Projet de loi de finances pour 2000, TOME VII - Recherche
RAUSCH (Jean-Marie)
AVIS 91-TOME VII (1999-2000) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Tableau comparatif au format Acrobat ( 23 1 Ko )Table des matières
- AVANT-PROPOS
-
CHAPITRE IER -
LES MOYENS FINANCIERS DE LA RECHERCHE- I. LE BCRD : UN BUDGET LARGEMENT CONTRAINT, EN FAIBLE HAUSSE
- II. LA STAGNATION DES CRÉDITS DU MINISTÈRE DE LA RECHERCHE
-
III. LES CRÉDITS DES ORGANISMES DE
RECHERCHE : LE " NOYAU DUR " DU BCRD
- A. L'EVOLUTION DES DOTATIONS BUDGÉTAIRES
- B. L'ÉVOLUTION DE L'EMPLOI
- C. LA CONTRACTUALISATION PLURIANNUELLE AVEC L'ETAT
-
CHAPITRE II -
RECHERCHE, INNOVATION ET CRÉATION D'ENTREPRISE-
I. LA LOI SUR L'INNOVATION ET LA RECHERCHE DU
12 JUILLET 1999
- A. UNE AVANCÉE SIGNIFICATIVE DANS PRINCIPALEMENT DEUX DOMAINES
- B. DES MESURES D'ACCOMPAGNEMENT IMPORTANTES
-
II. LES MOYENS TRADITIONNELS D'INCITATION À LA
RECHERCHE EN ENTREPRISE
- A. LE CRÉDIT D'IMPÔT-RECHERCHE : UNE MESURE FAVORABLE AUX PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES
- B. LES AUTRES DISPOSITIFS INCITATIFS
-
I. LA LOI SUR L'INNOVATION ET LA RECHERCHE DU
12 JUILLET 1999
N° 91
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME VII
RECHERCHE
Par M. Jean-Marie RAUSCH,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Jean Huchon, Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Pastor, Pierre Lefebvre, vice-présidents ; Georges Berchet, Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Louis Moinard, secrétaires ; Louis Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland Courteau, Charles de Cuttoli, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Xavier Dugoin, Bernard Dussaut , Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret, Gérard Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis Mercier, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexe n°
17
)
(1999-2000).
Lois de finances. |
AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
Les crédits qu'une Nation consacre à la recherche sont le gage de
son avenir et de sa prospérité.
C'est avec la pleine conscience de l'importance de ces dotations que votre
commission pour avis s'est penchée sur le budget civil de recherche et
de développement proposé par le projet de loi de finances pour
2000.
Au-delà de l'examen des chiffres
(54,646 milliards de francs, en
augmentation de 1,3 %)
, votre rapporteur pour avis souhaite faire part
de trois motifs de satisfaction et de trois interrogations :
Le soutien par l'Etat des disciplines d'avenir est, en soi, un premier
motif de satisfaction
, qu'il s'agisse des crédits consacrés
aux
biotechnologies
(réseau génoplante, centre national de
séquençage et centre national de génotypage) ou aux
technologies de l'information
et de la communication.
La réorientation de certains soutiens publics vers les PME
(le
FRT par exemple)
est un deuxième motif de satisfaction
. Votre
commission pour avis relève que les PME sont également les
principales bénéficiaires du crédit d'impôt
recherche, dispositif qui a contribué, depuis plus de quinze ans,
à diffuser la recherche dans le tissu industriel.
Des crédits sont consacrés à
l'incitation à la
constitution d'incubateurs et de fonds d'amorçage,
destinés
à favoriser l'essaimage et la création d'entreprise à
partir des établissements de recherche, ainsi que la création
d'entreprises innovantes.
Votre commission pour avis a toujours fermement
soutenu ces mesures, qu'elle souhaiterait d'ailleurs, dans une optique de
développement territorial, voir généralisées, au
delà du seul secteur de la recherche.
Pourtant, malgré ces évolutions favorables, force est de
constater qu'au delà d'une volonté affichée en maintes
occasions de réforme en profondeur du système français de
recherche, des pesanteurs demeurent, qui se traduisent lourdement dans le
budget.
Le BCRD est en réalité
un budget largement
contraint
puisque presque les trois quarts de ses crédits sont
" absorbés " par les dotations aux divers
établissements de recherche, qui consacrent eux-mêmes bien souvent
la plupart de leurs dépenses à la rémunération de
leurs personnels. Cet effet de masse vide de sa substance le rôle de
" pilotage " et de " mise en cohérence "
qu'était censé assurer le BCRD. Il impose aussi le traitement de
deux questions de fond s'agissant des établissements de recherche :
celle de leur rendement technologique -unanimement considéré
comme insuffisant- et celle de la politique de l'emploi au sein des
établissements.
Deux séries d'outils ont été mis en place en
matière de politique de l'emploi :
les mesures de la
loi du
12 juillet 1999
sur l'innovation et les
orientations
-par
ailleurs satisfaisantes- du Comité interministériel de la
recherche -
qu'il reste toutefois à concrétiser
-. Ces
outils
seront-ils à la hauteur de l'enjeu
, alors que l'âge
moyen des personnels de recherche est de 47 ans et que l'insertion et
l'autonomie scientifique des jeunes chercheurs sont deux préoccupations
croissantes ?
Il est permis d'en douter.
Votre commission pour avis s'interroge également sur les
résultats obtenus par les instances de conseil et d'évaluation de
la recherche, dont la mise en place avait été annoncée -en
grande pompe- l'an passé.
Ces structures -on pense en particulier au
Conseil national de la Science, placé auprès du ministre et
composé de personnalités éminentes tant françaises
qu'étrangères- permettraient, nous disait-on, un meilleur
pilotage du système de recherche et impulseraient les grandes
orientations de la recherche pour le prochain millénaire. On ne peut que
se demander, après la démission récente de certains de ses
membres parmi les plus éminents dénonçant le mode de
fonctionnement de cette instance, si le Conseil national de la science, qui
s'est jusqu'à présent réuni à trois reprises,
remplit vraiment l'objectif qui lui avait été fixé. Votre
rapporteur pour avis ne manquera pas d'interroger le Gouvernement sur ce point.
Enfin, votre commission pour avis regrette
l'abandon
du volontarisme
politique en matière d'aménagement du territoire, qu'accompagne
d'ailleurs celui de la politique des très grands équipements
structurants. Alors que d'aucuns craignent une récession scientifique de
notre pays liée au manque d'équipements de grande ampleur,
comment envisager, sans volontarisme politique, une répartition plus
harmonieuse de la matière grise sur le territoire ? Il s'agit
pourtant d'un facteur essentiel pour dessiner la France du XXIe siècle.
Aussi, votre commission a émis un avis défavorable à
l'adoption des crédits consacrés à la recherche dans le
projet de loi de finances pour 2000.
CHAPITRE IER -
LES MOYENS FINANCIERS DE LA
RECHERCHE
L'effort
budgétaire de l'Etat en faveur de la recherche, au-delà des seuls
crédits du ministère chargé de la recherche et de la
technologie, est retracé par le budget civil de recherche et
développement (BCRD), qui a un caractère interministériel.
Cet agrégat rassemble la quasi-totalité des crédits de
l'Etat affectés à la recherche civile, à l'exception
de :
- la participation française aux programmes de recherche
communautaires ;
- la participation de l'Etat aux contrats de plan Etat-Régions au
titre de la recherche ;
- la " dépense fiscale " que représente le
crédit d'impôt recherche.
Afin d'avoir une vue d'ensemble de l'évolution des crédits
affectés à la recherche, votre rapporteur pour avis souhaite
présenter les moyens financiers du BCRD, ceux du seul ministère
chargé de la recherche et, enfin, ceux dévolus, au sein de ce
dernier, aux établissements publics de recherche.
I. LE BCRD : UN BUDGET LARGEMENT CONTRAINT, EN FAIBLE HAUSSE
A. UNE FAIBLE ÉVOLUTION
Les
crédits demandés en 2000 pour le BCRD s'élèvent
à
54,646 milliards de francs
en dépenses ordinaires
(DO) et crédits de paiement (CP), soit une hausse de
1,3 %
par rapport à la loi de finances pour 1999. Les autorisations de
programme (AP), dont le montant est de 22,843 milliards de francs
augmentent de 0,1 %, même si cette hausse est de 2,2 % à
structure constante
1(
*
)
.
Ces évolutions globales sont retracées dans le tableau
suivant :
BCRD - CRÉDITS DEMANDÉS POUR 2000
(en millions de francs)
|
Projet de
loi de finances
|
Evolution |
Dépenses ordinaires |
32 639 |
+3,4 % |
Crédits de paiement |
22 006 |
-1,6 % |
TOTAL |
54 646 |
+1,3 % |
Autorisations de programme 2( * ) |
22 843 |
+0,1 % |
Comme les deux années précédentes, ce sont les dépenses ordinaires qui augmentent, au détriment des opérations en capital, venant ainsi accroître le poids déjà majoritaire des premières au sein du BCRD (59,7 %).
B. DES PRIORITÉS QUI NE S'AFFIRMENT QUE SUR UNE PART MINEURE DU BUDGET TOTAL
Les deux grandes priorités mises en avant par le Gouvernement pour le BCRD 2000 sont identiques à celles de l'an passé :
1. Le soutien à l'innovation technologique, au moyen du FNS et du FRT
Le
Fonds national de la science (FNS
), créé en 1999, est
destiné à développer et coordonner les recherches de base
nécessitant la coopération de plusieurs organismes.
Les moyens du FNS sont fortement augmentés tant en autorisations de
programme (AP) (de 500 à 700 millions de francs) qu'en
crédits de paiement (CP) (de 318 à 565 millions de francs),
soit une
progression respectivement de 40 % et 77 %.
Cette
augmentation significative permettra de mener des actions incitatives dans les
secteurs prioritaires :
sciences du vivant, sciences humaines et
sociales, science de la planète et de l'environnement
.
Le Fonds pour la recherche technologique (FRT)
Les crédits du FRT et de diffusion des technologies du secteur spatial
passent de 670 millions de francs à 905 millions de francs
d'AP, soit une
progression de 35 %.
Cette augmentation doit
permettre d'amplifier les moyens de recherche dans les secteurs des
nouvelles technologies de l'information et de la communication
(Renater
II, réseau national de télécommunications) des transports
et de l'environnement, de poursuivre le
concours de création
d'entreprises technologiques innovantes
et de favoriser,
conformément à la loi sur l'innovation et la recherche du
12 juillet 1999, la
constitution d'" incubateurs "
auprès des établissements de recherche.
Votre commission pour avis adhère pleinement à ces deux
orientations et juge efficaces ces crédits incitatifs -qui ne
représentent toutefois qu'une maigre partie du total des crédits.
Cette méthode s'inspire d'ailleurs, comme l'a déjà fait
remarquer M. Claude Allègre, de celle menée par M. Michel
Debré, alors Premier ministre du général
de Gaulle : développer des actions incitatives avec le soutien
de fonds nationaux. On ne peut toutefois que déplorer que le Parlement
ne soit pas parfaitement informé de l'utilisation de ces crédits.
