AVIS n° 87 -Tome XXII - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - OUTRE MER
M. Rodolphe DESIRE, Sénateur
COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES ET DU PLAN - AVIS n° 87 - TOME XXII - 1997/1998
Table des matières
-
PREMIÈRE PARTIE -
PANORAMA SUR LES DÉPARTEMENTS ET LES TERRITOIRES D'OUTRE-MER-
I. DES ÉVOLUTIONS ÉCONOMIQUES ET SOCIALES CONTRASTÉES DANS LES DÉPARTEMENTS
D'OUTRE-MER
- A. LA MARTINIQUE : UNE AMÉLIORATION DE LA CONJONCTURE ÉCONOMIQUE INSUFFISANTE POUR AMÉLIORER LA SITUATION DE L'EMPLOI
- B. LA GUADELOUPE : UNE ANNÉE ÉCONOMIQUE EN DEMI-TEINTE
- C. LA GUYANE : UNE PHASE DE STAGNATION AVEC DE FORTES DISPARITÉS SECTORIELLES
- D. LA RÉUNION : UNE CONJONCTURE ÉCONOMIQUE GLOBALEMENT SATISFAISANTE MALGRÉ DES DIFFICULTÉS STRUCTURELLES PERSISTANTES
-
II. LES TERRITOIRES ET LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES D'OUTRE-MER
- A. LA POLYNÉSIE FRANÇAISE : LA MARCHE VERS L'AUTONOMIE ÉCONOMIQUE
- B. L'AVENIR DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
- C. WALLIS ET FUTUNA : UNE CONJONCTURE SANS RELIEF
- D. SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON : LA RECHERCHE DE SOLUTIONS ÉCONOMIQUES DIVERSIFIÉES
- E. MAYOTTE : UNE CROISSANCE QUI SE CONFIRME, SOUTENUE PAR LA PROGRESSION DES TRANSFERTS PUBLICS
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I. DES ÉVOLUTIONS ÉCONOMIQUES ET SOCIALES CONTRASTÉES DANS LES DÉPARTEMENTS
D'OUTRE-MER
-
DEUXIÈME PARTIE -
DES MOYENS BUDGÉTAIRES EN AUGMENTATION POUR CONCILIER SOUTIEN À LA CROISSANCE ET JUSTICE SOCIALE- I. DES MOYENS BUDGÉTAIRES ACCRUS POUR LA POLITIQUE DE L'EMPLOI OUTRE-MER
- II. L'EFFORT DES POUVOIRS PUBLICS EN FAVEUR DU LOGEMENT SOCIAL
-
III. LA PARTICIPATION DE L'ÉTAT AU DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL
- A. LA PROGRESSION DES CRÉDITS AFFECTÉS AU FONDS D'INVESTISSEMENTS DES DOM (FIDOM)
- B. UN EFFORT SOUTENU EN FAVEUR DE LA GUYANE
- C. LA RECONDUCTION DES CRÉDITS DU FONDS D'INVESTISSEMENT POUR LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL DES TERRITOIRES D'OUTRE-MER (FIDES)
- D. DES ACTIONS SPÉCIFIQUES POUR LA NOUVELLE-CALÉDONIE
- E. LE RENFORCEMENT DES SUBVENTIONS AUX BUDGETS DES COLLECTIVITÉS LOCALES
- IV. LA REMISE EN CAUSE DU RÉGIME D'AIDE FISCALE AUX INVESTISSEMENTS RÉALISÉS DANS LES DOM-TOM
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TROISIÈME PARTIE -
L'OUTRE-MER ET L'EUROPE - AUDITION DE MM. HERVÉ LEHERISSEL (CABINET ARTHUR ANDERSEN INTERNATIONAL), AUTEUR D'UN AUDIT SUR " L'IMPACT DE LA DÉFISCALISATION POUR L'ÉCONOMIE DES DOM ET LES FINANCES PUBLIQUES " EN OCTOBRE 1996, ET CLAUDE NEUSCHWANDER (MCN CONSEILS), AUTEUR DU RAPPORT SUR " LES CHANTIERS MAJEURS DU DÉVELOPPEMENT DES DÉPARTEMENTS D'OUTRE-MER " RENDU EN SEPTEMBRE 1997
- EXAMEN PAR LA COMMISSION
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME XXII
OUTRE-MER
Par M. Rodolphe DÉSIRÉ,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Jean
François-Poncet,
président
; Philippe François,
Henri Revol, Jean Huchon, Fernand Tardy, Gérard César, Louis
Minetti,
vice-présidents
; Georges Berchet, William Chervy,
Jean-Paul Émin, Louis Moinard,
secrétaires
; Louis
Althapé, Alphonse Arzel, Mme Janine Bardou, MM. Michel Barnier, Bernard
Barraux, Michel Bécot, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer,
Jacques Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Michel Charzat,
Marcel-Pierre Cleach, Roland Courteau, Désiré Debavelaere,
Gérard Delfau, Fernand Demilly, Marcel Deneux, Rodolphe
Désiré, Michel Doublet, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard
Dussaut
,
Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Hilaire Flandre, Aubert
Garcia, François Gerbaud, Charles Ginésy, Jean Grandon, Francis
Grignon, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson,
Rémi Herment, Bernard Hugo, Bernard Joly, Gérard Larcher, Edmond
Lauret, Pierre Lefebvre, Jean-François Le Grand, Kléber
Malécot, Jacques de Menou, Louis Mercier, Jean-Baptiste Motroni,
Jean-Marc Pastor, Jean Pépin, Daniel Percheron, Jean Peyrafitte, Bernard
Piras, Alain Pluchet, Jean Pourchet, Jean Puech, Jean-Pierre Raffarin, Paul
Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Roger Rigaudière, Roger
Rinchet, Jean-Jacques Robert, Jacques Rocca Serra, Josselin de Rohan,
Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, M. Henri Weber.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexe n°
33
)
(1997-1998).
Lois de finances. |
Mesdames, Messieurs,
La présentation des crédits destinés à l'ensemble
de l'Outre-Mer relève parfois d'un exercice de haute voltige. Il faut en
effet faire la synthèse entre des situations politiques et
économiques très diverses pour lesquelles des solutions
spécifiques devraient être adoptées.
Il est très difficile de mettre ainsi sur le même plan les
départements d'Outre-mer qui sont des départements
ultra-périphériques français soumis au même droit
constitutionnel que les autres départements français et les
territoires d'Outre-mer qui ont un statut d'autonomie qui leur est propre.
Les traités instituant l'Union européenne ne s'y sont pas
trompés puisqu'ils soumettent les DOM français, Madère,
les Canaries et les Açores au régime de l'article 227-2 du
Traité de Rome, et appliquent aux pays et territoires d'Outre-mer un
régime spécial d'association.
La situation économique des départements d'outre-mer a
évolué de manière contrastée selon les secteurs
d'activité mais elle reste globalement très préoccupante.
L'augmentation sensible du pouvoir d'achat des bénéficiaires du
SMIC, du fait de son alignement sur celui de la métropole, a
déséquilibré encore un peu plus la balance des
échanges extérieurs car les capacités d'offre des
économies locales n'ont pas pu la satisfaire.
Les points noirs de l'activité économique restent malheureusement
bien identifiés et ils auraient tendance à s'aggraver. Il
s'agit :
- du poids très important des transferts publics en provenance de
la métropole, puisque le solde net est évalué à
35,8 milliards de francs en 1996, ce qui représente 44 % du
PIB à La Réunion, 37 % en Martinique, 32 % en
Guadeloupe et 27,8 % en Guyane ;
- de la dégradation continue du marché de l'emploi, puisque
le nombre de demandeurs d'emploi a progressé de 19 % entre 1993 et
1996, ce qui témoigne de l'incapacité des économies
locales à absorber la progression rapide de la population active du fait
de la forte proportion de jeunes.
Les taux de chômage atteignent des niveaux très
élevés dans chacun des quatre départements :
40,2 % à La Réunion, 27 % à la Martinique,
26,8 % à la Guadeloupe et 22,1 % à la Guyane -ce
dernier chiffre étant largement sous-évalué-.
S'agissant des territoires d'outre-mer, le constat s'établit en
demi-teinte; il varie d'un territoire à l'autre et selon les
activités économiques. Globalement, l'activité touristique
s'est améliorée, mais sans effacer totalement les effets
négatifs de la reprise des essais nucléaires pour ce qui est de
la Polynésie française ou de la Nouvelle Calédonie.
Les revalorisations salariales ont souvent eu pour conséquence
d'aggraver le déséquilibre de la balance des échanges et,
plus généralement, l'activité économique reste
très dépendante de la commande publique à travers
l'exécution des contrats de plan ou des conventions de
développement signés avec l'Etat.
Dans ce contexte économique qui reste fragile, le budget de
l'outre-mer est en progression de 7,3 % par rapport à la loi de
finances initiale pour 1997
pour s'élever à
5,22 milliards de francs
Compte-tenu d'un transfert du budget du logement de 96 millions de francs
destinés à la résorption de l'habitat insalubre dans les
départements d'outre-mer et de 300 millions de francs inscrits dans
les crédits du Fonds pour l'emploi dans les DOM pour mettre en oeuvre la
loi sur le Plan Emploi-Jeunes votée en octobre dernier, le budget de
l'outre-mer n'est en définitive que reconduit à hauteur de l'an
dernier.
La priorité affirmée reste la lutte pour l'emploi et l'insertion,
le soutien au logement et l'exécution des contrats de plan
Etat-régions.
Dans ce contexte économique et compte tenu de la progression
très limitée des moyens budgétaires à destination
de l'outre-mer, il paraît d'autant plus dramatique de mettre fin aussi
brutalement au dispositif de défiscalisation de la loi Pons.
Ce dispositif, conçu pour compenser l'insuffisance et la cherté
du crédit bancaire ainsi que le coût de la main dans l'outre-mer,
constitue un véritable outil de développement économique.
En 1996, le montant total des projets agréés s'est
élevé à 5,59 milliards de francs ; si le dispositif
était maintenu en l'état jusqu'au
31 décembre 2001, on peut imaginer que 20 milliards de
francs seraient investis, sur la période.
De plus, l'effet de levier de la défiscalisation est
considérable, puisque pour un coût fiscal d'environ
2 milliards de francs par an, en 1995, l'investissement directement
provoqué représentait 6 milliards de francs, soit les 3/5 de
l'investissement productif outre-mer.
A titre de comparaison, les départements d'outre-mer
bénéficieront au titre des fonds structurels européens de
1,7 milliards d'écus, soit environ 11 milliards de francs sur
la période 1994-1999.
Ces projets d'investissement génèrent suffisamment de recettes
fiscales au titre de la TVA, de l'impôt sur le revenu et des impôts
locaux pour compenser la moins-value fiscale résultant pour
l'État de la défiscalisation.
Le principe de défiscalisation a également pour objectif
d'aligner autant que faire se peut, la fiscalité locale des DOM-TOM sur
celles des États des zones Caraïbes, Océan Indien et
Pacifique qui sont leurs concurrents directs, notamment en matière
touristique. Le rapport de M. Alain Richard -alors rapporteur
général de la commission des finances de l'Assemblée
nationale- en 1991 soulignait cette nécessité économique.
Il importe donc de maintenir en vigueur un dispositif de développement
économique équilibré qui, pour être efficace, doit
être pérenne.
PREMIÈRE PARTIE -
PANORAMA SUR LES
DÉPARTEMENTS ET LES TERRITOIRES D'OUTRE-MER
Dans son rapport annuel pour 1996, l'Institut
d'émission d'Outre-mer (IEDOM) dresse un constat plutôt
sévère de la situation économique des départements
d'outre-mer qui a évolué de manière contrastée
selon les secteurs d'activité et se caractérise par un attentisme
certain.
L'augmentation sensible du pouvoir d'achat des bénéficiaires du
SMIC, du fait de son alignement sur celui de la métropole, et par
diffusion, des bénéficiaires de certains autres salaires a
favorisé une légère augmentation de la consommation des
ménages qui a profité aux activités commerciales. Mais
cette augmentation a plutôt entraîné une hausse des
importations qu'une augmentation de la production intérieure.
Les points noirs de l'activité des départements d'outre-mer
restent malheureusement bien identifiés et ils auraient tendance
à s'aggraver. Il s'agit :
- du poids très importants des transferts publics en provenance de
la métropole, puisque le solde net est évalué à
35,8 milliards de francs en 1996, ce qui représente 44 % du
PIB à La Réunion, 37 % en Martinique, 32 % en
Guadeloupe et 27,8 % en Guyane ;
- de la dégradation continue du marché de l'emploi, puisque
le nombre de demandeurs d'emploi a progressé de 19 % entre 1993 et
1996, ce qui témoigne de l'incapacité des économies
locales à absorber la progression rapide de la population du fait de la
forte proportion de jeunes.
Les taux de chômage atteignent des niveaux très
élevés dans chacun des quatre départements :
40,2 % à La Réunion, 27 % à la Martinique,
26,8 % à la Guadeloupe et 22,1 % à la Guyane -ce
dernier chiffre étant largement sous-évalué-.
S'agissant des territoires d'outre-mer, le constat s'établit en
demi-teinte et varie d'un territoire à l'autre et selon les
activités économiques. Globalement, l'activité touristique
s'est améliorée, mais sans encore effacer totalement les effets
négatifs de la reprise des essais nucléaires pour ce qui est de
la Polynésie française ou de la Nouvelle Calédonie.
Les revalorisations salariales ont souvent eu pour conséquence
d'aggraver le déséquilibre de la balance des échanges du
fait d'une production intérieure insuffisante ou inadaptée.
Plus généralement, l'activité économique et surtout
le bâtiment et les travaux publics restent très dépendants
de la commande publique à travers l'exécution des contrats de
plan ou des conventions de développement.
Le panorama qui peut être fait, à partir des études
spécifiques de l'Institut d'émission des départements
d'outre-mer (IEDOM), permet d'établir un bilan économique plus
détaillé pour chacun des départements et des territoires
d'outre-mer.
I. DES ÉVOLUTIONS ÉCONOMIQUES ET SOCIALES CONTRASTÉES DANS LES DÉPARTEMENTS D'OUTRE-MER
A. LA MARTINIQUE : UNE AMÉLIORATION DE LA CONJONCTURE ÉCONOMIQUE INSUFFISANTE POUR AMÉLIORER LA SITUATION DE L'EMPLOI
L'année 1996 a été marquée par une amélioration de la conjoncture, comme le laissaient prévoir les perspectives encourageantes du dernier trimestre de 1995. La bonne tenue de la consommation des ménages, encouragée par les revalorisations salariales et la progression des concours bancaires, a contribué à soutenir l'activité des différents secteurs économiques.
1. Une amélioration de l'activité économique...
Plusieurs indicateurs témoignent de la reprise de
l'activité des principaux secteurs économiques en 1996.
Les exportations de bananes ont sensiblement progressé pour la seconde
année consécutive, aussi bien sur le marché national que
sur les autres marchés européens (+ 17% par rapport à
1995). Cependant, comme 1995, l'année 1996 a été
marquée par un nouveau repli des cours sur le marché
européen, en raison d'un surapprovisionnement à partir du mois de
juin. Dans ce contexte, les mesures compensatoires prises dans le cadre de
l'OCM banane sont considérées comme insuffisantes par les
professionnels et sont vivement contestée.
La campagne sucrière 1996 s'est déroulée dans des
conditions favorables. Cependant, en raison de difficultés techniques
liées à l'entretien du matériel, la production de sucre
par l'usine du Galion s'est inscrite en baisse de 4 % par rapport à
1995. Les ventes ont néanmoins enregistré une progression de 32 %
par rapport à l'année précédente.
Après une année 1995 difficile, la situation du secteur du
bâtiment et des travaux publics s'est améliorée en 1996 :
de nombreuses créations de sociétés ont été
enregistrées et les ventes de ciment, qui constituent un indicateur
pertinent de l'activité du secteur, ont progressé par rapport
à 1995. Cette évolution peut être reliée à la
situation satisfaisante des finances de la région qui a permis à
cette collectivité de retrouver son rôle de moteur
économique par le biais de la commande publique. Le montant des travaux
engagés par la région en 1996 s'est ainsi élevé
à près de 300 millions de francs contre 156 millions en
1995 et les nombreux chantiers en cours et en projet représentent un
volume de financements conséquent pour l'année 1997.
Sur le plan touristique, le bilan de l'année 1996 est globalement
positif pour le secteur hôtelier. La fréquentation a de nouveau
sensiblement progressé et les taux d'occupation ont été
particulièrement élevés durant la haute saison. En
revanche, pour l'activité de croisière, les résultats ont
été décevants. La clientèle a diminué de
5 % et les mesures prises par les organismes compétents ne
porteront leurs fruits qu'à partir de 1997.
2. Les indicateurs témoignent de cette reprise économique
Poursuivant la tendance enregistrée à la fin de
l'année 1995, l'année 1996 a été marquée par
le niveau soutenu de la consommation des ménages, dans un contexte de
hausse de prix modérée (+1,9 % en glissement annuel) et
à la suite d'une augmentation des salaires du secteur privé
consécutive aux revalorisations successives du SMIC (+ 9,4 %
entre décembre 1995 et 1996), qui est depuis le
1er janvier 1996 aligné sur le montant du SMIC
métropolitain.
Sur le plan industriel, l'investissement a connu un certain regain. En effet,
alors qu'il avait diminué de 9 % entre 1994 et 1995 l'encours des
crédits d'équipement a progressé de 2,4 % en 1996,
soit 100 millions de francs supplémentaires.
3. Mais la situation de l'emploi s'est aggravée
Après une phase de plafonnement entre 1987 et 1990, due
notamment aux effets de la défiscalisation sur le bâtiment, la
situation de l'emploi s'est dégradée sur la période
1991-1996.
La bonne tenue de la conjoncture économique au cours de l'année
1996 ne s'est pas traduite sur la situation de l'emploi, en dépit de
l'accroissement des offres d'emploi, ce qui reflète la faible
capacité de l'économie martiniquaise, à absorber la
progression de la population active. Le nombre de demandeurs d'emploi inscrits
à l'ANPE au 31 décembre 1996 s'élevait à
44.541, en hausse de 3,2 % sur un an, et
l'indicateur de chômage
s'établit à 27,0 %.
Par ailleurs, le nombre des allocataires du revenu minimum d'insertion a
continué de progresser : le nombre moyen mensuel de
bénéficiaires s'est élevé à 22.114 en 1996
contre 18.711 en 1995. La perte de ressources, liée au chômage
dans 58 % des cas, est à l'origine de la majorité des cas de
surendettement examinés par la Commission de surendettement des
particuliers durant l'année 1996. Cependant, en juin 1997, le nombre de
demandeurs d'emploi s'est élevé à 43.132, soit en
diminution de 3,3 % par rapport à juin 1996.
