b) Des conséquences socio-économiques structurelles

Un exemple peut servir de révélateur des mutations socio-économiques résultant d'une transformation du tissu industriel à l'issue de crises importantes affectant de grosses structures : la ré-industrialisation de la Lorraine. La région est passée d'une économie dominée par les industries sidérurgique et minière à capitaux publics à une industrie privée et diversifiée.

La part des emplois industriels dans la région a diminué de quatre points mais demeure supérieure de quatre points à la moyenne nationale, tandis que le taux de chômage régional est resté dans la moyenne nationale. Les secteurs des équipements et de la construction automobiles ont été renforcés, tout comme ceux de la plasturgie et de l'électronique.

Selon la note des services de M. Jean-Pierre Masseret, Président du Conseil régional de la Lorraine, la réorganisation industrielle issue de la restructuration passée fait toujours apparaître comme premier secteur industriel lorrain la filière des métaux (métallurgie et transformation : 32.700 salariés ; biens d'équipement mécaniques : 15.400 salariés), qui s'est recentrée sur son coeur de métier en dépit de fragilités persistantes sur l'axe Longwy. Quant à l'industrie automobile (17.800 salariés), second secteur d'investissement en Lorraine, le dynamisme des grands constructeurs ( PSA , Renault et MCC ) et des grands équipementiers de premier rang ( Delphi , Faurecia ou Michelin ) ne saurait masquer les risques pour la filière des sous-traitants de second rang. La reconversion de ce bassin s'est également orientée vers le renforcement d'activités à plus haute valeur ajoutée, telles la filière de la plasturgie (12.800 salariés) avec l'intégration de nouveaux matériaux, la filière bois (12.100 salariés) particulièrement innovante, et la filière électrique et électronique, spécialisée dans les domaines de l'armement et de l'aéronautique.

La reconversion industrielle de la Lorraine a ainsi donné naissance à un tissu recomposé plus diversifié, qui permet de constituer un socle de développement malgré sa sensibilité à la récession économique Outre-Rhin et à la situation internationale dégradée, et malgré aussi la moindre efficacité du travail transfrontalier à jouer son rôle d'amortisseur social des difficultés des bassins d'emplois tels que ceux de Longwy, des Vosges et de la Meuse. Dès lors, même si, au vu d'un bilan du Conseil régional établi sur les deux dernières années, 6.000 emplois ont été ou allaient être prochainement supprimés (sans lien, dans la majorité des cas, avec un projet de délocalisations), cette destruction d'emplois devrait, selon M. Jean-Pierre Masseret, compensée par la création de 8.905 emplois annoncée dans le cadre de projets de développement d'entreprises.

Les secteurs des équipements et de la construction automobiles ont été renforcés. La part des emplois industriels dans la région a diminué de quatre points mais demeure supérieure de quatre points à la moyenne nationale, tandis que le taux de chômage régional est resté dans la moyenne nationale.

Dans ces circonstances, des ajustements indirects « spontanés » s'ajoutent aux effets directs de la reconversion :

- les reprises d'emplois à l'extérieur du bassin étant inévitables, il en résulte un développement des migrations alternantes ; ainsi, le travail transfrontalier s'est développé entre la Lorraine et le Luxembourg ;

- dans la perspective d'une baisse des recettes fiscales, les collectivités locales sont plus attentives à l'efficience de l'action publique locale ; ainsi, l'agglomération de Longwy a préparé l'intercommunalité fiscale dès 1992 ;

- la baisse du pouvoir d'achat produit une mutation du commerce au profit des distributeurs hard discount et au détriment des grands magasins et supermarchés ;

- l'immobilier des bassins touchés connaissant une baisse des prix résultant du départ de populations et des incertitudes économiques, les zones situées à proximité de grandes agglomérations deviennent accessibles pour des résidences principales ou secondaires ; ainsi, les villages ruraux proches de Longwy ont attiré des Luxembourgeois et des Belges ;

- de même, la disponibilité de terrains et de locaux professionnels à faible prix rendant économiquement rentable l'installation d'activités à faible valeur ajoutée et consommatrices d'espaces, des entreprises spécialisées dans la chimie, le recyclage, le stockage, etc. sont attirées par des offres foncières et immobilières peu coûteuses et à l'écart des grands axes ; c'est aussi le cas de certains grands équipements publics, tels le traitement des déchets ou les maisons d'arrêts, qui recherchent des implantations foncières isolées mais cependant situées en périphérie d'agglomération.

A moyen terme, chaque bassin touché retrouve un équilibre grâce à la combinaison de trois facteurs :

Impact local des mesures de reconversion

Exemples

Implantations exogènes

Parc de loisirs à Hagondange, INRS à Neuves-Maisons, Daewoo, International Paper et Clarion à Pompey, Allied Signals à Longwy

Intégration métropolitaine

Longwy-Luxembourg, Pompey-Nancy, Thionville-Metz

Développement endogène

Commerces, services publics et privés

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