Il semble qu'un réel effort de transparence soit nécessaire en la
matière.
2. Le soutien de base des unités de recherche
La
dotation des établissements publics à caractère
scientifique et technologique (EPST) est en augmentation de
1,4 %
en dépenses ordinaires et crédits de paiement et de
3 %
en autorisations de programme, avec, comme l'an passé,
une priorité affirmée pour
le soutien de base des
unités de recherche
, qui augmente de 3,5 %.
Parmi d'autres mesures, le Gouvernement met en avant l'effort consenti en
faveur des fondations de recherche, notamment les instituts Pasteur et Curie,
avec une augmentation de leur subvention de 8,3 millions de francs.
3. Des marges de manoeuvre en réalité peu importantes
Les
crédits du BCRD sont en réalité absorbés en grande
majorité par les dotations aux divers établissements de
recherche, qui " piègent " 36,5 milliards de
crédits du ministère de la recherche, et 4,4 milliards de
crédits du ministère de l'industrie (CEA et ANVAR), soit un total
de près de 40,9 milliards de francs, c'est à dire
les trois
quarts du BCRD !
Soulignons que les dépenses de ces organismes sont consacrées,
parfois en presque totalité s'agissant des EPST, -l'ANVAR mis à
part- au
paiement des personnels de recherche
. Le CNRS consacre
85 % de son budget aux dépenses de personnel, par exemple.
On mesure ainsi combien est faible la part des chapitres budgétaires
directement " offensifs ", c'est à dire dotés de
crédits d'intervention incitatifs, dans le total du BCRD.
On prend ainsi la pleine mesure de la nécessité de s'attaquer en
profondeur à la question de la politique de l'emploi au sein des
établissements de recherche et à celle de la valorisation
technologique des travaux des laboratoires.
C. UNE RÉPARTITION QUI FAIT APPARAÎTRE LA CONCENTRATION DU BCRD SUR PRINCIPALEMENT TROIS MINISTÈRES
Le tableau suivant indique les participations respectives des différents ministères au BCRD et l'évolution de leurs crédits de recherche. Il montre sa très forte concentration sur trois ministères : recherche, industrie et équipement.
RÉPARTITION DU BCRD ENTRE LES MINISTÈRES
|
DO + CP |
||
MINISTÈRES |
LFI 99 |
PLF 2000 |
Evolution |
AFFAIRES ÉTRANGÈRES |
890,50 |
905,22 |
1,7 % |
- Actions culturelles |
25,00 |
28,72 |
14,9 % |
- CERN |
657,47 |
666,10 |
1,3 % |
- Autres org. internationales |
208,03 |
210,40 |
1,1 % |
AGRICULTURE, PÊCHE |
141,58 |
142,99 |
1,0 % |
CULTURE |
720,13 |
728,52 |
1,2 % |
EDUCATION NATIONALE, R & T |
42 524,25 |
42 447,01 |
-0,2 % |
- Recherche et technologie (1) (2) |
40 011,05 |
39 860,74 |
-0,4 % |
- Enseignement supérieur |
2 430,54 |
2 506,39 |
3,1 % |
- Enseignement scolaire |
82,66 |
79,88 |
-3,4 % |
DÉFENSE (1) |
900,00 |
1 500,00 |
66,7 % |
ENVIRONNEMENT |
81,70 |
82,42 |
0,9 % |
EQUIPEMENT ET TRANSPORTS |
1 903,68 |
1 911,23 |
0,4 % |
- Progr. Aéro. Civils + av. civile |
1 431,00 |
1 420,00 |
-0,8 % |
- Météo-France |
327,35 |
343,35 |
4,9 % |
- Autres (urbanisme, mer, TT) |
145,33 |
147,88 |
1,8 % |
LOGEMENT |
172,64 |
174,55 |
1,1 % |
INDUSTRIE |
6 451,50 |
6 605,06 |
2,4 % |
- Ecoles Mines |
247,00 |
250,96 |
1,6 % |
- Rech. Industrielle + ATOUT |
1 938,80 |
1 916,50 |
-1,2 % |
- ANVAR |
931,20 |
932,10 |
0,1 % |
- CEA |
3 334,50 |
3 505,50 |
5,1 % |
INTÉRIEUR |
4,50 |
3,50 |
-22,2 % |
JUSTICE |
4,60 |
5,60 |
21,7 % |
PLAN |
58,14 |
58,36 |
0,4 % |
EMPLOI |
37,30 |
38,22 |
2,5 % |
SANTÉ |
43,18 |
43,66 |
1,1 % |
TOTAL BCRD (2) |
53 933,69 |
54 646,33 |
1,3 % |
(1)
La dotation Défense correspond aux programmes de recherche du CNES
à double finalité, civile et militaire. Elle est destinée
à être transférée en gestion sur le budget de la
Recherche. Compte tenu de cette dotation, le budget du ministère de la
recherche progresse de 1,1 % en DO + CP.
(2) Les crédits des fondations, de l'ANRS, et de l'information
scientifique et technique, jusque là inscrits en titre VI du fascicule
recherche, figureront à partir de 2000 en titre IV. A structure
constante les AP du fascicule Recherche progressent de 3,6 % ; les AP
du BCRD progressent de 2,2 %.
II. LA STAGNATION DES CRÉDITS DU MINISTÈRE DE LA RECHERCHE
Les
crédits du BCRD consacrés au seul ministère de la
recherche s'élèvent à
39,8 milliards de francs
en dépenses ordinaires et crédits de paiement, soit une
régression en valeur absolue par rapport à l'an passé.
Toutefois, cette année encore, -et votre rapporteur pour avis le
regrette-, le périmètre budgétaire de ces dotations
connaît par rapport à 1999 des modifications qui rendent les
comparaisons difficiles
.
La subvention dévolue au CNES inclut en effet une dotation qui, bien
qu'elle soit initialement inscrite au budget de la défense, sera
transférée, en gestion, au budget de la recherche. Cette dotation
correspond aux programmes de recherche du CNES à double finalité,
civile et militaire.
Si l'on ne tient pas compte de ce transfert, à structure constante, le
budget du ministère de la recherche progresse de
1,1 %
en
dépenses ordinaires et crédits de paiement et de
3,6 %
en autorisations de programme.
Ce problème de lisibilité des crédits de la recherche
est récurrent, comme l'a récemment fait observer la Cour des
Comptes :
DE LA DIFFICULTÉ D'APPRÉHENDER LES CRÉDITS DE LA RECHERCHE, D'APRÈS LA COUR DES COMPTES
Dans sa
récente étude sur l'exécution du budget de la recherche,
la Cour des Comptes a mis en lumière deux caractéristiques des
crédits de la recherche qui rendent leur examen difficile.
La constante modification de périmètre budgétaire
des crédits du ministère de la recherche empêche les
comparaisons pluriannuelles.
" En 1998, les modifications apportées au
périmètre du budget de la recherche ont été d'une
importance telle qu'elles rendent non significatives les comparaisons
interannuelles effectuées sans les retraitements comptables
préalables permettant de raisonner à périmètre
constant.
La Cour relève à nouveau que ces changements d'imputation rendent
le budget de la recherche difficilement lisible et considère qu'une
stabilisation de son périmètre budgétaire serait
très souhaitable pour que cette notion conserve un sens ".
Le BCRD ne contient pas l'ensemble des dépenses de l'Etat en faveur
de la recherche
La Cour des comptes souligne que le BCRD ne retrace ni les dotations
budgétaires correspondant aux dépenses fiscales, ni la
participation de la France au programme communautaire de recherche, ni les
crédits correspondant au mi-temps recherche des enseignants-chercheurs,
ni la partie militaire des crédits de recherche de la défense. La
cour estime donc que le BCRD ne représente que la moitié de
l'effort budgétaire de l'Etat pour la recherche.
Les crédits demandés pour le ministère chargé de la
recherche sont résumés dans le tableau ci-après :
SYNTHÈSE DES DOTATIONS DU BUDGET DU MINISTÈRE DE LA RECHERCHE
(en millions de francs)
|
AP |
DO + CP |
||||
|
LFI 99 |
PLF 2000 |
Variation |
LFI 99 |
PLF 2000 |
Variation |
ORGANISMES DE RECHERCHE |
12 706,29 |
11 983,25 |
-5,7 % |
36 928,53 |
36 559,23 |
-1,0 % |
EPST |
4 122,18 |
4 244,38 |
3,0 |
22 463,28 |
22 770,71 |
1,4 % |
EPIC |
8 224,49 |
7 575,37 |
-7,9 % |
13 760,42 |
13 074,31 |
-5,0 % |
FONDATIONS ET GIP |
359,62 |
163,50 |
ns |
704,83 |
714,21 |
1,3 % |
CRÉDITS D'INTERVENTION |
1 327,00 |
1 482,00 |
11,7 % |
3 082,52 |
3 301,51 |
7,1 % |
CNER |
|
|
|
4,51 |
4,51 |
0,0 % |
Actions d'incitation, d'info. & de communication |
|
|
|
127,65 |
172,79 |
35,4 % |
Formation à et par la recherche |
|
|
|
1 750,00 |
1 745,00 |
-0,3 % |
Information & cult. scient. & technologique |
48,00 |
7,00 |
-85,4 % |
48,00 |
35,21 |
-26,6 % |
FRT + diffusion technos spatiales |
670,00 |
905,00 |
35,1 % |
724,94 |
670,00 |
-7,6 % |
FNS (hors CNS et CNG) |
370,00 |
570,00 |
54,1 % |
188,42 |
435,00 |
130,9 % |
ANRS |
239,00 |
|
ns |
239,00 |
239,00 |
0,0 % |
TOTAL FASCICULE RECHERCHE |
14 033,29 |
13 465,25 |
-4,0 % |
40 011,05 |
39 860,74 |
-0,4 % |
Transferts internes au fascicule |
|
480,12 |
|
|
0,00 |
|
Transferts externes au fascicule |
|
600,00 |
|
|
600,47 |
|
TOTAL STRUCTURE CONSTANTE |
|
14 545,37 |
3,6 % |
|
40 461,21 |
1,1 % |
NB : la liste des sigles développés
figure en
annexe du présent rapport.
Le fascicule budgétaire " Recherche et technologie " ventile
en 3 agrégats distincts les crédits du ministère de
la recherche, ce qui permet de mieux analyser leur nature et de faire ressortir
le poids des dotations aux organismes de recherche :
-
Actions d'incitation et fonds d'interventions
Cet agrégat regroupe les actions d'évaluation et les
études ; la diffusion de la recherche notamment en direction des
PME et PMI ; la formation à et par la recherche ; l'incitation
à la recherche par les fonds d'intervention (FRT et FNS).
Ces
crédits sont en augmentation de 7,1 % (en DO + CP).
