4. Une montée en puissance progressive du micro crédit et des fonds d'investissement
a) Le micro crédit
L'activité de micro crédit consiste en l' attribution de prêts de faible montant à des porteurs de projet qui ne peuvent accéder aux prêts bancaires classiques . Encourageant les microprojets au niveau local, il permet d'induire des mutations « à la base », dont l'effet de maillage et de diffusion s'avère plus efficace que certains projets de plus grande ampleur.
S'inscrivant dans la sphère plus globale de la micro finance, qui comprend d'autres outils tels que l'épargne ou la micro assurance, le micro crédit fait aujourd'hui l'objet d'une reconnaissance internationale . Ainsi, les Nations Unies ont décrété 2005 l'année internationale du micro crédit. Et en 2006, le prix Nobel de la paix a été attribué conjointement au Bangladeshi Muhammad Yunus et à la banque qu'il a créée, la Grameen Bank.
Le micro crédit s'est diffusé surtout dans les pays en développement , où il permet d'initier des projets de développement à petite échelle. M. Jean-François Trogrlic, directeur du bureau de l'OIT en France, a évoqué les nombreuses expériences concluantes menées en Asie, qualifiant le soutien au micro crédit comme « première piste » à développer en matière de lutte contre la pauvreté.
En effet, le micro crédit tend à se diffuser dans les pays en transition, ainsi que dans les pays développés , où il est de plus en plus appréhendé comme une arme nouvelle, souple et efficace au service de la lutte contre l'exclusion. Si, comme l'a fait remarquer M. Jacques Attali, « le mécanisme du micro crédit se présente de manières différentes dans les pays du Sud, où 80 % des gens n'ont pas accès au crédit, et en France, où presque tout le monde a un compte dans une banque et a la possibilité de lancer une entreprise », il y voit toutefois son importance croître significativement. Il constitue en effet un outil d'accompagnement particulièrement adapté aux grandes tendances que sont l'essor des services et des nouvelles technologies, et l'aspiration à un développement du travail indépendant.
En France , le développement du micro crédit a été favorisé par l'action de l' Adie , qui l'a « acclimaté » au contexte d'une économie industrielle . Selon les chiffres transmis par la présidente de l'association, Mme Maria Nowak, 53.000 micro crédits ont été accordés depuis sa création, ayant permis de financer et d'accompagner 45.000 entreprises, soit environ 1.000 par mois. Il s'agit, pour beaucoup, d'entreprises nécessitant peu d'investissements, dans les secteurs du commerce, des services à la personne ou aux entreprises, ou encore de l'artisanat. L'Adie prend en charge 70 % du risque crédit associé aux prêts, les banques couvrant le solde. Les collectivités, notamment les communes, financent quant à elles l'accompagnement aux projets.
Le micro crédit profite autant à ses bénéficiaires , à qui il offre la possibilité de s'insérer économiquement et socialement, qu'aux banques qui le financent . Outre l'amélioration de leur image que leur procure le statut d'établissement à dimension sociale, elles bénéficient potentiellement, dans les personnes financées, de nouveaux clients dont elles contribuent à la solvabilité.
M. Daniel Zielinski a témoigné pour l'Unccas que les prêts octroyés par l'intermédiaire de ces structures « ont été démultipliés, notamment à travers le micro crédit social », sur la base d'une convention d'expérimentation passée avec la Caisse des dépôts et consignations, et avec la perspective d'un partenariat avec la Banque postale qui permettrait d'élargir encore les publics cible, certains « franchiss(ant) plus facilement la porte d'un bureau de poste que d'une banque ».
b) La prise de participation dans des entreprises nouvellement créées
Parallèlement à la montée du micro crédit, apparaît une forme de soutien financier à l'initiative privée encore embryonnaire : la prise de participation dans les entreprises créées. L'aide consiste dans ce cas, pour un porteur de capital, non à subventionner directement le projet, mais à en devenir actionnaire .
Cette prise de participation joue un rôle très important , les banques demandant toujours aux créateurs d'entreprises, surtout aux jeunes des cités, de contribuer financièrement à leurs projets.
Le témoignage de M. Attali est éclairant à cet égard. « Il y a quelques mois, nous avons créé un deuxième levier d'action qui se révèle très utile. Il s'agit d'un petit fonds d'investissement, baptisé Financité, alimenté par des fonds provenant de la Caisse des dépôts et consignations, de grandes entreprises et de banques, et avec lequel nous prenons des participations dans les sociétés fondées par les jeunes des quartiers qui viennent nous voir. Nous les aidons, non pas en leur donnant de l'argent, mais en devenant actionnaires de leurs projets. (...). Cette prise de participation (...) se traduit par des apports en capitaux dont les montants varient entre 10.000 et 80.000 euros pour l'instant. Elle est très efficace et a permis notamment à un jeune au chômage d'Aubervilliers, au travers d'un apport en capital de 60.000 euros, de monter son entreprise de BTP spécialisée dans le ravalement de façade. Aujourd'hui cette personne emploie six salariés et a un plan de charges plein jusqu'à la fin 2009. Les banques refusant toujours de lui prêter de l'argent, nous avons réinvesti récemment 50.000 euros dans sa structure pour lui permettre d'honorer ses commandes en embauchant neuf personnes supplémentaires, toutes issues de son quartier ».
M. Riboud a, quant à lui, évoqué la création, à la quasi unanimité de son groupe, d'un fonds d'investissement géré par une banque privée et réservant 10 % de ses investissements dans des projets à risque.