II. L'ARMEMENT FRANÇAIS
A. SITUATION GÉNÉRALE
Le
trafic global de la flotte française en 1996 (dernière
année statistique connue), s'est élevé à
88,9 millions de tonnes dont 51,2 millions de tonnes sous pavillon
français et 37,7 millions de tonnes sur des navires
affrétés ou contrôlés. En 1995, le trafic global
avait représenté 96,5 millions de tonnes.
Le chiffre d'affaires de l'armement français
, c'est-à-dire
les recettes maritimes et les recettes d'activité auxiliaires et
annexes, s'établit à 22,3 milliards de francs en 1996,
contre 21,3 milliards de francs en 1995 et 24,1 en 1994.
Les résultats financiers des armateurs français se sont
améliorés en 1996. L'augmentation des recettes, en dépit
d'un recul des volumes transportés, a traduit la bonne tenue globale des
taux de fret. Les charges d'exploitation ont progressé
modérément de 22,9 milliards de francs en 1995 à
23,6 milliards de francs en 1996 et cette hausse a concerné
principalement les postes liés directement à l'activité.
En 1996 et 1997, dans le cadre du dispositif d'encouragement fiscal à
l'acquisition de parts de copropriétés de navires de commerce,
61 navires ont été agréés (10 en 1996 et 51 en
1997), dont 33 petites unités (remorqueurs et vedettes) pour un
montant total d'investissement de 8,1 milliards de francs
(2,7 milliards de francs en 1996 et 5,4 milliards de francs en 1997).
Les lignes régulières de longs cours assurent l'essentiel du
transport intercontinental des marchandises générales, les deux
tiers de ces marchandises étant transportés en conteneurs. Les
lignes régulières dégagent un chiffre de l'ordre de
13 milliards de francs.
Le secteur comprend actuellement deux grands ensembles, le groupe CMA-CGM et le
groupe Bolloré (armement Delmas), qui assurent plus des deux tiers du
chiffre d'affaires, auxquels s'ajoutent des PME.
Les taux de fret sont actuellement insuffisants du fait de la
surcapacité et de la pression de la concurrence des principaux armateurs
mondiaux.
Le transport de passagers, au niveau international, concerne les lignes de
courte distance et les croisières.
Les lignes de courte distance desservies à l'intérieur de l'Union
européenne sont soumises à une concurrence vive en raison des
disparités tant au niveau des charges salariales que des taux de change,
ainsi que par la mise en service du tunnel sous la Manche. Dans une conjoncture
où la croissance du trafic reste soutenue, l'offre devrait davantage
s'orienter vers des navires rapides à forte capacité.
Hormis les trafics côtiers, qui représentent à eux seuls
environ un millier d'emplois embarqués très saisonniers, le
transport de passagers constitue un ensemble très concentré
autour de la Société nationale maritime
Corse-Méditerranée (SNCM), la société
Bretagne-Angleterre-Irlande (BAI-Brittany Ferries) et la filiale de la SNCF sur
le détroit du Pas-de-Calais, SeaFrance. Ces trois entreprises
représentent près de 3.000 emplois embarqués.
En 1996, la dizaine de compagnies présentes au total dans ce secteur, a
réalisé un chiffre d'affaires de l'ordre de 4,5 milliards de
francs. Le trafic de passagers touchant la France en Manche, Atlantique et
Méditerranée est estimé à 27,3 millions en
1996 et 28,3 millions en 1997. Le trafic des véhicules est
passé de 6,5 millions d'unités en 1996 à
7,2 millions en 1997.
Dans les transports non réguliers, c'est-à-dire la
croisière, on assiste à un renouveau pour les navires de taille
moyenne.
Sur le marché du vrac sec, le résultat de l'activité de
l'armement français (base 1996) s'établit à
26 millions de tonnes en tenant compte du grand vrac, c'est-à-dire
du transport de cargaisons de produits bruts et de matières
premières, ainsi que des transports spécialisés (produits
chimiques, colis lourds, liquides...).
Le grand vrac est opéré par une quarantaine de navires
armés ou affrétés par six groupes ou compagnies
françaises dont, au premier rang, l'armement Louis-Dreyfus,
réalisant un chiffre d'affaires de 2,3 milliards de francs. Il est
à noter que les 4/5ème du tonnage sont transportés sur des
trafics entre pays étrangers.
Le secteur du transport de pétrole est concentré autour de deux
types d'activité :
1)
le transport du pétrole brut
, lequel se trouve
confronté à la nécessité du renouvellement de sa
flotte, la plupart des navires ayant plus de 20 ans d'âge, dont le
coût unitaire des investissements est particulièrement
élevé (de 450 à 500 millions de francs).
Trois compagnies interviennent sur ce secteur et présentent un chiffre
d'affaires 1996 de 1,5 milliards de francs pour 14 navires
exploités au long cours et une dizaine d'unités
contrôlées sous pavillon tiers.
2)
le transport maritime de produits pétroliers
, qui
représente un marché plus diversifié, assuré par
une flotte d'environ 45 navires mis en ligne par une dizaine d'armements
français présents sur le marché, dont le chiffre
d'affaires s'est établi en 1996 à environ 1 milliard de
francs.
Cette activité doit faire face, à compter du 1er janvier
1999, à la libéralisation du cabotage national au niveau
communautaire pour les liaisons avec les îles.
Les autres activités concernent, à côté de la
prestation de services de remorquage en France et à l'étranger,
le transport de passagers au Antilles, le secteur du ravitaillement de
plates-formes pétrolières et les services offshore tels que la
recherche sismique marine.
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Même si le pavillon français occupe, au sein des
pays
maritimes, le
28ème rang mondial
pour les navires de plus de
300 tonneaux de jauge brute au 1er janvier 1998, les entreprises
françaises se comportent honorablement dans plusieurs segments du
marché. Le
groupe CMA-CGM
figure ainsi dans les vingt premiers
armements mondiaux de ligne régulière et
Delmas
, filiale
du groupe Bolloré, est classé parmi les armements les plus
performants dans les trafics nord-sud.
Pour le vrac sec, le
groupe Louis-Dreyfus
se situe dans les dix premiers
mondiaux, tandis que les armements du
groupe Compagnie Nationale de
Navigation
occupent une position non négligeable dans le secteur du
pétrole.
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Au
31 décembre 1996, le nombre d'emplois de navigants au commerce
s'établissait à 8.895 marins dont 2.799 officiers et
6.096 personnels d'exécution.
Le transport de passagers
représente 36,5 % des emplois et les activités portuaires
26,8 %. Les autres secteurs d'activité sont le transport sur lignes
régulières pour 12,6 %, le pétrole pour 8,3 %,
les services publics pour 6,9 %, le cabotage pour 5,1 % et le
transport à la demande pour 3,8 %.
La proportion de contrats à durée indéterminée
(CDI) est comparable à la moyenne nationale des salariés du
secteur privé, soit 90 %. Les contrats à durée
déterminée (CDD) se trouvent essentiellement dans le secteur du
transport de passagers.