-
Etablissements publics à caractère scientifique et
technologique
Cet agrégat rassemble les dotations destinées aux
établissements de recherche sous tutelle du ministère qui ont le
statut d'EPST : INRETS, LCPC, CNRS, INRA, CEMAGREF, INRIA, IRD, INSERM et
INED. Ces dotations recouvrent les frais de personnel, les crédits
destinés au fonctionnement matériel des établissements
-appelé soutien de base- et les crédits d'investissement.
-
Autres organismes de recherche
Cet agrégat recouvre les dotations aux établissements n'ayant pas
le statut d'EPST
3(
*
)
, qu'il s'agisse d'EPIC, de
fondations ou de GIP. Il s'agit du BRGM, de l'ADEME, de l'IFREMER, du CIRAD,
des Instituts Pasteur et Curie, du CEA et du CNES. Ces dotations couvrent une
partie -variable- des ressources de ces établissements.
Ces trois agrégats ont en réalité un poids très
inégal dans le budget de la recherche, qui reste en très grande
majorité consacré aux dotations aux organismes de recherche, quel
que soit leur statut, comme le montre le graphique suivant :
Ce graphique montre la part minoritaire des actions d'intervention dans les
crédits du ministère.
III. LES CRÉDITS DES ORGANISMES DE RECHERCHE : LE " NOYAU DUR " DU BCRD
A. L'EVOLUTION DES DOTATIONS BUDGÉTAIRES
Les organismes publics de recherche ont, comme on l'a signalé, des statuts divers : outre des fondations et GIP, on y retrouve des EPST et des EPIC.
1. Les crédits des EPST
Les
dotations de l'Etat aux EPST demandées pour 2000 s'élèvent
à
22,7 milliards de francs
en DO + CP,
en augmentation de
1,4%
. Les dépenses ordinaires représentent
18,5 milliards de francs et augmentent de 1,3 % ; les
crédits de paiement, à 4,2 milliards de francs, augmentent
de 1,8 %.
La dotation la plus importante (14 milliards de francs) concerne le CNRS
(+1,1 %). Le tableau suivant résume les crédits
dévolus à chaque EPST :
DOTATIONS DES EPST
(en millions de francs)
|
DO + CP |
Evolution |
INRA |
3 561,19 |
1,7 % |
CEMAGREF |
252,76 |
2,7 % |
INRETS |
224,95 |
2,7 % |
LCPC |
275,12 |
1,8 % |
INRIA |
513,79 |
4,0 % |
CNRS |
14 091,52 |
1,1 % |
INSERM |
2 696,18 |
1,8 % |
INED |
89,20 |
2,3 % |
IRD |
1 066,00 |
1,3 % |
TOTAL |
22 770,71 |
1,4 % |
Les EPST
dépendent très majoritairement des crédits de
l'Etat
puisque la subvention du ministère de la recherche
représente de 64,5 % (pour l'INRIA) à 95,4% du total de
leurs crédits (89,8 % pour le CNRS).
Dans la subvention de l'Etat, la part dévolue à la
rémunération du personnel
est écrasante : elle
représente de 65,8% (INRIA) à 87,8 % (CEMAGREF) du total.
La priorité du Gouvernement a porté cette année encore sur
le soutien de base des programmes des laboratoires, en hausse de 3,5 %.
Rappelons que les soutiens de programme, notion budgétaire propre
à la recherche publique, sont comptabilisés comme des
dépenses en capital alors qu'elles concernent en réalité
le fonctionnement et le petit équipement des laboratoires.
2. Les crédits des autres organismes de recherche
Les
organismes de recherche qui n'ont pas le statut d'EPST sont
beaucoup moins
dépendants de la subvention du ministère de la recherche
, qui
ne représente que de 7,4 % (ADEME) à 69,6 % (CNES) de
leurs ressources.
En outre, la part de la subvention de l'Etat qui est dédiée au
fonctionnement de ces organismes est plus faible que pour les EPST (de
3,9 % à 65,6 % du total).
Les dotations à ces différents organismes sont
résumées dans le tableau ci-après :
DOTATIONS DU MINISTÈRE DE LA RECHERCHE POUR LES EPIC, FONDATIONS, GIP ET AUTRES ORGANISMES DE RECHERCHE
(en millions de francs)
|
DO + CP |
Evolution |
IFREMER |
931,03 |
-1,9 % |
CIRAD |
737,05 |
2,7 % |
ADEME |
183,72 |
-0,4 % |
BRGM |
342,01 |
0,7 % |
CNES (hors crédits Défense) |
7 475,00 |
-9,2 % |
CEA (hors crédits Industrie) |
3 405,50 |
2,1 % |
Institut Pasteur PARIS |
337,43 |
1,8 % |
Instituts Pasteur DOM TOM |
25,51 |
1,1 % |
Instituts Pasteur à l'étranger |
21,95 |
0,9 % |
Institut Pasteur Lille |
39,86 |
3,2 % |
Institut Curie |
37,21 |
1,1 % |
Autres institutions de recherche |
2,00 |
0,0 % |
Autres centres anticancéreux |
2,00 |
0,0 % |
Fondation Jean Dausset (CEPH) |
29,49 |
0,8 % |
IFRTP |
88,76 |
1,2 % |
CNS |
80 |
0 % |
CNG |
50 |
0 % |
Votre rapporteur pour avis se félicite que la priorité accordée aux sciences de la vie se traduise par des dotations au Centre national de séquençage (CNS) et au Centre national de génotypage (CNG), tant ces deux disciplines sont lourdes d'enjeux pour permettre à notre pays de conserver sa place en matière de biotechnologies.
B. L'ÉVOLUTION DE L'EMPLOI
1. Des créations d'emploi en très net ralentissement
L'évolution des effectifs de la recherche publique au
sein
des établissements scientifiques et technologiques a été
l'objet, jusqu'en 1993, d'un accroissement en termes de créations -et
requalifications- d'emplois (1992 : +456, dont 239 chercheurs ;
1993 : +247, dont 139 chercheurs), sous l'effet conjugué des
orientations exprimées par
la loi n° 82-610 d'orientation
et de programmation du 15 juillet 1982, dont votre rapporteur pour
avis avait l'honneur d'être rapporteur,
et de l'application du
relevé de conclusions de juillet 1989 dit " accords de la rue
Descartes " (mesures statutaires de pyramidage de l'emploi scientifique).
Après l'année 1994, que l'on peut qualifier de transition
(stabilisation des emplois ; solde net : -4), les exercices 1995,
1996 et plus spécifiquement 1997 se sont caractérisés par
une stabilisation, voire une légère décrue des emplois, la
suppression d'emplois d'ITA (1995 : -192 ; 1996 : -257 ;
1997 : -511) ne conduisant plus, contrairement aux années
précédentes, à des transformations d'emplois
destinées à rééquilibrer la pyramide par
requalification interne. Au cours de ces années, et plus
particulièrement en 1996, ont été prises d'importantes
mesures qui continuent de produire leur effet,
en vue de rajeunir la
pyramide des âges des chercheurs
.
La forte relance des créations d'emplois
en 1998 (+400
chercheurs, +200 ITA) et 1999 (+250 chercheurs, +50 ITA) ne
s'est malheureusement pas accompagnée -votre commission pour avis
l'avait regretté en son temps-, d'une
aussi forte relance de la
mobilité des personnels, point faible de la politique de l'emploi public
dans le domaine de la recherche
.
Le budget 2000 est en nette rupture avec la tendance observée ces
deux dernières années, puisqu'il ne prévoit la
création que de 18 emplois d'ITA
4(
*
)
, environ 1000 transformations d'emplois permettant
parallèlement de requalifier les personnels et d'améliorer leurs
perspectives de carrière, notamment par intégration des
personnels administratifs dans les corps techniques de la recherche.
2. Des orientations du Comité interministériel de la recherche en matière d'emploi qu'il reste à traduire dans les faits
Le
comité interministériel de la recherche scientifique et
technologique, tenu à l'été dernier, a fixé les
objectifs suivants pour la politique de l'emploi dans les établissements
publics de recherche :
-
un objectif de rajeunissement
: pour cela, les mesures,
déjà à l'oeuvre, visant à augmenter les
départs à la retraite des chercheurs devront continuer en 2000,
notamment par l'incitation au départ à la retraite
anticipée ;
- des mesures
d'incitation à la mobilité externe
aux
organismes de recherche seront mises en place, à la fois pour permettre
de relancer le recrutement, avant que les départs à la retraite
ne prennent la relève, et comme outil de décloisonnement vers
l'enseignement supérieur
et vers le
secteur des
entreprises
grâce notamment aux mesures inscrites dans la loi
n° 99-587 du 12 juillet 1999 sur l'innovation et la
recherche ;
- un
aménagement du statut des personnels de recherche et
d'enseignement supérieur
permettra notamment la désignation
de chercheurs ou d'enseignants-chercheurs étrangers dans les instances
de recrutement des personnels ;
les critères d'évaluation
et de promotion devront prendre en compte l'implication des personnels dans la
recherche technologique, le transfert, la valorisation ou l'expertise
;
- une
programmation pluriannuelle des recrutements de chercheurs
,
transparente pour tous, sera entreprise ;
- des dispositifs permettront aux jeunes chercheurs
" confirmés " d'accéder rapidement à
l'autonomie scientifique
;
- dans chaque organisme, un système
d'accueil des
post-doctorants revenant de l'étranger
sera mis en place.
Votre commission pour avis souscrit totalement à l'ensemble de ces
objectifs et souhaite qu'ils se concrétisent rapidement par des mesures
opérationnelles. Il existe en effet une forte attente en la
matière depuis la parution, il y a près de deux ans, du rapport
de M. Henri Guillaume.
L'application de ces dispositions établissement par établissement
devrait passer par la conclusion, annoncée l'an passé
déjà, d'un contrat pluriannuel 2000-2003 avec l'Etat.
3. Le maintien des instruments de rajeunissement de la pyramide des âges mis en place en 1996
a) Les perspectives démographiques
Comme
l'indiquent de récentes publications
5(
*
)
et notamment le rapport de mission de nos collègues
députés MM. Le Déaut et Cohen sur la recherche
française
6(
*
)
,
la population de la
recherche scientifique française a vieilli
:
près de
la moitié des effectifs a un âge supérieur à
48 ans
. Les recrutements effectués depuis quinze ans ne
compensent pas les impressionnants départs à la retraite que le
CNRS, l'INSERM ou les autres organismes de recherche vont connaître d'ici
une dizaine d'années. Dans la population totale des professeurs et des
chercheurs, environ
3.000 agents sont âgés de 48 ou
49 ans alors qu'ils sont à peine 1.500 à être
âgés de 32 à 34 ans.
De plus, l'âge du recrutement s'est très sensiblement
décalé au-delà de 30 ans, alors que jusqu'en 1996,
1.500 universitaires et chercheurs étaient âgés de 29
ou 30 ans. Le recrutement qui s'effectuait à 24 ou 25 ans il y
a quelques années, est aujourd'hui retardé à 30 ans
ou plus.
Que ce soit du point de vue des disciplines ou des institutions, la
situation démographique dressée par le rapport
précité -qui inclut, soulignons-le, chercheurs et
enseignants-chercheurs-, n'est donc pas satisfaisante.
