3. Adapter l'offre à une demande potentielle abondante
La demande des consommateurs s'intensifie à mesure que les progrès de la technologie permettent d'individualiser l'offre . Ce constat explique la caractéristique du développement des pays au fil de leur enrichissement, à savoir la continuelle modification de la structure du PIB au bénéfice des services. Les gisements d'emplois sédentaires se trouvent ainsi dans ces filières, qu'elles relèvent directement ou touchent encore à l'activité productive ou qu'elles soient davantage « immatérielles ». Votre groupe de travail a souhaité, à titre indicatif et sans prétendre à l'exhaustivité, recenser quelques secteurs à privilégier pour y développer à l'avenir davantage d'emplois de proximité.
a) Des activités traditionnelles
Plusieurs types d'activités, au demeurant liées d'assez près au secteur industriel, peuvent constituer d'intéressants gisements d'emplois.
(1) La filière agroalimentaire
Compte tenu de la traditionnelle vocation agricole de la France, il convient tout d'abord de renforcer la filière agroalimentaire française , qui représente déjà 4,7 % du PIB national (134 milliards d'euros de chiffre d'affaires), 7 % de l'emploi (420.000 salariés) et 11 % des exportations (37 milliards d'euros). Ce secteur n'est certes pas protégé de la concurrence internationale, bien au contraire, mais il semble que les avantages comparatifs dont dispose notre pays lui offrent des atouts qu'une politique adéquate au niveau communautaire et mondial (dans le cadre des négociations à l'OMC) se doit de soutenir.
Aussi votre groupe de travail se félicite-t-il particulièrement de la volonté manifestée par le Gouvernement en décembre 2003 de renforcer la filière par la définition d'un grand plan national pour l'agroalimentaire à l'horizon 2007-2010. Il lui semble à cet égard que la constante valorisation des produits agricoles , par un effort d' innovation , pour les adapter aux demandes toujours plus différenciées des consommateurs , constitue un vecteur de croissance et de compétitivité à l'égard de la concurrence faisant la force de notre industrie agroalimentaire. On ajoutera que son activité est particulièrement propice à la définition de critères de qualité, à la labellisation et à la mention d'origine, dont votre groupe de travail a par ailleurs souligné l'importance. Tout concourt ainsi, potentiellement, à rendre ce secteur éminemment important pour le développement équilibré de nos territoires.
(2) Le bâtiment et la construction
Un deuxième secteur à privilégier est sans aucun doute celui du bâtiment , traditionnellement intensif en emplois (1,26 million de salariés et 110.000 intérimaires en 2002), notamment faiblement qualifiés . La crise actuelle du logement révèle que des potentialités significatives existent en la matière, pour peu que des incitations soient données à la demande . Du côté de l'offre, la structuration particulière du secteur, constitué de plus de 273.000 TPE artisanales (moins de 10 salariés) qui réalisent près de la moitié du chiffre d'affaires de la filière et emploient plus de la moitié de ses salariés, et d'un ensemble de PME représentant quant à elles 43 % de l'activité, rend opportune toute politique favorisant la diminution du coût du travail . Cependant, l'importance des besoins de remplacement liés au départs en retraite d'ici 2010, estimés à plus de 400.000 personnes (153 ( * )), a tendu la situation de l'emploi dans la filière et nécessite sans doute, pour attirer les jeunes, d'améliorer les salaires et les conditions de travail .
Dès lors, c'est là encore sur le niveau des charges qu'il faut agir , et la proposition de votre groupe de travail de créer une TVA de compétitivité trouverait dans ce secteur un intérêt particulier. En tout état de cause, les activités du bâtiment et de la construction offrent, en matière de développement d'emplois de proximité non délocalisables, de réelles perspectives à favoriser, en particulier parce qu'elles peuvent accueillir des profils de qualification modestes et qu'elles sont susceptibles d'être installées de manière équilibrée sur le territoire.
(3) Les services aux entreprises
Enfin, le potentiel de croissance ouvert par les services aux entreprises doit lui aussi être valorisé, en particulier dans la mesure où il constitue un soutien à l'activité industrielle en enrichissant, en amont comme en aval, le processus de production (ainsi, près de 30 % des consommations intermédiaires, tous secteurs confondus, sont consommées par les services marchands aux entreprises). Entre 1995 et 2003, le nombre des sociétés de services aux entreprises est passé de moins de 300.000 à plus de 400.000, cette progression de près de 35 % permettant au secteur de représenter aujourd'hui 22 % de la valeur ajoutée nationale et 17,5 % de l'emploi, c'est-à-dire davantage que l'industrie manufacturière . Cet « effet-ciseaux » s'explique en partie par l'extériorisation de fonctions assumées auparavant au sein des entreprises , notamment industrielles (informatique, comptabilité, intérim, sécurité, nettoyage, restauration, maintenance, etc.), mais aussi par l'apparition et le développement de nouveaux services à forts contenus technologiques (postes et télécommunications privées, services liés à Internet, publicité, études de marché, ...).
Les TIC constituent un puissant facteur de développement de ces services et présentent en outre, du point de vue de la localisation territoriale de ces derniers, l'avantage non négligeable d'autoriser souvent le relatif éloignement des prestataires de services de leurs clients. Ainsi, une stratégie des collectivités locales, notamment rurales, pour favoriser l'implantation sur leur territoire des centres de direction et de conception de ces sociétés est parfaitement envisageable puisque, du point de vue économique, leur activité n'en est pas affectée (dans des limites géographiques toutefois circonscrites permettant des contacts physiques réguliers avec les clients, ce qui réduit ainsi les risques de délocalisation à l'étranger).
* (153) Voir à cet égard les deux rapports publiés en décembre 2002 par le Commissariat général au Plan : « 2005 : le choc démographique, défi pour les professions, les branches et les territoires » et « Avenirs des métiers » .