VII. L'ACTIVITÉ DES PORTS FLUVIAUX
Le volume de trafic géré par les ports fluviaux
résulte principalement du niveau d'activité du transport fluvial,
lui-même étroitement dépendant de la conjoncture en
particulier dans le secteur du bâtiment et des travaux publics.
Le trafic du Port Autonome de Paris est ainsi lié aux 4/5e à
l'activité Bâtiment et Travaux Public en Ile-de-France. Ce secteur
a connu en 1996 une diminution de 2,4 millions de tonnes, tandis que les
autres trafics ont crû de 0,6 million de tonnes. Avec une diminution
nette globale du trafic de 1,6 millions de tonnes, le port de Paris accuse
donc une régression de 9 % par rapport au volume
réalisé en 1995.
Cette évolution est différente dans le cas de ports dont
l'activité est davantage orientée vers les marchandises
générales notamment en conteneurs.
Le Port Autonome de Strasbourg a vu son volume annuel passer de
10.000 équivalents-vingt-pieds (EVP) en 1991 à près
de 35.000 en 1996, du fait, principalement, de la réalisation
d'équipements qui lui ont permis de profiter au mieux des escales
réalisées par les lignes régulières rhénanes.
En 1996, VNF a investi dans les ports de Rouen (grue de transbordement direct
de farines en sacs : 20 millions de francs) et de Marseille-Fos
(plate-forme d'interface fluviale-maritime sur le site des Tellines :
26 millions de francs).
Ces deux investissements constituent le complément indispensable
à plusieurs équipements réalisés dans les ports
fluviaux des deux bassins concernés (Seine et Rhône-Saône).
Ils parachèvent des stratégies concertées de
développement de la voie d'eau sur ces deux régions, (notamment
le schéma directeur des ports du bassin Rhône-Saône) et
impliqueront une augmentation notable du trafic fluvial sur les axes rhodanien
et séquanien.
La situation financière des ports fluviaux se caractérise par une
stabilité des investissements qui concernent essentiellement le
traitement des interfaces modales.
SITUATION FINANCIÈRE DES PORTS AUTONOMES DE PARIS ET STRASBOURG
(millions de francs)
PA PARIS |
PA STRASBOURG |
|||||||
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
Chiffre d'affaires |
267,7 |
275,5 |
282,8 |
287,5 |
113,3 |
112,5 |
113,5 |
115,9 |
Produits d'exploitation |
299,6 |
294,0 |
293,0 |
126,3 |
179,8 |
154,4 |
123,6 |
126,3 |
Charges d'exploitation |
262,9 |
267,9 |
249,0 |
117,0 |
157,3 |
134,4 |
112,6 |
117,0 |
Production immobilisée |
2,6 |
1,2 |
1,8 |
2,6 |
2,6 |
1,0 |
2,4 |
2,6 |
Valeur ajoutée |
181,9 |
184,8 |
200,6 |
204,5 |
86,6 |
89,2 |
92,2 |
92,0 |
Excédent brut d'exploitation |
121,6 |
120,0 |
128,4 |
132,4 |
25,2 |
26,5 |
25,5 |
24,0 |
Capacité d'autofinancement |
102,4 |
97,5 |
97,8 |
111,5 |
25,2 |
26,6 |
27,8 |
21,0 |
Résultat |
36,7 |
26,1 |
25,0 |
16,0 |
22,5 |
20,0 |
12,7 |
9,0 |
EVOLUTION DE L'ACTIVITÉ DES PORTS FLUVIAUX
1995/
|
|
Port autonome de Paris |
-9,05 % |
Port autonome de Strasbourg |
-7,77 % |
Port autonome de Thionville Illange |
+0,59 % |
Port autonome de Rouen |
-2,58 % |
Port autonome de Mulhouse Ottmarsheim |
-2,17 % |
Poscs |
-12,79 % |
Port autonome du Havre |
-3,87 % |
Port autonome de Dunkerque |
-12,64 % |
Port de Bernières sur Seine |
-5,21 % |
Port de Metz |
+2,62 % |
*
* *
En conclusion, votre rapporteur pour avis présentera
les observations suivantes :
Si l'on prend en compte les moyens d'engagement (dotations ordinaires +
autorisations de programme) affectés à la construction du
réseau routier national, on constate que les crédits
budgétaires diminuent de 11,3 %. L'ensemble des autorisations de
programmes, comprenant les dotations du fonds d'investissement des transports
terrestres et des voies navigables et du fonds d'aménagement de la
région Ile-de-France enregistrent, quant à elles, une baisse de
4,2 %.
Les contrats de plan Etat-régions continuent de prendre du retard, les
crédits de fonds de concours provenant des régions étant
en forte réduction (5.400 millions de francs contre
7.457 millions de francs en 1997) en raison du surcroît de
dépenses que les régions ont consenties par anticipation au
moment du gel de la participation de l'État en 1997.
En ce qui concerne les crédits d'entretien du réseau national, on
relève en revanche que les actions de réhabilitation et de
renforcement des chaussées bénéficieront de
83 millions de francs de crédits en provenance du FITTVN, soit une
croissance de 37 %.