Ce rapport constate aujourd'hui, toute disciplines confondues, un effectif par
âge très irrégulier mais vieillissant. Cette situation
résulte de l'irrégularité des volumes annuels de
recrutement au cours des trente dernières années. Il faut noter
en outre une évolution différenciée des effectifs selon
les institutions, l'enseignement supérieur ayant connu au cours des 15
dernières années, une croissance plus forte et continue de ses
effectifs que le CNRS ou la plupart des autres EPST, dont les effectifs sont
restés pratiquement stables depuis 1993.
En 1996,
l'âge moyen des chercheurs des EPST est de 46 ans
contre 47 ans pour les enseignants-chercheurs
. Les âges
moyens par disciplines vont de 43 ans en sciences pour l'ingénieur
à près de 50 ans en médecine. Cette dispersion des
âges moyens est liée à celle des âges moyens de
recrutement, mais aussi, et pour l'essentiel, aux différentiels des taux
de recrutement des années 1980 et 1990, les effectifs des disciplines
nouvelles en croissance ayant tendance à être nettement plus
jeunes.
Les pyramides des âges en 1997 des personnels chercheurs et
enseignants-chercheurs font apparaître une structure à
" bosses ", où
deux populations se détachent par
leur nombre :
- les classes d'âges de 30 à 40 ans (en
général en plateau ou en " petite bosse "),
- les classes d'âges de 50 et 60 ans (en général
" grande bosse " :
35 % des effectifs au CNRS
,
30 % à l'INSERM).
Inversement,
la tranche d'âge 40-47 ans est une classe creuse
.
Cette structure se retrouve dans la majorité des disciplines
(15 disciplines sur 25) et des institutions (CNRS, INSERM, INRA, IRD,
INRETS), avec des disparités. Dans certains cas, les 30-40 ans
constituent les classes d'âges les plus nombreuses, comme à l'INRA
qui a étalé ses recrutements ou à l'INRIA qui est un
organisme plus récent.
Compte tenu du faible nombre de mobilités dans les organismes de
recherche, le nombre des départs des prochaines années est
prévisible. Il correspond d'une part au taux annuel de
" départs spontanés ", qui est relativement stable
autour de 1,5 % par an, et d'autre part au taux de départs en
retraite.
Au vu des pyramides des âges, il y aura relativement peu de
départs en retraites à très court terme, puis un flux
moyen de 2002 à 2005 (3 % par an), suivi d'un accroissement
significatif des départs à la retraite à compter de 2005,
et ce jusqu'en 2012, avec un maximum de 2008 (5% de départs en retraite
dans l'année).
Enfin, à plus long terme, les classes creuses qui correspondent aux
faibles recrutements effectués il y a une dizaine d'années
arriveront à leur tour à l'âge de la retraite et
redonneront une situation de faibles taux de départs.
Votre commission pour avis aimerait connaître les intentions du
Gouvernement pour faire face à cette situation qui peut
représenter, si elle est bien préparée, une chance
historique de renouvellement de notre recherche, mais qui est également
un facteur de risque pour l'excellence scientifique de notre pays.
b) Le maintien des mécanismes de rajeunissement de la pyramide des âges
Afin de
favoriser le rajeunissement de la pyramide des âges, les décrets
n° 96-1242, 1243 et 1244 du 26 décembre 1996 ont
créé une
indemnité de départ à la
retraite anticipée
des chercheurs du CNRS, de l'INSERM et de l'INRA
âgés de 60 à 64 ans.
Une indemnité de départ volontaire (IDV) existait
déjà pour les chargés de recherche du CNRS, de l'INRA et
de l'INSERM démissionnant de l'organisme, égale à une
année de traitement brut. Elle avait d'ailleurs été
étendue en 1992 à l'INRETS et à l'IFREMER.
Les décrets intervenus en décembre 1996 ont étendu
cette indemnité aux chercheurs demandant à faire valoir leurs
droits à la retraite avant 64 ans : son montant, qui varie
entre huit mois et deux mois de traitement brut, est d'autant plus
élevé que le chercheur prend sa retraite tôt.
Ce dispositif confirme son efficacité
(71 départs au
CNRS en 1997, 114 départs en 1998) manifestée par la
poursuite du rajeunissement de l'âge moyen du départ à la
retraite des chercheurs (63,5 ans au CNRS).
En outre, la prorogation des mesures adoptées, à titre
expérimental, pour le seul CNRS en 1997 -versement du complément
indemnitaire de départ volontaire en retraite institué par le
décret n° 88-211 du 3 mars 1998 pour les personnels
ITA d'unités en restructuration, retour partiel sur option de validation
des services accomplis avant la titularisation- ont été
reconduites jusqu'au 31 décembre 1999.
Formule de préretraite de portée générale dans la
fonction publique,
le congé de fin d'activité (CFA)
continue de n'intéresser que marginalement les chercheurs, en raison de
leur entrée tardive dans l'activité salariée ; pour
les ITA, la part relative des bénéficiaires du CFA en relais
d'une cessation progressive d'activité a tendance -dans des proportions
qui demeurent modestes- à s'élever (CNRS : 22 personnes
concernées en 1998).
Enfin, conformément à l'article 89 de la loi
n° 96-1093 du 16 décembre 1996 relative à
l'emploi dans la fonction publique et à diverses mesures d'ordre
statutaire,
le maintien en activité en surnombre jusqu'à
68 ans
des directeurs de recherche des EPST et des professeurs
d'enseignement supérieur sur leur demande a été totalement
résorbé au 30 juin 1998.
C. LA CONTRACTUALISATION PLURIANNUELLE AVEC L'ETAT
Déjà annoncée l'an dernier, la politique
de
contractualisation des établissements avec l'Etat s'est
développée dans le courant de l'année 1999.
Cette réflexion implique l'ensemble des organismes placés sous la
tutelle ou la co-tutelle du ministère de l'éducation nationale,
de la recherche et de la technologie. Elle permettra de préciser pour
les années à venir et pour chacun des organismes concernés
ses
orientations stratégiques
, son
champ d'activité
et ses
missions spécifiques
. Chacun des ministères
exerçant la co-tutelle y est partie prenante, y compris le
ministère chargé du budget.
Chacun des contrats pluriannuels s'articule autour d'une
déclaration
de politique générale
qui s'appuie sur une analyse de
conjoncture scientifique, économique, industrielle et sur une analyse
des missions de l'organisme, notamment d'expertise et d'appui aux pouvoirs
publics. Ce document est établi avec les tutelles. Il doit être
examiné et éventuellement approuvé en conseil
d'administration.
Tous les contrats d'objectif doivent également traiter de principes
généraux communs aux organismes, avec des
échéanciers des actions à entreprendre pour parvenir aux
objectifs fixés.
Ils incluent :
-
un volet " ressources humaines "
qui doit en
particulier examiner les questions de
mobilité, d'essaimage,
d'évolution
des disciplines ou des métiers, de
redéploiement fonctionnel, de rajeunissement, de
recrutement ;
-
un volet " valorisation de la recherche et transfert
technologique "
. Ce sont deux priorités : l'utilisation
des nouvelles mesures décidées par le Gouvernement et le
Parlement doit y être examinée (
essaimage, incubateurs,
participation à des
réseaux
de recherche technologique,
fonds d'amorçage
). La politique des
brevets
doit
être définie ;
- un volet " partenariats "
avec des organismes, des
établissements d'enseignement supérieur et aussi des entreprises.
Ils peuvent déboucher sur la constitution d'unités mixtes ou de
structures de coopération ;
-
un volet " relations européennes et
internationales "
, où l'aspect coopération
européenne sera développé et qui devra tenir compte des
spécificités et missions d'appui aux pouvoirs publics ;
-
un volet " gestion de la recherche et
évaluation "
précisant les règles
d'évaluation préconisées, prenant en compte aspects
scientifiques et missions d'appui aux pouvoirs publics ;
-
un volet financier :
une réflexion sera menée
sur les équilibres financiers de l'organisme au regard des missions
définies.
La réflexion a été engagée pour l'ensemble des
organismes relevant de la direction de la technologie du ministère de la
recherche. Au cours du premier semestre 1999, un document d'étape a
généralement été fourni. Pour certains organismes,
le document de politique générale a déjà
été élaboré et validé par les tutelles,
voire examiné en conseil d'administration.
CHAPITRE II -
RECHERCHE, INNOVATION ET
CRÉATION D'ENTREPRISE
Après le constat accablant du rapport Guillaume, de mars 1998, sur le mauvais rendement technologique de la recherche française et son incapacité à déboucher sur la création d'entreprises innovantes, et la tenue -à la suite de ce rapport- d'" Assises de l'innovation " en mai de la même année, la politique de promotion de l'innovation a franchi un pas décisif avec l'adoption de la loi n° 99-587 du 12 juillet 1999 sur l'innovation et la recherche.
I. LA LOI SUR L'INNOVATION ET LA RECHERCHE DU 12 JUILLET 1999
A. UNE AVANCÉE SIGNIFICATIVE DANS PRINCIPALEMENT DEUX DOMAINES
Reprenant en partie des dispositions d'un projet de
loi
7(
*
)
déposé par le précédent
Gouvernement et d'une proposition de loi
8(
*
)
adoptée par le Sénat le 22 octobre 1998 permettant aux
fonctionnaires du service public de la recherche de participer à la
création d'entreprises innovantes,
le projet de loi sur l'innovation
et la recherche
a été examiné en première
lecture par le Sénat le 11 février 1999, pour
être adopté définitivement par la Haute Assemblée en
2
ème
lecture, dans les mêmes termes que
l'Assemblée nationale en première lecture, ce qui a permis
à la loi d'être promulguée le 12 juillet 1999.
Partant du constat que l'objectif de valorisation fixé aux
établissements de recherche par la loi d'orientation et de programmation
pour la recherche de 1982, dont votre rapporteur pour avis avait l'honneur
d'être rapporteur, n'avait pas été atteint, le projet de
loi s'est fixé principalement trois objets :
- développer la
mobilité des chercheurs publics vers les
entreprises
;
- favoriser la
coopération
entre recherche publique et
entreprises ;
- favoriser
fiscalement
l'innovation.
On trouvera un excellent commentaire du détail de ces mesures dans les
rapports de nos collègues Pierre Laffitte et René
Trégouët sur le projet de loi
9(
*
)
.
1. Développer la mobilité des chercheurs vers les entreprises
La loi
n° 99-587 du 12 juillet 1999 sur l'innovation et la
recherche comprend un article 1
er
qui insère, dans la
loi n° 82-610 du 15 juillet 1982 d'orientation et de
programmation pour la recherche et le développement technologique de la
France, des articles 25-1 à 25-4 qui visent à
développer la mobilité vers les entreprises et la création
d'entreprises par les personnels de recherche.
Ces articles ont un champ d'application très large puisqu'ils
s'adressent à l'ensemble des agents publics, fonctionnaires ou non, des
services publics et des entreprises publiques dans lesquels est
organisée la recherche publique.
