D. SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON : LA RECHERCHE DE SOLUTIONS ÉCONOMIQUES DIVERSIFIÉES
On peut brièvement rappeler que l'économie de
Saint-Pierre-et-Miquelon, fondée auparavant sur la pêche
industrielle et l'industrie de transformation du poisson, a connu un
retournement brutal en 1992 avec, d'une part, la sentence du tribunal arbitral
de New-York qui a réduit considérablement la zone
économique exclusive de l'archipel et, d'autre part, la décision
du Canada de réduire le quota de pêche, puis d'interdire toute
pêche de morue pour une période de cinq à sept ans (donc
jusqu'en 1997 ou 1999), en raison du risque réel d'épuisement des
stocks.
Depuis de très gros efforts ont été faits pour tenter de
reconvertir et de diversifier l'économie ce qui n'a été
possible que grâce à des efforts très conséquents de
l'Etat et de la collectivité territoriale.
1. Les principaux indicateurs
La situation de l'emploi
Paradoxalement, le marché de l'emploi ne s'est pas dégradé
en 1996 : il s'est même légèrement
amélioré avec
une baisse de 0,7 % de la moyenne des
demandeurs d'emploi en fin de mois,
qui s'est élevée à
276 en 1996 contre 278 en 1995.
L'évolution des prix
Le calcul d'un indice local des prix, interrompu depuis juin 1992, sera
repris en 1997 sur la base d'une publication trimestrielle.
En attendant, il a été procédé à une
estimation de la hausse des prix intervenue entre juin 1992 et
décembre 1996 : cette hausse serait de 10,4 % en trois
ans et demi.
La balance commerciale
La diminution des exportations en valeur (21 millions de francs en 1996
contre 55 millions de francs en 1995) a contribué à la chute
du taux de couverture des échanges qui est descendu à 6 % en
1996 contre 15 % en 1995.
BALANCE COMMERCIALE
(en millions de francs)
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
Importations (MF) |
459 |
404 |
344 |
414 |
371 |
371 |
Exportations (MF) |
248 |
200 |
29 |
83 |
56 |
21 |
Solde commercial |
- 211 |
- 204 |
- 315 |
- 331 |
- 315 |
- 350 |
Taux de couverture (importations/exportations) |
54 % |
49 % |
8 % |
20 % |
15 % |
6 % |
Source : Services des douanes
2. Les efforts de reconversion de la pêche industrielle restent, pour le moment, sans effet
Les activités d'Interpêche (pêche de 10.000
à 15.000 tonnes de poissons par cinq chalutiers, puis traitement et
transformation dans une usine à terre avant expédition sur la
métropole et l'Amérique du nord) ont été
interrompues depuis 1993.
Face à cette situation, les pouvoirs publics ont, d'abord, mis en place
un dispositif d'aides à Interpêche qui, par différents
biais (convention FNE à partir du 15 septembre 1992,
convention de congés de conversion du 1er août 1993 au
31 août 1994, restructuration financière
d'Interpêche...) ont conduit l'Etat et la collectivité
territoriale à apporter un soutien financier s'élevant à
165 millions de francs de septembre 1992 à
décembre 1996.
Puis les pouvoirs publics ont mené avec le Gouvernement canadien des
négociations qui ont débouché sur
l'accord de
pêche franco-canadien du 2 décembre 1994
qui
prévoit notamment que Saint-Pierre-et-Miquelon
bénéficierait de quotas de pêche de morue et de
pétoncles qui seront fixés, non pas de manière arbitraire
par les autorités canadiennes, mais par des pourcentages des TAC (Total
admissible de captures) déterminés chaque année de
manière conjointe et concertée.
De plus, parmi les mesures prises pour relancer les activités
liées à la pêche figurent la décision d'alimenter
une unité industrielle (Archipel SA) par du poisson importé
russe, puis le lancement d'une activité nouvelle avec la pêche au
pétoncle (acquisition du navire coquillier Avel Mad).
Actuellement, les résultats ne sont pas à la hauteur des
espérances : la production d'Archipel SA est passée de
1.285 tonnes en 1995 à 516 tonnes en 1996, tandis que le
coquillier Avel Mad n'a débarqué que 250 tonnes de
pétoncles en 1996 sur un quota alloué de 2.275 tonnes.
Par contre, les efforts fais pour redéployer la pêche artisanale
vers de nouvelles activités semblent porter des fruits avec
l'exploitation des oeufs de lumpe, du requin et du crabe des neiges.