B. QUID DE LA FUSION NUCLÉAIRE, L'ÉNERGIE DES ÉTOILES ?
La
fusion thermo-nucléaire apparaît comme une énergie ayant un
potentiel intéressant tant du point de vue des ressources
66(
*
)
, que de la sûreté et des
déchets
, puisqu'elle ne produit pas de résidus radioactifs,
sauf du tritium, qui est certes un gaz radioactif mais de courte
période. De plus, dans la mesure où le choix des matériaux
de construction est plus large (puisque la radioactivité est moins
forte), la dangerosité des bombardements de neutrons lors de la
réaction de fusion peut être atténuée avec un choix
de matériau adéquat. Aussi, la fusion nucléaire
produit-elle moins de déchets et est-elle moins polluante que la
réaction de fission.
Cependant, ce type de réaction n'est
pas encore
maîtrisé
par les chercheurs et nécessite une ultra
haute température pour se réaliser.
D'après les
experts, son développement s'inscrit donc dans le très long
terme, probablement à l'échéance de 2050.
Si l'objectif paraît aussi ambitieux que lointain, est-il pour autant
hors de portée ? Certainement pas et, si l'on en croit la revue
scientifique
Science
67(
*
)
, les Japonais s'en rapprocheraient.
Ayant récemment inauguré le plus gros réacteur du monde
destiné à expérimenter le concept de la fusion
nucléaire, ils consacreraient à ces recherches 250 millions
de dollars par an...
Pour avoir des chances d'aboutir sur une énergie véritablement
" révolutionnaire ", les programmes de recherche dans le
domaine de la fusion doivent donc être poursuivis.
Précisons qu'en Europe, les recherches sont organisées,
structurées et étroitement coordonnées autour du programme
Euratom, qui a notamment conduit à la réalisation du programme
JET (Joint European Torus), installé en Grande-Bretagne et aujourd'hui
fer de lance du programme européen. Il faut noter que le réacteur
Tore Supra, installé à Cadarache, a réalisé il y a
deux ans, une expérimentation de deux minutes.
Il s'agit là d'un programme unique de coordination des recherches dans
l'Union européenne. Celles-ci font également l'objet d'une
collaboration internationale définie par l'accord ITER-EDA. Cet accord
regroupe les Etats-Unis, le Japon, la Russie et l'Union européenne,
auxquels se sont joints le Canada et la Suisse. Il se donne pour mission la
définition détaillée, pour juillet 1998, du tokamak ITER
(International Thermonuclear Experimental Reactor). Une prolongation de trois
ans de la phase EDA (Engineering Design Activities) est envisagée et
doit être discutée entre les partenaires au cours du premier
semestre 1998.
L'Europe est à la pointe sur les recherches en fusion, tant au plan
scientifique que technologique. Il paraît important de valoriser cette
position par une attitude forte dans la préparation de la prochaine
étape.
Le terme des recherches est long, mais il convient de noter les échelles
de temps nécessaires à chaque étape : JET a
été décidé à la fin des années 1970
et a produit 16 MW de fusion pendant une seconde fin 1997. La prochaine
étape expérimentale portera pleinement ses fruits environ vingt
années après la décision de construction. Une certaine
stabilité est donc nécessaire à la conduite d'un tel
programme.