2. Le contexte : l'évolution de la délinquance
Les graphiques et tableaux ci-après retracent l'évolution sur longue période de la délinquance.
Evolution de la criminalité globale
Destructions et dégradations de biens
.
Evolution de la criminalité globale en France
métropolitaine
|
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1960 |
1965 |
1970 |
1975 |
1980 |
1985 |
1990 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
|
Total des crimes et délits , dont : |
687 766 |
660 441 |
1 135 621 |
1 912 327 |
2 627 508 |
3 579 194 |
3 492 712 |
3 881 894 |
3 919 008 |
3 665 320 |
3 559 617 |
3 493 442 |
3 565 525 |
3 567 864 |
3 771 849 |
4 061 612 |
Vols (y compris recels) |
345 945 |
423 216 |
690 899 |
1 233 186 |
1 624 547 |
2 501 934 |
2 305 600 |
2 640 417 |
2 573 074 |
2 400 644 |
2 331 000 |
2 244 301 |
2 291 404 |
2 252 528 |
2 334 696 |
2 522 346 |
dont : vols qualifiés (1) |
50 770 |
61 693 |
115 381 |
220 438 |
303 105 |
492 287 |
449 865 |
540 633 |
542 213 |
507 897 |
515 873 |
487 883 |
480 204 |
465 023 |
480 829 |
550 578 |
Infractions économiques et financières |
71 893 |
88 471 |
250 990 |
314 100 |
531 588 |
681 699 |
551 810 |
409 246 |
440 179 |
357 104 |
310 910 |
295 511 |
287 415 |
295 734 |
352 164 |
366 028 |
Crimes et délits contre les personnes |
53 272 |
62 975 |
77 192 |
87 738 |
102 195 |
117 948 |
134 352 |
152 764 |
175374 |
191 180 |
198 155 |
214 975 |
220 948 |
233 194 |
254 514 |
279 610 |
dont : homicides commis ou tentés |
2 705 |
1 278 |
1 673 |
1 576 |
2 253 |
2 497 |
2 526 |
2 818 |
2 696 |
2 563 |
2 385 |
2 085 |
2 150 |
1 997 |
2 166 |
2 289 |
Les atteintes aux moeurs |
10 784 |
14 140 |
14 383 |
15 041 |
19 505 |
18 875 |
22 242 |
26 569 |
29 279 |
29 123 |
29 628 |
35 090 |
33 014 |
32 490 |
33 538 |
35 451 |
Autres infractions |
216 656 |
85 779 |
116 540 |
277 303 |
369 178 |
477 613 |
500 950 |
679 467 |
730 381 |
716 392 |
719 552 |
765 655 |
765 758 |
786 408 |
830 475 |
893 628 |
dont : destructions et dégradations de biens |
4 582 |
29 408 |
46 556 |
80 822 |
158 800 |
228 038 |
278 055 |
419 961 |
435 107 |
440 591 |
468 515 |
476 133 |
500 911 |
499 473 |
518 439 |
574 994 |
(1) Les vols qualifiés comprennent : les vols à main armée, les vols avec violences sans arme à feu et les cambriolages. |
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Source : ministère de l'intérieur |
Homicides commis ou tentés
Les vols
Comme votre rapporteur spécial l'avait déjà montré dans le cadre de son rapport pour la LOPSI, la progression globale de la délinquance s'est accompagnée au cours des cinq dernières années de mutations inquiétantes :
- en premier lieu, à côté de la traditionnelle délinquance d'appropriation tend à se développer une délinquance violente et gratuite : les chiffres montrent une montée de la violence, tournée vers les personnes, les biens privés et les institutions. Ainsi, par exemple, les vols de téléphones portables et d'autres biens s'accompagnent de plus en plus souvent de violences verbales et de coups et blessures. Les infractions contre les personnes, et en particulier, les coups et blessures volontaires, ainsi que les menaces et chantages ont ainsi connu une progression inquiétante. Or, cette délinquance, de plus en plus gratuite et violente , est particulièrement mal ressentie par nos concitoyens : elle se manifeste souvent de manière profondément humiliante pour ceux qui en sont la victime ;
