EXPOSÉ GÉNÉRAL
I. LES ACTIVITÉS CONCHYLICOLES EN VOIE DE DISPARITION ?
A. LE NOMBRE D'ENTREPRISES CONCHYLICOLES RECULE DE MANIÈRE PRÉOCCUPANTE
1. Une production au coeur des identités de terroirs, essentielle à l'activité économique pérenne des littoraux
La conchyliculture est une activité économique essentielle dans les nombreuses communes littorales qui parsèment les façades maritimes de la France.
Comment par exemple imaginer le bassin d'Arcachon sans ses huîtres vertes ou imaginer l'étang de Thau sans la conchyliculture de Bouzigues ? Et c'est sans parler des huîtres de Cancale, de « la Belon », de l'huître label rouge de Marennes-Oléron et des huîtres d'Isigny. Les moules de bouchot font la fierté de nos exploitations mytilicoles françaises et sont presque aussi renommées que les moules AOP de la baie du Mont Saint Michel.
Par-delà ces aspects culturels et historiques, la conchyliculture participe également à la préservation de la faune et de la flore estuariennes et côtières .
Elle permet enfin l'implantation d'activités économiques durables dans les communes littorales dont la vie économique dépend essentiellement de la saison touristique. Elle est par conséquent un outil crucial de la vie économique de nos régions côtières.
Selon les données transmises à votre rapporteur, plus de 2 400 entreprises sont investies dans le secteur conchylicole 1 ( * ) aujourd'hui . Elles sont à l'origine de la création de plus de 16 000 emplois (environ 7 900 équivalents temps plein) et de 657 millions d'euros de chiffres d'affaires 2 ( * ) , majoritairement issus de deux productions : l'ostréiculture et la mytiliculture.
L'ostréiculture est un fleuron de l'économie littorale française, avec environ 75 000 tonnes produites par an 3 ( * ) , soit près de 90 % de la production européenne.
Si la France est très loin de la production chinoise qui représente plus de 80 % de la production mondiale, elle se distingue par la valorisation de ses produits issus d'un savoir-faire ancestral déjà valorisé sous l'Antiquité romaine.
Certes, comme pour d'autres cultures, l'Histoire a considérablement fait évoluer la nature des huîtres élevées sur les rivages français. À la culture de l'huître plate (« Ostrea edulis »), aujourd'hui très marginale, s'est substituée à la fin du XIX ème siècle le travail de l'« huître portugaise » (« Crassostrea angulata »), qui a disparu à la fin des années 1960 compte tenu d'une épizootie. Désormais, la France est spécialisée dans la production d'huîtres creuses, originaires du Pacifique (« Crassostrea Gigas »).
Mais, invariablement, la France se distingue par la valorisation des fruits de sa production.
La mytiliculture représente également une activité conchylicole très présente en France avec environ 70 000 tonnes pêchées chaque année.
La France occupe ainsi le troisième rang européen en termes de production en volume derrière l'Espagne et l'Italie mais, encore une fois, elle occupe sans doute le premier rang en valeur grâce à la valorisation de sa production, notamment sur les moules de bouchot. Toutefois, sa production est très inférieure à la consommation nationale , ce qui engendre des importations massives (plus de 50 000 tonnes par an).
D'autres coquillages, comme les coques ou les palourdes, renforcent la diversité de la production conchylicole française, mais avec des volumes marginaux.
Source : Comité national de la conchyliculture
2. La production conchylicole française a chuté de 40 % en vingt ans
D'après les chiffres transmis à votre rapporteur par le Comité national de la conchyliculture, la production conchylicole française a chuté en volume de 202 000 tonnes mises en marché en 1996 à 122 000 tonnes en 2015.
Cette chute préoccupante de la production est multifactorielle mais elle provient avant tout des épizooties qui ont touché l'ostréiculture depuis 2008. La production de moules n'est au reste pas épargnée par ce phénomène d'épizooties, même si le problème est plus récent. Depuis 2014, la production mytilicole en volume a reculé de 25 %.
* 1 Résultats issus du programme de collecte des données économiques des entreprises aquacoles de l'Union européenne.
* 2 Source : ministère chargé de l'agriculture et de l'alimentation (année 2016).
* 3 En moyenne sur les cinq dernières années.