PREMIÈRE PARTIE
EXPOSÉ GÉNÉRAL
I. LA PLACE DE L'ANIMAL DANS NOTRE SOCIÉTÉ...
Les présomptions archéologiques de la domestication
des animaux (environ 30.000 ans avant Jésus-Christ)
témoignent d'une volonté précoce, chez l'homme, d'agir sur
le monde animal pour en sélectionner et retenir les espèces les
mieux adaptées à ses besoins.
On est passé peu
à peu de l'animal sauvage à l'animal domestique puis familier -ou
de compagnie-. En fait, les animaux domestiques se distinguent des animaux de
compagnie dans la mesure où ces derniers ne présentent pas -ou ne
devraient pas présenter- une utilité commerciale directe. Ainsi,
les animaux de trait (boeuf, mulet, âne, éléphant...), les
animaux élevés pour être consommés ou pour les
denrées qu'ils produisent (vache, boeuf, chèvre, porc, poule,
canard, lapin, truite...) et les animaux élevés en
captivité pour la chasse (furet...) ne sont pas couramment
considérés comme " animal de compagnie ".
Cependant la notion d'utilité n'est pas exclue. Ainsi, de
l'animal domestique à l'animal familier, il s'agit moins d'une
transition nette et clairement définie que d'une gradation dans ses
relations affectives avec l'homme.
S'accorder sur une
définition de l'animal de compagnie est une tâche ardue, notamment
lorsqu'il s'agit de le distinguer de l'animal familier.
Le
statut d'animal de compagnie relève de la volonté de l'Homme,
d'une part, de confiner l'animal à des rôles limités, qui
consistent à être là, à paraître, à
être contraint et subordonné aux exigences du maître et,
d'autre part, de modeler les caractéristiques spécifiques de
l'animal afin qu'il acquiert une morphologie, une anatomie, une physiologie,
des comportements et des processus d'adaptation qui soient conformes à
de telles exigences.
L'animal familier, lui, doit être
considéré comme un être qui fait partie du groupe humain au
sein duquel il vit, et donc comme un être qui accepte, établit et
développe une relation avec l'Homme. A ce titre, il participe à
l'équilibre de l'homme et fait ainsi partie intégrante de son
environnemnt quotidien. Il a des aptitudes particulières aux relations
familières, comme celles qu'entretiennent les membres d'une même
famille les uns avec les autres.
La situation est paradoxale. Il existe
entre les différents concepts qui renvoient à l'animal une
complexité d'acception qui tranche avec sa présence
évidente aux côtés de l'homme. A priori, chacun sait ce que
désigne un " animal de compagnie ". En revanche, plus floues
apparaissent les perceptions de sa véritable place dans la
société humaine.
L'animal de compagnie représente
un phénomène notable dans la société
française, avec un taux de possession par habitant parmi les plus
élevés du monde. Cette présence se traduit par un
environnement législatif spécifique et une activité
économique diversifiée. Des milliers d'emplois dépendent
directement ou indirectement de cet " acteur " de la vie sociale.
Mais, cette vision statique de l'animal de compagnie ne saurait suffire
à présenter la richesse des bénéfices qu'il apporte
à ses maîtres. Encore négligés et ignorés il
y a trente ans, les différents apports de l'animal à l'homme
commencent aujourd'hui à être mieux connus et partagés.
Sans nul doute, une meilleure connaissance de ces
bénéfices par un plus grand public permettra dans les
années à venir de vivre au mieux ces relations
interspécifiques hors du commun.
La place de l'animal de
compagnie dans notre société peut être
appréhendée sous deux aspects : le premier porte sur
l'importance de l'animal de compagnie dans l'économie
française ; le second a trait aux apports essentiels de l'animal de
compagnie à l'homme.
A. L'ANIMAL DE COMPAGNIE DANS L'ÉCONOMIE FRANÇAISE
L'animal de compagnie représente un poids considérable dans notre économie en termes de marchés comme de métiers.
1. L'animal de compagnie et les marchés
a) Description statistique des populations d'animaux familiers
Dès lors que l'on s'intéresse aux données
chiffrées des populations d'animaux familiers, leur diversité
s'estompe pour laisser place aux
cinq espèces
véritablement significatives : les poissons, les chiens, les chats,
les oiseaux et les rongeurs
.