Ils permettent de supprimer les obstacles statutaires à l'essaimage que
constituaient deux textes législatifs :
- l'article 25 de la loi du 13 juillet 1983 portant droits
et obligations des fonctionnaires, qui leur impose une double obligation
d'exclusivité professionnelle
et de
désintéressement
;
- et les articles 432-12 et 432-13 du Code pénal, qui
sanctionnent les prises illégales d'intérêt
.
L'article 432-13 du Code pénal, notamment, interdit à tout
agent public d'avoir eu dans les cinq dernières années des
intérêts dans une entreprise avec laquelle il a passé des
contrats, ou même sur les activités de laquelle il a donné
un avis.
La combinaison de ces textes interdit donc à un fonctionnaire qui part
dans une entreprise d'avoir des relations avec son organisme d'origine, ce qui
se justifie dans de nombreux cas pour certains corps, mais pose des
problèmes insurmontables aux chercheurs quand ils veulent créer
leur entreprise.
Dans ce contexte, l'article 1
er
de la loi vise à
proposer un cadre juridique clair et cohérent aux personnels de
recherche, sans risquer de conflit d'intérêt ni compromettre leur
carrière scientifique
.
Ces mesures se situent dans le cadre d'un
système d'autorisation,
après avis de la commission de déontologie
. Les
fonctionnaires qui respectent les conditions de l'autorisation sont ainsi
protégés contre des poursuites ultérieures, qu'elles
soient disciplinaires ou pénales.
L'article 25-1 concerne le cas du fonctionnaire qui quitte son
laboratoire pour créer son entreprise.
Ces personnels pourront être autorisés à participer en tant
qu'associé ou dirigeant à la création d'une entreprise qui
valorise leurs travaux, en étant mis à la disposition de
l'entreprise, ou d'un organisme public ou privé compétent en
matière de valorisation de la recherche, ou en étant
détaché auprès de l'entreprise.
Cette autorisation est donnée pour une durée maximale de
6 ans. Corrélativement, les fonctionnaires concernés cessent
toute activité au titre de l'établissement de recherche dont ils
relèvent, à l'exception d'activités accessoires
d'enseignement.
A l'issue de cette période, le fonctionnaire pourra choisir entre
plusieurs situations :
- s'il souhaite conserver ses responsabilités dans l'entreprise, il
pourra être mis en disponibilité ;
- s'il souhaite reprendre son activité de fonctionnaire au sein de
son établissement d'origine, il pourra soit se placer dans le dispositif
prévu à l'article 25-2 et garder une partie de ses
participations, soit décider de céder l'ensemble de ses
participations et mettre fin à toute collaboration avec l'entreprise.
L'article 25-2 concerne le cas du fonctionnaire qui, tout en restant dans
son laboratoire, souhaite apporter son concours scientifique à
l'entreprise qui valorise ses travaux ou à participer à son
capital dans la limite de 15 %.
Dans ce dernier cas, il ne peut toutefois pas être administrateur de la
société. Ces possibilités sont ouvertes non seulement dans
le cas d'une entreprise nouvelle, mais aussi dans celui d'une entreprise
existante. Toutefois, dans le cas de l'actionnariat, le chercheur ne doit pas
avoir pris part dans les cinq dernières années, au titre de ses
fonctions publiques, à la négociation de contrats avec
l'entreprise concernée.
L'article 25-3 permet à ces personnels, tout en restant en
fonction dans les laboratoires, d'être membre du conseil d'administration
ou du conseil de surveillance d'une société anonyme.
L'esprit de cette mesure est différent de celui des articles 25-1
et 25-2. Il s'agit de contourner le
principe d'exclusivité
du
statut général de la fonction publique, qui interdit aux
fonctionnaires d'être administrateurs d'une entreprise, et de permettre
ainsi aux scientifiques de faire prendre en compte dans l'entreprise
l'intérêt d'une politique de recherche. Dans cet esprit, la
possibilité d'être administrateur est encadrée par une
double limitation :
- d'une part, la participation au capital de l'entreprise est
limitée au nombre minimum de parts du capital social exigé par
les statuts pour être membre du conseil d'administration, sans pouvoir
excéder 5 % du capital social ;
- d'autre part les jetons de présence sont plafonnés.
Dans les trois cas prévus par la loi, l'autorisation est donnée
après avis de la commission de déontologie, sur la base de
conditions précises qui prennent en compte le respect des
intérêts matériels et moraux de l'organisme de recherche et
l'absence d'implication du chercheur dans la négociation des contrats
passés entre son entreprise et l'organisme auquel il appartient.
Ces dispositions, immédiatement applicables, ont déjà fait
l'objet d'une
circulaire d'application du 7 octobre 1999
.
Elles sont complétées par une mesure portant sur les personnels
enseignants du premier et du second degré, afin de leur donner la
possibilité d'effectuer des périodes de mobilité au sein
d'une entreprise ou d'un organisme public.
2. Favoriser les coopérations entre la recherche publique et les entreprises
a) Accroître l'interpénétration entre recherche et entreprise par la création de structures adaptées
Favoriser une meilleure interpénétration des
activités de recherche publique et privée est une constante de la
politique menée par les ministres chargés de la recherche depuis
près de vingt ans.
De nombreuses initiatives prises au cours de cette période
témoignent de cette volonté et continuent de porter leurs fruits
aujourd'hui : les CIFRE (conventions industrielles de formation par la
recherche), les CORTECHS (conventions de formation par la recherche de
techniciens supérieurs), l'accueil de post-doctorants dans les PME...
Votre rapporteur pour avis en dressera, comme chaque année, un bref
bilan dans la deuxième partie du présent chapitre.
Durant la même période, les entreprises n'ont cessé de
recourir davantage au potentiel d'innovation et d'expertise des laboratoires
publics, notamment dans le cadre de conventions de recherche. Le crédit
d'impôt recherche, institué en 1983 et constamment
renouvelé depuis, a contribué à stimuler ce courant de
relations. En outre, les principaux EPST ont tous mis en oeuvre une politique
de partenariat avec les entreprises.
A titre d'exemple, on trouvera ci-dessous quelques informations quantitatives,
fournies par le ministère de la recherche, qui montrent que les
relations entre les établissements et les entreprises industrielles sont
déjà, fort heureusement, une
réalité :
CNRS |
2 650
contrats en cours en mai 1999
|
INRA |
2 215
titres de propriété industrielle en portefeuille dont 39 %
en copropriété avec un partenaire industriel
|
INSERM |
689
contrats en cours, dont 253 concessions de licences
|
Source
: MENRT
Toutefois, il est apparu indispensable de donner aux relations entre la
recherche publique et le secteur privé un nouveau développement
avec l'adoption de la loi précitée du 12 juillet 1999.
Le deuxième volet de la loi est en effet consacré aux relations
entre les universités, les organismes de recherche et les
entreprises.
Ce volet complète le cadre juridique des lois de 1982
précitée (recherche et technologie) et de 1984 (sur
l'enseignement supérieur) par la création de structures plus
adaptées au soutien de petites et moyennes entreprises de haute
technologie.
Aux termes de la loi, les universités et les organismes de recherche
pourront créer
des services d'activités industrielles et
commerciales
, afin de gérer les contrats de recherche dans un cadre
budgétaire plus souple et avec des règles contractuelle mieux
adaptées.
Ces établissements pourront par ailleurs contribuer à la
constitution
d'incubateurs,
afin d'accueillir et d'accompagner le
développement d'entreprises de haute technologie. L'incubateur, qui est
une personne morale, a pour mission d'aider à la réalisation de
projets de création d'entreprises.
b) Premier bilan d'étape du lancement des " incubateurs "
En
réponse aux questions posées par votre rapporteur pour avis sur
le premier bilan d'application de cette mesure, la direction de la technologie
du ministère de la recherche a précisé avoir lancé
le 24 mars 1999, avec le ministère de l'économie, des finances et
de l'industrie,
un appel à propositions
en vue d'inciter à
la création d'incubateurs -et de fonds d'amorçage-.
Une somme
de 200 millions de francs a été réservée au
budget de l'Etat pour cette action.
En ce qui concerne les incubateurs,
38 projets ont concouru à
l'octroi de ces crédits
. Après examen par un comité
d'engagement, compétent à la fois pour les incubateurs et pour
les fonds d'amorçage, les subventions du FRT, qui sont allouées
aux incubateurs sélectionnés,
bénéficient
entièrement aux incubés
, les frais de fonctionnement de
l'incubateur étant pris en charge par les partenaires ayant pris
l'initiative de le constituer (principalement des
établissements de
recherche, des universités et des écoles)
.
La subvention accordée doit couvrir au plus 50 % des
dépenses internes et externes qui peuvent être rattachées
au soutien d'entreprises en création accueillies au sein de
l'incubateur, dans les phases qui précèdent la commercialisation
de produits.
Elle fera l'objet d'une convention entre le ministère de
l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie et
l'incubateur, pour une durée n'excédant pas trois ans,
régissant les modes d'utilisation de la subvention et indiquant les
objectifs communs des signataires en matière de création
d'activité économique.
La convention prévoira des versements échelonnés,
conditionnés à la justification régulière de
l'emploi des fonds précédemment versés et à la
réalisation d'objectifs de développement des entreprises
soutenues.
Les incubateurs d'entreprises sont sélectionnés sur leur
capacité à
conduire à la création d'entreprises
innovantes et viables
et à mobiliser, surtout en ce qui concerne les
fonds d'amorçage (voir ci-après), des
financements
privés
qui viendront progressivement se substituer aux financements
de l'Etat. Le comité d'engagement précité est
présidé par M. Henri Guillaume et comprend des
représentants de l'Etat et des personnalités qualifiées
choisies pour leur expérience dans la création d'entreprises
technologiques.
Réuni le
27 juillet 1999,
ce comité a
décidé :
de soutenir
sept premiers projets,
pour un montant total d'aide de
76 millions de francs ; outre un fonds d'amorçage, les six
incubateurs d'entreprises sont :
-
en Auvergne
, BUSI, qui réunit l'université
d'Auvergne, l'université de Clermont II et la société
régionale de capital-risque, SOFIMAC ;
-
en Midi-Pyrénées
, un incubateur qui réunit
des établissements d'enseignement et de recherche de la
région ;
-
en Nord-Pas-de-Calais
, deux incubateurs : l'un
dédié aux technologies de la santé, sur le site
d'Eurasanté, l'autre, généraliste, qui réunit tous
les établissements d'enseignement et de recherche de la
région ;
-
en Rhône-Alpes
, deux incubateurs partenaires d'un
dispositif régional d'aide aux entreprises technologiques : l'un
réunissant tous les établissements de Lyon, de Saint-Etienne et
de l'Ain, l'autre réunissant les établissements de Grenoble et de
la Savoie.
