B. ...QUI TIENNENT INSUFFISAMMENT COMPTE DE SES SPÉCIFICITÉS CONSTRUCTIVES

Le bâti ancien se distingue par des techniques et des matériaux de construction traditionnels (brique, tuffeau, pisé, pierre calcaire, granite, pan de bois-torchis, terre crue) qui les dotent d'une forte inertie thermique ou de capacités hygroscopiques dont ne dispose pas le bâti moderne dont les maçonneries sont prévues pour être étanches avec une inertie faible.

Ces spécificités permettent de limiter les variations de température et de réguler l'humidité : en ce sens, elles participent au confort d'été. En outre, ces matériaux présentent un impact environnemental faible et une empreinte carbone déjà amortie : près de 90 % des bâtiments anciens ont été construits avec des matériaux biosourcés.

L'application de travaux de rénovation pensés pour le bâti moderne sur ces structures traditionnelles peut être extrêmement dommageable : pourrissement des structures internes, développement de condensation ou de moisissures. Dès l'été 2023, le rapport de la sénatrice du Haut-Rhin Sabine Drexler sur le patrimoine et la transition écologique alertait sur les conséquences néfastes des rénovations énergétiques inadaptées au bâti ancien :

· des conséquences esthétiques et visuelles en raison d'isolations extérieures qui nuisent à l'harmonie d'une façade ;

· des conséquences culturelles et patrimoniales liées à l'effacement progressif de ces bâtis anciens qui incarnent pourtant l'identité de certains territoires ;

· des conséquences économiques et financières en raison d'un mauvais emploi des deniers publics.

C. DES AVANCÉES RÉCENTES QUI RESTENT INSUFFISANTES

Certes, le cadre juridique défini par la loi Climat et résilience de 2021 concernant les obligations de rénovation énergétique des logements prévoit des exceptions à l'atteinte des objectifs de rénovation énergétique performante en raison de contraintes patrimoniales et architecturales. Néanmoins, ces exceptions concernent les logements protégés au titre du code du patrimoine ou au titre du plan local d'urbanisme. Or, beaucoup de bâtiments d'intérêt patrimonial et culturel, construits avec des matériaux traditionnels, comme les maisons à colombages, ne sont protégés ni au titre de l'un ni au titre de l'autre.

En 2021, la fiabilisation du diagnostic de performance énergétique (DPE) par le biais d'une réforme de son mode de calcul a permis de mieux prendre en compte certaines spécificités du bâti ancien : une modulation a par exemple été introduite pour tenir compte de l'inertie des parois anciennes. Néanmoins, le ministère de la culture n'a pas été associé à cette réforme du mode de calcul et à l'établissement de la méthode dite « 3-CL ».

Malgré une réforme en juillet 2024 de la certification des diagnostiqueurs qui a renforcé les exigences en la matière, le niveau toujours insuffisant de connaissances du bâti ancien est parfois source de recommandations de travaux erronées. Aucune certification concernant le bâti ancien d'intérêt patrimonial n'est obligatoire.

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