De multiples études ont
tenté de mesurer la réalité de ces populations. Elles
émanent pour la plupart des milieux professionnels ou d'instituts de
sondage nationaux. Leurs résultats présentent parfois des
écarts, compte tenu de la difficulté à obtenir des
recensements de grand envergure et du fait de leurs différentes
approches méthodologiques. Cependant, il reste possible d'établir
un panorama général de ces populations, qui rend compte de leur
réalité avec une précision suffisante.
Au niveau international
, en tête des pays
au plus fort taux de possession de chiens et de chats, arrivent successivement
l'Australie, les Etats-Unis, la France, la Belgique, puis l'Irlande. Avec une
population de plus de 42 millions d'animaux de compagnie, la France arrive
en tête des pays européens. Il ne convient pas pour autant d'en
déduire que l'animal de compagnie constitue un phénomène
exclusif aux sociétés développées. Simplement,
l'information manque sur l'état des populations dans les pays en voie de
développement.
En 1990, près de 40 % des foyers
français, belges et irlandais possédaient un chien alors qu'en
Allemagne, Autriche, Suède et Norvège, ce pourcentage
était bien inférieur : entre 12 et 15 %.
Par
ailleurs, en 1991, le total des animaux de compagnie possédés
dans dix pays européens était évalué de la
façon suivante : 37,1 millions de chiens, 33,9 millions de
chats, 47,4 millions d'oiseaux en cage, 16,6 millions d'autres petits
animaux et 166,4 millions de poissons, dont 75 millions en Allemagne
et 46 millions au Royaume-Uni.
Si l'on exclut les
poissons, les chiens restent les animaux familiers les plus répandus en
Europe
, sauf en Autriche, en Norvège et en Suisse où la
population féline par foyer est plus importante en valeur absolue. En
outre, les populations canines et félines de presque tous les pays
européens ont augmenté entre 1980 et 1990
1(
*
)
.
En France
, la population globale reste stable
aujourd'hui, alors qu'elle a encore tendance à croître dans
certains pays d'Europe. Par ailleurs, elle présente des
caractéristiques propres, tant en valeur absolue qu'en termes de
répartition géographique.
La dernière
enquête annuelle " Parc des animaux familiers
français ", effectuée par la SOFRES en 1996 a
confirmé que notre pays conserve en Europe un record : celui de la
détention par les particuliers d'animaux de compagnie.
ANIMAUX POSSÉDÉS PAR LES FRANÇAIS EN 1997
Source :
SOFRES
Cette enquête révèle d'ailleurs, que
52 % des foyers possèdent au moins un animal, 45 % d'entre eux
ayant au moins un chien ou un chat et que plus de la moitié des chiens
et des chats vivent dans des familles de trois personnes et plus, la
présence d'enfants étant un facteur déterminant pour la
possession d'un animal ; l'enquête de la SOFRES montre aussi que
40 % des chiens et chats se trouvent en milieu rural, alors que la moyenne
nationale laisse apparaître une vie rurale pour seulement 25 % des
foyers français.
La crise du logement, le manque de place,
l'inadaptation du milieu urbain ainsi que le rythme de vie expliquent en partie
un taux de possession plus faible en ville qu'en zones rurales.
Répartition des chiens et des chats en fonction de la taille de l'agglomération
Les
agriculteurs représentent moins de 8 % des possesseurs de chiens,
mais parallèlement 81 % des agriculteurs possèdent un
animal, 10 % des artisans commerçants et 30 % des ouvriers. Ces
trois catégories professionnelles se distinguent par des taux de
possession d'animaux familiers importants, compte tenu de leur
représentativité au sein des catégories
socioprofessionnelles en France.
b) Une activité économique importante
Evoquer la dimension économique de l'animal de compagnie
éveille chez certains des réactions de rejet. Au-delà du
débat sur des chiffres contradictoires, force est de constater
l'existence d'une activité économique liée à la
présence de l'animal familier à nos côtés.
L'animal de compagnie, " bien meuble ", selon
l'article 528 du code civil, a une valeur marchande.