Ces
six incubateurs
recevront 43 millions de francs de subventions du
ministère de l'éducation nationale, de la recherche et de la
technologie, pour accueillir plus de 200 créateurs d'entreprises au
cours des trois années à venir.
d'attribuer
33 millions de francs
à l'INSERM, à l'INRA et
au CNRS pour es aider à constituer, avec la Caisse des
dépôts et consignations, la société AXA et d'autres
partenaires privés,
un fonds d'amorçage
,
" Bio-amorçage ", destiné à investir dans des
entreprises de
biotechnologies
en phase de création.
Ce comité a également décidé, lors de sa
deuxième réunion le 22 septembre 1999, d'aider six autres
projets d'incubateurs d'entreprises :
en Alsace
, l'incubateur de Strasbourg, porté par
l'université Louis Pasteur en partenariat avec les autres
établissements d'enseignement supérieur et des structures de
développement local ;
en Aquitaine
, l'incubateur régional aquitain qui
fédère tous les établissements de la région ;
en Bretagne
, l'incubateur de Rennes/Lannion/Lorient, porté par
les trois technopoles en association avec les établissements
d'enseignement supérieur et de recherche ;
en
Ile-de-France
, trois projets :
- " Idf Sud ", dont les fondateurs sont le CNRS, le CEA et
l'université de Paris Sud-Orsay ;
- " Science pratique incubateur ", porté par la filiale
de l'ENS de Cachan en association avec les universités de Paris VII,
Paris VIII et des organismes de recherche ;
- " Incubateur technologique parisien ", regroupant les
universités de Paris VI et de Paris IX, l'ENS d'Ulm et Paritech
(groupement des neuf écoles d'ingénieurs de Paris intra muros).
Ces six incubateurs recevront 38,25 millions de francs de subvention du
ministère de l'éducation nationale, de la recherche et de la
technologie.
D'autres projets sont actuellement en cours d'étude. Votre commission
pour avis s'en félicite et rappelle qu'elle soutient cette
démarche et souhaite même la voir étendue, au delà
du seul secteur de le recherche, afin de favoriser une nouvelle
fertilité économique des territoires.
3. Favoriser fiscalement l'innovation : des progrès nettement plus timides
Bien que
de portée limitée,
en raison de la frilosité du
Gouvernement et de l'Assemblée nationale à suivre les
propositions du Sénat en la matière
, la loi du
12 juillet 1999 comporte un volet consacré au financement de
l'innovation, qui a permis :
- d'assouplir les conditions d'attribution des
bons de souscription de
parts de créateurs d'entreprise
(BSPCE), en prorogeant ce dispositif
et en accordant aux entreprises innovantes cotées au nouveau
marché ou aux marchés européens de valeurs de croissance
de pouvoir distribuer des BSPCE ;
- d'étendre le champ des entreprises pouvant figurer à
l'actif des
fonds communs de placement dans l'innovation
(FCPI),
à l'exclusion toutefois des sociétés filiales d'un groupe.
On ne saurait dire que ces mesures sont à la hauteur des ambitions de
votre Haute assemblée en la matière !
B. DES MESURES D'ACCOMPAGNEMENT IMPORTANTES
Outre le concours de création d'entreprises innovantes 10( * ) pour lequel 2 000 demandes ont été déposées et 244 candidatures retenues, conduisant à la création immédiate de 64 entreprises, plusieurs outils de financement existent pour accompagner ce mouvement de création d'entreprises technologiques.
1. Un succès non démenti depuis leur mise en place fin 1996 : les FCPI
Afin de
renforcer les fonds propres des petites entreprises innovantes, le
précédent Gouvernement a créé
11(
*
)
les fonds communs de placement dans l'innovation
précités (FCPI).
Les FCPI ont vocation à investir 60 % de leurs fonds dans des
entreprises non côtées comptant moins de 500 salariés,
sauf les filiales des groupes, lorsqu'elles ont :
- réalisé au cours des 3 exercices précédents,
des dépenses cumulées de recherche d'un montant égal au
tiers du chiffre d'affaires le plus élevé des 3 derniers
exercices ;
- ou qu'elles justifient d'une activité reconnue comme innovante
par l'ANVAR, pour une durée de trois ans renouvelables.
La détention de parts de FCPI donne droit à des avantages fiscaux
pour les particuliers.
Succès indéniable, permis il est vrai par l'adhésion du
Gouvernement actuel à cet outil financier, économe en argent
public et à fort effet de levier, les
14 fonds privés
qui se sont créés ont récolté environ
1,3 milliard de francs. Que cet hommage soit ici rendu à la
précédente équipe gouvernementale, et notamment à
M. François d'Aubert, secrétaire d'Etat à la
recherche !
2. Le fonds public pour le capital risque
Partant
du constat de la carence d'offre de capitaux à risque au profit de
jeunes entreprises innovantes, l'Etat a constitué un fonds public pour
le capital risque. Sa gestion a été confiée à la
Caisse des dépôts et consignations (CDC). Il est alimenté
par l'Etat, qui s'est engagé à verser 600 millions de francs
provenant des cessions de parts du capital de France Télécom. Une
première tranche de 300 millions de francs a été
versée le 30 juin 1998. Le solde sera versé lorsque la
première tranche aura été engagée à
80 %.
A cet effet, la CDC a constitué un fonds dédié,
dénommé le " FONDS ", qu'elle utilise pour
investir
dans des fonds de capital-risques privés,
en exerçant ainsi
un important effet de levier. Ces fonds privés sont gérés
par des équipes professionnelles et la CDC ne prend pas de
responsabilité directe dans le choix des entreprises dans lesquelles
investiront ces fonds.
Le comité d'engagement et d'orientation du FONDS se réunit
régulièrement pour décider des investissements.
L'activité principale de ces fonds privés est l'investissement
dans des sociétés liées
aux secteurs des
biotechnologies et des technologies de l'information
.
Le comité d'engagement et d'orientation a décidé d'engager
262,6 millions de francs dans 10 FCPR
12(
*
)
qui investiront au total 3.190 millions de
francs. Les fonds aidés sont ceux de Banexi, Sofinnova, Galileo, Auriga,
Siparex, Natexis, FCI, SEEFT, Trinova et Sudinnova.
3. Les fonds d'amorçage
La
création de fonds d'amorçage visant à accompagner, avant
même l'intervention du capital risque, les créateurs d'entreprises
lors de la phase dite " d'incubation "
, c'est-à-dire de
gestation de leur projet, est encouragée par le Gouvernement, avec la
mise à disposition de
100 millions de francs
de
crédits budgétaires pour inciter à leur constitution. Cet
effort public sera complété par les investisseurs privés
qui souhaiteront s'y associer : un
appel à propositions
a
été lancé, comme cela a été dit ci-dessus,
dans cette perspective en mars 1999. Le comité d'engagement
désigné afin de décider de l'attribution des aides s'est
déjà réuni, rappelons-le, à deux reprises.
Plusieurs fonds d'amorçage se constituent :
- l'INRIA a créé début 1998 une filiale,
"
I-Source
" qui a pour objet de mettre en place et de
gérer un fonds d'amorçage : l'encadré ci-dessous
détaille les principales caractéristiques de ce fonds ;
- un fonds d'amorçage lié au CEA, sous le nom
d'Emertec
, a été constitué à parité
entre le CEA et la Caisse des dépôts et consignations.
Créé en 1999, l'objectif du fonds est d'atteindre
160 millions de francs d'ici un an ;
- un fonds d'amorçage "
biotechnologie
" est en
cours de mise en place, dans lequel la Caisse des dépôts et
consignations, le CNRS, l'INSERM et l'INRA sont partenaires. L'objectif du
fonds est de réunir 130 millions de francs d'ici un an ;
- des
fonds d'amorçage régionaux
sont en cours de
constitution, qui ont pour objet de soutenir, au premier tour de table
financier, de jeunes entreprises innovantes issues notamment d'incubateurs.
INCUBATEUR ET FONDS D'AMORÇAGE : L'EXEMPLE DE L'INRIA
Les
outils
Accompagnant l'essor économique du secteur des technologies de
l'information, l'INRIA a mis en place deux outils favorisant la création
d'entreprises innovantes :
INRIA-Transfert,
incubateur (thématique) est une filiale de
l'INRIA au capital de 85,5 millions de francs, dédiée aux
sociétés innovantes s'appuyant sur les sciences et technologies
de l'information et de la communication ;
I-Source
est une filiale de INRIA-Transfert. C'est le premier
fonds national dédié à l'amorçage et au
démarrage de sociétés de technologie à fort
potentiel de croissance.
L'" incubation " consiste en une mise en réseau de
professionnels de la création d'entreprises chargés de
détecter, expertiser et réaliser les projets de création,
avec pour objectif de les faire naître dans un délai de moins d'un
an. C'est donc une structure d'aide aux individus, les porteurs de projets,
dans la phase antérieure à la création de la
société elle-même. INRIA-Transfert apporte son concours aux
démarches suivantes :
- expertiser scientifiquement le projet ;
- échanger pour confronter les idées, affiner le discours et
resserrer les objectifs ;
- trouver un financement ;
- réaliser une étude de marché ;
- vérifier que le programme, une fois arrêté, se
déroule comme prévu.
Opérationnel depuis le 15 février 1999 (date de
l'agrément accordé par la COB), le fonds d'amorçage
I-Source, constitué sous forme de FCPR, a réalisé
5 investissements avant l'été 1999. Deux autres sont en
cours de finalisation, si bien que l'objectif de 8 ou 9 investissements
par an sera atteint dès la première année de
fonctionnement du fonds.
Le fonds d'amorçage développe une démarche
d'accompagnement des porteurs de projets pour l'élaboration de leur
stratégie d'entreprise et de leur plan de financement. L'objectif est un
désengagement du fonds après le décollage de la start-up.
Les résultats
Cinq sociétés de technologie ont été
créées en 1998 à partir de l'incubateur de l'INRIA. Deux
ont déjà été créées en 1999 et quatre
sont attendues d'ici à la fin de l'année.
Les sociétés créées interviennent sur des
marchés aussi variés que, par exemple, le trucage
numérique pour la vidéo, la certification de logiciels pour les
cartes à puces, la constitution de catalogues pour le commerce
électronique ou le traitement de séquences de génomes. Le
savoir-faire ou le fondement technologique de plusieurs d'entre elles sont
issus de recherches très théoriques, dont on ne percevait pas
toujours il y a seulement deux ans le potentiel.
L'objectif est d'atteindre un flux annuel d'une quinzaine de projets de
création d'entreprises en incubation.
Votre commission pour avis souhaite vivement la généralisation
de telles démarches auprès de l'ensemble des
établissements de recherche.
II. LES MOYENS TRADITIONNELS D'INCITATION À LA RECHERCHE EN ENTREPRISE
Au-delà des mesures de la loi du 12 juillet 1999 tendant à favoriser la création d'entreprises innovantes, plusieurs outils incitatifs existent pour accroître et organiser l'effort de recherche des entreprises et pour rapprocher recherche publique et recherche privée.
A. LE CRÉDIT D'IMPÔT-RECHERCHE : UNE MESURE FAVORABLE AUX PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES
Bien qu'il ne figure pas parmi les crédits du BCRD, votre rapporteur pour avis souhaite faire un bilan rapide du crédit d'impôt recherche, compte tenu de son rôle auprès des petites entreprises.
