B. LA MISE EN OEUVRE DU PRINCIPE DE DISCRIMINATION POSITIVE DANS L'ÉDUCATION NATIONALE
La notion de discrimination positive s'est d'abord inscrite dans le cadre de la redistribution des revenus par le biais de la fiscalité mais elle déborde aujourd'hui ce cadre pour prendre en compte certaines inégalités constatées par exemple dans le domaine de l'aménagement du territoire, mais aussi et surtout dans celui de l'éducation.
1. La conception initiale de l'école républicaine
En avril
1870, Jules Ferry, député de Paris, déclarait :
" Je me suis fait un serment : entre toutes les
nécessités du temps présent, entre tous les
problèmes, j'en choisirai un auquel je consacrerai tout ce que j'ai
d'intelligence, tout ce que j'ai d'âme, de coeur, de puissance physique
et morale, c'est le problème de l'éducation du peuple. Avec
l'inégalité d'éducation, je vous défie d'avoir
jamais l'égalité des droits, non l'égalité
théorique, mais l'égalité réelle ".
Fondée sur les grandes lois des premières années de la
IIIè République, l'école républicaine reposait
d'abord sur l'égalité du droit à recevoir une instruction
égale pour tous.
Il convient cependant de rappeler que l'obligation scolaire introduite par la
loi dite Ferry de 1882 n'a sans doute pas provoqué les effets massifs
évoqués par certains : un million d'élèves
supplémentaires ont été inscrits dans les écoles
primaires entre 1880 et 1900, ce qui signifie que la scolarisation des enfants
depuis l'âge de six ans était déjà largement
développée.
Si cette égalité en droit a permis au grand nombre
d'acquérir les connaissances requises par le certificat d'études,
elle n'a ouvert la voie au baccalauréat qu'à une faible
minorité.
Du fait de la croissance démographique qui a suivi la Libération
-le niveau des effectifs en primaire constaté en 1900 n'a
été dépassé qu'en 1950- il convenait de consacrer
des moyens en personnels et en crédits supplémentaires à
l'éducation nationale, ces moyens ayant été
répartis d'abord de manière égale dans tous les
établissements en proportion des effectifs d'élèves.