4. Le commerce extérieur de la Martinique reste déséquilibré.
Le commerce extérieur de la Martinique est déséquilibré en raison notamment de l'importance des revenus distribués par les administrations et les activités tertiaires. Le solde commercial s'est creusé une nouvelle fois en 1996, atteignant - 8.986 millions de francs contre - 8.604 millions en 1995 et le taux de couverture des importations par les exportations passe de 12,3 % en 1995 à 10,8 % en 1996.
BALANCE COMMERCIALE
(en millions de francs)
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Variations
|
|
Importations CAF |
8 884 |
9 092 |
9 806 |
10 072 |
+ 3 % |
Exportations FAB |
1 093 |
1 216 |
1 202 |
1 086 |
- 10 % |
Solde commercial |
- 7 791 |
- 7 876 |
- 8 604 |
- 8 986 |
- 4 % |
Taux de
couverture
|
12,3 % |
13,4 % |
12,3 % |
10,8 % |
Source : Direction générale des douanes.
B. LA GUADELOUPE : UNE ANNÉE ÉCONOMIQUE EN DEMI-TEINTE
Les caractères fondamentaux de l'économie
guadeloupéenne ont peu évolué au cours de l'année
1996. La plupart des secteurs d'activité n'ont pas connu
d'amélioration de leur situation, car la demande intérieure
était jugée globalement insuffisante.
L'évolution la plus notable concerne l'amélioration du pouvoir
d'achat des salaires les moins élevés. L'inflation a
été nulle au cours de l'année, signe d'un manque de
tonicité du courant d'affaires et le SMIC a été
porté à 36,98 francs le 1er janvier 1996, puis à
37,91 francs au mois de juillet, rattrapant ainsi le niveau du SMIC
métropolitain. Cependant, ces hausses n'ont pas été
systématiquement répercutées sur l'échelle des
salaires.
1. Les secteurs économiques ont connu une activité morose en 1996
La plupart des secteurs d'activité ont connu une
année 1996 plutôt morose.
En ce qui concerne les spéculations agricoles de rente, l'industrie
bananière n'a pu reprendre la commercialisation de sa production qu'au
mois de mai 1996, après les destructions cycloniques de 1995, et les
cours n'ont cessé de se dégrader tout au long de l'année.
La filière cannière a enregistré des résultats
meilleurs qu'en 1995. La hausse de la production de cannes et de sucre, et
l'amélioration du rendement usine sont sans doute liées à
la restructuration engagée, mais demeurent insuffisantes : la
récolte de 1996 est l'une des plus faibles depuis 1950. Quant à
la culture du melon qui avait connu une belle expansion sur le créneau
de la contre-saison, elle semble avoir atteint un palier face à la
concurrence de pays producteurs traditionnels qui allongent leur période
de production.
Dans le secteur de la pêche, les conflits entre les pêcheurs
guadeloupéens et les autorités de l'île voisine d'Antigue
ont gravement perturbé le déroulement de la campagne 1996, ce qui
n'a fait qu'ajouter aux difficultés structurelles de l'activité
halieutique.
Les travaux publics souffrent toujours d'une insuffisance de la commande
publique en matière d'infrastructures. Plusieurs chantiers d'envergure
ont en effet été achevés au cours de l'année
(aérogare, prison, deuxième pont sur la Rivière
Salée), et les entreprises du secteur sont confrontées à
des problèmes de surcapacité de production et de tensions de
trésorerie. Seuls les opérateurs du logement social ont
bénéficié d'un volume d'activité soutenu.
L'industrie est essentiellement tournée vers le marché
intérieur et l'import-substitution. Elle ne contribue que faiblement
à la formation de la richesse et son poids dans l'économie a
tendance à s'éroder, en raison de l'exiguïté du
marché local et d'une concurrence accrue des produits importés
qui occupent l'essentiel des linéaires des grandes surfaces.
Le tourisme a connu une année en demi-teinte. Si le nombre
d'arrivées à l'aéroport s'est accru en 1996, la
fréquentation hôtelière, mesurée sur un
échantillon d'hôtels par l'Office du tourisme, a
légèrement diminué. En revanche, la croisière et la
plaisance ont terminé l'année avec un bilan très positif.
2. Une évolution du chômage préoccupante
Le nombre de demandeurs d'emplois a fortement progressé
en 1996 (+6,0 % contre + 4,5% en métropole) pour atteindre
47.056 personnes au 31 décembre, soit
26,8 % de la
population active
. La hausse a été plus marquée au
sein de la population féminine (+ 6,9 %). Le chômage des
jeunes de moins de 25 ans a, à nouveau, baissé en 1996 de -
4,3%, ce qui s'explique par l'évolution démographique,
l'allongement de la durée des études et les mesures visant
à favoriser l'emploi des jeunes.
Le nombre de chômeurs de longue durée a diminué de
1,8 % en 1996. Avec 23.006 personnes au 31 décembre, il
représente 48,9% des demandeurs d'emploi.
En juin 1997, le nombre de demandeurs d'emploi s'est élevé
à 49.424, soit une progression de 10% par rapport à juin 1996.
3. Une nouvelle dégradation de la balance commerciale
En 1996, le solde commercial s'est à nouveau dégradé et il s'établit à -9,543,5 millions de francs contre - 8.797,6 millions de francs un an plus tôt. Le taux de couverture s'établit à 5,6 % , en net recul par rapport à 1995 (8,4 %) et 1994 (9,8 %).
BALANCE COMMERCIALE
(en millions de francs)
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
Importations |
8 181 |
8 635 |
9 601 |
10 010 |
Exportations |
747 |
847 |
804 |
557 |
Solde commercial |
- 7 433 |
- 7 788 |
- 8 797 |
- 9 453 |
Taux de couverture (importations/exportations) |
9,1 % |
9,8 % |
8,4 % |
5,6 % |
Source : Direction générale des douanes
C. LA GUYANE : UNE PHASE DE STAGNATION AVEC DE FORTES DISPARITÉS SECTORIELLES
La Guyane traverse une phase de stagnation voire de
récession économique depuis maintenant quatre ans et
l'année 1996 s'inscrit dans le prolongement des deux années
précédentes. Le département n'a donc pas retrouvé
le chemin de la croissance après la récession des années
1992-1993, alors que les tensions sociales devenaient beaucoup plus vives
à partir du mois de septembre 1996.
D'une façon générale, l'activité économique
a peu évolué. Ainsi, en dépit d'une hausse des prix
maîtrisé (+ 1,0 % en 1996) et d'une augmentation
sensible du SMIC horaire (+ 9,4 % entre décembre 1995 et
décembre 1996), la consommation est restée stable. Par
ailleurs, et pour la troisième année consécutive,
l'investissement n'a pas repris en Guyane.
Sur le plan social, l'année 1996 s'est caractérisée par
une forte détérioration du climat général, avec une
augmentation très nette du nombre de conflits sociaux, une grande
grève lycéenne et plusieurs journées d'émeutes
à Cayenne durant le mois de novembre.
Il convient de rappeler que les transferts publics net en provenance de la
métropole représentent déjà plus du quart du PIB de
la Guyane.
1. Des évolutions économiques contrastées selon les secteurs d'activité
A l'image des années précédentes, les
différents secteurs d'activité ont connu des évolutions
assez contrastées.
L'activité spatiale, principal secteur économique de la Guyane,
a réalisé le même nombre de tirs que l'année
précédente. Toutefois, son programme de qualification du nouveau
lanceur européen Ariane 5 a subi un retard important en raison de
l'échec du premier lancement. Au total, néanmoins la
régularité de l'activité spatiale depuis plusieurs mois
bénéficie à l'ensemble de l'économie locale et plus
particulièrement aux secteurs des services et du tourisme.
Dans l'ensemble, les filières exportatrices ont enregistré des
résultats satisfaisants. En effet, la pêche crevettière
réalise à nouveau des prises supérieures au total
admissible de captures. De même, le secteur rizicole a connu un second
cycle de production excellent et ses exportations sont en progression de
20 %. L'activité aurifère reste bien orientée, avec
une intensification des travaux d'exploration.
En revanche, la filière forestière est en repli avec une baisse
d'activité et la disparition d'entreprises importantes.
Pour sa part, le secteur du BTP subit toujours les conséquences
négatives de la fin de la période des grands travaux. Le volume
d'activité reste faible et les effectifs ont pratiquement
été réduits d'un tiers en deux ans.
De plus, le développement du secteur " informel " semble
s'accélérer. Ce phénomène touche maintenant non
seulement le BTP, mais également les services et la restauration. Les
artisans sont les premiers touchés par cette évolution.
Enfin, les événements du mois de novembre à Cayenne
semblent avoir durablement affecté le secteur du tourisme et de
l'hôtellerie et contrarié les efforts entrepris par les
professionnels du secteur depuis plusieurs années. Néanmoins, la
fréquentation touristique du département a progressé de
10% contre 8,2 % l'année précédente.
2. La progression du chômage reste liée à l'évolution démographique
La forte progression démographique que connaît la
Guyane et la crise économique qui prévaut dans le
département depuis 1992 pèsent largement sur la situation du
marché de l'emploi. Depuis 1991, la situation de l'emploi s'est
dégradée à la suite d'une baisse de la demande tant
publique (rigueur budgétaire des collectivités locales) que
privée. Ainsi, le taux de chômage en Guyane a plus que
doublé, passant de 9,7 % en 1991 à
22,1 % en
décembre 1996
. L'état de marche de l'emploi guyanais
semble se rapprocher progressivement de celui des autres DOM, même si le
taux de chômage reste encore largement inférieur en Guyane
à celui de l'ensemble des DOM (31,7 % en décembre 1996).
En juin 1997, le nombre de demandeurs d'emploi s'est élevé
à 12.314 soit une augmentation de 20 % par rapport à
juin 1996.
A moyen terme, les perspectives d'évolution de la population active
-lors du dernier recensement, les jeunes de moins de 15 ans
représentaient un tiers de la population- imposent la mise en oeuvre
d'une politique volontariste de l'emploi et la recherche de secteurs
économiques créateurs d'emplois pour intégrer cette main
d'oeuvre croissante.
3. Hors activité spatiale, une dégradation de la balance commerciale
Malgré la baisse des importations (hors activité
spatiale), la tendance à la baisse du taux de couverture, amorcée
en 1995, s'est confirmée en 1996 avec la diminution des exportations.
Ainsi, en 1996, le taux de couverture représentait 19,4 % hors
activité spatiale contre 20,3 % l'année
précédente.
En comptabilisant les importations de marchandises liées à
l'activité spatiale, la balance commerciale de la Guyane serait
déficitaire de 9,66 milliards de francs. Toutefois, ce
résultat ne comprend pas les exportations de services, notamment celles
liées à l'activité spatiale. Or, ces dernières
peuvent être évaluées à partir du chiffre d'affaires
d'Arianespace (environ 7 milliards de francs). En les incluant, la balance
commerciale de la Guyane serait déficitaire d'environ 2,6 milliards
de francs, soit un taux de couverture approchant 75%.
D. LA RÉUNION : UNE CONJONCTURE ÉCONOMIQUE GLOBALEMENT SATISFAISANTE MALGRÉ DES DIFFICULTÉS STRUCTURELLES PERSISTANTES
Dans la continuité de 1995, l'année 1996 a été marquée à la Réunion par une bonne tenue de la demande intérieure, alimentée par l'amélioration du pouvoir d'achat des ménages et par un recours soutenu au crédit à la consommation. Cette conjoncture, dont les effets ont été les plus sensibles au cours des neuf premiers mois, a surtout bénéficié au commerce. Pour le reste, les évolutions sectorielles sont restées plus incertaines.
1. L'évolution des secteurs d'activité s'inscrit dans la continuité et les difficultés structurelles de certains perdurent
La campagne sucrière 1996-1997, dont l'un des faits
majeurs a été l'application d'une nouvelle convention
quinquennale Etat-planteurs-usiniers, s'est achevée sur un bilan
plutôt favorable. Si la production de cannes a légèrement
diminué, en liaison avec les mauvais résultats observés
sur les bassins de l'Est, le recul global du tonnage a été plus
que compensé par l'amélioration de la richesse en sucre. Dans ce
contexte, la production sucrière se situe à un niveau
correspondant à celui de la moyenne décennale. Enfin, la campagne
rhumière, dont les modalités de contingentement ouvrant droit
à un régime fiscal privilégié ont été
profondément modifiées en 1995, a été
caractérisée en 1996 par une reprise des exportations et une
importante diminution des ventes sur le marché local.
La filière fruits et légumes, qui constitue la première
spéculation agricole de l'île avant la canne à sucre avec
près de 40 % de la valeur de la production agricole finale,
poursuit son développement. La production légumière couvre
aujourd'hui la quasi-totalité des besoins de la population
réunionnaise, tandis que les importations continuent de satisfaire le
quart de la consommation fruitière annuelle.
La situation des spéculations agricoles d'exportation traditionnelles
s'avère, en revanche, préoccupante. Si la production de vanille,
après avoir atteint son plus bas niveau historique en 1995, se redresse
quelque peu, notamment grâce aux efforts de réorganisation de la
filière entrepris par les professionnels, les résultats de la
production de géranium et de vétiver sont, en revanche, de
nouveau médiocres, tendant à marginaliser l'activité de
fabrication d'huiles essentielles réunionnaises.
S'agissant de l'exploitation des produits de la mer, les prises de la petite
pêche et de la pêche au large ont progressé alors que la
grande pêche industrielle, dont les produits (poissons et
crustacés) sont majoritairement destinés à l'exportation,
affiche des résultats en baisse. Ceci à la suite notamment d'une
certaine surexploitation des ressources halieutiques des terres australes
françaises par des navires étrangers, qui interviennent dans la
zone économique exclusive en toute illégalité.
Sur le plan industriel, les résultats sont également
contrastés. L'investissement des entreprises s'est inscrit en
légère hausse, mais cette tendance positive globale masque des
situations non homogènes selon les branches.
Même si les entreprises du bâtiment et des travaux publics ont
bénéficié d'un courant d'affaires en hausse dans le
domaine des constructions publiques et d'une stabilité de la commande
à un niveau élevé pour les travaux routiers,
l'activité globale du secteur a été marquée par
d'importantes difficultés en 1996. Les défaillances se sont
accélérées et les effectifs du secteur se sont de nouveau
contractés.
Enfin, après l'amélioration sensible observée en 1995, le
secteur touristique présence en 1996 des résultats
également très encourageants. L'affluence touristique a nettement
progressé, tandis que le taux moyen d'occupation des hôtels s'est
amélioré.
Avec plus de 1,2 million de passagers transportés en 1996, le
record de 1995 est battu. Sur l'axe Nord-Sud en particulier, le nombre de
voyageurs hors transit a augmenté de plus de 15 %. Dans ce
contexte, la fréquentation hôtelière s'est
améliorée, comme l'atteste la progression de près de
12 % du nombre de clients enregistrés par les établissements
de l'île. Face à ces résultats encourageants, les
investissements en matière d'équipement hôtelier et
touristique se poursuivent.
2. Mais une situation de l'emploi préoccupante qui s'est dégradée en 1996
Dans un contexte pourtant caractérisé par une
croissance sensible des offres d'emploi, la situation du marché du
travail ne s'est pas améliorée. Avec plus de
94.000 personnes inscrites en décembre 1996, le nombre de
chômeurs enregistrés en fin d'année a augmenté de
8 % en glissement annuel.
L'indicateur de chômage
publié par le ministère du Travail est passé de
37,3 % en 1995 à
40,2 %
en 1996
, ce qui
constitue le niveau le plus élevé de tous les départements
français. En outre, le chômage des jeunes de moins de 25 ans
a de nouveau progressé, après trois années
consécutives de baisse. La stabilisation du nombre de
bénéficiaires du revenu minimum d'insertion à un niveau
élevé illustre, par ailleurs, la permanence du
déséquilibre entre l'offre et la demande d'emploi. Cette
prestation sociale concerne de façon directe ou indirecte un peu plus de
18 % de la population du département.
Le chômage de longue durée s'accroît puisqu'il touche
désormais 37.864 personnes (+ 1,9 %) dont
8.709 inscrites depuis plus de trois ans. Il voit toutefois sa part dans
le total passer de 42,7 % à fin décembre 1995 à
40,3 % à fin décembre 1996.
Les femmes représentent 46,6 % des demandes d'emploi en 1996 contre
47,3 % un an plus tôt et plus de 60 % des demandeurs d'emplois
n'ont aucun diplôme.
En juin 1997, le nombre de demandeurs d'emploi s'est élevé
à 95.356, soit une progression de 6 % par rapport à
juin 1996.
3. Une nouvelle détérioration de la balance commerciale
BALANCE COMMERCIALE
(millions de francs)
1992 |
1993 |
1994 |
1995 (1) |
1996 |
|
Importations |
12 650 |
11 855 |
13 077 |
13 561 |
14 214 |
Exportations |
1 108 |
996 |
955 |
1 038 |
1 071 |
Balance commerciale |
- 11 .542 |
- 10 859 |
- 12 122 |
- 12 523 |
- 13 143 |
Taux de couverture (importations/exportations) |
8,8 % |
8,4 % |
7,3 % |
7,7 % |
7,5 % |
Source : Direction régionale des douanes
(1) Chiffres rectifiés
Le déficit de la balance commerciale s'est
détérioré, entraînant une légère
baisse du taux de couverture (- 0,2 point).
II. LES TERRITOIRES ET LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES D'OUTRE-MER
A. LA POLYNÉSIE FRANÇAISE : LA MARCHE VERS L'AUTONOMIE ÉCONOMIQUE
1. Un statut d'autonomie renforcé et élargi
La Polynésie française est depuis un peu plus d'un an dotée d'un statut d'autonomie élargie. La loi organique du 12 avril 1996 portant statut d'autonomie de la Polynésie française et la loi du 12 avril 1996 complétant le statut du territoire ont renforcé son autonomie, élargi les compétences des autorités territoriales et modernisé le fonctionnement des institutions.
a) La loi du 5 février 1994 d'orientation pour le développement économique, social et culturel de la Polynésie française
La loi du 5 février 1994 d'orientation pour le
développement économique, social et culturel de la
Polynésie française a traduit dans les textes le pacte de
progrès issu de la large concertation entreprise par le Gouvernement
français avec les autorités élues du territoire, le
conseil économique, social et culturel de la Polynésie
française et les forces vives du territoire.