Même si son acquisition demeure soumise pour partie
à des transactions privées ou clandestines qui sont difficiles
à évaluer, le chiffre d'affaires global
généralement avancé pour la vente d'animaux familiers, est
de l'ordre de 3 milliards de francs annuels. Celui-ci est composé
pour les deux tiers de la vente des chiens, qui concerne environ
un million d'individus par an.
On estime que sur les
400.000 chats vendus environ chaque année, la moitié fait
l'objet de transactions clandestines, un tiers est légalement vendu
par les éleveurs et un tiers par les revendeurs. Ce marché
représenterait approximativement 400 millions de francs.
La
vente des autres espèces d'animaux de compagnie
générerait, quant à elle, 500 millions de francs,
dont trois cinquièmes pour les oiseaux, un cinquième
pour les poissons et le reste réparti entre rongeurs, reptiles et
Nouveaux Animaux de Compagnie (NAC).
Par ailleurs, le coût
d'entretien des animaux est un élément important du
marché.
Il est significatif que l'INSEE ait récemment
ajouté une rubrique " soins pour animaux d'agrément "
dans ses grilles de calcul de l'indice des prix.
D'après une
enquête menée à la fin des années 1980,
l'entretien d'un chien de gabarit moyen revenait en moyenne à
2.000 francs par an et celui d'un chat à 1.100 francs. Pour
les autres espèces d'animaux de compagnie, le budget était
inférieur. Dans tous les cas, il varie selon les revenus du
maître.
Cette proportion est comparable à celle des
" frais de transports en commun " ou à celle du poste
" journaux et revues ".
Bien sûr, ces comparaisons
n'ont pas de valeur absolue.
Néanmoins, l'animal a un
coût dont tout acheteur doit prendre conscience. Dans le cas contraire,
le nouveau propriétaire risque de ne pouvoir assumer les
responsabilités fondamentales de sa possession.
Selon
les informations recueillies par votre rapporteur, le marché des
produits pour l'animalerie dans les pays de la CEE (hors Grèce)
s'élevait à environ 60 milliards de francs en 1991. Les
aliments pour animaux familiers constituaient 78,2 % du marché
total, les accessoires 17,8 % et les produits d'hygiène et de soins
4 %. Parmi les marchés nationaux les plus importants, le
Royaume-Uni représentait presque un tiers du marché
européen. En seconde position se trouvait la France, puis venait
l'Allemagne.
L'agrégation des différents postes
amène en France à un total de plus de 20 milliards de francs
annuels. Cette somme comprend :
- les ventes d'animaux
(près de 3 milliards de francs) ;
- le
marché de l'alimentation préparée (10,5 milliards de
francs) ;
- l'ensemble des services (toilettage, prestations
vétérinaires, pensions, assurances, etc. :
2,3 milliards de francs).
Il existe deux sphères de
distribution de ces produits.
La sphère
" épicerie " comprend les hypermarchés,
supermarchés et autres grandes, moyennes et petites surfaces
dévolues -pour partie au moins- aux produits alimentaires.
La
seconde constitue le circuit de distribution spécialisé. Elle
regroupe les boutiques d'animalerie, le réseau de distribution agricole,
les centres de jardinage, les marchands de graines, les cabinets
vétérinaires, etc.
Bien que le circuit
spécialisé génère un chiffre d'affaires non
négligeable, l'épicerie constitue de loin le principal
système de distribution. Et au sein de l'épicerie sèche,
le marché de l'alimentation préparée occupe le
deuxième rang, juste après les biscuits secs.
2. L'animal de compagnie et les métiers
L'animal familier a suscité, directement ou indirectement,
le développement de nombreux métiers : élevage,
alimentation, soins...
Si certains sont organisés et produisent
des statistiques fiables, d'autres commencent à peine à se
structurer, émergeant parmi la vague des services qui modifient peu
à peu le paysage économique français.
a) Les éleveurs/producteurs
Hier sans formation reconnue, les éleveurs d'animaux
familiers sont aujourd'hui organisés professionnellement et
obéissent à des règles strictes. Ils peuvent suivre une
formation spécifique : CAP (Certificat d'aptitude professionnelle)
d'éleveur, BEPA (Brevet d'enseignement professionnel agricole) ou BPA
(Brevet professionnel agricole). Ces enseignements pratiques et
théoriques portent sur l'amélioration des races, le comportement
et la physiologie de l'animal, le choix de reproducteurs, l'hygiène,
l'alimentation et la réglementation des élevages.
