b) Un facteur d'équilibre territorial
Cette nécessité est renforcée par l'observation que les gains à en attendre ne sont pas simplement globaux. L'augmentation de l'offre, et l'amélioration de sa qualité, dans un certain nombre d'activités permettrait aussi de répondre à l'une des difficultés principales relevées par votre groupe de travail en ce qui concerne les délocalisations : leur effet dépressif sur l'équilibre des territoires.
Les problèmes suscités dans les bassins d'emplois par les mutations industrielles résultent très fréquemment de l'impossibilité de transférer la main d'oeuvre qui en est victime sur les emplois nouveaux susceptibles d'être créés, faute d'une qualification suffisante . Si une réponse envisageable est évidemment d'améliorer l'employabilité par un renforcement et une plus grande efficacité de la formation professionnelle, initiale et continue, comme le préconise au demeurant votre groupe de travail, la raison conduit toutefois à reconnaître qu' en termes quantitatifs, on ne saurait en attendre une adéquation parfaite : tous nos concitoyens ne peuvent pas devenir chercheurs, ingénieurs ou techniciens hautement qualifiés. Il est donc essentiel de développer aussi des fonctions ne nécessitant qu'une simple adaptation du savoir-faire ou un léger accroissement de la qualification , de manière à garantir que la reconversion du plus grand nombre pourra bien être effective. De ce point de vue, une partie significative des emplois sédentaires, selon la typologie de M. Pierre-Noël Giraud, relèvent de cette catégorie de fonctions, largement ouvertes aux qualifications les plus modestes et par conséquent plus facilement accessibles aux salariés touchés par les mutations économiques.
L'autre avantage, qui complète le précédent, est strictement territorial : l'analyse des bassins d'emplois français démontre que l'innovation et la croissance d'un côté, les restructurations et les délocalisations industrielles de l'autre , sont inégalement réparties sur le territoire national . Ainsi, même si la situation au plan global peut être qualifiée de satisfaisante, un déséquilibre s'aggrave à l'intérieur du territoire entre les zones dynamiques et les zones déprimées . Or, plusieurs des secteurs d'activité protégés, tels le tourisme et les loisirs ou les services aux personnes âgées, peuvent à l'évidence être développés dans ces dernières zones et leur offrir dès lors de nouvelles perspectives de croissance : aucun déterminisme géographique ne s'y oppose . Ainsi, la combinaison d'une analyse pertinente des avantages comparatifs susceptibles d'être offerts par les territoires , d'une anticipation de la demande de services nouveaux et d'une adaptation de l'offre de travail , notamment en terme de qualifications, peut permettre aux politiques publiques d'orienter efficacement les reconversions consécutives à des restructurations et à la main d'oeuvre locale de demeurer sur le territoire.