Cette loi prévoit pour dix ans les conditions d'aide financière
de la France à la Polynésie. Le comité de suivi de
l'application de cette loi s'est réuni pour la troisième fois le
12 août 1997 et a pu établir le bilan suivant :
- au 31 décembre 1996, le montant global des engagements
était de 42 % des montants contractualisés du contrat de
développement ce qui constitue un niveau satisfaisant après deux
ans et demi d'exécution du contrat. Il en est à peu près
de même pour le contrat de ville qui concerne cinq des six communes de la
zone urbaine de Papeete.
En 1996, les transferts financiers de l'Etat se sont élevés
à 6,81 milliards de francs, en légère diminution par
rapport à 1995 (- 1,02 %). L'évolution du taux de
couverture des ressources extérieures globales propres au territoire
s'établit pour la même année à 33 % alors qu'il
était de 32 % en 1995.
Le 12 août 1997, le représentant de l'Etat et le président
du Gouvernement de la Polynésie française ont signé un
quatrième avenant au contrat de développement, pour prendre en
compte des redéploiements de crédits au profit
d'opérations nouvelles dans les domaines suivants : agriculture,
ressources de la mer (perlicutlure, pêche et aquaculture), tourisme,
aides aux entreprises, insertion et formation professionnelle, infrastructures
de communication, assainissement et traitement des déchets,
équipements scolaires, compte-tenu des résultats du recensement
général de la population réalisé en 1996.
Ce avenant précise enfin les conditions de l'étalement sur une
année supplémentaire de l'exécution de la totalité
des engagements pluriannuels de l'Etat décidée, comme pour les
contrats de plan Etat-région, dans la loi de finances pour 1997.
b) Convention relative au renforcement de l'autonomie économique de la Polynésie française
La convention relative au renforcement de l'autonomie
économique de la Polynésie française, signée le
25 juillet 1996, après l'annonce de la cessation
définitive des activités du centre d'expérimentation du
Pacifique, prolonge et confirme la volonté de l'Etat de maintenir son
soutien pour permettre de réussir la nouvelle étape dans laquelle
la Polynésie française est engagée pour son
développement économique, social et culturel.
Ce texte fixe à 990 millions de francs le montant des flux
financiers de référence à maintenir pendant dix ans.
Le fonds pour la reconversion de l'autonomie économique de la
Polynésie française, géré conjointement par l'Etat
et le territoire se met en place. Les modalités de gestion de ce fonds
ont été approuvées par une convention signée le
14 juillet 1997. Les communes, les partenaires privés, les
représentants des salariés, les chefs d'entreprises pourront
ainsi être associés à cette démarche.
La destination de ce fonds est définie, pour l'essentiel, dans le
" programme stratégique " élaboré par le
Territoire. Celui-ci donne la priorité à l'amélioration du
taux de couverture des importations et, plus particulièrement, à
la croissance des recettes du tourisme et au développement des
exportations de perles et de produits de la mer. Le premier secteur,
considéré comme le principal " moteur " de la
reconversion économique, doit procurer à la Polynésie,
à l'horizon 2015, plus de 40 % de ses recettes extérieures,
prenant la place aujourd'hui assurée par les transferts publics.
2. Une activité économique en nette progression
a) Les principaux indicateurs socio-économiques
En glissement annuel sur douze mois,
l'indice
général des prix
a augmenté de 1996 de 1,5 %
contre 1,1 % en 1995. Cette légère hausse des prix provient
essentiellement de l'augmentation du prix des produits alimentaires et des
services.
D'après l'enquête sur l'emploi en 1994,
le taux de
chômage
s'établirait à
11,8 % sur l'ensemble du
Territoire
, soit un effectif de 9.320 personnes. Ce taux est
sensiblement inférieur à celui que l'on observe dans les autres
départements et territoires d'outre-mer (de 19 à 34 %), mais
ce différentiel est largement imputable à l'absence d'un
système d'indemnisation du chômage et d'un revenu minimum
d'insertion, ainsi qu'à la place toujours importante occupée par
le secteur primaire et l'économie traditionnelle, pourvoyeurs de
nombreux emplois non ou peu qualifiés.
Le taux de chômage des moins de 25 ans s'établit à
29 % sur l'ensemble du Territoire. Par ailleurs, la proportion de
chômeurs parmi l'ensemble des actifs est deux fois plus
élevée chez les femmes (16,7 %) que chez les hommes
(8,3 %).La moitié environ des personnes à la recherche d'un
emploi sont au chômage depuis plus d'un an.
Après une dégradation en 1995, la balance commerciale s'est
légèrement redressée en 1996, présentant un solde
négatif de 71 milliards de francs CFP contre 74 milliards en
1995. Le taux de couverture des importations par les exportations
s'élève à près de 25 %, peu inférieur
au record établi en 1994.
Par contre, hors réexportations, le déficit commercial
s'établirait à plus de 79 milliards de francs CFP et le taux
de couverture ne serait que de 16,3 %, ce qui représenterait
néanmoins une amélioration par rapport à l'année
précédente.
BALANCE COMMERCIALE
(en millions de francs CFP)
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Variations 1994/1995
|
|
Importations |
86 021 |
86 905 |
87 827 |
91 383 |
94 551 |
+ 3, 5 |
Exportations |
10 240 |
15 183 |
22 287 |
17 548 |
23 433 |
+ 33,5 |
dont réexportations |
5 180 |
6 535 |
9 282 |
7 104 |
7 981 |
+ 12,3 |
Solde commercial |
- 75 781 |
- 71 722 |
- 65 540 |
- 73 835 |
- 71 118 |
- 3,7 |
Taux de couverture (importations/exportations) |
11,9 % |
17,5 % |
25,4 % |
19,2 % |
24,8 % |
Source : ITSTAT
b) La situation de quelques secteurs d'activité
En ce qui concerne la fréquentation touristique, le
Territoire avait été affecté par une lente érosion
commencée en 1987 (142.820 touristes) et qui avait conduit à
un niveau plancher en 1991 avec 120.938 touristes.
Une remontée de la fréquentation touristique a commencé en
1992 avec notamment l'ouverture de la desserte à la compagnie Corsair en
1993, qui avait permis une baisse importante des prix du transport
aérien.
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1995/1996
|
|
Nombre de touristes |
135.873 |
139.705 |
132.361 |
120.938 |
123.619 |
147.847 |
166.086 |
178.222 |
163.774 |
- 8 |
En 1996, on observe néanmoins une chute de plus de
50 % du nombre des touristes japonais et de 25 % du nombre des
touristes allemands, en raison des péripéties qui ont
marqué la reprise, puis l'arrêt des essais nucléaires dans
le Pacifique.
On devrait assister à un retour de la fréquentation touristique
en Polynésie à un niveau se situant dans la tendance
observée depuis 1993, si la tendance observée depuis septembre
1996 se confirme en 1997.
La production traditionnelle de la Polynésie est le coprah et elle est
essentielle au maintien de ressources pour les populations rurales des
îles, notamment aux Tuamotu et sur les atolls où la perliculture
n'existe pas.
En 1995, la production de coprah avait augmenté de 4 % et
s'élevait à près de 11.000 tonnes, mais elle a,
à nouveau, baissé de 7 % en 1996.
La production de l'huilerie de Tahiti est évaluée ainsi :
(Tonnes)
PRODUCTION |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Variation 1996/1995
|
Coprah trituré |
10 954 |
9 883 |
10 341 |
9 311 |
11 181 |
10 387 |
- 7 |
Huile brute |
6 743 |
5 707 |
6 036 |
5 380 |
6 620 |
6 260 |
- 5 |
Huile raffinée |
173 |
284 |
224 |
356 |
342 |
187 |
- 45 |
Les
exportations d'huile brute
ont augmenté de
52 % en valeur (404 millions de francs CFP contre 266 millions
de francs CFP en 1995) grâce à une augmentation du tonnage
exporté (+ 23,5 %) et à une amélioration du prix.
La
perliculture
a pris son essor à partir de 1983 et s'est
développée depuis, en transformant le nord de l'archipel des
Tuamotu et des Gambier, dont la population a augmenté de 24 % entre
1988 et 1996 contre + 16 % pour l'ensemble de la Polynésie
française.
Une trentaine d'îles et environ 2.000 personnes tirent aujourd'hui
leurs revenus de cette activité.
La quantité de perles exportées n'a cessé d'augmenter
depuis dix ans et la perle est devenue de loin le premier poste
d'exportation en valeur du Territoire :
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
Poids (kg) |
833 |
1 157 |
2 187 |
2 902 |
4 387 |
6 122 |
Valeur (MF CFP) |
4 424 |
4 251 |
7 772 |
11 967 |
9 611 |
14 448 |
En 1996, les exportations de perles ont progressé
à la fois en quantités (+ 25 %) et en valeur
(+ 50 %). Cette forte augmentation est liée, en grande partie,
à une pénurie de perles japonaises dont la production a
été affectée par une forte mortalité des
huîtres perlières consécutive à la pollution. Une
telle situation devrait perdurer pendant deux ou trois ans, ce qui -joint
à l'expansion de nouveaux marchés comme les Etats-Unis ou les
Nouveaux pays industrialisés de l'Asie du sud-est- augure d'une
période très favorable pour la production de perles noires de la
Polynésie au cours des prochaines années.
Le secteur du bâtiment et des travaux publics représente quelque
5 % du produit intérieur brut et 7 % de la valeur
ajoutée des branches marchandes. Ce secteur occupe environ
6.200 personnes, soit 11,7 % des emplois déclarés.
Une amélioration sensible de l'activité des entreprises du
bâtiment en 1996, particulièrement au second semestre, a pu
être constatée. Des programmes privés de promotion
immobilière ont été encouragés par les mesures
d'incitation fiscale prises par le Territoire dès 1995. Cet effet
s'amplifie en 1997, avec la mise en chantier de plusieurs projets
hôteliers de grande envergure bénéficiant également
de montages financiers en défiscalisation.
B. L'AVENIR DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
1. Au plan institutionnel, la préparation du scrutin d'autodétermination de 1998
a) Une application satisfaisante de la loi référendaire du 9 novembre 1988
L'ensemble du dispositif institutionnel prévu par la
loi référendaire du 9 novembre 1988 fonctionne de
façon satisfaisante.
La décentralisation institutionnelle résultant de la
création des trois provinces permet une meilleure répartition des
responsabilités et une meilleure prise en compte des besoins de la
population.
Le rééquilibrage économique, social et culturel
s'opère progressivement grâce aux mesures et dispositifs
prévus dans la loi référendaire. Il s'agit notamment des
dispositions relatives aux budgets du territoire et des provinces et actions
des établissements publics d'Etat : agence de développement rural
et d'aménagement foncier, institut de formation des personnels
administratifs, agence de développement de la culture canaque, institut
calédonien de participation ainsi que des contrats de
développement et du contrat de ville pour Nouméa.
La loi référendaire précise, dans son article 2, qu'entre
le 1er mars et le 31 décembre 1998, les populations
intéressées de la Nouvelle-Calédonie seront
appelées à se prononcer par un scrutin
d'autodétermination, conformément aux dispositions de
l'article 53 de la Constitution, sur le maintien du territoire dans la
République ou sur son accession à l'indépendance.
b) L'état des discussions sur l'avenir du territoire
Si de fréquents contacts se sont poursuivis entre le
Gouvernement et les deux partenaires des accords de Matignon, la reprise des
discussions sur l'avenir institutionnel du territoire se heurte à un
préalable posé par le FLNKS. Ce préalable porte sur
l'accès aux ressources minières nécessaires à
l'alimentation du projet d'usine métallurgique de transformation du
nickel en province nord présenté par la société
minière du sud Pacifique (SMS), société d'extraction
minière appartenant à la province nord, et Falconbridge (groupe
canadien, deuxième producteur mondial de nickel).
Le Gouvernement a affirmé l'importance qu'il attache à la
réalisation de l'usine métallurgique en province nord au titre du
rééquilibrage. Il a chargé M. Philippe Essig d'une
mission pour évaluer les perspectives économiques et
industrielles de ce projet et faciliter l'aboutissement des discussions entre
les sociétés Eramet-SLN, SMSP et Falconbridge en entendant les
parties et en proposant, si nécessaire, les voies d'un accord
équilibré. M. Philippe Essig, qui s'est rendu en
Nouvelle-Calédonie du 23 au 30 août 1997, a remis ses
premières conclusions au Premier ministre le 20 septembre dernier.
Sa mission, qui a jugé crédible le projet défendu par le
FLNKS, a été prolongée d'un mois pour examiner les
conditions techniques et financières d'accès à la
ressource.
Par ailleurs, M. Philippe Essig a été chargé de
conduire une réflexion globale sur la valorisation des ressources
minières du territoire. Il devra remettre ses conclusions pour la fin de
l'année 1997.
2. L'activité économique est, dans l'ensemble, restée bien orientée en 1996
a) Les principaux indicateurs socio-économiques
Le nouveau recensement général de la population
du territoire fait état de 196.836 habitants au
16 avril 1996. Les résultats ont été
officialisés par le décret n° 96-1084 du 11
décembre 1996.
La population du territoire croît de 19,9 % depuis le recensement de
1989, ce qui représente une croissance annuelle de 2,6 %,
légèrement supérieure à celle de la période
précédente (2,1 % par an de 1983 à 1989).
Le rôle économique du Grand Nouméa s'affirme, puisqu'il
regroupe 60,4 % de la population néo-calédonienne avec un
accroissement de 21,8 % par rapport à 1989.
Le recensement permet de faire le point sur l'équilibre
démographique des différentes communautés vivant sur le
territoire.
1988 |
1989 |
1996 |
||||
Effectifs |
% |
Effectifs |
% |
Effectifs |
% |
|
Européenne |
53.974 |
37,1 |
55.085 |
33,6 |
67.151 |
34,1 |
Indonésienne |
5.319 |
3,7 |
5.191 |
3,2 |
5.003 |
2,5 |
Mélanésienne |
61.870 |
42,6 |
73.598 |
44,8 |
86.788 |
44,1 |
Ni Vanuatu |
1.212 |
0,8 |
1.683 |
1 |
2.244 |
1,1 |
Tahitienne |
5.570 |
3,8 |
4.750 |
2,9 |
5.171 |
2,6 |
Vietnamienne |
2.381 |
1,6 |
2.461 |
1,5 |
2.822 |
1,4 |
Wallisienne |
12.174 |
8,4 |
14.186 |
8,6 |
17.763 |
9 |
Autre et non déclarée |
2.868 |
2 |
7.219 |
4,4 |
9.894 |
5 |
TOTAL |
145.368 |
100 |
164.173 |
100 |
196.836 |
100 |
Sources : INSEE/ITSEE
La commune mélanésienne, la plus nombreuse (44,1 %),
croît de 2,4 % en rythme annuel. Elle est peu affectée par
les migrations extérieures et sa croissance vient principalement de
l'excédent des naissances sur les décès. Toutefois, sa
part dans la population totale a diminué en raison de la baisse de la
natalité et de la hausse du flux migratoire. Cette population reste
très jeune (47,2 % de la population a moins de 20 ans),
même si cette jeunesse s'atténue un peu.
Le rythme d'accroissement annuel moyen de la communauté
européenne s'est accéléré (+ 2,9 %). Les
Européens représentent désormais 34,1 % de la
population néocalédonienne contre 33,6 % en 1989. La
population européenne vieillit, mais à un rythme plus lent que
précédemment, la base de sa pyramide des âgées
s'est, en effet, légèrement élargie. Il convient de noter
que 30,8 % des Européens ont moins de 20 ans.
Le marché de l'emploi s'est maintenu dans un état stationnaire
depuis trois ans :
- le nombre des emplois déclarés à la CAFAT (Caisse
de compensation des prestations familiales, des accidents du travail et de
prévoyance des travailleurs de Nouvelle-Calédonie) plafonne
autour de 44.000 depuis trois ans, pour s'établir à 44.832
en 1996 ;
- le nombre des demandeurs d'emploi-non-satisfaits, qui avait
plafonné à 5.000 en 1989 et 1990, a progressé ces
dernières années pour atteindre environ 7.500 en 1996, mais en
diminution de 0,5 % par rapport à 1995. Ce signe encourageant ne
doit pas masquer la diminution de près de 14 % des offres d'emploi.
Cette baisse traduit les difficultés de l'économie
néo-calédonienne à générer de nouveaux
emplois. Outre les problèmes conjoncturels, le plus préoccupant
semble être l'inadéquation qualitative, quantitative et
géographique entre l'offre et la demande. De plus, le nombre de
demandeurs d'emploi " réel " est certainement supérieur
du fait que de nombreuses personnes ne font pas appel à l'Agence pour
l'emploi dans leur recherche d'emploi.
La hausse des importations associée à la légère
baisse des exportations dégrade encore le solde la balance commerciale
qui affiche un déficit de 42.862 millions de francs CFP pour
l'exercice 1996. En conséquence, le taux de couverture des importations
par les exportations diminue pour s'établir à 54 % contre
59 % précédemment.
BALANCE COMMERCIALE DES BIENS
(en millions de francs CFP)
1992 |
1993 (1) |
1994 (1) |
1995 (1) |
1996 |
Variations
|
|
Importations |
89 160 |
87 951 |
87 307 |
86 894 |
93 087 |
+ 7,1 % |
Exportations |
40 200 |
39 653 |
42 088 |
51 251 |
50 225 |
- 2,0 % |
Déficit commercial |
- 48 960 |
- 48 298 |
- 45 219 |
- 35 643 |
- 42 862 |
+ 20,3 % |
Taux de couverture (importations/ exportations) |
45 % |
45 % |
48 % |
59 % |
54 % |
Source : ITSEE et Service des mines
(1) Chiffres rectifiés
Le déficit commercial avec la France métropolitaine reste
particulièrement important (- 24,6 milliards de francs CP) :
il représente 57,5 % du déficit global, soit 16 points
de plus que la part de marché de la métropole en
Nouvelle-Calédonie. Le territoire est aussi très nettement
déficitaire vis-à-vis de ses voisins australien
(- 8,4 milliards de francs CFP) et néo-zélandais
(- 6,1 milliards de francs CFP). Seuls les échanges avec le
Japon sont significativement excédentaires (+ 8,5 milliards de
francs CFP).
b) Une activité économique globalement soutenue en 1996
Après les années de redressement entre 1987 et
1989 -marquées notamment par le retour à la paix civile, les
effets de la loi référendaire et une reprise de l'ensemble des
activités économiques sur le territoire (cette reprise ayant
été favorisée par l'envolée des cours du nickel
pendant dix-huit mois)- la Nouvelle-Calédonie a connu, de 1990
à 1994, une période de croissance ralentie marquée par une
chute des cours du nickel consécutive au ralentissement
économique des pays industrialisés.
Les années 1995 et 1996 ont été plutôt favorables,
avec une augmentation des activités liées au nickel et un
environnement politique marqué par la recherche d'une solution
consensuelle pour l'échéance de 1998.