La
profession d'éleveur comporte aussi un volet commercial qui figure dans
l'enseignement. La comptabilité, le choix d'une implantation et
l'analyse de la clientèle complètent la formation
professionnelle.
Enfin, une partie du travail consiste à
nettoyer les animaux et leurs emplacements, à les alimenter, à
faire l'éducation des nichées et à surveiller les mises
bas.
Les produits de l'élevage canin doivent ensuite être
vendus, ce qui conduit l'éleveur à recevoir des clients et
à participer à des expositions.
D'aucuns mettent en
cause, parfois, le manque de professionnalisme et le caractère
privé des activités de certains éleveurs.
Le
ministère de l'agriculture a recensé 10.000 producteurs,
dont 1.000 réguliers et 300 professionnels. La plus grande partie
d'entre eux élève des chiens. L'élevage français
met ainsi chaque année sur le marché environ 110.000 chiots
susceptibles de recevoir un pedigree. La population féline fait
davantage l'objet de transactions entre personnes privées non
professionnalisées.
La Société centrale canine,
à la demande des clubs de race, accorde des labels de qualité aux
meilleurs éleveurs.
STATISTIQUES DES INSCRIPTIONS DES CHIENS DE RACE ET
STRUCTURE DE L'ELEVAGE DES CHIENS DE RACE EN 1997
NOMBRE D'ÉLEVEURS INSCRITS |
NOMBRE DE PORTÉES |
MÂLES INSCRITS |
FEMELLES INSCRITES |
9174
|
1
|
23207
|
23113
|
13815 |
73099 |
72465 |
|
NOMBRE DE PORTÉES : 31226 |
Source : Société Centrale Canine
Mais la production de chiens ou chats de race ne constitue pas -loin
s'en faut- la seule origine des populations animales. Les transactions entre
personnes privées demeurent fréquentes et un certain nombre de
chiots sont importés en France chaque année, dont une
majorité clandestinement depuis la Belgique et les Pays-Bas.
b) Les vétérinaires
La santé des animaux de compagnie occupait, en 1993,
10.250 praticiens, dont un bon tiers de vétérinaires
urbains. Près de 8.000 vétérinaires exercent en
clientèle libérale, mais certains praticiens trouvent d'autres
débouchés au service de l'Etat ou de l'industrie. Fonctionnaires
des services vétérinaires et de l'inspection des denrées
d'origine animale, salariés dans la recherche et l'industrie
privées, coopérants techniques outre-mer, enseignants, chercheurs
d'Etat, vétérinaires biologistes des armées,
vétérinaires sans frontières..., telles sont les
nombreuses possibilités de carrière qui s'offrent aux quelque
500 étudiants qui viennent chaque année grossir les rangs de
la profession.
Rappelons qu'il existe en France quatre écoles
nationales vétérinaires : Maisons-Alfort, Lyon, Toulouse, et
Nantes.
Au niveau européen, le Conseil pour la
spécialisation vétérinaire a été
créé à Luxembourg le 21 mai 1993 et coordonne,
sous la tutelle d'un Comité de coordination, la création et le
fonctionnement de collèges de spécialistes.
Cinq collèges existent déjà et permettent de
délivrer des titres de spécialistes au niveau européen
dans les domaines de la chirurgie, de l'ophtalmologie, de la dermatologie, de
la médecine interne (animaux de compagnie) et de l'imagerie
médicale.
Au cours des dernières
décennies, la médecine animale a été le
théâtre d'une double évolution qui tend à modifier
l'exercice de la profession
. La France d'après guerre a, en
effet, connu une désaffection progressive des campagnes au
bénéfice des villes. L'urbanisation et l'industrialisation de la
France se sont accompagnées d'un déclin de l'activité
agricole et notamment de l'élevage. Parallèlement, les
années 1970-1980 ont vu se développer le phénomène
social de l'animal de compagnie. Peu à peu, le vétérinaire
s'est donc trouvé confronté à une nouvelle
clientèle. Les soins portés aux animaux domestiques ont
stagné, voire régressé, alors que ceux consacrés
aux animaux familiers ont augmenté.
c) Les professions spécialisées
Les vendeurs
Les animaleries font l'objet d'une
classification selon leurs capacités d'accueil et les espèces
animales vendues. La France compte environ 600 magasins susceptibles de
vendre toutes sortes d'animaux.
