2. Une meilleure formation des personnels enseignants pour une meilleure information des élèves
a) La création d'une véritable culture commune sur les conduites à risques
Cet
objectif prioritaire du plan triennal de la MILDT n'a jamais été
atteint, notamment en milieu scolaire, pour les raisons
précédemment évoquées. Il conviendrait donc d'agir
énergiquement pour procurer à l'ensemble de la communauté
éducative
une véritable formation sur les problèmes
liés aux conduites addictives, cette action devant s'inscrire dans le
cadre de la formation initiale comme dans celui de la formation continue.
En ce qui concerne la formation initiale des personnels enseignants,
l'insertion dans les programmes des IUFM de modules de formation portant sur
les conduites à risques devrait être favorisée
. C'est
d'ailleurs ce à quoi s'est engagé le ministre
délégué à l'enseignement scolaire, M. Xavier
Darcos, qui a indiqué que de tels modules de formation seraient
prévus dans le cadre du « plan santé »
actuellement finalisé par le ministère de la santé, et que
des discussions à ce sujet avaient déjà lieu avec les
directeurs d'IUFM.
S'agissant de
la formation continue
, un effort substantiel devra
être fourni par le ministère de l'éducation nationale, mais
aussi par les différentes académies, pour mettre en place des
sessions de formation régulières ne s'adressant pas uniquement
aux responsables de la coordination interministérielle (essentiellement
les « personnes ressources » situées auprès des chefs
de projet départementaux pour établir un lien entre les plans
départementaux de prévention et les projets
d'établissements incluant des CESC), mais aussi et surtout à
l'ensemble de la communauté enseignante, qu'elle appartienne au secteur
primaire ou secondaire.
A cet égard, les programmes de formation ne doivent pas uniquement
profiter aux enseignants dont les fonctions sont les plus en rapport avec les
problèmes liés aux conduites à risques (professeurs
d'éducation physique et sportive ou de sciences de la vie et de la
terre). Elles doivent au contraire couvrir le public le plus large possible,
chaque enseignant devant être instruit, non seulement sur les
différents types de drogues existant et sur les dangers qu'ils
représentent, notamment pour les jeunes, mais aussi sur la conduite
à tenir face à un élève dont il est
avéré qu'il utilise ou revend de tels produits.
Trop souvent
en effet l'enseignant feint de ne pas se rendre compte de ce comportement, soit
parce qu'il s'en désintéresse, soit, le plus souvent, parce qu'il
ne sait pas quelle réaction adopter.
La commission ne peut, dans cette optique, qu'encourager le ministre
délégué à l'enseignement scolaire a mettre
rapidement en oeuvre la mesure qu'il a annoncé lors de son audition,
consistant à fournir à tous les professeurs affectés dans
des « postes à exigences particulières »
(PEP) un accompagnement et une formation continue sur toutes les
thématiques propres aux conduites à risques.
Les programmes de formation, initiale comme continue, devront s'appuyer sur
les connaissances scientifiques les plus récentes et n'omettre aucune
des données épidémiologiques considérées
comme acquises en termes de dangerosité des drogues. Il s'agira
notamment, sans les surestimer, d'insister sur les dangers sanitaires,
scolaires et sociaux que représente potentiellement la consommation de
cannabis dès la primo expérimentation. Ces données
aujourd'hui consensuelles dans la communauté scientifique ont en effet
trop longtemps été ignorées ou minorées.
Enfin, un message très clair devra être transmis aux personnels
scolaires sur la
conduite à tenir face à des
élèves consommateurs ou trafiquants,
cette réponse
oscillant entre le signalement à la direction de l'établissement
pour les faits les moins graves jusqu'à la saisine des services
répressifs extérieurs à l'établissement pour les
cas les plus graves, en passant par l'orientation vers les structures
médicales et par le prononcé de mesures disciplinaires
adaptées.
b) L'intégration pérenne de la prévention des conduites à risques dans les programmes scolaires
Les
actions pédagogiques concernant la prévention des conduites
à risque connaissent aujourd'hui plusieurs limites importantes :
elles sont extrêmement peu développées, laissées
à l'initiative de chaque politique d'établissement,
concentrées sur le collège et le plus souvent
intégrées dans des modules d'éducation consacrés
aux problématiques sanitaires et sociales où elles sont
reléguées à un rang accessoire.
Il conviendrait de remédier à ces carences en définissant
au niveau national un
programme de sensibilisation aux conduites à
risques commun à l'ensemble des académies, obligatoirement
intégré au temps scolaire et étalé sur l'ensemble
de la scolarité
(de l'école primaire à
l'université). L'éducation à ces problématiques y
serait conduite, en plus des intervenants habituels et d'enseignants qui y
auraient été convenablement formés, par des professionnels
de la prévention spécialisés dans le domaine des conduites
addictives. Elle ferait l'objet d'un module spécifique, qui
intégrerait l'ensemble des aspects du problème : sanitaires,
psychologiques, sociaux, familiaux, répressifs ...
La mise en place d'un tel programme de formation et d'information des jeunes
élèves, qui serait l'occasion de faire passer à leur
attention un
message conciliant humanisme et fermeté
, est certes
amitieuse mais indéniablement à la hauteur de l'enjeu que
constitue pour toute notre jeunesse la prévention aux problèmes
de drogue. Elle ne serait d'ailleurs que la mise en oeuvre sur le terrain, dans
une perspective « idéologique » sans doute différente
toutefois, d'une mesure qu'évoquait la précédente
présidente de la MILDT dans l'un des guides
« Repères » de l'éducation nationale
lorsqu'elle indiquait qu'«
il sera indispensable de définir
un « noyau dur » de ce que devraient être les actions de
prévention internes à l'éducation nationale, avec un
espace-temps qui leur serait dédié et un certain caractère
obligatoire
».
«
Cette question
», poursuivait à raison Mme
Maestracci, «
devrait s'inscrire dans un cadre juridique plus
contraignant. Cela permettrait d'installer ces politiques dans la
durée
». C'est ce cadre juridique et cette durée,
restés jusqu'à aujourd'hui au stade de la profession de foi,
qu'il va désormais s'agir de concrétiser pour redonner à
l'éducation nationale la place centrale qu'elle devrait occuper dans la
prévention des conduites à risque chez les jeunes.