3. La faiblesse du dispositif Santé et affaires sociales
Au
niveau national, ce dispositif repose sur la coopération entre
différents acteurs : les deux ministères concernés,
la MILDT, l'INPES et l'OFDT, qui élaborent en concertation les
stratégies de communication et de soutien aux acteurs de la
prévention.
Au niveau déconcentré, les structures susceptibles d'intervenir
sont multiples :
- les comités régionaux et départementaux
d'éducation à la santé (CRES et CODES),
démembrements sur le terrain de l'INPES, mènent des actions de
proximité en matière de prévention et d'information ;
- les centres d'information sur les drogues et les dépendances
(CIRDD), d'envergure régionale ou interdépartementale et
s'appuyant à ce titre sur les CRES et les CODES, destinés
essentiellement à soutenir techniquement les acteurs institutionnels et
les professionnels mettant en oeuvre des actions locales de
prévention ;
- les centres spécialisés de soins pour la toxicomanie
(CSST) peuvent participer à des actions de prévention primaire et
secondaire dans le champ des addictions ;
- les points d'accueil écoute jeunes (PAEJ), dispositif phare du
ministère en matière de prévention de terrain, qui a pour
objectif de capter des publics jeunes, éloignés des institutions
plus classiques et particulièrement démunis sur le plan social,
en fondant leur action sur un principe de prévention globale de la
toxicomanie et de la marginalisation ;
- les services de prévention des organismes d'assurance maladie
ainsi que ceux des mutuelles ;
- des associations locales souvent rattachées à des
organisations « têtes de réseau » (Association
nationale des intervenants en toxicomanie -ANIT-, Association nationale pour la
prévention de l'alcoolisme -ANPA-, associations intervenant en milieu
festif, telle que Médecins du monde...).
Outre le fait, déjà évoqué, que cette
multiplicité d'acteurs ne s'inscrit dans aucune stratégie globale
de prévention en matière de santé et que les interventions
se font donc la plupart du temps sans coordination, il apparaît surtout
que les différents dispositifs mis en oeuvre, notamment au niveau local,
souffrent d'une insuffisante envergure et d'un manque de moyens
matériels, humains et financiers.
Interrogé à ce sujet par la commission, le professeur Lucien
Abenhaïm, directeur général de la santé, a
déclaré que «
très clairement, notre pays
souffre d'un manque de moyens de prévention de santé publique au
niveau local »
, indiquant que «
les actions sur le
terrain sont très faibles, quelques millions d'euros chaque
année, pour l'ensemble du pays
». Les données
financières du dispositif santé en matière de
prévention de la toxicomanie sont d'ailleurs difficilement identifiables
en raison de l'empilement des structures et du nombre importants de
financements croisés.
Par ailleurs, il n'existe pas de réel suivi des différents
dispositifs mis en place ni d'instruments permettant d'évaluer l'impact
de leurs actions en matière de prévention. Le docteur
Abenhaïm a particulièrement insisté sur ce point en
soulignant que «
notre pays souffre très clairement
d'un
manque de moyens important dans le domaine de
l'évaluation
».
En effet, la France ne
possède pas ou presque de formation dans ce domaine (existe une seule
école de santé publique, certes de haut niveau, mais de
très petite taille), contrairement aux pays anglo-saxons. Très
fréquemment, les institutions publiques souhaitant lancer des programmes
d'évaluation sont contraintes de faire appel à des structures
privées qui sont toujours les mêmes et le plus souvent
débordées.