Depuis janvier 1994, toutes les
animaleries, excepté les magasins qui ne vendent que des poissons
rouges, des oiseaux courants et autres petits rongeurs, sont soumises à
l'obligation du certificat de capacité qui vérifie les
compétences professionnelles des vendeurs. Chaque point de vente doit
avoir au minimum un Certificat attaché à un vendeur
(propriétaire du fonds de commerce ou employé) et qui est
attribué au magasin.
La profession est reconnue et
désormais réglementée par les pouvoirs publics. La
commission consultative, qui comprend des membres du Prodaf, le Syndicat
interprofessionnel de l'animalerie, émet un avis et peut convoquer
à cette fin le demandeur pour une audition. La Direction des services
vétérinaires, le ministère de l'environnement, la
Direction départementale de l'agriculture et de la forêt, l'Office
national de la chasse et la Direction générale de la concurrence,
de la consommation et de la répression des fraudes sont aussi parties
prenantes à la délivrance du Certificat de capacité.
Les toiletteurs
Le métier de toiletteur consiste
à brosser, laver, tondre, sécher, épiler le poil de
certains chiens (notamment les caniches, cockers et fox terriers de race) ainsi
que les chats (persans, birmans...) dans un souci esthétique. Le
toilettage nécessite des capacités artistiques, une connaissance
de la psychologie de l'animal, mais aussi de celle des maîtres. Une
partie de la clientèle utilise en effet ce service pour présenter
ses animaux à des concours canins de beauté.
La
création d'une institution syndicale pour les toiletteurs remonte
à 1975. Depuis, le Syndicat national des techniciens de l'entretien
canin s'est employé à moraliser la profession et à la
faire connaître auprès des pouvoirs publics. Depuis 1983, des
écoles spécialisées offrent en France un apprentissage
adapté à ce métier qui compte aujourd'hui environ
3.500 toiletteurs employés ou inscrits au registre du commerce ou
des métiers ainsi que 2.200 salons.
Les éducateurs
spécialisés
Certains animaux de compagnie sont
susceptibles de rendre à l'homme d'importants services et de remplir des
missions d'utilité publique. Les chiens guides d'aveugles, les chiens
pour handicapés, les chiens de sauvetage nautique ou d'avalanche, les
chiens de sécurité (surveillance, anti-drogue, anti-bombe)
doivent, pour être efficaces dans leur mission, suivre un apprentissage
dispensé par des éducateurs spécialisés.
Le
métier d'éducateur suppose un bon équilibre psychologique
et des capacités à révéler chez les animaux les
aptitudes nécessaires à l'exercice du métier pour lequel
ils seront formés. Il s'agit donc d'une forme d'éducation canine
particulière, souvent longue, et dont la réussite est
conditionnée autant par le caractère de l'animal que par la
qualité de l'éducateur.
Dans cette profession, la
formation initiale doit être complétée par
l'expérience de différents modes de dressage. En marge des
formations spécifiques dispensées par les CRS, le Gendarmerie
nationale, les douanes, la sécurité civile ou les armées
de terre et de l'air, le lycée professionnel agricole de Saint-Gervais
d'Auvergne s'est spécialisé dans ce type d'enseignement et permet
d'obtenir un brevet d'études professionnelles agricoles, un brevet de
technicien agricole ou encore de suivre des stages de formation.
Dans
tous les cas, les spécialistes s'entendent pour reconnaître que
les qualités hors du commun des animaux ainsi éduqués ne
peuvent véritablement s'épanouir que dans le cadre de relations
harmonieuses avec leur maître. Les animaux d'assistance -ou de service,
si l'on adopte le néologisme anglo-saxon " service dog "-
apparaissent donc pleinement comme des animaux de compagnie. Leurs
capacités exceptionnelles et leurs missions fondent leur
spécificité.
