IV. GÉRER L'AVAL DU CYCLE
Après un séjour de trois à quatre
années
dans le coeur d'un réacteur nucléaire, le combustible usé
et ses déchets doivent faire l'objet d'une gestion particulière.
C'est ce que l'on appelle la fin du cycle ou l'aval du cycle. Ce moment du
processus de production nucléaire, particulièrement
délicat en raison des inquiétudes qu'il suscite, doit être
géré d'une façon acceptée par l'opinion, dans un
cadre législatif strictement établi.
Les détracteurs de l'industrie nucléaire accusent cette
dernière de fuite en avant, au motif que le problème de ces
déchets radioactifs ne se trouve pas totalement réglé
aujourd'hui.
Il ne faut cependant oublier que le retraitement et le recyclage des
combustibles usés apportent d'ores et déjà une
réponse partielle à ce problème. Encore convient-il de ne
pas remettre en cause insidieusement cette filière.
Des recherches intensives sont, par ailleurs, menées afin de permettre
aux pouvoirs publics de prendre les décisions les plus adéquates,
sur des bases scientifiques incontestables.
Les
grandes orientations relatives aux recherches sur les déchets
radioactifs à haute activité et à vie longue ont
été fixées par la loi n° 91-1381 du
30 décembre 1991.
Celle-ci prévoit des recherches sur :
- des solutions permettant la séparation et la transmutation des
éléments radioactifs à vie longue présents dans ces
déchets ;
- des possibilités de stockage réversible ou
irréversible dans les formations géologiques profondes, notamment
grâce à la réalisation de laboratoires souterrains ;
- des procédés de conditionnement et d'entreposage de longue
durée en surface de ces déchets.
Il sera sans doute nécessaire de recourir à ces trois
solutions qui ne sont pas exclusives les unes des autres, mais
complémentaires. Dans cette perspective, l'arrêt de
Superphénix apparaît comme une grave erreur, que le
redémarrage de Phénix ne saurait compenser.
A. LE RETRAITEMENT-RECYCLAGE : CONFORTONS CETTE SOLUTION POUR LA GESTION DES COMBUSTIBLES USÉS
1. Une solution respectueuse de l'environnement
Votre
commission d'enquête est convaincue que la préservation du milieu
naturel et des intérêts des générations futures
passe, à la fois, par la réduction des rejets toxiques, la
diminution du volume des déchets ultimes à stocker et la
récupération des matières valorisables pour recyclage.
Or, le retraitement-recyclage satisfait cet objectif de protection de
l'environnement. Il permet tout à la fois de recycler environ 95 %
du contenu du combustible usé, d'économiser des ressources
énergétiques naturelles
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*
)
et de diminuer le volume des
déchets en les conditionnant de manière optimale et en
réduisant leur toxicité.
Avec le retraitement-recyclage, on peut diviser par quatre le volume des
déchets ultimes à stocker et par dix leur radiotoxicité.
Le développement de l'électronucléaire et le retraitement
apparaissent difficilement dissociables.
Dès le début de la production industrielle
d'électricité nucléaire, la solution du
retraitement-recyclage est apparue comme la plus raisonnable pour gérer
les combustibles usés.
La France n'a pas été la seule à opérer ce
choix
. La Grande-Bretagne, le Japon, la Russie ont clairement pris cette
option. D'autres pays, dont le parc de centrales est insuffisant pour justifier
l'implantation d'une usine de retraitement sur leur territoire, recourent aux
services de pays étrangers.
C'est ainsi que l'usine de la COGEMA
à La Hague a conclu un certain nombre de contrats de retraitement avec
des électriciens étrangers,
qui récupèrent
ensuite leurs déchets.
Ceci contribue à l'équilibre de
nos échanges extérieurs à hauteur de 7 milliards de
francs par an.
Les Japonais sont également conscients de l'enjeu économique du
retraitement. Un récent rapport, réalisé pour le compte de
leurs électriciens, de l'Agence pour les ressources naturelles et
l'énergie et de l'Agence pour la science et la technologie, d'une part,
qualifie le combustible usé de " ressource de combustible
recyclable " et, d'autre part, le considère comme une source
d'énergie de valeur pour l'avenir, notamment lorsque l'équilibre
entre l'offre et la demande d'uranium se " tendra ".
Cependant, l'usine de La Hague fait l'objet, depuis quelques mois, d'attaques
répétées.