3. M. Jean-Sébastien Letourneur, président de l'Union des utilisateurs industriels d'énergie (UNIDEN)
L'Union des utilisateurs industriels d'énergie (UNIDEN) souligne ce qui ne marche pas. Les consommateurs industriels veulent une mise en concurrence véritable sur l'électricité et le gaz naturel, et un accès transparent et non discriminatoire aux infrastructures correspondantes.
Les infrastructures
Le point le plus sensible concerne le gaz naturel pour lequel les gazoducs, les terminaux méthaniers et les installations de stockage doivent être considérés comme des infrastructures essentielles et, de fait, réglementés. Le but étant que tous les acteurs du marché aient un accès identique sur l'ensemble du territoire national. Une problématique dégagée par l'expérience de GDF. Mais il ne s'agit que du transport en France et pas du métier de GDF Négoce pour négocier un nouveau tuyau pour amener du gaz de Russie ou de Norvège. Les infrastructures essentielles doivent dépendre d'un organisme de transport pour que tous les acteurs puissent disposer des mêmes atouts, sans discrimination, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
Pour l'électricité, avec la mise en place du régulateur et avec la séparation effective du réseau de transport, la France supporte très bien la comparaison avec les autres pays d'Europe. Le problème français réside toujours dans la position écrasante d'EDF avec 95 % de la production, les alternatives d'EDF ne peuvent donc venir que de l'importation. Il est apparu très vite que le refus de l'Allemagne de jouer le jeu des quatorze autres États membres : ne pas avoir de régulateur, avoir un accès négocié plutôt qu'un accès régulé, est le phénomène qui bloque le processus européen. Au niveau des offres des traders, la France est isolée à cause du manque de concurrence et de la barrière que constitue un euro par mWh aux frontières. Le bon mécanisme est, à mon sens, d'avoir plusieurs fournisseurs, de les mettre en concurrence sans que cela soit biaisé par le transport pour le gaz ou par les freins aux frontières pour l'électricité.
La sécurité d'approvisionnement
Elle est, selon l'UNIDEN, fondée sur la diversité des choix énergétiques qui devient de plus en plus problématique. La conjonction d'impératifs d'environnement et la concentration de l'offre (pour le fuel lourd) nous amène à penser que nous sommes poussés vers le tout gaz pour les installations pouvant basculer du charbon ou du pétrole vers le gaz. Parce qu'il est plus propre et moins cher que le fuel lourd depuis la fusion de TotalFinaElf, seul le gaz apparaît comme la solution. Cet appauvrissement de l'offre énergétique est contraire à la souplesse nécessaire de la sécurité d'approvisionnement.
Enfin, des politiques énergétiques fondées sur le développement d'énergies excessivement subventionnées, comme l'éolienne, constituent un signal économique inadapté. Malgré les dispositions de la loi pour les appels d'offres, les consommateurs industriels estiment que les prix d'achat de l'énergie éolienne sont hallucinants.