4. Une répartition peu satisfaisante des moyens d'éducation
Une
répartition inadéquate des moyens est en outre à l'origine
de la persistance des inégalités au sein du système
scolaire et d'un développement de la ségrégation scolaire.
L'inspection générale de l'éducation nationale a ainsi
constaté que le nombre d'heures de cours par élève
enregistre des variations importantes qui bénéficient d'abord aux
élèves favorisés : les lycéens parisiens
travailleraient en moyenne trois heures de plus par semaine que leurs
homologues de communes plus défavorisées.
On peut constater, en outre, une répartition peu satisfaisante des
personnels les plus qualifiés sur les postes les plus difficiles :
Paris compte par exemple près de 20 % de professeurs
agrégés contre 6,4 % dans l'académie de Lille.
Cette ségrégation se retrouve au sein des établissements,
notamment des collèges qui mettent massivement en place des classes de
niveau reflétant largement les inégalités sociales de
leurs élèves et dont les taux de réussite au brevet, par
exemple, peuvent varier dans des proportions considérables.
5. L'école comme marché d'éducation
La
ségrégation constatée au niveau scolaire se trouve enfin
confortée par les parents d'élèves issus des milieux
favorisés qui se comportent en consommateurs d'éducation
arbitrant entre les filières et les établissements.
La carte scolaire est ainsi tournée par les familles les plus
aisées et informées qui sont en mesure d'arbitrer entre les
options facultatives et obligatoires du lycée pour faire les meilleurs
choix pour leurs enfants, cet accès à l'information étant
en revanche largement ignoré par les plus défavorisés.
Il convient à cet égard de rappeler que la dégradation de
la situation scolaire dans le département de la Seine-Saint-Denis et la
" ghettoïsation " de ses établissements résultent
largement du fait que ses meilleurs élèves se sont
progressivement dirigés vers les lycées parisiens.
Ainsi, l'égalité formelle affirmée en matière de
droit à l'éducation peut conduire à des
inégalités de fait.
La mise en oeuvre du principe de discrimination positive dans
l'éducation nationale, notamment avec la création des zones
d'éducation prioritaire (ZEP) participe du souci de développer
une pratique équitable de l'égalité entre tous les
élèves.