Au cours des trois dernières années, le nickel a
représenté en moyenne 93,5 % des exportation du territoire.
Avec 12,3 % de la production mondiale et 20 % des réserves
identifiées en 1995, il constitue un atout majeur pour le
développement du territoire. En contrepartie, l'économie locale
est extrêmement dépendante de son exploitation qui est,
elle-même, tributaire des fluctuations du marché mondial. Par
rapport aux pays concurrents (Canada, Russie, Indonésie...), la
Nouvelle-Calédonie est handicapée par des coûts de
production (énergie, main-d'oeuvre...) relativement élevés.
EXPORTATION DE MATTES ET DE FERRONICKELS (EN MÉTAL
CONTENU)
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
Quantité (t) |
45.841 |
41.289 |
39.991 |
47.771 |
49.538 |
51.894 |
53.768 |
Valeur (MF CFP) |
35.677 |
32.781 |
26.117 |
27.830 |
31.193 |
35.271 |
35.059 |
En 1991 et 1992, le secteur du tourisme avait subi les
conséquences, d'une part du conflit du Golfe qui avait affecté la
venue des touristes japonais et, d'autre part, de la récession des
économies australienne et néo-zélandaise.
L'année 1993 a marqué un certain retour à la croissance,
mais c'est surtout l'année 1994 qui a
bénéficié des effets positifs, d'une part, des projets
d'extension des capacités hôtelières et, d'autre part, de
l'ouverture de la desserte aérienne du territoire à la
concurrence (Air Outre-Mer et Corsair).
En 1995, la hausse de fréquentation a été faible
(+ 1,5 %), en raison des conséquences négatives de la
reprise des essais nucléaires sur la venue de touristes en provenance
d'Australie ou de Nouvelle-Zélande et malgré une progression
forte de la clientèle en provenance de la France métropolitaine
(+ 17 %).
L'arrêt des essais nucléaires a permis de relancer la venue des
touristes (+ 54 % par rapport au 1er semestre 1996, de sorte que
le chiffre record de fréquentation connu en 1984 (91.512 touristes)
a toutes les chances d'être dépassé en 1997.
Le secteur du bâtiment et des travaux publics traverse une
période délicate et quelques entreprises montrent
d'évidents signes de faiblesse (difficultés de trésorerie,
licenciements économiques et même cessation d'activité). Le
secteur est notamment affecté par la contraction de la demande publique
qui n'est pas relayée par les opérateurs privés. Le
secteur est également confronté à des problèmes
structurels provenant à la fois des conditions de concurrence et
d'exercice de la profession et à sa situation financière
caractérisée par une insuffisance de fonds propres.
Pour l'année 1997, le volume des travaux prévu en appels d'offres
est en augmentation. Concernant le bâtiment, près de la
moitié touche l'habitat social, priorité affichée par les
pouvoirs publics. Les opérations concernant les travaux publics et les
constructions industrielles, à quelques exceptions près, sont
d'un faible montant.
Un plan de relance du bâtiment, élaboré par
l'exécutif, a été mis en place dans le courant de
l'année 1997. Il prévoit notamment un investissement
cumulé de 12,9 milliards de francs CFP sur trois ans, dont
7,5 milliards de francs seraient à la charge du Territoire et
5,4 milliards de francs à la charge de l'Etat. Ces nouveaux
investissements devraient permettre la création de 430 emplois par
an, au lieu des 850 suppressions d'emplois attendus si aucune mesure n'est
prise. Le texte prévoit également l'instauration d'une couverture
sociale obligatoire pour les travailleurs indépendants.
C. WALLIS ET FUTUNA : UNE CONJONCTURE SANS RELIEF
1. Le niveau institutionnel et politique
Au plan institutionnel, le territoire est régi par la
loi du 29 juillet 1961 modifiée et sur le plan politique, une
réflexion est en cours pour favoriser une plus grande
responsabilité des élus du territoire. En novembre 1996, la
fidélité du territoire à la France a été
réaffirmée par une délégation d'élus et de
chefs coutumiers.
La priorité de l'action gouvernementale est d'assurer le
développement économique et social du territoire avec la
poursuite de la mise en oeuvre du contrat de plan 1994-1998 et de la convention
de développement pour la période 1995-2000, qui comporte un
engagement financier de l'Etat de 158 millions de francs. Cet engagement
s'ajoute aux 58 millions de francs du contrat de plan 1994-1998.
2. Une certaine atonie de l'activité économique
a) Les indicateurs globaux
Le recensement de 1996 fait apparaître
un
très faible taux de croissance du nombre d'habitants du territoire
depuis 1990,
soit + 0,6 % par an contre + 4,4 % par an
sur la période 1976-1983 et + 1,3 % par an entre 1983 et 1990.
Cet infléchissement de la progression de la population provient pour
l'essentiel d'un solde migratoire négatif en faveur de la
Nouvelle-Calédonie. Cette évolution est révélatrice
des difficultés locales à trouver un emploi, d'autant plus que le
territoire est fort d'une population jeune, de mieux en mieux formée
mais qui ne dispose pas sur place des possibilités d'embauche
appropriées.
En l'absence de données sur le chômage, la situation sur le
marché de l'emploi ne peut être appréhendée qu'au
travers de l'évolution des effectifs salariés recensés par
la Caisse locale de retraite et la Caisse de compensation des prestations
familiales (CLR-CCPF).
EFFECTIFS SALARIÉS PAR SECTEUR D'ACTIVITÉ
Sept. 1993 |
Sept. 1994 |
Sept. 1995 |
Sept. 1996 |
|
Secteur public |
814 |
1 072 |
1 118 |
1 012 |
Secteur privé |
530 |
451 |
553 |
536 |
TOTAL |
1 344 |
1 523 |
1 671 |
1 548 |
Les emplois dans le secteur public représentent les
deux tiers des emplois salariés du territoire.
La hausse de l'indice des prix pour 1996 est de 1,4 % par rapport
à 1995. Bien que modérée, elle est plus importante que les
autres années et elle est due notamment à la hausse des prix des
hydrocarbures qui s'est progressivement répercutée sur d'autres
services (électricité, eau).
b) L'activité économique dans quelques secteurs
Le BTP a pu maintenir son activité en 1996 grâce
à la commande publique, le sous-secteur de la construction de logements
individuels souffrant d'une importante baisse pour cause de saturation du
marché. Faute de nouveaux chantiers d'envergure et d'une
véritable relance de la construction de logements, les perspectives
d'avenir de ce secteur sont plutôt incertaines à Wallis. De
nombreux projets devraient toutefois être réalisés à
Futuna qui rattrape progressivement son retard d'équipement en
infrastructures de base.
L'activité commerciale dispose toujours d'une position dominante mais
n'a pas connu d'évolution marquante en 1996. Des créations
d'emploi limitées et l'absence de revalorisation du SMIG en 1996 n'ont
pas permis de stimuler la demande intérieure qui a surtout
été soutenue par l'endettement croissant des ménages. Les
concours de caractère bancaire consentis aux particuliers par
l'établissement de crédit local ont, en effet, augmenté de
façon marquée en 1996 (+ 25,5 % par rapport à
1995).
D. SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON : LA RECHERCHE DE SOLUTIONS ÉCONOMIQUES DIVERSIFIÉES
On peut brièvement rappeler que l'économie de
Saint-Pierre-et-Miquelon, fondée auparavant sur la pêche
industrielle et l'industrie de transformation du poisson, a connu un
retournement brutal en 1992 avec, d'une part, la sentence du tribunal arbitral
de New-York qui a réduit considérablement la zone
économique exclusive de l'archipel et, d'autre part, la décision
du Canada de réduire le quota de pêche, puis d'interdire toute
pêche de morue pour une période de cinq à sept ans (donc
jusqu'en 1997 ou 1999), en raison du risque réel d'épuisement des
stocks.
Depuis de très gros efforts ont été faits pour tenter de
reconvertir et de diversifier l'économie ce qui n'a été
possible que grâce à des efforts très conséquents de
l'Etat et de la collectivité territoriale.
1. Les principaux indicateurs
La situation de l'emploi
Paradoxalement, le marché de l'emploi ne s'est pas dégradé
en 1996 : il s'est même légèrement
amélioré avec
une baisse de 0,7 % de la moyenne des
demandeurs d'emploi en fin de mois,
qui s'est élevée à
276 en 1996 contre 278 en 1995.
L'évolution des prix
Le calcul d'un indice local des prix, interrompu depuis juin 1992, sera
repris en 1997 sur la base d'une publication trimestrielle.
En attendant, il a été procédé à une
estimation de la hausse des prix intervenue entre juin 1992 et
décembre 1996 : cette hausse serait de 10,4 % en trois
ans et demi.
La balance commerciale
La diminution des exportations en valeur (21 millions de francs en 1996
contre 55 millions de francs en 1995) a contribué à la chute
du taux de couverture des échanges qui est descendu à 6 % en
1996 contre 15 % en 1995.
BALANCE COMMERCIALE
(en millions de francs)
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
Importations (MF) |
459 |
404 |
344 |
414 |
371 |
371 |
Exportations (MF) |
248 |
200 |
29 |
83 |
56 |
21 |
Solde commercial |
- 211 |
- 204 |
- 315 |
- 331 |
- 315 |
- 350 |
Taux de couverture (importations/exportations) |
54 % |
49 % |
8 % |
20 % |
15 % |
6 % |
Source : Services des douanes
2. Les efforts de reconversion de la pêche industrielle restent, pour le moment, sans effet
Les activités d'Interpêche (pêche de 10.000
à 15.000 tonnes de poissons par cinq chalutiers, puis traitement et
transformation dans une usine à terre avant expédition sur la
métropole et l'Amérique du nord) ont été
interrompues depuis 1993.
Face à cette situation, les pouvoirs publics ont, d'abord, mis en place
un dispositif d'aides à Interpêche qui, par différents
biais (convention FNE à partir du 15 septembre 1992,
convention de congés de conversion du 1er août 1993 au
31 août 1994, restructuration financière
d'Interpêche...) ont conduit l'Etat et la collectivité
territoriale à apporter un soutien financier s'élevant à
165 millions de francs de septembre 1992 à
décembre 1996.
Puis les pouvoirs publics ont mené avec le Gouvernement canadien des
négociations qui ont débouché sur
l'accord de
pêche franco-canadien du 2 décembre 1994
qui
prévoit notamment que Saint-Pierre-et-Miquelon
bénéficierait de quotas de pêche de morue et de
pétoncles qui seront fixés, non pas de manière arbitraire
par les autorités canadiennes, mais par des pourcentages des TAC (Total
admissible de captures) déterminés chaque année de
manière conjointe et concertée.
De plus, parmi les mesures prises pour relancer les activités
liées à la pêche figurent la décision d'alimenter
une unité industrielle (Archipel SA) par du poisson importé
russe, puis le lancement d'une activité nouvelle avec la pêche au
pétoncle (acquisition du navire coquillier Avel Mad).
Actuellement, les résultats ne sont pas à la hauteur des
espérances : la production d'Archipel SA est passée de
1.285 tonnes en 1995 à 516 tonnes en 1996, tandis que le
coquillier Avel Mad n'a débarqué que 250 tonnes de
pétoncles en 1996 sur un quota alloué de 2.275 tonnes.
Par contre, les efforts fais pour redéployer la pêche artisanale
vers de nouvelles activités semblent porter des fruits avec
l'exploitation des oeufs de lumpe, du requin et du crabe des neiges.
E. MAYOTTE : UNE CROISSANCE QUI SE CONFIRME, SOUTENUE PAR LA PROGRESSION DES TRANSFERTS PUBLICS
1. Une économie soutenue par les transferts publics
En raison de ses retards de développement dans de
nombreux secteurs et, en particulier, en matière d'éducation et
de santé, Mayotte continue de bénéficier d'un effort
d'équipement sans précédent sous l'impulsion des
transferts publics qui augmentent à un rythme soutenu
(1.087 millions de francs en 1996, soit + 14 %).
Une part importante des concours de l'Etat en faveur du développement de
Mayotte a fait l'objet d'une programmation dans le cadre, d'une part, du
contrat de plan 1994-1998 -135 millions de francs engagés en 1996
sur un total d'environ un milliard pour la durée du plan- et, d'autre
part, de la convention de développement économique et social
1995-1996 visant à prendre en compte des retards spécifiques de
l'économie mahoraise -450 millions de francs en 1996 sur un total
de deux milliards de francs pour la durée de la convention-.
Ces actions économiques s'accompagnent d'un effort équivalent
d'évolution juridique avec l'extension par ordonnances à Mayotte
de textes législatifs et réglementaires pour mettre en place un
environnement institutionnel et juridique favorable à l'évolution
de la collectivité.
Dans le même temps, on assiste à un phénomène
encourageant pour l'avenir du territoire : l'investissement privé
s'accélère grâce à la consolidation de la situation
financière d'entreprises existantes ou en création, et ce, sur
ressources extérieures à Mayotte. En effet, cette île par
sa position géographique et sa sécurité institutionnelle
due à son appartenance à la communauté française,
constitue pour les producteurs une base de pénétration des
marchés comoriens et malgaches.
Néanmoins, Mayotte est pénalisée par un grave retard de
développement dans le domaine de l'emploi. Etant donné son
évolution démographique exponentielle -la population de
l'île a doublé entre 1978 et 1991, pour s'établir à
125.000 selon les projections en 1996-, la population jeune est nombreuse
et va encore s'accroître vu l'arrivée de classes d'âge
nombreuses. Mais cette population souffre de graves insuffisances de formation
et de qualification et ne peut répondre aux besoins des entreprises.
L'action des pouvoirs publics dans le domaine de l'éducation sera
déterminante à moyen terme.
2. Une évolution économique contrastée selon les secteurs d'activité
Le secteur de la construction a enregistré des
résultats satisfaisants, du fait de la poursuite du programme scolaire.
De plus, grâce à la concertation qui s'est nouée entre les
professionnels et les pouvoirs publics, un certain nombre
d'améliorations ont été obtenues, au rang desquelles
l'instauration d'une commission de qualification des entreprises, la
simplification de l'accès des petites entreprises aux marchés
publics et au financement bancaire de ces mêmes marchés. Le rythme
de construction de logements ne s'est pas ralenti même si l'on a
constaté une élévation du coût unitaire des
logements qui absorbe, en partie, l'augmentation de la ligne budgétaire
unique.
Dans le domaine agricole, l'événement majeur aura
été la contre-performance des cultures d'exportation, ylang-ylang
et vanille, victimes de la concurrence de produits de synthèse ou du
développement de la production à un moindre coût de
certains pays. Les productions animales, maraîchères ou
fruitières connaissent des performances diverses souvant par absence
d'une véritable logique d'entreprise et de circuits de commercialisation
plus rationnels.
Le secteur industriel, qui s'articule autour d'un nombre croissant
d'entreprises assez performantes, s'est également bien
développé. Le recours au dispositif de défiscalisation des
investissements a largement alimenté cet élan. Pour
répondre à une demande croissante des investisseurs, d'autres
surfaces aménagées ont été créées
pour pallier l'engorgement de la principale zone d'activité de Mayotte
à Kawéni.
En revanche, dans le domaine du tourisme, qui pourrait constituer l'un des
pôles de développement de Mayotte, aucun progrès notable
n'a été enregistré en 1996. La majeure partie des
propositions du projet de plan touristique élaboré en 1995 n'a
pas été mise en application.
DEUXIÈME PARTIE -
DES MOYENS
BUDGÉTAIRES EN AUGMENTATION POUR CONCILIER SOUTIEN À LA
CROISSANCE ET JUSTICE SOCIALE
Avec
5,22 milliards de francs
en dépenses
ordinaires et crédits de paiement, le budget de l'outre-mer est
en
progression de 7,3 %
par rapport à la loi de finances initiale
pour 1997. Le montant des autorisations de programme a été
fixé à 1,89 milliards de francs soit une
légère diminution par rapport à 1997 (1,95 milliards
de francs).
Pour être tout à fait exact, il convient de préciser
que :
- 96 millions de francs proviennent d'un transfert du budget du
logement et sont destinés à la résorption de l'habitat
insalubre dans les départements d'outre-mer ;
- 300 millions de francs inscrits dans les crédits du fonds
pour l'emploi dans les départements d'outre-mer vont servir à
mettre en oeuvre dans les départements d'outre-mer la loi sur le Plan
Emploi Jeunes votée en octobre dernier.
Hors ces deux mouvements, le budget de l'outre-mer ne serait que reconduit.
Néanmoins, ce projet de budget entend favoriser une croissance solidaire
dans l'outre-mer en intervenant sur l'emploi, le logement social et le
développement régional.
I. DES MOYENS BUDGÉTAIRES ACCRUS POUR LA POLITIQUE DE L'EMPLOI OUTRE-MER
A. LA PROGRESSION DES CRÉDITS DU FONDS POUR LA POLITIQUE DE L'EMPLOI OUTRE-MER
Les crédits du Fonds pour l'emploi dans les
départements d'outre-mer (FEDOM) sont fixés à
1,7 milliards de francs pour 1998 soit en augmentation de 14,3 % par
rapport à 1997.
Mais en réalité cette augmentation ne fait que traduire une
mesure nouvelle à savoir l'inscription dans le budget de l'outre-mer des
crédits nécessaires à la mise en oeuvre de la loi sur le
Plan Emploi-jeunes outre-mer.
Hors ces crédits, qui s'établissent à 300 millions de
francs, les dotations du FEDOM sont en légère diminution par
rapport à 1997 (1,40 milliard de francs au lieu de
1,49 milliard de francs inscrits en loi de finances initiale pour 1997) et
la répartition des crédits entre les différentes solutions
d'insertion est un peu modifiée. Mais il convient de rappeler que la
fongibilité de la ligne permettra les ajustements nécessaires.
En 1998, les crédits inscrits hors " Plan Emploi-jeunes "
devront financer 48.500 nouvelles solutions d'insertion réparties
comme suit :
(en millions de francs)
1997 |
1998 |
|||
Ressources
|
|
Ressources
|
|
|
Contrats emplois solidarité (CES) |
665 |
33 500 |
451,9 |
25 000 |
Contrats d'accès à l'emploi (CAE) |
622,2 |
10 600 |
721 |
8 000 |
Contrats d'insertion pour l'activité (CIA) |
169,4 |
15 000 |
180,1 |
15 000 |
Primes à l'emploi |
22 |
500 |
27 |
500 |
De manière générale, il convient de
souligner la diminution du nombre d'emplois d'insertion qui ont
été financés sur les crédits du FEDOM depuis 1996 :
66.200 contrats aidés avaient été financés en
1996 et seulement 48.500 le seront en 1998.
