2. La situation actuelle dans le monde concernant la production et le trafic illicites de drogues : « des progrès encourageants dans la réalisation d'objectifs encore lointains ».
Cette
formule reprend l'intitulé du rapport intérimaire du directeur
exécutif du PNUCID
109(
*
)
relatif au respect des objectifs
fixés à la vingtième session extraordinaire de
l'Assemblée générale des Nations-Unies en 1998. Il y est
ainsi fait état de
progrès encourageants,
tempérés toutefois par des signes alarmants
enregistrés à travers le monde depuis ladite session
extraordinaire :
-
l'héroïne
: avec environ 13 millions d'usagers
et 4 400 tonnes produites par an, le marché mondial s'est
stabilisé, cachant en réalité d'importants
déplacements de la production et du trafic d'une région à
une autre. Ainsi, la production a fortement diminué en Birmanie et au
Laos, mais a substantiellement augmenté en Afghanistan depuis la chute
des Talibans, ce pays étant aujourd'hui le premier fournisseur mondial
d'opium alors qu'il n'en produisait quasiment pas voici un quart de
siècle. L'héroïne afghane fait l'objet d'un trafic en
progression préoccupante en Asie centrale, dans la
Fédération de Russie, en Europe orientale et dans les Etats
baltes, risquant dans ces pays de provoquer une catastrophe en matière
de santé publique si l'infection par le VIH et le sida se propage
au-delà du cercle restreint des toxicomanes ;
-
la cocaïne
: la situation est sensiblement la
même que pour l'héroïne, avec une stabilisation, voire une
légère décrue de l'offre et de la demande masquant en
réalité un déplacement de l'abus et du trafic. Ainsi,
parmi les trois pays andins fournisseurs, la Bolivie occupe désormais
une place presque marginale et le Pérou est parvenu à
réduire de près des deux tiers ses cultures depuis 1995, tandis
que la Colombie a vu sa production s'envoler depuis le milieu des années
quatre-vingt dix jusqu'à représenter aujourd'hui les trois quarts
de la cocaïne illicitement produite dans le monde. Quant au trafic et
à la consommation, ils sont stables ou en légère
régression en Amérique du sud et aux Etats-Unis (qui continuent
toutefois à représenter le premier marché mondial), mais
progressent de façon inquiétante en Amérique centrale et
dans les Caraïbes ainsi qu'en Europe occidentale (où les saisies
ont doublé entre 1998 et 2001) ;
-
le cannabis
: malgré le manque de données, il
est certain qu'il constitue la drogue illicite la plus importante en termes
d'offre, de demande et de trafic, les chiffres étant en forte
progression sur les cinq continents (les saisies ont augmenté de
façon générale de 40 % depuis 1998). Presque toutes
les régions signalent une progression de l'abus de cannabis, notamment
en Afrique où il représente la drogue la plus consommée.
Une distinction plus fine peut être opérée entre la
résine de cannabis dont le trafic, concentré aux trois quarts en
Europe occidentale, est relativement stable, et l'herbe de cannabis dont le
trafic, concernant à 60 % les Amériques, est en forte
progression ;
-
les drogues de synthèse
: en dépit de
données là encore lacunaires, il est admis que ce marché,
constitué essentiellement des méthamphétamines, ainsi que
d'amphétamines et d'ecstasy, continue de se développer dans des
proportions sans précédents (l'Europe restant le principal centre
de production et de trafic) et pourrait à terme remplacer le
marché classique des stupéfiants d'origine
végétale. Ces dernières années, le trafic de
méthamphétamines s'est nettement développé et
concentré en Asie de L'est et du Sud-Est. L'Europe reste par ailleurs le
premier centre de production et de commerce d'amphétamines. Enfin, en ce
qui concerne l'ecstasy, le trafic ralentit en Europe occidentale (50 % du
marché mondial tout de même) et aux Etats-Unis, mais s'intensifie
en Asie et en Afrique.