1. Un dispositif prorogé de 5 ans par la loi de finances pour 1999
Le
crédit d'impôt-recherche
a été institué
par la loi de finances pour 1983. Codifié à l'article 244
quater du code général des impôts, il vise à inciter
les entreprises à développer leur effort de recherche en leur
accordant un crédit d'impôt qui se matérialise par
une
réduction de l'impôt sur les sociétés ou sur le
revenu
dû par l'entreprise à proportion
de 50 % de
l'accroissement en volume de leur effort de recherche par rapport à la
moyenne des deux années précédentes
.
Cette réduction est limitée à 40 millions de francs
par entreprise et par an. Huit types de dépenses sont prises en
compte : salaires des ingénieurs et techniciens de recherche ;
frais de fonctionnement y afférents ; frais de sous-traitance de
recherche auprès d'organismes agréés ; amortissement
des immobilisations affectées à la recherche et des brevets
acquis en vue de la recherche ; frais de dépôt et de
maintenance des brevets ; normalisation ; dépenses
d'élaboration de nouvelles collections pour les entreprises textiles.
Ce dispositif a été prorogé de cinq ans par la loi de
finances pour 1999, qui l'a en outre légèrement modifié,
comme votre rapporteur pour avis l'avait expliqué l'an passé.
En 1998, 7.008 entreprises ont souscrit une déclaration de
crédit d'impôt au titre de 1997. Parmi celles-ci, 3338 ont
déclaré un crédit d'impôt positif pour un montant
cumulé de 2.867 millions de francs.
Rappelons que, depuis la loi de finances pour 1999, les entreprises qui
réalisent des pertes et ne peuvent donc imputer leur crédit
d'impôt peuvent dorénavant
mobiliser cette créance
de l'Etat auprès d'un organisme financier, plutôt que d'attendre,
comme précédemment, quatre ans pour en obtenir le
remboursement.
2. Une mesure favorable aux PME et à l'emploi
Une
sur-représentation des PME
Les chiffres fournis par le ministère montrent que le crédit
d'impôt-recherche est surtout favorable aux PME. Les entreprises de moins
de 200 millions de chiffre d'affaires ne réalisent en effet que
15,5 % des dépenses globales de recherche et développement
mais obtiennent 37 % des crédits d'impôt.
Les entreprises qui réalisent entre 200 et 500 millions de francs
de chiffre d'affaires représentent quant à elles 8% des
dépenses mais obtiennent 15 % des crédits d'impôt.
A l'inverse, les grandes entreprises, qui réalisent les trois quart des
frais de recherche, touchées par le plafonnement du dispositif, ne
bénéficient que de moins de la moitié des crédits
d'impôt.
Le graphique ci-après illustre cette sur-représentation relative
des PME :
Source : MENRT
Un dispositif favorable à l'emploi
Le crédit d'impôt recherche est indéniablement une
incitation à l'embauche des chercheurs et techniciens
, les frais
de personnel constituant 41 % des dépenses de recherche
déclarées -et même 70 % si on leur ajoute les frais de
fonctionnement qui les accompagnent-. En outre, interrogée par votre
rapporteur pour avis, l'administration a indiqué que c'était le
plus souvent par des embauches que les entreprises bénéficiaires
du crédit d'impôt recherche accroissaient leur effort de recherche.
Les entreprises bénéficiaires en 1996 et 1997 ont ainsi
augmenté leur masse salariale de 12,2 % contre 3,5 % en
moyenne pour l'ensemble des entreprises ces mêmes années. En
termes d'effectifs, l'augmentation a été de 12,7 % contre
4,05 % pour l'ensemble des entreprises.
Deux objectifs imparfaitement atteints : l'aménagement du
territoire et la diffusion de la recherche
Votre rapporteur pour avis souhaite mettre deux " bémols " au
bilan globalement positif qu'on peut dresser du dispositif du crédit
d'impôt recherche ;
l'objectif d'aménagement du territoire,
qui avait
été introduit par une modulation géographique de la prise
en compte des dépenses de recherche favorable aux zones
d'aménagement du territoire par la loi n° 95-115 du
4 février 1995
13(
*
)
, a
été abandonné l'an passé, sans que l'impact de
cette modulation n'ait fait l'objet d'une quelconque évaluation.
Votre commission pour avis avait vivement déploré cette
méthode
;
bien que touchant de nombreux secteurs, la dépense fiscale du
crédit d'impôt recherche est toutefois
assez fortement
concentrée sur quelques grands thèmes
d'activité :
électronique, pharmacie, industrie
automobile notamment. Un des objectifs de la mesure était pourtant la
diffusion de la recherche dans l'ensemble du tissu industriel. Il semble
n'être qu'imparfaitement atteint.
B. LES AUTRES DISPOSITIFS INCITATIFS
1. Les dispositifs de formation par la recherche en entreprise : pour une meilleure insertion des jeunes étudiants-chercheurs
L'Etat
consacre chaque année des crédits budgétaires à
l'incitation à la recherche en entreprise, au moyen de procédures
d'insertion de jeunes cadres techniques ou scientifiques dans les entreprises.
Ces procédures, gérées par divers organismes (ANVAR ;
délégués régionaux à la recherche et
à la technologie (DRRT) ; Association nationale pour la recherche
technique...)
permettent l'embauche d'un jeune
par l'entreprise pour
traiter d'un projet de recherche ou d'innovation,
avec l'appui d'un centre
de compétence
et
l'attribution d'une aide financière
par l'Etat.
Différents niveaux d'enseignement sont concernés, du technicien
supérieur au docteur. Certaines de ces procédures accompagnent
une formation diplômante.
Les crédits de l'Etat consacrés à ces procédures
sont rassemblés au sein du chapitre budgétaire 43-80 et se
répartissent comme suit (pour l'année 1998) :
DOTATIONS BUDGÉTAIRES DE L'ETAT POUR LA FORMATION
A
ET
PAR LA RECHERCHE
|
CRÉDITS EN MILLIONS DE FRANCS |
CORTECHS |
45 |
STAGES DE LONGUE DUREE |
11 |
DRT |
15 |
CIFRE |
200 |
POST DOC |
50 |
NB : les sigles sont explicités dans les développements ci-dessous |
Source
: MENRT
Les conventions de recherche pour les techniciens
supérieurs
(CORTECHS) concernent des jeunes techniciens de niveau
Bac+2 ou Bac+3. Elles constituent des aides au financement de séjours de
longue durée au sein des PME d'étudiants titulaires de DUT ou de
BTS, afin de mettre en oeuvre un projet innovant.
Depuis juillet 1997, c'est l'ANVAR qui gère les CORTECHS, la
décision d'attribution de l'aide étant prise par le
délégué général à la recherche et
à la technologie (DRRT). Il est à noter qu'avec l'implication
croissante des régions dans le domaine de la recherche,
les conseils
régionaux ont contribué au développement de cette
procédure, en abondant les financement de l'Etat.
Depuis leur création en 1989, 2.610 CORTECHS ont été
financés, un flux de 450 à 500 bénéficiaires
étant attendu pour 2000 (329 en 1998 ; 201 en 1997 ; 344
en 1996).
Votre rapporteur pour avis tient à souligner que 85 % des
entreprises bénéficiaires d'un CORTECHS ont moins de
50 salariés et que 90 % des techniciens concernés sont
embauchés définitivement dans l'entreprise.
Ces chiffres méritent, en effet, d'être relevés. La
procédure CORTECHS semble bien adaptée aux besoins des PME. La
cible privilégiée, d'après une récente étude
réalisée pour le compte du ministère, est une
entreprise de petite dimension, de faible niveau technologique
, pour
laquelle les conventions CORTECHS sont souvent la première aide publique
et un premier moyen d'accès au développement technologique.
Les diplômes de recherche technologique (DRT)
Le DRT est un nouveau diplôme national de troisième cycle (Bac+6)
qui permet aux élèves des écoles d'ingénieur en
dernière année et aux ingénieurs-maîtres des
IUP
14(
*
)
de mener une activité de
recherche appliquée au sein d'une entreprise ou d'un laboratoire, sur
des sujets proposés par les entreprises.
En 1997, 50 DRT ont été financés, et 65 en 1998, les
difficultés de mise en oeuvre de la procédure ne permettant pas
d'atteindre le nombre initialement envisagé. L'objectif est
désormais d'atteindre le niveau de 120 DRT annuels.
Les stages de longue durée en PME
L'Etat finance, depuis 1996, dans la limite de 30.000 francs, des stages
de 4 à 6 mois destinés à favoriser l'accès des
étudiants (écoles d'ingénieur ou de commerce) vers les
PME/PMI, autour d'un projet innovant défini avec l'entreprise.
La sélection des dossiers est effectuée en région (par les
DRRT).
Une enveloppe de 11 millions de francs a été
consacrée par l'Etat à cette procédure en 1999.
Les conventions industrielles de formation par la recherche (CIFRE)
Ce dispositif, instauré en 1981, se matérialise par le
cofinancement, par l'Etat, de l'accueil en entreprise d'un étudiant en
doctorat, sur un projet de recherche, le jeune thésard étant
embauché dès son inscription en thèse.
Depuis 1981, l'Etat a financé 7.819 CIFRE, la montée en
charge du dispositif se faisant progressivement : de 50 conventions
initialement, le flux annuel est passé à 600 en 1994 puis
à 700 en 1996 et à 800 en 1998
15(
*
)
. Un flux de 800 nouveaux
bénéficiaires est attendu en 2000. Cette augmentation n'est pas
sans rapport avec la
dégradation corrélative des conditions
d'emploi des jeunes docteurs
.
Les études menées sur ce sujet confirment la relativement bonne
insertion en entreprise des thésards ayant
bénéficié d'une convention CIFRE, dont le taux de
chômage après 3 ans de vie active est inférieur
à 4 %, dans un contexte de difficulté dans l'accès
à l'emploi pour les jeunes docteurs depuis les années 1992-1993.
L'accueil des post-doctorants
Des initiatives récentes ont été mises en place pour
favoriser l'accueil des post-doctorants : l'Etat verse depuis 1998 une
aide (sous forme de subvention) permettant leur embauche dans les EPIC ou dans
les PME de moins de 2.000 salariés. Son montant unitaire est de
150.000 francs par an.
Le nombre de personnes concernées est relativement faible en 1998 :
sur 140 accueils programmés en EPIC et 110 recrutements en
PME, respectivement 97 et 24 accueils ont été
réellement effectués.
Le nombre de subventions budgétées en 2000 s'élève
à 125 pour les EPIC et 125 pour les PME.
2. Le FRT : un instrument de partenariat entre recherche publique et recherche privée
a) Une vocation de transfert technologique des organismes de recherche publique vers le monde économique
Le Fonds
de la recherche technologique (FRT), dont les moyens sont, comme on l'a
déjà signalé, en réelle augmentation, est un bras
armé important du ministère de la recherche, en matière de
développement de la recherche industrielle. Il apporte en effet un
soutien ciblé aux programmes de recherche des entreprises, souvent longs
et coûteux.