Certes, le plan emploi-jeunes vient compléter ce dispositif mais on peut
déplorer qu'il vienne compenser la diminution des crédits
prévus sur un dispositif existant.
En ce qui concerne la mise en oeuvre du plan Emploi-Jeunes les
300 millions de francs inscrits au chapitre 44-03 (FEDOM) du budget
du Secrétariat d'Etat à l'outre-mer, devraient permettre de
financer en 1998, la création de 6.000 emplois pour les jeunes.
Toutefois, pour tenir compte de la situation particulière des DOM, dont
les taux de chômage sont selon les départements de deux à
trois fois plus élevés qu'en métropole et dépassent
même 50 % pour les jeunes, des dispositions particulières
d'adaptation seront prises pour l'application de ce dispositif.
Le décret instituant ces adaptations et le décret permettant au
FEDOM de prendre en charge la contribution de l'Etat au financement de ces
nouveaux emplois, sont en cours d'élaboration et seront très
prochainement soumis à l'avis des conseils généraux des
DOM.
B. LE BILAN DU DISPOSITIF D'INSERTION DU RMI (REVENU MINIMUM D'INSERTION)
Il convient de rappeler que le nombre de
bénéficiaires, après s'être stabilisé entre
fin 1991 et avril 1993, augmente à nouveau du fait de la
dégradation de la situation économique, de la fin de l'alignement
des allocations familiales et de la forte baisse des entrées en CES
(contrats emploi solidarité). Fin juin 1997 il y avait
109.503 allocataires, contre 106.668 en décembre 1996 soit une
augmentation de 2,6 % ceci représente environ
245.000 personnes soit 16 % de la population des DOM qui sont ainsi
bénéficiaires du RMI.
Le volet insertion proposé aux bénéficiaires du RMI est
mis en oeuvre par les agences d'insertion (ADI) créées par la loi
du 25 juillet 1994 avec les objectifs suivants :
- favoriser la reprise d'activité, notamment à travers les
contrats d'insertion par l'activité (CIA) ;
- améliorer la définition d'une politique d'insertion
globale couvrant aussi bien la formation professionnelle, que la santé
ou la lutte contre l'illetrisme ;
- rationaliser le fonctionnement du dispositif d'insertion, chaque agence
d'insertion étant ainsi chargée d'élaborer un programme
départemental d'insertion (PDI) et un programme annuel de taches
d'utilité sociales (PATUS).
Pour 1997, le budget des ADI s'élevait à 811,6 millions de
francs et regroupait :
- la part insertion de la créance proratisation soit
184,6 millions de francs ;
- les 20 % correspondant à la part obligatoire des
départements soit 449,5 millions de francs ;
- la participation du FEDOM au financement des contrats d'insertion par
l'activité (CIA) soit 169,4 millions de francs ;
- la contribution des employeurs de CIA soit 8,1 millions de francs.
Les choix budgétaires pour 1998 montrent que le programme
départemental d'insertion représente 328 millions de francs
soit 40 % du budget global, et que le programme annuel de tâches
d'utilité sociale représentait 365 millions de francs soit
45 % des dépenses.
C. LES AUTRES ACTIONS EN FAVEUR DE L'INSERTION ET DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE
Les crédits destinés à l'Agence
nationale pour l'insertion et la promotion des travailleurs d'outre-mer (ANT)
sont fixés à 44,52 millions de francs soit une diminution de
5 millions de francs par rapport à 1996.
Ces crédits financent des actions de mobilité et de formation
professionnelle bénéficiant à des travailleurs originaires
des DOM.
Malgré la diminution des crédits pour 1998, les actions de l'ANT
sont appelées à se développer.
Les actions de l'ANT seront en 1998 étendues à la
Nouvelle-Calédonie.
L'ANT prépare par ailleurs la signature de contrats de progrès
avec les collectivités régionales des DOM qui possèdent un
plan régional de développement des formations. L'activité
sera de ce fait mieux orientée et plus forte dans les années
à venir. La croissance des activités de l'ANT prévue pour
l'exercice 1998 devrait entraîner une hausse des frais de structure de
l'Agence pour assurer notamment la qualité des prestations. Cette
croissance aura les mêmes conséquences sur les prestations
d'accompagnement de la mobilité financées par l'ANT.
De plus, le budget d'outre-mer se voit transférer, du budget du
ministère du travail, le dispositif " Formation
individualisée mobilité ". Les crédits ainsi
déplacés, soit 28 millions de francs, financent des
formations qualifiantes de niveau V en métropole pour des jeunes
originaires d'outre-mer.
Enfin, les crédits consacrés à la formation
professionnelle dans les territoires d'outre-mer sont reconduits en francs
constants pour 1998 et devrait permettre la poursuite des programmes entrepris,
notamment :
- les crédits consacrés aux chantiers de
développement local, qui sont maintenus à hauteur de
35,4 millions de francs. Il s'agit de mesures d'aide à l'emploi et
à l'insertion sociale et professionnelle, par la réalisation de
travaux d'intérêt général, de populations
très faiblement qualifiées dont les ressources restent
extrêmement faibles. Ce dispositif est en outre le seul traitement social
du chômage financé par l'Etat, pour l'ensemble des TOM ;
- en Polynésie française, la convention pour le
développement de l'autonomie économique, signée le
25 juillet 1996, qui prévoit que durant trois ans
55 millions de francs pourront être consacrés à la
création d'emplois et d'activités ;
- ces crédits permettront également le financement du
dispositif " 400 cadres pour la Nouvelle-Calédonie ",
issu de la mise en oeuvre des accords de Matignon, qui organise la formation de
néo-calédoniens n'ayant pas eu accès à des
formations initiales de niveau supérieur ou ayant besoin de nouvelles
qualifications en formation continue. Les crédits affectés
à ce programme proviennent, en cours d'exercice, de transferts du
chapitre 68-93 (18,750 millions de francs en 1997). Ces actions,
objet d'un large consensus, s'appuient sur un suivi personnalisé des
stagiaires lors de leur formation, afin de leur procurer les conditions de
travail les plus satisfaisantes ;
- enfin, dans le projet de loi de finances pour 1998, 466.666 francs
sont inscrits pour financer des actions de formation au titre du contrat de
plan Etat-collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon.
II. L'EFFORT DES POUVOIRS PUBLICS EN FAVEUR DU LOGEMENT SOCIAL
A. LA MISE EN OEUVRE DES ASSISES DE L'ÉGALITÉ SOCIALE EN MATIÈRE DE LOGEMENT SOCIAL
Les conclusions des assises de l'égalité sociale
intervenues début 1996 sur le logement social avaient
été exposées dans l'avis de l'an dernier.
On ne fera que signaler ici les mesures adoptées en 1997
conformément aux grands axes de réforme adoptés en 1996.
En ce qui concerne la relance de la construction de logements
intermédiaires jugés trop insuffisants dans les DOM, plusieurs
mesures ont été adoptées récemment :
- la mise en place du prêt intermédiaire (PLI) en
avril 1997 qui se substitue au dispositif de l'immeuble à loyer
moyen (ILM) ;
- l'introduction en avril 1997 également, du dispositif de
prêt à taux zéro, spécifique à l'outre-mer,
qui se substitue aux prêts spéciaux du crédit foncier ;
- l'amélioration des prêts complémentaires pour
l'accession dans le cadre du LES (logement évolutif social) en
avril 1997.
B. DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998, L'ÉTAT CONFIRME SES ENGAGEMENTS EN MATIÈRE DE LOGEMENT SOCIAL
L'ensemble des crédits destinés au logement
sont regroupés sur une ligne budgétaire unique (LBU)
gérée depuis 1996 par le budget de l'outre-mer.
Cette ligne est totalement fongible, ce qui autorise des possibilités
d'adaptation au niveau local en fonction des besoins spécifiques de
chaque collectivité.
En 1997, en autorisation de programme, la LBU a été
arrêtée à 1.150 millions de francs en loi de finances
initiale, et elle sera dotée de 1.096 millions de francs en 1998.
Cette dotation budgétaire est pourvue par une fraction importante de la
créance de " proratisation " du RMI, qui représentait
556 millions de francs en 1997 et devrait s'élever à
560 millions de francs en 1998.
Le niveau de crédits inscrits en autorisation de programmes pour 1998
sur la LBU résulte d'un double mouvement :
- d'une part, une réduction de 150 millions de francs pour
tenir compte de la réduction du taux de TVA applicable dans les DOM au
logement social (le taux passe de 9,5 % à 2,1 %), ce qui
n'affectera pas le volume des opérations ;
- d'autre part, l'inscription au budget de l'outre-mer d'une dotation de
96 millions de francs destinés à la résorption de
l'habitat insalubre dans les départements d'outre-mer.
Ces crédits étaient jusqu'à présent inscrits dans
le budget du logement. On peut donc se demander s'il ne s'agit pas en
réalité d'un transfert de crédits à niveau
constant, si bien que le maintien des crédits de la LBU à hauteur
de 1.096 millions de francs pour 1998 relèverait quelque peu du
trompe-l'oeil.
Il convient néanmoins de noter que les crédits de paiement de la
LBU sont en forte augmentation puisqu'ils s'élèvent à
568 millions de francs contre 463 millions de francs en 1997.
L'objectif affiché par le Secrétariat d'Etat à
l'Outre-mer est de financer plus de 17.000 opérations en
constructions neuves et réhabilitations en 1998, contre
15.400 prévus en 1997.
III. LA PARTICIPATION DE L'ÉTAT AU DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL
Le budget 1998 permettra le respect des engagements
contractuels de l'Etat dans le cadre du XIème plan et des conventions
signées avec les territoires d'outre-mer et Mayotte, afin d'aider au
développement des infrastructures et des réseaux dans le cadre
général de l'ouverture de l'outre-mer français vers leur
environnement international.
L'Etat consacrera, dans le cadre des contrats du XIè plan,
5,4 milliards de francs sur la période 1994-1999, auxquels il
convient d'ajouter, d'une part 1,9 milliard de francs au titre des
conventions de développement avec Mayotte et Wallis et Futuna
signées en 1995 pour renforcer les contrats de plan initiaux, d'autre
part 1,6 milliard de francs prévus aux contrats de
développement signés avec la Nouvelle-Calédonie en 1993.
Ce sont ainsi près de 9 milliards de francs qui seront
consacrés au développement des collectivités d'Outre-mer.
L'enjeu est d'autant plus important que, pour les DOM, les opérations
contractualisées constituent la contrepartie nationale des programmes
européens 1994-1999 ; sur cette période, ces fonds structurels
ont été doublés par rapport à 1989-1993 et
représentent 12 milliards de francs.
On peut faire un bilan nuancé de l'exécution des contrats de plan
en tenant compte de la décision prise par l'Etat en 1997 d'étaler
la réalisation des contrats de plan sur une année
supplémentaire, ce qui n'a pas été sans conséquence
sur la programmation des réalisations.
Hors les contrats de développement de la Nouvelle-Calédonie qui
obéissent à un calendrier différent (1993-1997), le taux
de délégation tous ministères et collectivités
confondus des contrats de plan s'élève à près de
52 % du montant contractualisé de l'Etat, alors que le taux
théorique des trois premières années, avant la
décision du Premier ministre d'étaler l'exécution des
contrats sur une année supplémentaire, était de 60 %.
On peut donc considérer qu'il y a eu une réelle mobilisation des
différents ministères concernés.
Le taux d'engagement était au 31 décembre 1996
d'environ 35 %. Il était de 20 % fin 1995. Il y a donc eu une
accélération de l'engagement des opérations, même si
ce taux reste encore insuffisant après trois années
d'exécution. L'engagement est le plus souvent freiné par la
complexité et la très grande ampleur d'opérations lourdes,
menées en matière d'assainissement ou d'aménagement
foncier.
A. LA PROGRESSION DES CRÉDITS AFFECTÉS AU FONDS D'INVESTISSEMENTS DES DOM (FIDOM)
Les moyens de paiement du Fonds d'investissements des DOM
(FIDOM) s'établissent à 232,5 millions de francs contre
218 millions de francs en 1997, soit une augmentation de 6,7 %.
Les ressources du fonds sont répartis en deux sections :
- une section générale regroupant les interventions du fonds
relevant de l'action directe de l'Etat ;
- une section décentralisée regroupant les interventions
relevant de la compétence des régions et des départements.
1. Le FIDOM-section générale
En ce qui concerne la répartition des crédits en
1997 au titre du FIDOM général, le bilan établi lors de la
réunion du Comité restreint du 31 juillet 1997 indique
que la dotation régulée du FIDOM général en
autorisations de programme, soit 174,37 millions de francs a
essentiellement permis de financer les contrats de plan et les conventions de
développement des départements d'Outre-mer, de Mayotte et de
Saint-Pierre-et-Miquelon. Compte tenu de l'annulation de 25 % de la
dotation, les délégations ont été effectuées
à hauteur de 75 % des tranches annuelles de ces contrats, pour un
montant total de 115,35 millions de francs et 11,39 millions de
francs pour la convention Etat/Mayotte.
Pour 1998, les orientations en ce qui concerne la répartition de la
dotation sont récapitulées comme indiquées ci-dessous.
FIDOM GÉNÉRAL -
RÉPARTITION DES
CRÉDITS POUR 1998
(en millions de francs)
Contrat de plan
|
154
|
2. Le FIDOM-section décentralisée
En ce qui concerne le FIDOM-décentralisé, il
faut rappeler que sa suppression a été décidée en
1996, et qu'en contrepartie, un projet de loi sur l'aménagement du
territoire dans les DOM devait être soumis au Parlement.
Le projet de loi avait pour objectif de créer pour chaque DOM, une zone
périphérique ultraprioritaire et d'arrêter des dispositions
complémentaires incitatives en faveur des entreprises participant au
désenclavement économique de ces collectivités.
L'argument avancé par le précédent Gouvernement pour
justifier de la suppression du FIDOM-décentralisé se fondait sur
la faiblesse des moyens disponibles, compte tenu des amputations
budgétaires successives.
Néanmoins il convient de veiller à ce que les opérations
en cours puissent être menées à leur terme, et comme l'an
dernier, votre commission souligne que les crédits de paiement doivent
être prévus à un niveau suffisant pour permettre d'achever
les opérations correspondant à des autorisations de programme
engagées avant le 31 décembre 1996.
Pour 1998, les crédits de paiement inscrits sur le
FIDOM-décentralisé sont fixés à 15 millions de
francs, contre 33,3 millions de francs en 1997.
B. UN EFFORT SOUTENU EN FAVEUR DE LA GUYANE
Outre les opérations contractualisées avec
chacun des départements d'outre-mer, inscrites sur le FIDOM
général, le budget pour 1998 marque la volonté d'un
engagement public plus important en Guyane :
- sur le FIDOM général, une dotation est prévue pour
la mise en place de la garantie de l'Etat à la SOFIDEG, dans le cadre
des suites du " plan vert " ;
- le budget 1998 permettra le financement d'une dotation
supplémentaire pour les équipements scolaires de 15 millions
de francs qui concernera tous les DOM, mais plus spécifiquement la
Guyane ;
- les crédits sont portés à 18,47 millions de
francs pour les infrastructures de Guyane, soit une augmentation de 37 %
de la dotation, permettant notamment la poursuite de la réalisation de
la route Régina-Saint-Georges.
Par ailleurs, des mesures exceptionnelles sont prévues :
- une dotation de 10 millions de francs est inscrite pour 1998, pour
la commune de Cayenne, dans le cadre du redressement des finances communales
auquel l'Etat participe par une subvention d'équilibre ;
- pour faire face à l'acuité des problèmes
rencontrés dans ce département, le Secrétariat d'Etat
à l'Outre-Mer a décidé de renforcer les effectifs de la
Préfecture de Guyane. Quatre postes d'encadrement sont
créés pour 1998 : deux attachés et deux secrétaires
administratifs.
C. LA RECONDUCTION DES CRÉDITS DU FONDS D'INVESTISSEMENT POUR LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL DES TERRITOIRES D'OUTRE-MER (FIDES)
Le Fonds d'investissement pour le développement
économique et social des territoires d'outre-mer (FIDES) est régi
par le décret n° 92-758 du 4 août 1992
modifié par le décret n° 94-273 du
30 mars 1994. Les ressources du fonds proviennent des crédits
ouverts au budget qui sont répartis en deux sections :
- une section générale, regroupant les interventions du
Fonds relevant de l'action directe de l'Etat ;
- et une section territoriale, regroupant les interventions du Fonds
relevant des compétences des territoires.
En outre, la loi référendaire n° 88-1028 du
9 novembre 1988 a créé, au sein du FIDES, un Fonds
d'équipement et de promotion de la Nouvelle-Calédonie (FEPNC) qui
est alimenté par une répartition en provenance du
chapitre 68-93 " actions diverses pour le développement de la
Nouvelle-Calédonie ".
1. Le FIDES-section générale
En ce qui concerne la section générale du FIDES,
la diminution de crédits constatée en autorisations de programme
sur la gestion 1997 provient essentiellement de l'étalement sur une
année supplémentaire des contrats, mesure prise par le Premier
ministre lors de l'élaboration de la loi de finances 1997. Cette
décision n'a toutefois pas affecté l'exécution des
contrats si ce n'est un léger retard dans les engagements.
Le tableau ci-dessous récapitule les opérations financées
par le fonds (section générale).
FIDES - SECTION GÉNÉRALE
TABLEAU RÉCAPITULATIF
(en francs)
TERRITOIRE |
1996 |
1997 |
Polynésie française |
107 435 000 |
70 797 000 |
Nouvelle-Calédonie |
||
- hors FEPNC |
18 735 000 |
17 500 000 |
- FEPNC |
258 671 370 |
251 650 000 |
Wallis et Futuna |
15 541 000 |
12 065 000 |
TAAF |
2 000 000 |
1 500 000 |
IFOI |
390 000 |
600 000 |
Opérations communes |
323 596 |
253 188 |
TOTAL |
403 095 966 |
354 365 188 |
Source : Secrétariat d'Etat à l'Outre-mer
L'effort a notamment porté, en ce qui concerne la Polynésie
française sur la dotation " Equipements des communes ",
compte
tenu des problèmes importants que celles-ci connaissaient en
matière d'approvisionnement en eau, d'assainissement et de premiers
équipements en matériels de secours.
Pour 1998, les crédits du FIDES - section générale
devraient s'élever à 135,875 millions de francs en
autorisation de programme et 131,42 millions de francs en crédits
de paiement soit une simple reconduction pour le montant des autorisations de
programmes (137 millions de francs en 1997) et une baisse des
crédits de paiement (140 millions de francs).
