II. LES MOYENS TRADITIONNELS D'INCITATION À LA RECHERCHE EN ENTREPRISE
Au-delà des mesures de la loi du 12 juillet 1999 tendant à favoriser la création d'entreprises innovantes, plusieurs outils incitatifs existent pour accroître et organiser l'effort de recherche des entreprises et pour rapprocher recherche publique et recherche privée.
A. LE CRÉDIT D'IMPÔT-RECHERCHE : UNE MESURE FAVORABLE AUX PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES
Bien qu'il ne figure pas parmi les crédits du BCRD, votre rapporteur pour avis souhaite faire un bilan rapide du crédit d'impôt recherche, compte tenu de son rôle auprès des petites entreprises.
1. Un dispositif prorogé de 5 ans par la loi de finances pour 1999
Le
crédit d'impôt-recherche
a été institué
par la loi de finances pour 1983. Codifié à l'article 244
quater du code général des impôts, il vise à inciter
les entreprises à développer leur effort de recherche en leur
accordant un crédit d'impôt qui se matérialise par
une
réduction de l'impôt sur les sociétés ou sur le
revenu
dû par l'entreprise à proportion
de 50 % de
l'accroissement en volume de leur effort de recherche par rapport à la
moyenne des deux années précédentes
.
Cette réduction est limitée à 40 millions de francs
par entreprise et par an. Huit types de dépenses sont prises en
compte : salaires des ingénieurs et techniciens de recherche ;
frais de fonctionnement y afférents ; frais de sous-traitance de
recherche auprès d'organismes agréés ; amortissement
des immobilisations affectées à la recherche et des brevets
acquis en vue de la recherche ; frais de dépôt et de
maintenance des brevets ; normalisation ; dépenses
d'élaboration de nouvelles collections pour les entreprises textiles.
Ce dispositif a été prorogé de cinq ans par la loi de
finances pour 1999, qui l'a en outre légèrement modifié,
comme votre rapporteur pour avis l'avait expliqué l'an passé.
En 1998, 7.008 entreprises ont souscrit une déclaration de
crédit d'impôt au titre de 1997. Parmi celles-ci, 3338 ont
déclaré un crédit d'impôt positif pour un montant
cumulé de 2.867 millions de francs.
Rappelons que, depuis la loi de finances pour 1999, les entreprises qui
réalisent des pertes et ne peuvent donc imputer leur crédit
d'impôt peuvent dorénavant
mobiliser cette créance
de l'Etat auprès d'un organisme financier, plutôt que d'attendre,
comme précédemment, quatre ans pour en obtenir le
remboursement.
2. Une mesure favorable aux PME et à l'emploi
Une
sur-représentation des PME
Les chiffres fournis par le ministère montrent que le crédit
d'impôt-recherche est surtout favorable aux PME. Les entreprises de moins
de 200 millions de chiffre d'affaires ne réalisent en effet que
15,5 % des dépenses globales de recherche et développement
mais obtiennent 37 % des crédits d'impôt.
Les entreprises qui réalisent entre 200 et 500 millions de francs
de chiffre d'affaires représentent quant à elles 8% des
dépenses mais obtiennent 15 % des crédits d'impôt.
A l'inverse, les grandes entreprises, qui réalisent les trois quart des
frais de recherche, touchées par le plafonnement du dispositif, ne
bénéficient que de moins de la moitié des crédits
d'impôt.
Le graphique ci-après illustre cette sur-représentation relative
des PME :
Source : MENRT
Un dispositif favorable à l'emploi
Le crédit d'impôt recherche est indéniablement une
incitation à l'embauche des chercheurs et techniciens
, les frais
de personnel constituant 41 % des dépenses de recherche
déclarées -et même 70 % si on leur ajoute les frais de
fonctionnement qui les accompagnent-. En outre, interrogée par votre
rapporteur pour avis, l'administration a indiqué que c'était le
plus souvent par des embauches que les entreprises bénéficiaires
du crédit d'impôt recherche accroissaient leur effort de recherche.
Les entreprises bénéficiaires en 1996 et 1997 ont ainsi
augmenté leur masse salariale de 12,2 % contre 3,5 % en
moyenne pour l'ensemble des entreprises ces mêmes années. En
termes d'effectifs, l'augmentation a été de 12,7 % contre
4,05 % pour l'ensemble des entreprises.
Deux objectifs imparfaitement atteints : l'aménagement du
territoire et la diffusion de la recherche
Votre rapporteur pour avis souhaite mettre deux " bémols " au
bilan globalement positif qu'on peut dresser du dispositif du crédit
d'impôt recherche ;
l'objectif d'aménagement du territoire,
qui avait
été introduit par une modulation géographique de la prise
en compte des dépenses de recherche favorable aux zones
d'aménagement du territoire par la loi n° 95-115 du
4 février 1995
13(
*
)
, a été abandonné
l'an passé, sans que l'impact de cette modulation n'ait fait l'objet
d'une quelconque évaluation.
Votre commission pour avis avait
vivement déploré cette méthode
;
bien que touchant de nombreux secteurs, la dépense fiscale du
crédit d'impôt recherche est toutefois
assez fortement
concentrée sur quelques grands thèmes
d'activité :
électronique, pharmacie, industrie
automobile notamment. Un des objectifs de la mesure était pourtant la
diffusion de la recherche dans l'ensemble du tissu industriel. Il semble
n'être qu'imparfaitement atteint.