E. MAYOTTE : UNE CROISSANCE QUI SE CONFIRME, SOUTENUE PAR LA PROGRESSION DES TRANSFERTS PUBLICS
1. Une économie soutenue par les transferts publics
En raison de ses retards de développement dans de
nombreux secteurs et, en particulier, en matière d'éducation et
de santé, Mayotte continue de bénéficier d'un effort
d'équipement sans précédent sous l'impulsion des
transferts publics qui augmentent à un rythme soutenu
(1.087 millions de francs en 1996, soit + 14 %).
Une part importante des concours de l'Etat en faveur du développement de
Mayotte a fait l'objet d'une programmation dans le cadre, d'une part, du
contrat de plan 1994-1998 -135 millions de francs engagés en 1996
sur un total d'environ un milliard pour la durée du plan- et, d'autre
part, de la convention de développement économique et social
1995-1996 visant à prendre en compte des retards spécifiques de
l'économie mahoraise -450 millions de francs en 1996 sur un total
de deux milliards de francs pour la durée de la convention-.
Ces actions économiques s'accompagnent d'un effort équivalent
d'évolution juridique avec l'extension par ordonnances à Mayotte
de textes législatifs et réglementaires pour mettre en place un
environnement institutionnel et juridique favorable à l'évolution
de la collectivité.
Dans le même temps, on assiste à un phénomène
encourageant pour l'avenir du territoire : l'investissement privé
s'accélère grâce à la consolidation de la situation
financière d'entreprises existantes ou en création, et ce, sur
ressources extérieures à Mayotte. En effet, cette île par
sa position géographique et sa sécurité institutionnelle
due à son appartenance à la communauté française,
constitue pour les producteurs une base de pénétration des
marchés comoriens et malgaches.
Néanmoins, Mayotte est pénalisée par un grave retard de
développement dans le domaine de l'emploi. Etant donné son
évolution démographique exponentielle -la population de
l'île a doublé entre 1978 et 1991, pour s'établir à
125.000 selon les projections en 1996-, la population jeune est nombreuse
et va encore s'accroître vu l'arrivée de classes d'âge
nombreuses. Mais cette population souffre de graves insuffisances de formation
et de qualification et ne peut répondre aux besoins des entreprises.
L'action des pouvoirs publics dans le domaine de l'éducation sera
déterminante à moyen terme.
2. Une évolution économique contrastée selon les secteurs d'activité
Le secteur de la construction a enregistré des
résultats satisfaisants, du fait de la poursuite du programme scolaire.
De plus, grâce à la concertation qui s'est nouée entre les
professionnels et les pouvoirs publics, un certain nombre
d'améliorations ont été obtenues, au rang desquelles
l'instauration d'une commission de qualification des entreprises, la
simplification de l'accès des petites entreprises aux marchés
publics et au financement bancaire de ces mêmes marchés. Le rythme
de construction de logements ne s'est pas ralenti même si l'on a
constaté une élévation du coût unitaire des
logements qui absorbe, en partie, l'augmentation de la ligne budgétaire
unique.
Dans le domaine agricole, l'événement majeur aura
été la contre-performance des cultures d'exportation, ylang-ylang
et vanille, victimes de la concurrence de produits de synthèse ou du
développement de la production à un moindre coût de
certains pays. Les productions animales, maraîchères ou
fruitières connaissent des performances diverses souvant par absence
d'une véritable logique d'entreprise et de circuits de commercialisation
plus rationnels.
Le secteur industriel, qui s'articule autour d'un nombre croissant
d'entreprises assez performantes, s'est également bien
développé. Le recours au dispositif de défiscalisation des
investissements a largement alimenté cet élan. Pour
répondre à une demande croissante des investisseurs, d'autres
surfaces aménagées ont été créées
pour pallier l'engorgement de la principale zone d'activité de Mayotte
à Kawéni.
En revanche, dans le domaine du tourisme, qui pourrait constituer l'un des
pôles de développement de Mayotte, aucun progrès notable
n'a été enregistré en 1996. La majeure partie des
propositions du projet de plan touristique élaboré en 1995 n'a
pas été mise en application.