes et stimuler la créativité et l'innovation » et appelle à se mobiliser sur ce point des entreprises qui signalaient par ailleurs, il y a quelques années, leurs difficultés de recrutement.
L'audition de M. Patrick Hetzel, directeur général de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle, a également permis d'évoquer les débuts professionnels souvent difficiles des jeunes titulaires d'un doctorat . Son rapport de 2006, De l'Université à l'Emploi rappelle que leurs débouchés dans le secteur privé se sont amoindris depuis 2001 et que la plupart des docteurs constituent aussi, particulièrement au début de leur carrière, des « viviers méconnus » par les entreprises puisqu'ils la commencent bien souvent par un emploi précaire.
A. LA DIFFICILE ARTICULATION ENTRE LE NÉCESSAIRE DÉVELOPPEMENT DE LA DEMANDE ET L'OFFRE DE STAGES
1. La nécessité du lien entre école et entreprise est affirmée dans les textes
Il convient, en particulier, de rappeler que le « socle commun de connaissances et de compétences » , dont le principe a été introduit par la loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école du 23 avril 2005 40 ( * ) et dont les modalités ont été précisées par un décret n° 2006-830 du 11 juillet 2006, consacre son volet n° 7 à l'autonomie et à l'esprit d'initiative. Il s'agit de faire connaître aux élèves, dès le collège, l'environnement économique dans lequel ils évoluent ainsi que de leur faire acquérir les capacités à réaliser des projets, à trouver et à contacter des partenaires et consulter des personnes ressources.
* 40 Cette loi a, en particulier, défini à l'article L. 122-1-1 du code de l'éducation les cinq principales composantes du socle de connaissance : la maîtrise de la langue française, la maîtrise des principaux éléments de mathématiques, une culture humaniste et scientifique permettant le libre exercice de la citoyenneté, la pratique d'au moins une langue vivante étrangère et la maîtrise des techniques usuelles de l'information et de la communication.