Les métiers de services
Pour
répondre aux diverses situations engendrées par la possession
d'un animal de compagnie, des associations et de petites sociétés
ont développé des services spécialisés pour la
garde, le transport, l'assurance, l'hygiène ou le décès
des animaux.
d) Les fabricants d'aliments préparés
L'industrie des aliments préparés pour
animaux familiers, un des fleurons de l'industrie agro-alimentaire
française, est extrêmement performante. Dans les
différentes activités économiques liées à
l'animal de compagnie, c'est aussi l'une des mieux organisées.
Excédentaire à l'export, génératrice d'emplois,
partenaire privilégié de l'agriculture et de l'élevage
dont elle valorise les sous-produits et les surplus, elle représente un
chiffre d'affaires annuel d'environ 10,5 milliards de francs,
1 million de tonnes et a crû de 3 % en 1996.
Cette
performance s'appuie sur un métier relativement récent :
proposer aux animaux familiers des aliments tout à la fois pratiques,
économiques et parfaitement adaptés à leurs besoins
nutritionnels comme à leurs goûts.
Principal poste des
dépenses ménagères liées à l'animal,
l'alimentation reste marquée par sa diversité. Les
propriétaires d'un chien ou d'un chat peuvent opter pour une
alimentation traditionnelle à base de viande, de riz et de pâtes,
ou pour les aliments préparés industriellement. Dans le premier
cas, la préparation d'une ration équilibrée pour l'animal
nécessite des connaissances en nutrition, un temps et souvent un budget
plus élevés, puisqu'il s'agit initialement d'aliments
destinés à l'homme.
Cependant, malgré le
succès croissant des aliments préparés qui sont
conçus pour garantir un parfait équilibre nutritionnel, ce mode
d'alimentation traditionnel n'a pas disparu. En France, les animaux familiers
(chiens et chats) sont encore nourris à 35,5 % avec de la viande
fraîche et à 16 % avec des restes de table. La part des
aliments préparés industriellement représente environ
48,5 % des dépenses consacrées à la nourriture des
animaux familiers, alors que cette proportion avoisine les 80 % aux
Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Parallèlement, les
vétérinaires français recensent aujourd'hui environ
3,5 millions de chiens souffrant d'obésité et soulignent
l'abus de viande, de sucre et de gâteaux...
Le Français
n'est pas le plus gros adepte de l'aliment préparé, ne
dépensant en moyenne que 523 francs par an pour nourrir son animal
de compagnie, loin derrière l'Anglais (800 francs) et l'Allemand
(790 francs). En outre, le possesseur de chats nourrit plus souvent
(quatre fois sur dix) son animal avec des aliments préparés que
le possesseur de chiens (trois fois sur dix).
En fait,
l'équilibre alimentaire d'un chien ou d'un chat repose sur un dosage
précis en viandes, céréales et légumes. Leurs
besoins nutritionnels varient en fonction de la taille, de l'âge et de
leur activité. L'attention portée à ces besoins s'est
accrue au cours des dernières décennies, tandis que l'animal
devenait véritablement partie prenante de la famille. Il est en effet
apparu évident que, du régime alimentaire, dépendent non
seulement la santé de l'animal, mais aussi sa beauté et, dans une
certaine mesure de son caractère.
Les aliments
préparés pour animaux de compagnie sont apparus sur le
marché français en 1959, avec deux marques qui font
désormais partie de l'imagerie nationale : Ronron et Canigou. En
Angleterre, la fabrication du " Pet-food " avait commencé au
début du siècle, mais s'est véritablement
développée dans le milieu des années 30, dans un
contexte relationnel Homme-Animal différent, et sous l'impulsion d'une
industrie dynamique
2(
*
)
.
Les Indiens d'Amérique sont à l'origine des aliments
préparés pour animaux... C'est en effet le Pemmican, une
nourriture indienne à base de viande de bison séchée, qui
a inspiré Sir James Pratt, en 1868, pour réaliser les premiers
biscuits à destination des chiens. Cette idée a été
reprise en 1885 par le frère Chappel, en Angleterre. Ces derniers ont
alors développé le concept à l'échelon industriel.