Pour être éligible à une aide du FRT, un projet doit
relever de la recherche amont et être innovant. Le FRT finance en effet
des aides pour les projets de
recherche fondamentale ou de recherche
industrielle de base
. Les projets soutenus doivent en outre s'inscrire dans
une certaine
thématique scientifique
(définie par
des
appels à propositions du ministère
et organisée
suivant une
mise en réseau
des actions d'une même
thématique). La plupart des projets prévoient des
collaborations entre les structures de recherche publique et les
entreprises.
Les entreprises, PME, PMI, petites entreprises innovantes -" start
up "-, groupes industriels et leurs filiales peuvent être
éligibles au FRT comme " pilote industriel " ou simples
co-contractants d'un programme de recherche. Les organismes publics (EPIC, EPST
ou Universités) sont le plus souvent co-contractants ou prestataires
d'un " pilote industriel ".
Les actions financées en 1999 par le FRT, à hauteur de
670 millions de francs (en AP) se répartissent entre les 7
thèmes suivants :
Source
: MENRT
Les actions régionales
Ces crédits regroupent les engagements de l'Etat dans le cadre de la
génération actuelle des
contrats de plan
Etat-Région
, qui s'élèvent à 500 millions
de francs pour le FRT, répartis sur six ans. Le montant des
autorisations de programme déléguées en régions en
1999 pour l'exécution des contrats de plan est de 50 millions de
francs.
Un crédit de 10 millions de francs est affecté au soutien de
l'action des centres de ressources technologiques (CRT). A partir des
organismes de recherche, des établissements d'enseignement
supérieur, des IUT et des lycées d'enseignement technique, les
CRT contribuent à la constitution d'un réseau de soutien
technologique de proximité au service des PME.
Les réseaux de recherche et d'innovation technologique
Pour développer une recherche technologique de pointe orientée
principalement vers la création et le développement d'entreprises
innovantes, les laboratoires publics et privés sont encouragés
à travailler en " réseaux thématiques de recherche et
d'innovation technologique ".
Sur un domaine technologique bien défini, chaque réseau doit,
dans une logique de réponse à la demande socio-économique,
identifier les problèmes technologiques, faire émerger des
projets de recherche appropriés, qui peuvent conduire aussi à de
nouveaux produits et services et participer ainsi à la création
et à la croissance d'entreprises innovantes.
Les réseaux visent à mutualiser les moyens des équipes de
recherche publiques et privées qui y participent. Les projets qu'ils
suscitent peuvent bénéficier en outre de financements incitatifs
de différents ministères et agences, principalement du FRT en ce
qui concerne le ministre chargé de la recherche, mais
éventuellement aussi du Fonds national pour la science (FNS).
Plusieurs réseaux existent déjà :
-
le PREDIT
(programme de recherche dans le domaine des transports
terrestres), qui associe quatre ministères et deux agences (ANVAR et
ADEME), concerne de nombreuses entreprises, dont des PME. Il prévoit une
participation du ministère sur le FRT en 1999 de 65 millions de
francs. Plusieurs appels à propositions ont été
lancés cette année, notamment sur les thèmes
" Conception-Production ",
" Sécurité-Ergonomie-Confort ", " Cycle carburant
moteur-dépollution ", " Innovation pour le stockage
d'énergie embarquée ",
-
le RNRT
(réseau national de la recherche en
télécommunications), grand programme fédérateur sur
la recherche dans les télécommunications, comporte des montants
incitatifs de 750 millions de francs mis en place par le ministère
chargé de la recherche. Pour l'année 1999, la dotation du FRT
s'élève à 80 millions de francs.
D'autres ont été constitués en 1999 :
le
réseau micro et nanotechnologies
(RMNT) doté de
55 millions de francs ; le
réseau génoplante
(ingénierie de l'alimentation végétale) doté de
60 millions de francs ; le
réseau génie civil et
urbain
doté de 10 millions de francs ; le
réseau
piles à combustible
doté de 20 millions de francs.
Plusieurs réseaux de recherche sont en cours de construction sur les
thèmes suivants : technologies pour la santé, eau et
environnement, matériaux et procédés d'utilisation,
technologies de l'information, observation de la terre et applications.
Appels à propositions et actions incitatives
Dans le domaine des biotechnologies du médicament et de
l'agro-alimentaire, deux appels à propositions sur les thèmes
" AQS " (Alimentation Qualité Sécurité) et
" post-génome " ont été lancés en
février 1999.
La procédure EUREKA
Outre le financement des réseaux de recherche technologique, le FRT
permet de soutenir des projets de recherche s'inscrivant dans la
procédure EUREKA.
Initiative franco-allemande, lancée en 1985, EUREKA s'adresse à
l'origine essentiellement à la grande industrie mais elle a su s'ouvrir
aux PME. A présent, la moitié des projets labellisés
concerne cette catégorie d'entreprises. L'initiative EUREKA, dont
s'inspire le fonctionnement des réseaux, est originale dans le
dispositif administratif classique qui procède majoritairement par
appels d'offres, par son caractère de procédure ouverte,
d'initiative industrielle et par son exigence de coopération entre
entreprises européennes. En 2000, le ministre chargé de la
recherche maintiendra son effort pour soutenir la relance d'EUREKA.
Le concours national de création d'entreprises technologiques
innovantes
Comme nous le signalions en 1999, le Ministre de l'éducation nationale,
de la recherche et de la technologie a décidé de mener une action
en faveur de la création d'entreprises innovantes par le biais d'un
concours national, disposant de moyens incitatifs nouveaux.
Le concours était ouvert à toute personne physique
résidant en France, quels qu'aient été sa
nationalité, son statut ou sa situation professionnelle, et dont le
projet prévoyait la création d'une entreprise
indépendante, installée sur le territoire national dont le
capital devait être détenu majoritairement par des personnes
physiques, dont 20 % par le candidat lui-même. Pouvaient
également participer au concours les Français résidant
à l'étranger et les ressortissants de l'Union européenne
dont le projet répondait aux mêmes conditions.
Deux types de projets pouvaient être présentés : les
projets " en émergence " au stade de l'idée ou de la
préfiguration nécessitant d'être approfondis aux plans
technologique, organisationnel, industriel, commercial, juridique ou financier
et les projets " création-développement "
déjà élaborés sur le fond, se situant juste en
amont de la création d'entreprise.
A partir de propositions élaborées par les jurys
régionaux dans le cadre d'une gestion déconcentrée
s'appuyant sur l'ANVAR et les DRRT, le jury national s'est réuni le
21 juin afin d'arrêter la liste des lauréats : soit 79
" en création-développement " et 165 " en
émergence ", qui se partagent les 100 millions de prix
prévus par le ministère. Au total, 1.913 dossiers ont
été reçus.
Les lauréats au titre des projets " en émergence "
recevront un soutien financier pour la maturation de leur projet d'un montant
maximum de 300.000 F TTC. Les entreprises créées au titre
des projets " création-développement " recevront une
subvention d'un montant maximum de 3 millions de francs TTC
destinée à financer jusqu'à 35 % de leur coût
de développement.
b) Une action réorientée vers les PME
Votre
commission pour avis a toujours été particulièrement
attentive à la prise en compte des petites entreprises, qui
créent de l'emploi et irriguent le territoire, dans la politique de la
recherche.
Aussi, c'est avec satisfaction que votre rapporteur note une
amélioration de la part des PME dans les bénéficiaires des
crédits du FRT, comme le montre le tableau suivant :
Catégories de |
1996 |
1997 |
1998 |
||||
bénéficiaires |
MF |
% |
MF |
% |
MF |
% |
|
Recherche industrielle |
|
|
|
|
|
|
|
Grands groupes industriels |
220,28 |
51,86 |
153,01 |
36,01 |
93,11 |
22,56 |
|
PME et entreprises assimilées |
33,05 |
7,78 |
80,99 |
19,06 |
119,69 |
29,00 |
|
Centres techniques et assimilés |
2,56 |
0,60 |
9,94 |
2,34 |
3,37 |
0,82 |
|
Associations (1) |
- |
- |
1,91 |
0,45 |
1,62 |
0,39 |
|
Action régionale (2) |
108,76 |
25,61 |
85,53 |
20,13 |
80,50 |
19,50 |
|
Sous-Total |
364,65 |
85,85 |
331,38 |
77,99 |
298,29 |
72,26 |
|
Organismes de recherche |
|
|
|
|
|
|
|
EPSCP |
2,50 |
0,59 |
18,96 |
4,46 |
32,68 |
7,92 |
|
Ecoles d'ingénieurs |
1,77 |
0,42 |
13,95 |
3,28 |
7,44 |
1,80 |
|
Associations |
33,89 |
7,98 |
7,56 |
1,78 |
5,43 |
1,32 |
|
Sous-total |
60,10 |
14,15 |
93,53 |
22,01 |
114,50 |
27,74 |
|
TOTAL |
424,75 |
100 |
424,91 |
100 |
412,79 |
100 |
|
(1) La catégorie des associations fait l'objet d'une mention au titre de la recherche industrielle lorsque la nature des opérations le justifie. |
|||||||
(2) Crédits délégués au titre des Contrats de Plan Etat-Régions et actions incitatives des DRRT. |
Source
: MENRT
Les PME sont désormais les principales bénéficiaires du
FRT.
C'est plus particulièrement dans les secteurs les plus innovants et les
plus créateurs d'entreprises nouvelles qu'est marquée cette
prédominance : ainsi, les aides du FRT vont à 57 % aux PME
dans le secteur des biotechnologies, par exemple.
Votre commission pour avis se félicite de cette
évolution.
1
L'Administration indique en effet que
plusieurs crédits jusqu'alors inscrits au Titre VI du fascicule
recherche figureront désormais au Titre IV.
2
A structure non constante.
3
Les sigles sont développés en annexe du
présent rapport.
4
A l'IRD, l'INRIA et l'INRETS.
5
Lettre de l'OST n° 16 - Mai 1999.
6
Rapport de mission au premier Ministre remis le 22 juillet 1999
" Priorité à la recherche : quelle recherche pour
demain ? ".
7
Portant diverses dispositions d'ordre économique et
financier.
8
Déposée par notre collègue Pierre Laffitte et
dont le rapporteur au nom de la Commission des Affaires culturelles
était le Président Adrien Gouteyron.
9
Rapport n° 217 de M. Pierre Laffitte au nom de la
commission des affaires culturelles et rapport pour avis n° 210 de M.
René Trégouët au nom de la commission des finances.
10
Voir ci-dessous, sous l'analyse des actions menées via le
FRT
11
Par l'article 102 de la loi de finances pour 1997..
12
Fonds communs de placement à risque.
13
D'orientation pour l'aménagement et le
développement du territoire.
14
Instituts universitaires professionnels.
15
Il s'agit de l'enveloppe budgétée. En
réalité 660 conventions CIFRE ont été
attribuées en 1998.