B. RENFORCER LES AVANTAGES COMPARATIFS DE LA FRANCE POUR AMÉLIORER L'ATTRACTIVITÉ DU TERRITOIRE ET LA COMPÉTITIVITÉ
Les caractéristiques de la France sont souvent mal perçues, d'ailleurs sans doute autant par les Français eux-mêmes que par les étrangers. C'est à un changement de regard progressif que chacun devrait être appelé afin de mettre l'accent sur les véritables atouts de notre pays . Il ne s'agit pas de céder à un triomphalisme déplacé mais d'analyser avec lucidité les avantages comparatifs de la France et de les renforcer afin d'accroître encore l'attractivité et la compétitivité du pays . A cet égard, votre commission juge prioritaire de conforter la qualité de ses infrastructures, la fiabilité de l'environnement juridique de ses entreprises et sa capacité à mener de grands projets industriels.
1. L'aménagement du territoire en infrastructures
La qualité des infrastructures de notre pays est unanimement reconnue, tant en matière de transports et d'énergie que de télécommunications.
Selon l'analyse du cabinet ATKearney, la qualité des infrastructures, associée à un climat politique, culturel et économique favorable, constitue un facteur d'environnement de l'activité économique qui pèse fortement dans le choix d'implantation des entreprises. Selon le barème établi par ce cabinet de conseil, le poids du critère «Environnement» dans la décision de localisation serait d'environ 30 % en moyenne , soit finalement presque autant que le critère financier . En effet, l'avantage financier que procure la délocalisation pèserait pour 40 % dans le choix des entreprises. La pondération de ces critères est toutefois variable selon les priorités de l'entreprise délocalisatrice.
A pondération égale, le classement d'attractivité des pays établi par le cabinet ATKearney fait apparaître des pays industrialisés, tels que le Canada, parmi les pays les mieux placés . Comme l'Irlande (classée 7 ème ) et malgré son handicap par rapport au critère financier, le Canada figure en 2 ème position grâce à une infrastructure forte, à une population bien formée et à une politique volontariste et claire (spécialisation, démarchage proactif des entreprises...).
Si la France n'apparaît pas parmi ces onze pays les plus attractifs, elle n'en est cependant pas très loin. C'est notamment en misant sur la qualité de ses infrastructures qu'elle remontera dans ce classement : notre pays présente sur ce point un atout qui peut pour beaucoup compenser ses « désavantages comparatifs » en matière de coût du travail ou de fiscalité, par exemple. C'est pourquoi il paraît essentiel, pour renforcer son attractivité, de veiller à maintenir et à améliorer encore la qualité de ses infrastructures .
En matière de transports aériens, ferroviaires et autoroutiers, la France se distingue par une grande accessibilité de ses réseaux et une efficience certaine qui font d'elle « la porte d'entrée de l'Europe ». Elle gagnerait toutefois à poursuivre son effort d'investissement dans les infrastructures ferroviaires , en particulier pour accroître les performances du fret ferroviaire , à accroître et à mieux utiliser son réseau de voies d'eau intérieures et à achever rapidement son maillage autoroutier , notamment dans le Sud-Ouest de notre pays.
En matière énergétique , il importe d'éviter que la fiabilité de notre système électrique et gazier soit discréditée par une hausse trop élevée des tarifs de l'énergie. Comme le souligne l'Union des industries utilisatrices d'énergie (UNIDEN), les prix de l'énergie pour les gros consommateurs ont augmenté de 30 à 50 % depuis un an et demi. Au surplus, ces prix sont devenus difficilement négociables. Une telle situation, si elle se maintenait à terme, pourrait conduire, selon les estimations de l'UNIDEN, à la réimplantation d'entreprises, au moment du renouvellement des investissements, dans des pays où le prix de l'électricité est meilleur marché .
En matière de télécommunications , la sûreté et l'efficacité générale des réseaux et des opérateurs sont cependant altérées par l' inégalité des accès aux réseaux entre les territoires . Un élargissement de cet accès aux réseaux de téléphonie mobile et aux réseaux haut débit serait incontestablement un facteur d'attractivité économique pour l'ensemble du territoire français. Le soutien apporté au déploiement du haut débit, y compris en zones rurales, par certaines dispositions de la loi sur l'économie numérique, qui sera prochainement promulguée, et l'objectif fixé par le gouvernement de 10 millions d'abonnés au haut débit en 2005, sont les supports d'une large ambition pour les réseaux de télécommunications français, que partage votre commission.