4. Changer la conception des parcours dans notre modèle éducatif : généraliser la culture de l'orientation, des passerelles et du positionnement progressif des trajectoires
De façon générale, la mission a été frappée par le caractère, assez singulier en Europe, de la « pression » que fait peser le système éducatif français sur ses jeunes . Cette pression, trop souvent relayée par les familles, est assez peu efficace au plan des résultats scolaires , comme en témoignent d'une part, l'ampleur des sorties sans diplômes et, d'autre part, le niveau assez décevant des aptitudes, notamment scientifiques, des élèves ayant réussi. A cet égard, si on se réfère aux enquêtes relevant du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) : en 2003, la France était à la 10 e place pour les sciences ; elle a reculé au 19 e rang parmi les trente pays de l'OCDE, ce décrochage se confirmant également dans la compréhension de l'écrit (lecture) et les mathématiques. En outre, notre modèle éducatif s'accompagne économiquement d'une faible insertion des jeunes dans l'emploi et psychologiquement d'une perte « d'estime de soi ».
Ce cumul de handicaps amène tout naturellement à examiner la logique d'autres systèmes éducatifs qui, comme celui de la Finlande, privilégient l'acquisition des savoirs dans un climat scolaire coopératif et dont les élèves figurent au premier rang des tests d'aptitude PISA. La mission fait observer que, dans ce pays, la préoccupation de l'orientation professionnelle se manifeste dans toutes les matières enseignées, comme le souligne le guide pratique pour les décideurs en matière d'orientation professionnelle publié par l'OCDE et l'Union Européenne. Ce même rapport mentionne, au titre des exemples à suivre, la situation au Canada ( Québec ) où les écoles sont encouragées à appliquer le concept d'une école à vocation d'orientation (« l'école orientant » ). La planification personnelle et professionnelle est considérée comme l'un des grands domaines de l'apprentissage tout au long de la scolarité : il s'agit dans le primaire d'aider les élèves à se forger une identité et de les orienter vers le choix d'une carrière pendant la durée de l'enseignement secondaire. On s'assure par la même occasion que les élèves comprennent l'utilité de ce qu'ils apprennent (langues, mathématiques, sciences, etc.) et la raison pour laquelle ils font ces études.
Ces éléments d'analyse se résument à constater, une fois encore, les vertus de la « pédagogie active » qui prouvent également leur efficacité dans le domaine de l'insertion professionnelle à l'issue d'un parcours en alternance.