Ces crédits permettront de financer :
- le contrat de développement pour 83,73 millions de francs,
l'équipement des communes pour 15 millions de francs en
Polynésie française,
- les achats de terre par l'Agence de développement rural et
d'aménagement foncier (ADRAF) pour 4,9 millions de francs et
l'équipement des communes pour 15 millions de francs en
Nouvelle-Calédonie,
- la convention de développement avec Wallis et Futuna pour
12,55 millions de francs,
- ainsi que l'équipement des Terres australes et antarctiques
françaises pour 1,5 milliard de francs.
2. FIDES-section territoriale
Les crédits du FIDES-section des territoires inscrits
dans le projet de loi de finances pour 1998 s'élèvent à
2,9 millions en autorisations de programme et à 6,45 millions
de francs en crédits de paiement.
La forte progression des crédits de paiements résulte en
réalité d'un redéploiement des crédits en
provenance du FIDES-section générale.
ÉVOLUTION DES SUBVENTIONS AU FIDES
(millions de francs)
1996 |
1997 |
1998 |
||||
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
|
Section générale |
177,9 |
182,9 |
137 |
140 |
135,9 |
131,4 |
Section des territoires |
4,9 |
8,5 |
4,9 |
2,9 |
3,0 |
6,4 |
TOTAL |
182,8 |
191,4 |
141,9 |
142,9 |
138,9 |
137,8 |
D. DES ACTIONS SPÉCIFIQUES POUR LA NOUVELLE-CALÉDONIE
L'année 1998 sera décisive pour l'avenir de ce
territoire. Le Secrétariat d'Etat à l'Outre-mer a donc
décidé la prolongation des dotations au même niveau qu'en
1997, afin de répondre à la volonté du gouvernement
d'accompagner, dans un partenariat étroit avec l'Etat, le
développement économique de ce territoire, selon les
modalités qu'il aura choisies.
Le chapitre intitulé " Actions diverses pour le
développement de la Nouvelle-Calédonie " est donc reconduit
à hauteur de 390 millions de francs en autorisations de programmes
et de 378 millions de francs en crédits de paiement. Il sera
réparti en cours d'exercice au profit d'autres chapitres du budget de
l'outre-mer, soit plus précisément sur :
- le fonds d'équipement et de promotion de la
Nouvelle-Calédonie (FEPNC) créé au sein du FIDES qui
regroupe une partie des crédits consacrés à ce territoire.
Il convient d'ajouter les subventions de l'ADRAF et les crédits
d'équipement des communes qui figurent dans la section
générale du FIDES pour avoir une vision complète de
l'effort de l'Etat (251,7 millions de francs). Les ressources du fonds ont
été affectées au contrat de développement et au
contrat de ville ainsi qu'aux actions en tribu et à l'Institut
calédonien de participation (ICAP). En outre, en 1998, sera
célébrée l'inauguration du centre " Jean-Marie
Tjibaou " et une dotation de 5,35 millions de francs est
prévue pour ce centre en 1998 contre 4,35 millions de francs en
1997 ;
- les subventions aux budgets locaux et à divers organismes
(93,5 millions de francs) ;
- l'action sociale et culturelle (40,9 millions de francs) ;
- l'équipement administratif (2 millions de francs).
E. LE RENFORCEMENT DES SUBVENTIONS AUX BUDGETS DES COLLECTIVITÉS LOCALES
Dans le projet de loi de finances pour 1998, le montant des
subventions à caractère obligatoire à destination des
collectivités locales des DOM est porté de 29 millions de
francs à 32 millions de francs soit une progression de 9,9 %.
Cette subvention a pour objet de compenser les ressources fiscales de foncier
bâti manquantes aux collectivités locales et l'augmentation
obtenue pour 1998 devrait permettre de combler les insuffisances chroniques
constatées.
Au titre des subventions facultatives pour les collectivités
territoriales des départements d'Outre-mer, et comme il a
été indiqué plus haut, une subvention de 10 millions
de francs a été demandé dans le cadre du plan de
redressement de la situation financière de Cayenne.
En ce qui concerne les subventions accordées aux collectivités
territoriales des territoires d'outre-mer on peut signaler :
- la reconduction à hauteur de 52 millions de francs pour les
communes de Polynésie française pour alimenter un fonds
intercommunal de péréquation ;
- dans le cadre de la convention Etat-Mayotte, une subvention est
versée pour rembourser au Conseil général les frais de
fonctionnement de la préfecture. La dotation est fixée pour 1998
à 7,2 millions de francs soit un doublement par rapport à
1997 afin d'honorer l'engagement pris d'un abondement de 14,4 millions de
francs sur la durée de la convention.
IV. LA REMISE EN CAUSE DU RÉGIME D'AIDE FISCALE AUX INVESTISSEMENTS RÉALISÉS DANS LES DOM-TOM
A. RAPPEL DU DISPOSITIF D'AIDE FISCALE ET BILAN POUR 1996
1. Le cadre juridique
Les dispositions contenues dans l'article 22 de la loi
de
finances rectificative n° 86-824 du 11 juillet 1986, dite
" Loi Pons ", constituent un important dispositif original
d'incitation à l'investissement outre-mer, valable dans les
départements, les territoires et les collectivités territoriales
d'outre-mer.
Ces dispositions couvrent un champ d'application très large (industrie,
bâtiment et travaux publics, agriculture, pêche, tourisme et
hôtellerie, artisanat et énergies nouvelles) et concernent aussi
bien les investisseurs individuels (bénéficiant d'une
réduction dégressive d'impôt en cas de construction ou
d'acquisition de logements neufs à usage d'habitation principale) que
les entreprises qui bénéficient d'une déduction
d'impôt de la totalité du montant des investissements
réalisés.
Ces dispositions, inscrites dans les articles 199 undecies et
238 bis HA et HC du Code général des impôts
étaient valables initialement jusqu'au 31 décembre 1996.
Le régime de défiscalisation pour les investissements
réalisés outre-mer a été plusieurs fois
modifié afin de remédier à ses dysfonctionnements ou
mettre fin à certains excès commis dans les premières
années d'utilisation du dispositif. Sur le régime actuel, on peut
retenir les éléments suivants :
- droit à l'exercice de la déduction fiscale pour les
secteurs industriels (défiscalisation de plein droit en dessous de
30 millions de francs) (LFR pour 1986) ;
- le régime de défiscalisation est prorogé jusqu'au
31 décembre 2001 (LF pour 1992) ;
- extension du champ d'application du dispositif aux investissements
réalisés dans le cadre de concessions de service public local
à caractère industriel et commercial, aux apports en capital des
sociétés en difficulté dans les secteurs d'activité
éligibles LFR pour 1993) ;
- avis préalable du Ministre des DOM-TOM dans la procédure
d'agrément (LFR pour 1993) ;
- retour à une déduction fiscale de 100 % et
délai de détention harmonisé à cinq ans pour tout
investissement (LFR pour 1993) ;
- l'imputation des déficits provenant des investissements et des
soucriptions en capital dans les secteurs éligibles doit faire l'objet
d'un agrément du Ministre chargé du Budget, après avis du
Ministre de l'Outre-Mer. Les projets qui sollicitent cette disposition sont
soumis à la procédure du double agrément (LF pour 1996).
En définitive, en 1996, les projets d'investissements peuvent être
soumis à un agrément préalable à un double titre :
- pour autoriser la déduction de l'investissement pour certaines
catégories d'activité (§ III ter de l'article 238 bis HA) ;
- et/ou lorsque les investisseurs sont des personnes physiques ou morales
soumises à l'impôt sur le revenu qui n'exercent par leur nouvelle
activité à titre professionnel, l'agrément autorise
l'imputation des déficits sur le revenu global (§ quater de
l'article 238 bis HA).
La liste des secteurs inclut le transport audiovisuel, la navigation de
plaisance, la construction d'hôtels et de résidences de tourisme
et les concessions de service public.
En règle générale, pour les projets d'investissement,
c'est le système de l'agrément au premier franc qui s'applique.
Désormais, les projets d'investissements non soumis à
agrément :
- concernent les secteurs de l'industrie, de la pêche, du tourisme,
des énergies nouvelles, de l'agriculture, du bâtiment et des
travaux publics, de l'artisanat et de l'hôtellerie par des personnes qui
exercent l'activité correspondante à titre professionnel ;
- portent sur moins de 1 million de francs, dans les secteurs de
l'hôtellerie, des transports, de la navigation de plaisance, de la
production et de la diffusion audiovisuelle et sont réalisés par
une entreprise qui justifie d'une exploitation effective à titre
professionnel, depuis au moins deux ans outre-mer dans l'un de ces secteurs.
2. Le bilan du régime de défiscalisation dans les DOM-TOM en 1996
Ce bilan est établi à partir du rapport
déposé devant le Parlement en application du III de
l'article 120 de la loi de finances pour 1992, sur les conditions de
mise en oeuvre de l'agrément prévu en faveur des investissements
réalisés dans certaines secteurs économiques des DOM-TOM
en 1996.
1.085 dossiers ont été traités au cours de 1996 pour
un montant d'investissements de 9,96 milliards de francs.
Sur ces 1.085 dossiers, 819 ont obtenu un agrément, 217 ont
reçu une réponse défavorable et 49 ont fait l'objet d'un
désistement ou d'un classement sans suite.
Le montant total des
projets agréés s'élève à 5,59 milliards
de francs.
Le montant des investissements soumis au double agrément
s'élève à 4,508 milliards de francs.
La création d'emplois directs liée à ces investissements
est estimée à 1.848, mais n'englobe pas les emplois maintenus ni
ceux indirectement induits par la réalisation des investissements.
Le montant des investissements agréés en 1996 a augmenté
de 1,6 milliard de francs par rapport à 1995. Cette croissance
découle pour un milliard de francs du nouvel agrément
III quater, et pour 600 millions de francs des investissements
agréés au titre du III ter qui ont ainsi progressé de
15 % par rapport à 1995.
Pour les secteurs soumis à l'agrément III ter,
après une baisse importante depuis deux ans, le secteur de
l'hôtellerie a fortement progressé en 1996 : le montant des
investissements agréés a plus que doublé
(+ 132 %) et s'élève à 968 millions de
francs.
Dans le secteur du tourisme et de la plaisance, le montant des investissements
agréés a diminué par rapport à 1995 en raison de
l'agrément d'un navire de croisières important en 1995
(773 millions de francs). Hors ce projet, le secteur tourisme/plaisance
croît de 17 % en 1996.
Le secteur des transports a fortement augmenté avec un nombre de
dossiers multiplié par deux et un montant d'investissements qui a
crû de 142 %. Trois bateaux de transport de marchandises ont
été agréés pour 443 millions de francs.
Dans le secteur de l'audiovisuel, le nombre de dossiers agréés a
doublé. Le montant des investissements agréés croît
de 73 % mais un seul dossier représente 110 millions de francs
sur un total de 172 millions de francs. Sans ce projet, le montant
agréé connaît un fléchissement par rapport à
1994 et 1995.
Le secteur des énergies nouvelles a un nombre de dossiers stable mais le
montant des projets agréés est encore en progression par rapport
à 1995.
Quatre entreprises concessionnaires de SPIC et une entreprise en
difficulté ont bénéficié d'un agrément pour
un montant d'investissements agréés sensiblement
équivalent à celui des années précédentes
dans le secteur des concessions de SPIC et en diminution du tiers pour le
secteur des entreprises en difficulté.
RÉPARTITION SECTORIELLE DES INVESTISSEMENTS SOUMIS AU DOUBLE AGRÉMENT
(millions de francs)
1995 |
1996 |
1996/1995 en % |
|
Hôtellerie
|
416,97
|
968,34
|
+ 132
|
TOTAL |
3 914,2 |
4 508,36 |
+ 15 |
* Ces deux secteurs ont été instaurés
à compter du 1er juillet 1993.
Pour les secteurs d'activité soumis au seul
agrément III quater depuis le 1er janvier 1996, la
mise en place de cet agrément fait apparaître quatre secteurs qui
n'avaient jusqu'ici pas obtenu d'agrément : le bâtiment avec un
montant de projets agréés de 340 millions de francs, la
pêche à hauteur de 141 millions de francs
agréés, l'agriculture (135 millions de francs) et dans une
moindre mesure, l'artisanat avec 2,6 millions de francs
agréés.
On constate qu'en 1996, c'est le secteur de l'industrie qui a
bénéficié du montant des projets agréés le
plus élevé (environ 530 millions de francs).
Enfin, le secteur de l'habitat locatif connaît une très forte
croissance puisque le montant d'investissements agréés est
multiplié par deux, à 136 millions de francs : il s'agit
pour l'essentiel de projets agréés au titre du logement
intermédiaire.
En ce qui concerne la répartition géographique des
investissements :
- en 1996, la Martinique, dont le nombre de projets agréés a
augmenté de 46 % par rapport à 1995, a dépassé
la Guadeloupe, dont le nombre de dossiers reste stable. En revanche, le montant
agréé reste plus élevé en Guadeloupe, mais les deux
départements connaissent cependant une baisse significative en montant
par rapport à 1995.
- le nombre de projets agréés en Guyane a peu
augmenté mais le montant des investissements agréés est en
forte croissance, notamment avec des projets importants dans les secteurs des
transports, de l'audiovisuel et des énergies nouvelles.
- La Réunion a vu presque doubler le nombre des projets
agréés par rapport à 1995 pour un coût
d'investissements en hausse de 17 %. Après un recul en 1995, le
secteur des transports augmente fortement.
Dans chaque département d'outre-mer, la nouvelle procédure
d'agrément III quater a presque doublé le nombre
d'agréments délivrés. Le montant des projets
agréés varie de 173 à 277 millions de francs, selon
le département avec une mention particulière pour le secteur
industriel réunionnais qui recueille 226 millions de francs.
- la Polynésie est le principal bénéficiaire de la
défiscalisation avec 1.272 milliards de francs d'investissements
agréés. Certes, ce montant reste stable par rapport à 1995
mais un projet exceptionnel d'environ 800 millions de francs avait
été agréé au titre de cette dernière
année.
- le niveau des investissements en Nouvelle-Calédonie a
été multiplié par trois en 1996. Cette croissance est due
notamment aux secteurs du bâtiment, des travaux publics et de
l'hôtellerie.
- enfin, Saint-Pierre-et-Miquelon a bénéficié en 1996
de deux projets exceptionnels dans les secteurs de la plaisance et des
transports.
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DES INVESTISSEMENTS SOUMIS AU DOUBLE AGRÉMENT
(millions de francs)
1995 |
1996 |
1996/1995 en % |
|
Guadeloupe
|
1 372,66
|
781,65
|
- 43
+ 38 800 |
TOTAL |
3 914,27 |
4 508,36 |
+ 15 |
* dont Saint Pierre et Miquelon
B. LA REMISE EN CAUSE DU DISPOSITIF DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998
1. Les modifications résultant de l'article 14 du projet de loi de finances pour 1998
Affichant son souhait de " moraliser "
le dispositif
de défiscalisation des investissements réalisés outre-mer
et de le rendre plus équitable alors même que les multiples
modifications du régime de la loi Pons ont permis d'aboutir à un
dispositif cohérent et transparent, le Gouvernement apporte des
correctifs importants à travers l'article 14 du projet de loi de
finances pour 1998.
Les modifications proposées reposent sur une approche qui se veut
équilibrée, associant recherche de l'équité fiscale
et maintien de l'efficacité du dispositif et elles précisent que :
- l'octroi de l'agrément devra prendre en compte le nombre
d'emplois créés ou maintenus grâce au projet
d'investissement ;
- le déficit de défiscalisation des investissements est
applicable de façon identique à l'ensemble de l'outre-mer puisque
sont supprimées les dispositions particulières applicables
à la Nouvelle-Calédonie et à Saint-Pierre-et-Miquelon ;
- les investissements défiscalisés ne peuvent plus
être déduits du revenu global pour le calcul du plafonnement de
l'ISF ;
- sont désormais exclus de l'assiette défiscalisable les
subventions publiques perçues et la TVA, qui est
récupérable par les entreprises.
2. La remise en cause du dispositif résultant des modifications adoptées par l'Assemblée nationale
Avec la volonté de traquer une niche fiscale qui ne
profiterait qu'aux très gros contribuables, l'Assemblée nationale
a considérablement réduit la portée du dispositif de
défiscalisation au point de lui faire perdre tout intérêt
pour les particuliers, à l'exception des seuls professionnels
appartenant au secteur dans lequel l'investissement est programmé.
Sans avoir procédé à aucune étude d'impact, ce vote
risque de faire disparaître un dispositif dont le bilan rappelé
ci-dessus a pu montrer le dynamisme et l'intérêt qu'il
représentait pour toute une série de secteurs d'activité
dont le développement est primordial pour l'avenir des DOM-TOM.
L'amendement adopté en séance publique supprime la
possibilité d'imputer sur le revenu global les déficits de la
catégorie BIC (bénéfices industriels et commerciaux). Il
s'agit de la même restriction que celle adoptée en 1996 pour les
investissements réalisés en métropole dans le secteur de
l'hôtellerie. Ce type d'investissements a d'ailleurs quasiment disparu,
mettant fin à une situation totalement anormale, puisque dans un
marché de l'hôtellerie en surcapacité, cet avantage fiscal
favorisait les investissements dans les hôtels de chaîne.
Or, dans les DOM-TOM, nul ne peut prétendre que les secteurs où
sont réalisés les investissements sont en surcapacité.
L'alignement du dispositif fiscal relatif à l'investissement dans
l'outre-mer sur celui des BIC hôteliers va très certainement
entraîner sa disparition alors même que les besoins de
développement sont importants et que les handicaps de l'outre-mer
pèsent lourdement sur son économie.
De plus, ce dispositif semble ignorer que certaines activités
productives de l'outre-mer demeurent insuffisamment rentables, même
lorsque l'investissement initial est défiscalisé.
Il s'agit notamment de la pêche à La Réunion, des
énergies renouvelables aux Caraïbes, et de presque tous les
investissements en Polynésie et Nouvelle-Calédonie. Pour ce type
de projets, il faut maintenir également la défiscalisation des
pertes d'exploitation, afin d'assurer la réalisation de
l'opération et le maintien des emplois.
TROISIÈME PARTIE -
L'OUTRE-MER ET
L'EUROPE
I. LES AIDES COMMUNAUTAIRES POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L'OUTRE-MER
A. LA POLITIQUE DES FONDS STRUCTURELS POUR LES DOM
La réforme des fonds structurels intervenue en 1993
visant le cadre communautaire d'appui de la période 1994-1999 se
caractérise, pour les DOM, par une continuité certaine par
rapport à la réforme de 1989, mais avec des évolutions
significatives, notamment en matière financière.
