B. UNE MEILLEURE ORIENTATION DES ÉTUDIANTS LIÉE À LA RÉFORME DES UNIVERSITÉS

Les progrès de l'orientation des étudiants ont étés stimulés par la mise en oeuvre des réformes introduites par la loi du 10 août 2007 relative aux libertés et responsabilités des universités et dans le cadre des « chantiers », liés par Mme Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Depuis quelques années, de nombreux rapports constataient l'échec de l'orientation des étudiants et la dégradation de leur insertion professionnelle. Ainsi, la Cour des comptes, dans un rapport réalisé en 2005 sur « L'efficience et l'efficacité des universités », notait que la première année universitaire génère un taux de déperdition proche du tiers , puisqu'un étudiant sur trois est amené à se réorienter à terme. En 2006, le rapport de M. Patrick Hetzel, « De l'université à l'emploi » signalait que 11 % des diplômés étaient au chômage trois ans après leur sortie et rappelait combien les étudiants éprouvent des craintes au sujet de leur avenir professionnel et redoutent la déqualification de leurs diplômes. M. Jean-Léonce Dupont, vice-président de la mission et rapporteur de l'enseignement supérieur pour la commission des affaires culturelles, a également régulièrement dénoncé cette situation, source à la fois d'un gâchis humain et d'un gaspillage collectif. Lors de ses auditions, la mission a constaté l'aggravation de ce climat d'inquiétude.

En réponse à cette situation, l'article premier de la loi n° 2007-1199 du 10 août 2007 relative aux libertés et responsabilités des universités a ajouté « l'orientation et l'insertion professionnelle » aux missions de service public des établissements d'enseignement supérieur. Cet ajout traduit juridiquement le souci, partagé depuis longtemps par les pouvoirs publics et le milieu universitaire, de rapprocher l'université du monde de l'emploi et de faire cesser la sélection par l'échec . Les universités doivent désormais se doter d'outils adaptés et de moyens suffisants pour accomplir cette nouvelle mission de service public . La loi précitée a prévu trois dispositions dont la mission d'information estime qu'il convient de suivre attentivement la mise en oeuvre concrète, conformément à la volonté clairement exprimée par le Sénat en 2007 35 ( * ) .

1. Le dispositif « d'orientation active »

L'article 20 de la loi prévoit la mise en oeuvre d'un dispositif « d'orientation active » : chaque lycéen peut, par le biais d'une pré-inscription, solliciter l'information et l'aide à l'orientation de l'établissement de son choix.

L'orientation active, déjà pratiquée en 2007, a été généralisée à la rentrée 2008 selon de nouvelles modalités fixées par la circulaire n° 2008-013 du 22 janvier 2008 relative à « l'orientation des futurs bacheliers vers l'enseignement supérieur en vue de la rentrée 2008 : modalités spécifiques aux lycées ». Les informations recueillies sur sa mise en application ont permis d'établir un bilan provisoire en demi-teinte. Seuls 31 % des lycéens préinscrits ont pu bénéficier d'un avis et d'un conseil d'orientation. Le nombre d'entretiens avec les lycéens a été faible : ce sont pourtant de réels outils de dialogue et de conseil. En outre, trop peu de lycéens des filières technologiques ou professionnelles s'y sont impliqués alors que 88 % des lycéens préparant un baccalauréat de la série générale y ont participé, avec une prédominance de la série scientifique.

Ce bilan provisoire a suscité, au cours des débats parlementaires relatifs au projet de loi de finances pour 2009, quatre préconisations :

- rendre obligatoire l'entretien individuel, dès lors qu'il est proposé par la commission d'enseignants chargés de l'orientation active ;

- mobiliser les acteurs en favorisant les universités qui s'investissent financièrement et humainement dans la procédure d'orientation active, en augmentant la prime de responsabilité pédagogique des enseignants qui s'impliquent ou en engageant des étudiants vacataires ;

- améliorer l'information auprès des bacheliers technologiques et professionnels ;

- et valoriser l'engagement pédagogique des enseignants qui oeuvrent à l'insertion des étudiants.

Lors de son audition 36 ( * ) , M. Bernard Saint-Girons, délégué interministériel à l'orientation, a signalé à la mission que son dernier rapport d'activité, qui sera publié prochainement, comporterait une évaluation de la mise en oeuvre de l'orientation active dans l'enseignement supérieur. D'après les indications recueillies par la mission, ce rapport estime que ce dispositif n'a pas encore atteint son objectif, notamment auprès des publics les plus fragiles . En effet, la procédure a tout d'abord été perçue par de nombreux lycéens comme complexe, largement facultative et constituant une forme de sélection déguisée. En second lieu, s'agissant de la mobilisation des universités, le délégué interministériel à l'orientation relève une grande diversité de pratiques, parfois même au sein d'un même établissement ; il observe simultanément que les lycées se sont très inégalement impliqués dans la mise en oeuvre de l'orientation active, alors que son succès dépend très étroitement de la qualité du partenariat entre les établissements d'enseignement secondaire et supérieur.

Il a cependant cité en exemple les démarches d'universités comme Paris XII ou celle de Marne-la-Vallée qui proposent aux étudiants des plateformes permettant de guider les jeunes et de renforcer la cohérence de leurs projets.

La mission souligne l'importance qui s'attache à généraliser ces « bonnes pratiques » en rappelant qu'environ 80 000 étudiants - soit 20 % d'entre eux - quittent l'université sans diplôme .

Une récente étude de l'Observatoire national de la Vie Etudiante (OVE), publiée en avril 2009, analyse les trois facteurs principaux qui expliquent ces « décrochages » de l'enseignement supérieur en insistant :

- tout d'abord, sur la défaillance du processus d'orientation qui conduit certains étudiants des « choix hasardeux » ;

- ensuite sur la difficulté pour les jeunes étudiants, moins encadrés qu'au lycée, d'adopter de nouvelles méthodes de travail plus autonomes et plus efficaces ;

- et enfin sur la « concurrence des activités extra-universitaires » , qui sont propices au décrochage, même si les auteurs estiment cependant que le travail étudiant n'est pas incompatible avec l'université.

* 35 Rapport n° 372 (2006-2007) de M. Jean-Léonce Dupont, présenté au nom de la commission des affaires culturelles du Sénat, sur le projet de loi relatif aux libertés des universités.

* 36 Audition du 19 mai 2009.

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