- en second lieu, les délinquants sont de plus en plus jeunes, et cette évolution est particulièrement inquiétante pour notre pays : entre 1997 et 2002, le nombre de mineurs mis en cause a augmenté de 14,6 % , alors que le nombre de personnes majeures mises en cause n'augmentait « que » de 2,5 %. Cette hausse est liée principalement à l'implication croissante de mineurs dans des actes de délinquance de voie publique, c'est-à-dire celle qui est le plus perceptible par nos concitoyens. Le rapport de la commission d'enquête du Sénat sur la délinquance des mineurs 25 ( * ) , dont le président était notre collègue M. Jean-Pierre Schosteck et le rapporteur notre collègue M. Jean-Claude Carle, a d'ailleurs mis en exergue cinq modifications fondamentales : la progression de la délinquance des mineurs (mesurée par l'identification des mineurs), en nombre, mais également en taux ; le rajeunissement de l'âge d'entrée dans la délinquance ; l'aggravation des actes de délinquance ; le développement d'une délinquance d'exclusion 26 ( * ) , territorialisée et accompagnée de trafics ; l'explosion des incivilités 27 ( * ) ;
- l'augmentation de la délinquance a plus particulièrement touché les plus démunis . Dès 1998, une enquête de l'INSEE soulignait en effet les liens existants entre les dégradations de l'environnement et le sentiment d'insécurité : « une personne sur cinq, parmi celles ayant déclaré vivre dans des zones où des destructions de biens publics sont fréquentes, a peur de sortir le soir contre un peu plus d'une sur dix parmi les autres », ce facteur déterminant d'ailleurs le sentiment d'insécurité autant que l'expérience personnelle du vol et de l'agression 28 ( * ) . Or, les personnes qui résident dans ces quartiers dégradés n'ont souvent pas les moyens d'habiter ailleurs, et se sentent « piégées » dans un milieu qui les contraint à vivre quotidiennement dans la peur ;
- enfin, la délinquance s'est diffusée très largement dans notre pays, et les zones péri-urbaines et rurales sont désormais également touchées par ce phénomène. Ainsi, entre 1997 et 2001, les faits constatés par la gendarmerie ont augmenté de plus de 20 %, alors que ceux constatés par la police nationale n'ont augmenté « que » de 15 %. L'émergence d'une délinquance visible dans le monde rural et dans les petites villes a d'ailleurs déstabilisé fortement ceux de nos concitoyens qui croyaient vivre dans un lieu paisible, à l'abri des problèmes des grandes villes, dans un monde protégé.
* 25 Délinquance des mineurs - la République en quête de respect, rapport n° 340, 2001-2002.
* 26 Cette délinquance d'exclusion a été définie par M. Denis Salas, lors de son audition par la commission d'enquête du Sénat sur la délinquance des mineurs, comme « une délinquance de masse, territorialisée, essentiellement liée à des parcours de désinsertion durable dans lesquels des groupes familiaux tout entiers vivent dans l'illégalité et dans des cultures de survie, dans des modalités de précarité extrêmement importantes les conduisant insensiblement vers la déviance ou vers la délinquance ».
* 27 La notion d'incivilité peut être définie comme un « comportement sans gêne et provocateur, source de perturbation et d'exaspération dans la vie quotidienne des cités. Par exemple, rassemblements au pied de l'immeuble, attitudes menaçantes, bruits dans les halls, déplacements en bande, présence de chiens » (rapport de la mission interministérielle sur la prévention et le traitement de la délinquance des mineurs remis au Premier ministre le 16 avril 1998 par Christine Lazerges et Jean-Pierre Balduyck), ou encore comme « tout comportement contraire aux règles habituelles de la sociabilité », ou « toutes les manifestations traduisant une dégradation du lien social et ne recevant pas de réponse pénale » (Guide pratique des contrats locaux de sécurité, IHESI, 1998).
* 28 Cité dans les Cahiers français n°308 : Etat, société et délinquance, « Les politiques de sécurité : la politique de « tolérance zéro » et ses controverses », Sébastien Roché, p. 76.