L'intervention communautaire dans les DOM reste concentrée sur cinq
objectifs, et principalement sur l'objectif 1, qui vise à
promouvoir " le développement et l'ajustement structurel des
régions en retard de développement ".
Le principe du partenariat pour l'élaboration, le financement et le
suivi des actions communautaires entre Commission, Etat-membre et
autorités locales a été confirmé et étendu
aux partenaires économiques et sociaux ce qui correspond à la
pratique en vigueur dans les DOM.
Les grands principes qui fondent l'action structurelle communautaire demeurent
: celle-ci ne peut qu'accompagner, sous forme complémentaire, des
actions nationales. Mais au-delà, une évaluation plus stricte de
l'intervention communautaire est assurée par une
" appréciation ex-ante " de l'impact du cadre communautaire
d'appui, par rapport aux projets de développement économique
local.
Les innovations marquantes dans les fonds concernent essentiellement le FSE et
le FEOGA-Orientation, pour assouplir les critères
d'éligibilité des actions ce qui permet une meilleure prise en
compte des problèmes spécifiques des DOM par les fonds
structurels.
Le 29 juillet 1994, la Commission a avalisé, par une
décision unique pour chaque DOM, un document unique valant Plan de
développement régional (1ère partie) et demande de
concours (2e partie).
Au total, les départements d'outre-mer bénéficieront d'une
intervention communautaire au titre des fonds structurels de
1,762 milliards d'écus pour la période 1994-1999, soit
un quasi doublement de l'intervention communautaire par rapport à la
période précédente. Pour le Cadre Communautaire d'appui
(CCA) 1989-1993, la participation de la Commission aux mesures des
programmes opérationnels était de 48 %, pour le
CCA 1994-1999, il est de 56 %.
A titre de comparaison, le Cadre communautaire des Canaries a été
approuvé pour un montant de 616 millions d'écus, celui de
Madère pour 369 millions d'écus.
B. LES INTERVENTIONS COMMUNAUTAIRES DANS LES PAYS ET TERRITOIRES D'OUTRE-MER (PTOM) AU TRAVERS DU FONDS EUROPÉEN DU DÉVELOPPEMENT (FED) ET DE LA BANQUE EUROPÉENNE D'INVESTISSEMENT (BEI)
Sur le plan financier, les interventions communautaires dans
les PTOM s'effectuent au travers du Fonds européen du
Développement (FED) et de la Banque européenne d'investissement
(BEI).
Pour la période 1990-1995 correspondant au VIIe FED, les PTOM
(français, néerlandais, britanniques) se sont vus attribuer une
enveloppe de 140 millions d'écus auxquels s'ajoutent
25 millions d'écus de ressources de la BEI. Cette enveloppe est
répartie entre une part programmable (97,5 millions d'écus)
qui subventionne des projets et programmes et une part non programmable qui
concerne des interventions comme les capitaux à risques, le STABEX, le
SYSMIN, les aides d'urgence.
Sur la part programmable du VIIème FED, les PTOM français ont
bénéficié de 46,8 % de l'enveloppe, soit environ
40 millions d'écus. Le taux d'engagement de ces crédits est
très contrasté : la moyenne est d'environ 65 %, ce qui
révèle des situations différentes d'un PTOM à
l'autre. Si la plupart d'entre eux ont engagé leur programme pour un
taux compris entre 75 % et 100 %, celui de la Polynésie
(13,1 millions d'écus) reste faible (35,6 %) : ceci s'explique
par les difficultés, résolues depuis peu, rencontrées dans
le montage du projet d'assainissement d'Outumaoro, qui représente
à lui seul 73 % de l'enveloppe VIIè FED de la
Polynésie.
Le Conseil européen de Cannes (juin 1995) a décidé
du montant du VIIIe FED. Pour les PTOM, celui-ci sera de 165 millions
d'écus, auxquels s'ajouteront 35 millions d'écus de
ressources de la BEI.
L'enveloppe à proprement parler du FED (165 millions d'écus)
affiche un taux de progression en écus courants de 17,8 %.
La Commission a présenté au Conseil une proposition de
répartition de cette enveloppe entre la France, les Pays Bas et la
Grande Bretagne, mais les négociations sur le VIIIè FED sont
bloquées du fait de l'opposition des Antilles néerlandaises
à toute modification des règles d'origine et du régime
commercial de l'actuelle décision d'association, qui fait l'objet d'une
révision à mi-parcours. Il semble toutefois qu'on s'achemine vers
une solution de compromis
proposée au Conseil Affaires générales du 6 octobre
dernier. Les enveloppes nationales seront ensuite réparties, sur
proposition des Etats membres, entre les différents PTOM. Sur cette
base, interviendra la programmation des crédits.
II. L'ÉVOLUTION DU CADRE JURIDIQUE EUROPÉEN POUR L'OUTRE-MER
Le Traité d'Amsterdam signé le
2 octobre 1997, et non encore ratifié, révise un
certain nombre de dispositions des traités communautaires.
En ce qui concerne l'outre-mer, la France a plaidé d'une part pour que
la spécificité des départements d'outre-mer soit reconnue
par le traité et d'autre part pour que le régime spécial
d'association des pays et territoires d'outre-mer soit réexaminé.
Des avancées certaines ont été obtenues sur l'un et
l'autre point, mais la lisibilité des dispositions du Traité en
ce qui concerne les DOM-TOM n'est pas toujours claire.
A. L'ARTICLE 227-2 RÉVISÉ SUR LA SPÉCIFICITÉ DES DOM
1. Les éléments positifs de l'article 227-2
La nécessité de mesures spécifiques
à l'outre-mer se trouve désormais inscrite dans le Traité
de Rome, lui-même, puisque l'article 227-2 reprend le contenu d'une
déclaration n° 26 qui n'était qu'annexée au
traité sur l'Union européenne.
Le deuxième alinéa de l'article 227-2 autorise ainsi le Conseil
à adopter des mesures spécifiques pour l'application du
Traité de l'Union européenne aux DOM français, à
Madère, aux Canaries et aux Açores pour prendre en compte les
situations économiques structurelles de ces régions
aggravées par leur éloignement, l'insularité, leur faible
superficie.
La procédure de décision pour la mise en oeuvre de ces mesures
est plus souple puisque seule la majorité qualifiée est requise
au Conseil au lieu de l'unanimité.
2. Les zones d'ombre de l'article 227-2
La rédaction de cet article apparaît à
bien des égards ambigüe, puisqu'après avoir affirmé
la nécessité d'adopter des mesures spécifiques pour la
mise en oeuvre du traité dans les DOM, l'alinéa suivant stipule
que ces mesures ne sauraient en aucun cas " nuire à
l'intégrité et à la cohérence de l'ordre juridique
communautaire " y compris le marché intérieur et les
politiques communes.
Cet alinéa apparaît en totale contradiction avec le
précédent ou plutôt il laisse de faibles marges de
manoeuvres pour la définition de mesures spécifiques.
Une fois de plus, il faudra s'en remettre au pouvoir d'interprétation
de la Cour de justice, qui devra déterminer au cas par cas si telle
mesure spécifique porte ou non atteinte à " la
cohérence de l'ordre juridique communautaire ". A priori, il ne
semble pas que la jurisprudence de la Cour soit très favorable, au nom
du principe d'égalité et de libre accès, à la mise
en oeuvre de politiques spécifiques. Il ne semble donc pas que la
rédaction de l'article 227-2 constitue une réelle
avancée pour les DOM.
B. L'AVENIR DU RÉGIME D'ASSOCIATION DES PTOM
1. Rappel du cadre juridique
Les territoires d'outre-mer ne font pas partie
intégrante de l'Union européenne, mais appartiennent à la
catégorie des " pays et territoires d'outre-mer " (PTOM) et
bénéficient à ce titre depuis 1957 d'un régime
d'association spécifique figurant aux articles 131 à 136 du
Traité de Rome. La Communauté européenne a en outre
adopté tous les cinq ans des décisions précisant les
conditions de cette association, en parallèle avec les conventions de
Yaoundé et de Lomé applicables aux Etats
Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP).
La dernière décision, qui date du 25 juillet 1991 et
dont la durée d'application est de dix ans, reprend de nombreux points
de la convention de Lomé IV, tout en comportant quelques dispositions
spécifiques aux PTOM : ainsi, les produits originaires des PTOM,
à l'exception du rhum, bénéficient d'un libre accès
au marché européen, sans droit de douane ni contingentements et
le libre accès des produits ayant fait l'objet d'une transformation
suffisante est également facilité.
La décision d'association contient également des dispositions
protectrices concernant aussi bien les produits que les prestations de service
: les PTOM conservent ainsi la possibilité de maintenir des droits de
douane ou des restrictions quantitatives sur les produits communautaires ou
importés d'autres PTOM et peuvent, en accord avec la Commission
européenne, limiter certaines prestations de service dans des secteurs
sensibles pour l'économie locale. Ces mesures de protection doivent
s'appliquer indistinctement à tous les ressortissants communautaires, y
compris aux ressortissants de l'Etat membre avec lequel le PTOM a des relations
privilégiées. Or, la Constitution française, en
application des principes d'égalité et d'indivisibilité de
la République, interdit aux territoires d'outre-mer d'opérer une
distinction entre les Français de métropole et les
Français d'outre-mer.
2. Les avancées juridiques en faveur des PTOM, à l'occasion de la révision du Traité d'Amsterdam
Début 1996, la Commission a rendu publiques ses
propositions visant à modifier la décision d'association afin de
renforcer les dispositions spécifiques aux PTOM. Sont ainsi
prévus, tout en maintenant le régime commercial de total libre
accès, une limitation de cumul entre les produits ACP et les produits
PTOM, un renforcement du partenariat Commission-Etat-membre-PTOM, la
reconnaissance des diplômes obtenus dans ces pays et territoires,
l'éligibilité des ressortissants des PTOM à vingt-deux
programmes communautaires internes, tels Socrates, Leonardo, Tid, Media, et
l'augmentation substantielle des ressources du Fonds européen de
développement (FED) pour les programmes de développement
territoriaux. Ces propositions ont fait l'objet de longues discussions,
notamment sur la question du régime commercial.
Le Gouvernement français a par ailleurs déposé au
début de l'année 1997 auprès de la Commission
européenne un mémorandum développant ses propositions. Ce
mémorandum demande notamment l'élaboration d'un programme de
développement économique et social des PTOM par Etat-membre
concerné, afin de fixer les orientations et les secteurs d'intervention
de l'Union en faveur de leur développement économique et social
en tenant compte du mode de relation qu'entretiennent les trois Etats membres
avec leurs PTOM. Il propose également la création d'un fonds
particulier pour les PTOM, différent du FED, pour que leur soient
appliquées des règles plus souples et pour permettre une
éventuelle réévaluation des crédits qui leur sont
destinés.
Enfin, à l'initiative de la France, les chefs d'Etat et de gouvernement
ont adopté à Amsterdam, le 17 juin dernier, la
déclaration n° 36 annexée au traité, dont le
contenu devrait permettre, dans de bonnes conditions, le réexamen en
2001 du régime d'association.
" La conférence reconnaît que le régime
spécial d'association des pays et territoires d'outre-mer (PTOM),
résultant de la quatrième partie du traité instituant la
Communauté européenne, a été conçu pour des
pays et territoires nombreux, de vaste superficie et à la population
importante. Ce régime n'a que peu évolué depuis 1957.
" La conférence observe qu'aujourd'hui, les PTOM subissent pour la
plupart un retard structurel important, lié à des contraintes
géographiques et économiques particulièrement
handicapantes. Dans ces conditions, le régime spécial
d'association tel qu'il a été conçu en 1957 ne peut plus
répondre efficacement aux enjeux de développement des
PTOM ".
Après cette observation préliminaire, le texte de la
déclaration engage le Conseil de l'Union à réformer en
profondeur d'ici à 1999 le régime d'association des PTOM.
Les propositions de réforme devront être élaborées
par la Commission européenne et avoir pour objectif :
- une promotion plus efficace du développement économique et
sociale des PTOM ;
- un approfondissement des relations économiques entre les PTOM et
l'Union européenne ;
- une meilleure prise en compte de la diversité et de la
spécificité de chaque PTOM, y compris la liberté
d'établissement.
Enfin, la déclaration précise que le Conseil devra
améliorer l'efficacité de l'instrument financier aidant au
développement économique et social des PTOM.
Cette déclaration devrait permettre ainsi de remédier aux
dysfonctionnements ressentis dans la mise en oeuvre du FED, afin de donner une
plus grande efficacité aux moyens financiers communautaires.
*
* *
Compte tenu de ces observations, qui avaient conduit votre rapporteur pour avis à proposer de s'en remettre à la sagesse du Sénat, votre commission a décidé de donner un avis défavorable à l'adoption des crédits de l'outre-mer pour 1998.
AUDITION DE MM. HERVÉ LEHERISSEL (CABINET ARTHUR ANDERSEN INTERNATIONAL), AUTEUR D'UN AUDIT SUR " L'IMPACT DE LA DÉFISCALISATION POUR L'ÉCONOMIE DES DOM ET LES FINANCES PUBLIQUES " EN OCTOBRE 1996, ET CLAUDE NEUSCHWANDER (MCN CONSEILS), AUTEUR DU RAPPORT SUR " LES CHANTIERS MAJEURS DU DÉVELOPPEMENT DES DÉPARTEMENTS D'OUTRE-MER " RENDU EN SEPTEMBRE 1997
Présentant les conclusions de l'audit,
M. Hervé Leherissel a rappelé que le régime dit
" de défiscalisation " avait pour objet d'accorder une aide
fiscale aux investissements réalisés dans des secteurs
jugés prioritaires pour le développement économique de
l'outre-mer. Il a indiqué qu'il fallait y ajouter un mécanisme de
réduction d'impôt pour le logement et les souscriptions au capital
de sociétés.
Il a précisé qu'il existait, schématiquement, deux
catégories d'opérations pouvant bénéficier de la
défiscalisation, à savoir les opérations dites locatives,
dans lesquelles les investisseurs achètent un bien pour le louer
à une entreprise utilisatrice implantée dans les DOM, avec des
pertes d'exploitation modérées, et les opérations
où l'investisseur, exploitant direct, était exposé aux
risques d'exploitation avec, dans ces cas là, des pertes importantes.
Répondant à M. Jean François-Poncet,
président, sur la définition de la
" tunnélisation ", M. Hervé Leherissel a
indiqué que depuis fin 1995 les déficits industriels et
commerciaux n'étaient imputables sur le revenu global que s'ils
résultaient de l'activité principale du contribuable. Sinon, ils
sont qualifiés de revenus non professionnels et ne peuvent être
imputés que sur des bénéfices industriels et commerciaux
(BIC) non professionnels, alors même que cette catégorie est
inexistante puisque les placements non professionnels produisent
généralement des revenus mobiliers ou autres et non des BIC.
En 1995, la mesure avait été prise très officiellement
pour mettre fin aux investissements immobiliers réalisés dans
l'hôtellerie, en métropole, dans un contexte de surcapacité
hôtelière. L'exception consentie en faveur des DOM allait
quasiment de soi, puisque les pouvoirs publics se souciaient en l'occurrence
d'encourager les investissements des particuliers dans ces départements.
Cependant, l'Assemblée nationale est revenue lors de l'examen du projet
de loi de finances pour 1998 sur cette exception en faveur des DOM ; la
déduction pour l'investissement initial subsiste, mais les pertes
d'exploitation ne peuvent plus être imputées fiscalement.
S'agissant de l'incidence de la défiscalisation sur l'économie
des DOM, M. Hervé Leherissel a rappelé que toutes les
études, y compris le rapport de M. Alain Richard publié en
1991, avaient conclu à l'impact très positif du dispositif. Il a
évoqué le rattrapage important, par rapport à la
métropole réalisé depuis 1986-1988 en ce qui concerne la
production par habitant, le spectaculaire décollage de l'investissement
productif -puisque la formation brute de capital fixe dans les quatre DOM
a augmenté de 114 % entre 1986 et 1992 alors qu'elle n'augmentait
que de 44 % au plan national-, ainsi que la croissance tirée par
l'investissement industriel. S'agissant des effets sur l'emploi, plus complexes
à mesurer, il a souligné que la population active employée
avait crû de 27 à 40 % selon les DOM de 1982 à 1993,
alors qu'elle stagnait au plan national (+ 0,5 %). Cela avait permis
une stabilisation, voire un recul, du chômage même s'il demeurait
très élevé. Ainsi aux Antilles françaises, le taux
de chômage était passé de 32 % en 1990 à
26 % en 1995 alors qu'il augmentait fortement en métropole. Toutes
proportions gardées, a-t-il ajouté, un tel dynamisme des
économies locales équivaudrait à la création de
plusieurs centaines de milliers d'emplois en métropole.
Enfin, il a jugé que la défiscalisation avait eu des effets
structurants majeurs pour l'économie domienne en favorisant une
modernisation radicale de l'industrie et l'émergence d'une
véritable capacité touristique, qui avaient permis des taux de
croissance importants dans le secteur du tourisme (+ 19 % par an en
Guadeloupe et + 12 % par an en Martinique contre + 8,4 %
par an pour l'ensemble du continent américain).
Il a fait remarquer, à ce propos, que le dispositif de
" tunnélisation " voté par l'Assemblée nationale
pénaliserait directement le secteur hôtelier, dans lequel on ne
pouvait pas faire d'opérations locatives en raison de durées
d'amortissement trop longues et de résultats insuffisants dans les
premières années d'exploitation.
Evoquant l'incidence du dispositif sur les ressources fiscales publiques,
M. Hervé Leherissel a indiqué qu'en 1995 le coût de la
défiscalisation des investissements s'élevait à
1,5 milliard de francs -dont 1,2 milliard de francs pour les DOM- et
qu'il s'élevait à 2,4 milliards de francs en 1996, à
comparer aux dépenses fiscales en faveur des DOM, évaluées
à 9,5 milliards de francs, et au total des dépenses fiscales
et budgétaires pour l'outre-mer, estimé à
37 milliards de francs en 1995.
En tenant compte des recettes fiscales induites au titre des seuls impôts
directs -qui ont connu une très forte croissance entre 1985 et 1995-, et
en les rapportant à la part dans la valeur ajoutée des seuls
secteurs éligibles à la défiscalisation,
M. Hervé Leherissel a jugé que le coût fiscal
représentait à peine 500 millions de francs en 1995. Il a
considéré qu'en tenant compte de l'accroissement des recettes
fiscales locales, notamment le produit de la taxe professionnelle, les finances
publiques tiraient un bénéfice net significatif de la
défiscalisation, évalué à plus d'un milliard de
francs en 1995.
