c) Une mauvaise orientation est difficile à rattraper
A l'issue de la classe de 3 e , environ six élèves sur dix se retrouvent dans la voie générale et technologique et quatre sur dix dans la voie professionnelle . Cette orientation initiale dans l'une ou l'autre voie engage fortement les élèves, même si le code de l'éducation dispose que « le passage des élèves des formations de l'enseignement général et technologique vers les formations professionnelles et des formations professionnelles vers les formations de l'enseignement général et technologique est rendu possible par des structures pédagogiques appropriées » .
La réorientation de seconde générale ou technologique en seconde professionnelle (BEP) concerne, depuis plusieurs années, un peu plus de 4 % des élèves . Il s'agit d'élèves qui, orientés en lycée général et technologique en fin de troisième, n'ont pas obtenu en classe de seconde des résultats leur permettant de passer en première ou de redoubler avec profit, et de ceux qui, peu nombreux, sont arrivés en seconde générale et technologique faute d'avoir trouvé une place en lycée professionnel et tentent de nouveau leur chance. Ces élèves ne sont pas prioritaires par rapport à ceux qui viennent de troisième et, dans les spécialités très demandées, ils peuvent continuer à ne pas trouver de place.
Dans l'autre sens, de l'enseignement professionnel vers l'enseignement général et technologique , la première d'adaptation permet à des élèves titulaires d'un BEP de préparer ensuite un baccalauréat technologique. Les effectifs concernés sont en diminution depuis plusieurs années : de 17 % des élèves de BEP entrant en classe d'adaptation à la rentrée 1996, on est passé à 12 % en 2006. Deux raisons principales peuvent l'expliquer :
- les établissements professionnels gardent les meilleurs éléments pour les baccalauréats professionnels auxquels ils préparent ;
- les élèves eux-mêmes préfèrent viser un baccalauréat professionnel qu'ils sentent plus à leur portée qu'un baccalauréat technologique les obligeant à quitter leur établissement pour un cursus incertain, quitte, pour 12 % d'entre eux environ, à se présenter plus tard, une fois le baccalauréat professionnel obtenu, en première année de STS.
Se réorienter n'est pas facile, car les parcours qui le permettent ne sont pas assez développés ni adaptés . Il serait opportun de redéfinir les moments de la scolarité auxquels proposer des dispositifs de réorientation ou des classes passerelles, et d'encourager toutes les expérimentations relatives aux changements de cursus, comme les réorientations effectuées après quelques semaines de classe, sur la base d'un bilan de rentrée, avant que le premier trimestre ne soit trop engagé et quand l'état des places vacantes est stabilisé.
L'orientation des élèves et leur niveau de qualification final sont ainsi conditionnés par la structure de l'offre éducative. Cette rigidité globale conduit à des orientations quasi forcées et aboutit à trop d'abandons en cours de scolarité ; elle n'assure pas non plus une adaptation pertinente à l'évolution du marché de l'emploi.