B. VERS UNE RÉFORME DES COTISATIONS PATRONALES ?
1. La politique d'allégement des charges fait maintenant l'objet d'un large consensus
Une
majorité d'acteurs du monde économique et politique est
maintenant acquise à l'idée que le coût du travail des
salariés les moins qualifiés constitue un obstacle au
développement de l'emploi.
Comme le précise le Gouvernement dans le rapport
10(
*
)
économique, social et
financier rattaché au projet de loi de finances pour 1999 :
" favorisé par la baisse du coût du travail des
salariés les moins qualifiés et par le développement du
temps partiel, le contenu en emplois de la croissance s'est progressivement
enrichi : le seuil à partir duquel l'économie crée des
emplois dans le secteur privé est aujourd'hui proche de 1,5 % alors
qu'il était supérieur à 2 % dans les années
80. Cet enrichissement de la croissance en emplois doit rester une
priorité ".
La ristourne dégressive qui permet de réduire de 12,6 % le
coût du travail au niveau du SMIC a permis des créations d'emplois
sans que soit menacée la rémunération nette des
salariés. En d'autres termes, on peut affirmer que la politique
d'allégement des charges sociales constitue une alternative à une
remise en question du SMIC.
Un tel dispositif était devenu indispensable compte tenu des
écarts constatés dans les niveaux relatifs des coûts
salariaux horaires entre les différents pays européens.
A cet égard, votre commission rappelle tout l'intérêt que
pourrait avoir une réflexion sur un salaire minimum européen. Il
conviendrait simplement de le fixer à un niveau tel qu'il ne constitue
pas un obstacle à l'entrée sur le marché du travail pour
les travailleurs les plus fragilisés.
Niveaux relatifs des coûts salariaux horaires
(Base
100
pour la France)
|
1980 |
1985 |
1990 |
1992 |
1996 |
1997 |
France |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
EU |
92 |
142 |
81 |
78 |
76 |
88 |
Japon |
63 |
85 |
79 |
89 |
101 |
103 |
Allemagne |
118 |
111 |
118 |
111 |
129 |
126 |
Italie |
77 |
90 |
97 |
97 |
77 |
80 |
Royaume-Uni |
71 |
72 |
70 |
69 |
62 |
75 |
Belgique |
|
|
|
|
111 |
108 |
Pays-Bas |
120 |
106 |
102 |
101 |
99 |
97 |
Source : Rexecode
Les allégements de charges sociales, pour être pleinement
efficaces, doivent être stables et pérennes. Ils doivent par
ailleurs être progressifs et différenciés selon les niveaux
de qualification.
Poids des charges sociales (patronales et salariales) et de l'ensemble des prélèvements fiscaux et sociaux, selon le niveau de salaire, en %, en 1993
|
Ensemble des cotisations sociales |
Ensemble des prélèvements fiscaux et sociaux |
||||
|
Salaire minimum |
Salaire moyen ouvrier |
3 x salaire moyen ouvrier |
Salaire minimum |
Salaire moyen ouvrier |
3 x salaire moyen ouvrier |
France |
40,5 |
42,9 |
43,4 |
42,3 |
48,9 |
56,5 |
Italie |
36,8 |
36,8 |
32,3 |
44,9 |
48,4 |
53,0 |
Belgique |
34,6 |
34,6 |
34,6 |
45,2 |
54,4 |
64,7 |
Allemagne |
32,3 |
32,3 |
15,4 |
39,1 |
47,6 |
47,0 |
Pays-Bas |
23,2 |
23,2 |
15,0 |
42,8 |
48,3 |
53,3 |
Royaume-Uni |
11,1 |
16,3 |
12,5 |
18,1 |
32,6 |
40,0 |
Source : Centraalplan Bureau néerlandais
Ces considérations ont amené le Gouvernement actuel, comme ses
prédécesseurs, à envisager une réforme des
cotisations patronales.