Rapidement, les produits d'alimentation pour animaux de compagnie ont alors
franchi les frontières.
Au début des
années 1960, la société Unisabi a commencé
à fabriquer et commercialiser ces aliments en France. Le marché
s'est rapidement développé par la suite.
Aujourd'hui,
7 propriétaires sur 10 achètent des aliments
préparés en France.
Cependant, sous une même
désignation, celle-ci fabrique une très large gamme de produits
variés, qui rendent compte de la diversité des besoins et des
goûts des animaux, ainsi que de la volonté non dissimulée
de satisfaire à la fois l'animal et son maître.
Environ
28 fabricants se partagent en France ce marché, avec
30 unités de production réparties sur l'ensemble du
territoire.
Au niveau international, cinq industriels se partagent le
marché mondial : Mars-Unisabi (Kas, Sheba, Kitekat, Pedigree Pal),
Continental Nutrition (Festi, Hourra), Spillers Petfoods filiale de Dalgetty
(Felix, Fido), Nestlé-Friskies (Gourmet, Friskies) et Royal Canin.
S'il est difficile de mesurer précisément l'implication
économique globale de la présence des animaux familiers aux
côtés de l'homme, les sources sont plus fiables sur le seul poids
de l'alimentation préparée.
REPARTITION DU MARCHE
DE L'ALIMENTATION POUR CHIENS
ET CHATS EN GRANDES ET MOYENNES SURFACES
VOLUME : 820 000 TONNES
Source : Pet
food magazine
Plus d'un tiers de la production française
est aujourd'hui exporté, alors que les ventes à l'étranger
étaient pratiquement nulles il y a vingt ans. Cette activité
génère ainsi une balance commerciale positive de
1,3 milliard de francs.
La fabrication d'aliments
préparés transforme des matières premières
d'origine animale et végétale.
Chaque année,
près de 700.000 t de produits agricoles sont ainsi
exploitées. Mais, contrairement à une idée parfois
avancée, ces matières sont constituées d'excédents
non utilisés pour la consommation humaine. Autrement dit, l'agriculture
et l'élevage bénéficient d'une industrie, dont les
technologies et le marché permettent la valorisation des sous-produits.
VOLUME ANNUEL DES MATIÈRES
PREMIÈRES
ISSUES DE L'AGRICULTURE
1 160 000 tonnes de produits agricoles valorisés par l'industrie. |
520 000 tonnes de viandes de boeuf, de porc et de volaille. |
200 000 tonnes de produits de filetage de poissons. |
620 000 tonnes de céréales, légumes et farines de viande. |
Enfin, l'industrie des aliments préparés
représente un atout non négligeable pour un secteur aussi
sensible que la sidérurgie.
Chaque année, plus de
100.000 t de fer blanc sont utilisées pour le conditionnement
métallique des produits alimentation.
Plus de
3.000 personnes travaillent directement pour la trentaine d'usines de
fabrication d'aliments préparés en France. On estime à
9.000, le nombre d'emplois induits dans les secteurs connexes, tels que la
sidérurgie et le conditionnement, la collecte, le stockage, le
transport, le commerce ou encore l'édition et la publicité...
Les métiers associés à la fabrication d'aliments
préparés sont multiples, compte tenu du caractère complexe
de la chaîne de production. Ce secteur représente des
débouchés à la fois pour les filières de
l'agro-alimentaire, de la biologie, mais aussi des sciences et techniques ainsi
que pour les écoles de commerce et de marketing. Le métier
requiert des compétences de tous niveaux. Si l'industrie des aliments
préparés était méconnue et négligée
par les étudiants de l'enseignement supérieur il y a une dizaine
d'années, sa performance et les opportunités de carrière
qu'elle représente suscitent aujourd'hui des candidatures émanant
des grandes écoles.
Enfin, le caractère
agro-alimentaire de cette industrie permet son implantation en milieu rural. A
ce titre, elle présente un intérêt non négligeable
pour certaines régions françaises.
En effet, les
unités de production génèrent de nouvelles ressources dans
les zones où elles sont implantées. La Bretagne a su tirer profit
de ses richesses agro-alimentaires (élevage porcin, pêche, etc.)
pour attirer les fabricants.