Une question se pose cependant : est-il dans la vocation du FITTVN, fonds
d'aménagement du territoire, de financer des dépenses d'entretien
routier ?
Ne se dirige-t-on pas vers une " débudgétisation " du
financement du réseau routier classique ?
S'agissant des investissements autoroutiers, on peut légitimement se
demander si l'objectif d'une réalisation en dix ans à partir de
1994 du schéma directeur routier national de 1992 demeure l'objectif du
Gouvernement.
Déjà, plusieurs liaisons inscrites au schéma directeur
sont remises en cause. Citons : l'A 58 (doublement nord de l'autoroute A8
dans le Var et les Alpes-Maritimes), l'A 52 Gap-Sisteron et le
débouché en Seine-Saint-Denis de l'autoroute A 16.
La révision du schéma directeur routier national était
subordonnée au schéma d'aménagement et de
développement du territoire prévu par la loi d'orientation de
1995. Elle est maintenant doublement subordonnée puis que le
ministère de l'environnement et de l'aménagement du territoire
est en train de mettre au point une modification de la loi de 1995.
Afin de maintenir des tarifs de péage acceptables, et assurer
l'équilibre financier des sociétés concessionnaires, tout
en poursuivant le programme de construction, il est essentiel que l'État
ne crée pas de nouvelles charges aux sociétés d'autoroutes.
Une autre menace pèse sur notre système autoroutier tel qu'il
existe depuis 1955 : la création d'un établissement public
baptisé " Routes de France " qui assurerait la
" péréquation des financements " entre voirie
routière et autoroutes. Ce faisant, il " coifferait "
réseau routier classique et système autoroutier, réduisant
les sociétés d'autoroute au rôle de simples
opérateurs.
Le risque serait l'assèchement des ressources du réseau
autoroutier et la débudgétisation des routes.
En ce qui concerne les crédits de la sécurité
routière, on note une hausse modérée pour 1998 :
1,8 % en moyens de paiement et 3,8 % en moyens d'engagement. Ce
budget fait cependant l'objet d'annulations massives dans le cadre de la
" régulation budgétaire ". Les crédits de
paiement réellement disponibles en 1997 n'ont été ainsi
que de 373 millions de francs pour 430 millions de francs
votés, soit 13 % de moins.
Il importe d'y ajouter les crédits des aménagements locaux de
sécurité (visant à traiter les zones où les
accidents sont particulièrement denses) qui relèvent de la
compétence de la direction des routes (183,7 millions de francs en
1998).
Ce projet de budget annonce, s'agissant des routes, deux priorités :
D'abord, la mise en service du schéma directeur d'exploitation de la
route. Elle consiste à équiper les réseaux de
matériels destinés à l'amélioration du confort des
usagers et de la fluidité du trafic : centres de surveillance et de
gestion de la circulation, panneaux à messages variables, postes d'appel
d'urgence, caméras... En sus des programmes déjà
engagés dans les grandes agglomérations (Ile-de-France, Lille,
Toulouse, Bordeaux, Nantes, Marseille, Metz et Nancy), une nouvelle action doit
être mise en oeuvre en vallée du Rhône afin
d'améliorer le trafic lors des pointes.
En second lieu, une réforme tendant à moderniser la formation des
conducteurs et à renforcer les moyens des inspecteurs des permis de
conduire, est à l'étude.
Les résultats de l'année 1996 ont été relativement
bons, avec une diminution de 3,9 % du nombre de tués. Ils restent,
cependant, très en-deçà des attentes.
L'amélioration de la sécurité routière tend, en
effet, à se " stabiliser ". On note que par exemple la
vitesse
moyenne se maintient à un niveau excessif. Par ailleurs, si le nombre
des accidents décroît, leur gravité s'amplifie plutôt.
S'agissant enfin des crédits destinés aux voies fluviales,
soulignons que la dotation prévue pour 1998 du FITTVN (430 millions
de francs) reste très inférieure au produit attendu de la taxe
sur les ouvrages hydroélectriques concédés (pesant sur
EDF) dont le tarif est doublé par le projet de loi de finances (total
1,69 milliard de francs).
En ce qui concerne les grands projets, la priorité du Gouvernement est
désormais donnée à la voie fluviale Seine-Nord qui
permettra de relier l'Ile-de-France au bassin de l'estuaire du Rhin.
La décision d'abandonner la mise à grand gabarit du Canal
Rhin-Rhône
aura des conséquences qu'il est difficile
d'évaluer. Equipement essentiel d'aménagement du territoire, le
canal Rhin-Rhône aurait constitué le grand axe structurant qui
aurait redynamiser des ports fluviaux tels que ceux de Strasbourg, Mulhouse,
Lyon et assurer l'avenir de Marseille et de sa région. Il aurait surtout
redistribué les cartes en Europe en créant,
en France
, une
grande voie de communications et d'échanges entre le Nord et le Sud de
notre continent.
Sur proposition du rapporteur, la commission a émis un avis
défavorable à l'adoption des crédits des routes et des
voies navigables dans le projet de budget du ministère de
l'équipement, des transports et du logement pour 1998.