En ce qui concerne la question des abus, il a relevé la confusion
entretenue entre :
- les abus ou excès factuels, commis tout au début de la
mise en application de la défiscalisation, en raison de
l'inexpérience des entreprises implantées outre-mer et d'une
méconnaissance des réalités locales et des marchés
de la part d'opérateurs métropolitains ;
- certaines réticences de principe qui peuvent être
exprimées à l'encontre d'un outil fiscal favorisant les
investissements, et donc les détenteurs de revenus importants,
susceptibles d'investir. Il a souligné que ces dernières
critiques valaient pour toute mesure fiscale d'incitation à
l'investissement et n'avaient rien à voir avec la notion d'abus.
Il a estimé que les corrections successives apportées au
dispositif avaient donné les moyens à l'administration de
remédier aux abus et de contrôler strictement le contenu des
projets à travers la procédure d'agrément.
Pour conclure, M. Hervé Leherissel a replacé le dispositif
de la défiscalisation dans le contexte global des économies des
DOM caractérisées par le déséquilibre
emplois/ressources, la dégradation du taux de couverture des
importations par les exportations, et par l'envolée très forte
des transferts publics métropolitains.
Il a rappelé que les entreprises implantées dans les
départements d'outre-mer avaient subi déjà deux
" séismes " : la baisse du coût du fret lié
à la mondialisation, qui avait favorisé les produits
importés et la politique d'égalité sociale, qui avait mis
le coût de la main d'oeuvre locale à un niveau, pour la
première fois, supérieur à celui du monde
industrialisé dans son ensemble, compte tenu du décalage de
productivité.
Il a jugé qu'il fallait soutenir le développement
économique afin d'enrayer l'ampleur exponentielle de l'engagement
public, en substituant autant que faire se pouvait des revenus
d'activité aux transferts sociaux passifs.
Il a considéré que, pour y parvenir, la défiscalisation
était le meilleur outil possible, et qu'il était vain de plaider
pour son remplacement immédiat par des subventions budgétaires,
dont l'efficacité serait d'ailleurs bien inférieure.
M. Claude Neuschwander est ensuite intervenu pour présenter son rapport
établi en septembre 1997 à la demande de la
Fédération des entreprises des départements d'outre-mer
(FEDOM). Il a considéré, à titre incident, que le ratio de
couverture des importations par les exportations n'était pas très
pertinent car il ne tenait pas compte du tourisme et des services invisibles.
Il a jugé que depuis dix ans, la loi de défiscalisation,
associée à la loi Perben, avait eu des effets spectaculaires aux
Antilles, même si la croissance de la démographie restait et
resterait très forte pour les trente ans à venir du fait de
l'arrivée de classes d'âge jeunes et nombreuses, et en
dépit de l'alignement actuellement constaté des taux de
fécondité sur ceux de la métropole.
Il a fait remarquer, également, que les flux migratoires
s'étaient, depuis dix ans, inversés et qu'à la
Réunion on enregistrait mille retours par an. Il a souligné
également que le chômage était important chez les jeunes
alors même que ceux-ci étaient formés et qualifiés,
ce qui lui faisait redouter des risques d'implosion sociale si la situation
économique se dégradait encore.
Il a considéré que l'effort d'équipement aidé par
la défiscalisation des investissements devait être maintenu pour
permettre la création de 3.000 emplois en Martinique et de
4.500 emplois à la Réunion, principalement dans le secteur
du tourisme. Il a souligné que ce mécanisme fiscal permettait
d'atténuer les surcoûts de fabrication et d'exploitation dûs
aux coûts salariaux et qu'il était ainsi possible de rentabiliser
des investissements hôteliers créant des emplois locaux.
Evoquant l'éventuelle suppression du dispositif de
défiscalisation, il a jugé à tout le moins indispensable
de mettre en place des solutions économiques de substitution à
effet immédiat, et attiré fortement l'attention sur les risques
de voir dégénérer une situation sociale déjà
très explosive.
Répondant à MM. Edmond Lauret et Michel Souplet sur le
nombre d'emplois créés par la défiscalisation,
M. Hervé Leherissel a indiqué qu'entre 1982 et 1992, sur les
113.000 emplois créés, les deux-tiers étaient
à porter au crédit de la défiscalisation, ce qui avait
permis de stabiliser la progression des taux de chômage.
M. Rodolphe Désiré, rapporteur pour avis des crédits de
l'outre-mer, est intervenu pour souligner les profondes transformations des
économies des DOM qui, caractérisées initialement par des
monocultures à fort taux de main d'oeuvre, avaient évolué
vers des activités de services très diversifiées, et sur
la nécessité de maintenir des outils adaptés pour le
développement économique.
M. Claude Neuschwander a également souligné le chemin parcouru
depuis trente ans par les quatre départements d'outre-mer pour
parvenir à une nécessaire ouverture à la mondialisation.
Il a fait valoir que si la production de canne à sucre et de bananes
s'était rationalisée en supprimant de la main d'oeuvre, d'autres
activités à très fort taux d'emplois s'étaient
également développées.
Il a considéré que l'on arrivait au terme des conséquences
économiques résultant du choix de la départementalisation,
puisqu'il avait fallu quarante ans pour parvenir à
l'égalité sociale, et que, désormais, il n'y avait plus de
progrès à espérer en matière de transferts sociaux.
Il a constaté que, parfois, cette égalité sociale
s'était faite au détriment du développement
économique et que pour l'avenir les économies concernées
n'avaient pas d'autre solution que leur ouverture sur les grandes
régions économiques auxquelles elles appartenaient.
M. Claude Neuschwander s'est déclaré favorable à la
mise en place de zones de libre échange dans l'ensemble indien, dans
l'ensemble Caraïbes ou Amérique du sud. Il a
considéré que la seule réponse globale était
à trouver dans une évolution des modes d'intervention publique
tendant à favoriser des investissements qui génèrent
effectivement des ressources afin de diminuer progressivement la
dépendance insulaire et maîtriser la progression des transferts
sociaux à fonds perdus. A cet égard, il a fait valoir que la loi
de défiscalisation constituait un élément clef de cette
mutation.
M. Michel Souplet s'est interrogé sur la façon de valoriser
l'image des départements d'outre-mer, dont l'apport est trop souvent
sous-estimé en métropole.
M. Jean François-Poncet, président, a remercié les deux
interlocuteurs pour la richesse de leurs propos et les éclaircissements
qu'ils avaient apportés à la commission sur le dispositif de
défiscalisation.
EXAMEN PAR LA COMMISSION
Réunie le mercredi 12 novembre 1997 sous la
présidence de M. Jean François-Poncet, président, la
commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de
M. Rodolphe Désiré sur les crédits du
secrétariat d'Etat à l'outre-mer consacrés à
l'outre-mer dans le projet de loi de finances pour 1998.
Après avoir relevé qu'il était très difficile de
mettre sur le même plan les départements d'outre-mer, soumis au
même régime constitutionnel que les autres départements
français, et les territoires d'outre-mer qui ont un statut d'autonomie
qui leur est propre, le rapporteur pour avis a évoqué la
situation économique des départements d'outre-mer qui a
évolué de manière contrastée selon les secteurs
d'activité, mais qui reste globalement très préoccupante.
Il a relevé que l'augmentation sensible du pouvoir d'achat des
bénéficiaires du SMIC, du fait de son alignement sur celui de la
métropole, avait déséquilibré encore un peu plus la
balance des échanges extérieurs, du fait de la difficulté
des économies des DOM à répondre à l'augmentation
de la consommation des ménages.
Il a souligné que les points noirs de l'activité
économique restaient malheureusement bien identifiés, qu'il
s'agisse du poids très important des transferts publics en provenance de
la métropole -puisque le solde net est évalué à
35,8 milliards de francs en 1996, soit 44 % du PIB à la
Réunion, 37 % en Martinique, 32 % en Guadeloupe et 27,8 %
en Guyane- ou de la dégradation continue du marché de l'emploi,
puisque le nombre de demandeurs d'emploi a progressé de 19 % entre
1993 et 1996.
M. Rodolphe Désiré, rapporteur pour avis, a relevé que les
taux de chômage atteignaient des niveaux très élevés
dans chacun des quatre départements : 40,2 % à la
Réunion, 27 % à la Martinique, 26,8 % à la
Guadeloupe et 22,1 % à la Guyane -ce dernier chiffre étant
largement sous-évalué-.
S'agissant des territoires d'outre-mer, il a considéré que le
constat s'établissait en demi-teinte et variait selon les
activités économiques. Si, globalement, l'activité
touristique s'était améliorée en Polynésie
française et en Nouvelle-Calédonie sans effacer totalement les
effets négatifs de la reprise des essais nucléaires, les
revalorisations salariales avaient souvent eu pour effet d'aggraver le
déséquilibre de la balance des échanges. Le rapporteur
pour avis a souligné que l'activité économique y restait
très dépendante de la commande publique à travers
l'exécution des contrats de plan ou des conventions de
développement.
Présentant le budget de l'outre-mer, il a souligné qu'il
était en progression de 7,3 % par rapport à la loi de
finances initiale pour 1997 et que lemontant des crédits de paiement
ouverts au titre des dépenses ordinaires s'élevait à
5,22 milliards de francs.
M. Rodolphe Désiré, rapporteur pour avis, a néanmoins fait
valoir que 96 millions de francs provenaient d'un transfert du budget du
logement pour la résorption de l'habitat insalubre dans les
départements d'outre-mer et que 300 millions de francs inscrits
dans les crédits du Fonds pour l'emploi dans les DOM allaient servir
à mettre en oeuvre la loi sur les " emplois-jeunes "
votée en octobre dernier.
Il a considéré que, hors ces deux mouvements, le budget de
l'outre-mer était reconduit à hauteur de l'an dernier.
Le rapporteur pour avis a souligné que la lutte pour l'emploi et
l'insertion restait une priorité mais que l'augmentation de 14,3 %
des crédits du Fonds pour l'emploi dans les DOM ne faisait que traduire
l'inscription dans le budget de l'outre-mer des crédits
nécessaires à la mise en oeuvre de la loi sur le plan
" emplois-jeunes ".
M. Rodolphe Désiré, rapporteur pour avis, a
déploré, en conséquence, que le plan
" emplois-jeunes ", qui devrait permettre la création de
6.000 emplois en 1998, vienne compenser en réalité la
diminution des crédits prévus pour un dispositif existant, si
bien que seulement 48.500 nouvelles solutions d'insertion pourront
être financées, contre 66.200 contrats aidés en 1996.
S'agissant du logement social, le rapporteur pour avis a indiqué que la
réduction de 150 millions de francs tenait compte de la
réduction du taux de TVA applicable dans les DOM au logement social, ce
qui n'affecterait pas le volume des opérations, mais il a
considéré que l'inscription au budget de l'outre-mer d'une
dotation de 96 millions de francs destinés à la
résorption de l'habitat insalubre, ne constituait qu'un simple transfert
et non une augmentation de crédits.
Il s'est félicité de la forte augmentation des crédits de
paiement de la ligne budgétaire unique (LBU) qui allait permettre de
financer plus de 17.000 opérations en constructions neuves et
réhabilitations en 1998.
A propos de l'exécution des contrats de plan, et en tenant compte de la
décision prise par l'Etat en 1997 d'étaler leur
réalisation sur une année supplémentaire -ce qui n'avait
pas été sans conséquence sur la programmation des
réalisations- le rapporteur pour avis a souligné que le taux
d'engagement était au 31 décembre 1996 d'environ
35 %, en amélioration par rapport à 1995, mais qu'il restait
encore insuffisant. Il a relevé que l'engagement était le plus
souvent freiné par la complexité et la très grande ampleur
des opérations lourdes menées en matière d'assainissement
ou d'aménagement foncier.
M. Rodolphe Désiré, rapporteur pour avis, a indiqué par
ailleurs que les moyens de paiement du Fonds d'investissements des DOM (FIDOM)
s'établissaient à 232,5 millions de francs contre
218 millions de francs en 1997, soit une augmentation de 6,7 %, mais
il a déploré qu'aucun projet de loi sur l'aménagement du
territoire n'ait été en définitive déposé
contrairement aux promesses faites quand la suppression du
FIDES-décentralisé avait été décidée.
Le rapporteur pour avis a souligné que, nonobstant cette suppression,
les crédits de paiement devaient être prévus à un
niveau suffisant pour permettre d'achever les opérations correspondant
à des autorisations de programme engagées avant le 31
décembre 1996.
Il a fait également état de l'effort public important consenti
envers la Guyane à travers la mise en place de la garantie de l'Etat
à la SOFIDEG, la dotation supplémentaire pour les
équipements scolaires de 15 millions de francs qui concernera plus
spécifiquement ce département, et l'augmentation des
crédits pour les infrastructures de Guyane.
A propos des territoires d'outre-mer, le rapporteur pour avis a noté que
les crédits du fonds d'investissement pour le développement
économique et social des territoires d'outre-mer (FIDES) étaient
reconduits mais qu'il avait été décidé de
redéployer les crédits de paiement du FIDES-section
générale vers le FIDES-section territoriale.
M. Rodolphe Désiré, rapporteur pour avis, a souligné
également que les dotations pour la Nouvelle-Calédonie avaient
été reconduites au même niveau qu'en 1997, à hauteur
de 390 millions de francs en autorisations de programmes et de
378 millions de francs en crédits de paiement, étant
donné les échéances importantes à venir pour ce
territoire.
Prenant acte de la progression, en définitive très
limitée, des moyens budgétaires à destination de
l'outre-mer, le rapporteur pour avis s'est déclaré très
hostile à la remise en cause brutale du dispositif de
défiscalisation de la loi Pons.
Il a fait valoir que ce dispositif, conçu pour compenser l'insuffisance
et la cherté du crédit bancaire ainsi que le coût de la
main d'oeuvre dans les DOM, était un véritable outil de
développement économique.
Il a souligné que l'investissement outre-mer était assuré
par trois sources de financement, à savoir les fonds structurels
européens pour environ 11 milliards de francs sur la période
1994-1999, l'exécution des contrats de plan Etat-régions pour un
montant total de 11,4 milliards de francs contractualisé sur la
même période et, enfin, les investissements
bénéficiant du régime de défiscalisation ; il a
considéré qu'à régime juridique inchangé,
ces derniers pourraient s'élever à 20 milliards de francs
entre 1996 et 2001, date d'échéance du dispositif de
défiscalisation.
Le rapporteur pour avis a fait valoir que le mécanisme de
défiscalisation permettait d'aligner, autant que faire se peut, la
fiscalité locale des DOM-TOM sur celles des états des zones
Caraïbes, Océan indien et pacifique qui sont des concurrents
directs, notamment en matière touristique et que le rapport
rédigé par M. Alain Richard -alors rapporteur
général de la commission des finances de l'Assemblée
nationale- en 1991 en avait déjà souligné la
nécessité économique.
M. Rodolphe Désiré, rapporteur pour avis, a cité les
investissements réalisés à Cuba où le nombre de
chambres d'hôtels est passé de 8.000 à 38.000 dans un
environnement très largement défiscalisé.
En conclusion, le rapporteur pour avis a fait valoir que, si le texte
voté à l'Assemblée nationale en matière de
défiscalisation était maintenu en l'état, le
développement économique, et en particulier touristique, s'en
trouverait gravement handicapé.
Il a souhaité le maintien de la défiscalisation prévue par
la loi Pons jusqu'à son terme, jugeant que, pour être efficace, un
dispositif de développement économique devait être
pérenne. Il a demandé également que les pouvoirs publics
réfléchissent de toute urgence au nouveau dispositif qui devra
prendre place à partir de l'an 2002 pour permettre aux DOM-TOM de
poursuivre leur développement, notamment en matière touristique.
M. Rodolphe Désiré, rapporteur pour avis, a ajouté,
à titre d'exemple, que le développement du secteur de la
navigation de plaisance avait connu un essor significatif et que les
constructeurs français y étaient très présents, ce
qui n'était pas le cas de la navigation de croisière, très
largement dominée par les Etats-Unis et la Norvège. Il a
souligné, de plus, que le secteur de la plaisance était beaucoup
plus intéressant en termes d'emplois locaux créés et de
consommation intérieure.
Compte tenu de l'ensemble de ces observations, il a proposé à la
commission de s'en remettre à la sagesse du Sénat en ce qui
concerne l'adoption des crédits de l'outre-mer.
M. Jean François-Poncet, président, est intervenu pour souligner
que le vote intervenant sur un budget devait tenir compte des orientations
générales et des décisions adoptées sur le secteur.
Il a considéré, à propos du budget de l'outre-mer, que le
contexte politique était particulièrement défavorable du
fait de la remise en cause du principe de défiscalisation des
investissements réalisés outre-mer.
M. Edmond Lauret est intervenu pour souligner les artifices comptables ayant
permis d'afficher une augmentation des crédits consacrés à
l'outre-mer alors qu'en réalité il ne s'agissait que d'une
reconduction.
En ce qui concerne le financement des emplois-jeunes, il a jugé que les
300 millions de francs prévus à ce titre ne permettraient
pas de créer 6.000 emplois, mais seulement 3.500 à
répartir dans tous les départements d'outre-mer, et qu'en tout
état de cause le dispositif n'était pas adapté, puisque
les collectivités locales n'avaient pas les moyens financiers d'assurer
le complément de rémunération.
Il a déploré que les crédits de la ligne budgétaire
unique, hors transferts provenant du budget du logement, stagnent alors
même que le taux de chômage dans le secteur du bâtiment
était important et que les besoins en logements, notamment
intermédiaires, n'étaient pas satisfaits.
Enfin, s'agissant de la loi de défiscalisation, M. Edmond Lauret a
souligné que l'adoption définitive de la
" tunnélisation " ajouté par l'Assemblée
nationale, contre l'avis du Premier ministre, interdirait tout investissement
dans le secteur de l'hôtellerie, des transports ou de la navigation de
plaisance, ce qui aurait des effets catastrophiques sur l'emploi. Il s'est
associé aux propos du rapporteur pour avis pour dénoncer le
risque à très court terme d'une déstabilisation grave de
la société outre-mer.
Compte tenu de ces éléments, il s'est alors déclaré
contre l'adoption des crédits de l'outre-mer.
Après une intervention de M. Jean Huchon sur les possibilités
d'une exploitation plus rationnelle de la forêt guyanaise, la commission
a fait sienne la demande du rapporteur pour avis concernant l'adoption d'un
plan de développement pour l'outre-mer, mettant à plat les
problèmes spécifiques des départements et territoires
d'outre-mer et proposant un dispositif d'aide au développement
défini sur au moins vingt ans.
Puis, la commission, contre la proposition du rapporteur pour avis qui
préconisait de s'en remettre à la sagesse du Sénat, a
émis un avis défavorable à l'adoption des crédits
du secrétariat d'Etat à l'outre-mer, consacrés à
l'outre-mer.